192
pages
Français
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2016
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Publié par
Date de parution
18 mai 2016
Nombre de lectures
3
EAN13
9782342051483
Langue
Français
« Les aides-soignantes, infirmières, ergothérapeutes, kinésithérapeutes, psychologues, psychomotriciennes, élèves et autres professionnels de la santé, et les ASH, qui normalement sont là pour veiller au bon déroulement du nettoyage des chambres, des couloirs et autres, pourquoi ne sont-elles jamais sous les feux de la rampe ? N'en déplaise à une minorité de personnes, moi, je vais les mettre en avant dans mon livre. Même si, en théorie, je suis muet, en pratique, je peux le faire et je tiens à leur dire merci moi-même. » À travers ce récit autobiographique, Bruno Lamarre, souffrant du locked-in syndrome, nous fait part de son expérience dans différents hôpitaux et centres de rééducation. Devenu tétraplégique après un AVC, l'auteur témoigne de sa convalescence, de sa douleur, mais également de l'accueil et du soutien du personnel hospitalier. Par cet ouvrage, « Nono » met en avant les femmes de l'ombre, celles délaissées au détriment de la figure démiurgique du médecin. Il établit ainsi un constat de ce qui a lieu dans les structures médicales comme, par exemple, le comportement odieux de certains patients, et pire encore. C'est dans une écriture dénonciatrice que l'auteur montre, ici, une certaine détresse dans le milieu de la santé, tant du côté des patients que de celui des membres du personnel. Une prise de conscience bouleversante qui révèle au lecteur la face cachée des centres médicaux.
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Date de parution
18 mai 2016
Nombre de lectures
3
EAN13
9782342051483
Langue
Français
Je parle avec les yeux
Bruno Lamarre
Publibook
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Je parle avec les yeux
Par ce livre, je tiens à remercier du fond du cœur toutes les personnes qui se sont occupées de moi à domicile, dans les centres, hôpitaux et MAS et qui devront, du moins je l’espère, me supporter encore quelques années, ainsi que tout le personnel hospitalier, en blouse blanche ou bleue, sans oublier les ASH, qui font partie de cette grande famille, les docteurs et les surveillant(e)s.
En tout cas, depuis onze années que je suis malade, que je vadrouille dans les hôpitaux, centres et autres structures où j’ai été admis pour de courts ou longs séjours, je n’ai jamais vu autant de jolies femmes (physiquement aussi bien que mentalement). J’ai toujours été très bien traité et je ne peux pas donc pas me plaindre. Je vous demande d’observer une minute de silence pour toutes ces « chochottes » qui vont chez leur médecin généraliste pour un petit bobo de rien du tout. La douleur, je l’ai connue, puis domptée, pour ensuite la côtoyer, pour ne même plus la ressentir. Aujourd’hui, quand les infirmières me piquent, je ne sens absolument rien, pourquoi ?
La ressemblance de mes personnages ou des noms évoqués dans ce livre avec la réalité est volontaire. Comme ce livre est basé sur mon histoire, pour toute réclamation, je suis disponible sur les réseaux sociaux. Mais ce que je retiens des structures hospitalières, centres et autres structures, c’est que j’ai été très bien accueilli. Mais cette MAS de Oignies s’est largement démarquée par sa bonne humeur et en me sortant de ma chambre tous les jours, avec mon ordinateur. Si un jour il m’est possible d’y retourner, que ce soit pour une courte ou longue durée, ce sera avec grand plaisir. Comme au centre Hélio-Marin. En revanche, ils sont talonnés de très très près par la MAS « La dune au vent », de Berck-sur-Mer, des établissements Cazin-Perrochaud.
Présentation
Il va de soi que je vais me présenter, pour les lecteurs qui n’auraient pas lu mes deux premiers livres. C’est normal car je ne suis pas un grand écrivain super connu, mais je dirais, en toute modestie, un simple petit biographe qui commence seulement une série de livres sur son histoire. Après avoir passé deux années dans un hôpital à temps complet et neuf années à temps partiel, je désire établir un constat des choses qui ont lieu dans les hôpitaux et centres de rééducation, choses que des personnes loin de ce monde ne peuvent même pas imaginer car, comme dit le dicton : « Il faut le voir pour le croire. »
À commencer par le personnel, qui se fait insulter ou encore cracher dessus, ou taper. Il y a même des patients qui en profitent car ils n’ont aucun trauma et ils se comportent comme s’ils étaient gravement atteints pour dire des conneries, comme des patients perturbés, avec l’appui de quelques autres patients. J’ai même été témoin de plusieurs agressions sur une aide-soignante et un brancardier. Pour moi, il faut y vivre jour et nuit, pendant plusieurs mois, pour voir, entendre et surtout vivre des choses que l’on ne vivrait nulle part ailleurs. Bien entendu, il y a des choses qui seront racontables et d’autres qui le seront moins.
Au tout début, il y a eu des scènes d’obscurité car, quand vous sortez d’un coma d’un mois, vous n’êtes pas frais comme un gardon. Mais je dois être franc et dire que je n’ai jamais vu le personnel hospitalier arborer une tête d’enterrement ou un visage agressif. Au contraire, le personnel hospitalier a toujours été agréable et souriant avec moi. Le personnel de l’hôpital Hélio-Marin de Berck-sur-Mer est le seul à m’avoir connu dans la période où je ne pesais plus que cinquante-cinq kilos. Avant mon AVC, je pesais soixante-quinze kilos. Le cas de Mickaël Schumacher est comparable : d’après un médecin, il a tellement perdu en masse musculaire et en graisse que l’on ne le reconnaîtrait pas. Je n’ai pas de mal à croire qu’il a atteint les quarante-cinq kilos et qu’il parle avec les yeux (je suis en train de me demander s’il ne serait pas atteint par le locked-in syndrome). J’ai été si maigre que je faisais peur. Pour tout dire, seuls deux amis m’ont invité à leur mariage et pour moi, tenir éveillé jusqu’à 1 heure du matin est un exploit, je dois bien l’avouer.
Un jour, a eu lieu un mariage dans ma belle-famille et on m’a hospitalisé pour ne pas déranger (peu importe pour moi, je ne vis pas avec ma belle-famille). Cependant, mon ego surdimensionné m’a dit alors de ne plus voir personne de cette famille. Quand ils font une soirée, je ne suis pas le bienvenu. Comme mon père, j’ai un sale caractère et je ne changerai pas d’avis.
Prise de conscience
Il y a un aspect non négligeable des hôpitaux et centres qui n’est pas très bien connu du grand public et c’est pourquoi j’ai décidé de raconter dans ce livre des aspects qui m’ont marqué. Il va sans dire que je n’ai pas une mémoire d’éléphant (mais plutôt d’un poisson rouge) nécessaire pour retenir toutes les anecdotes que j’ai vues et entendues. Il n’empêche qu’en plusieurs années de fréquentation des centres, hôpitaux publics ou privés, j’en ai vécu des situations bonnes ou mauvaises. Cela va de soi que je ne peux pas toutes vous les raconter, pour la simple raison que je devrais tuer des chefs de service et des surveillants. Maintenant, d’après mon Code civique, je vais pouvoir dire ce que j’ai pensé en toute franchise, sans toutefois mettre de noms sur les personnes pour respecter leur vie privée. Et même les fonctionnaires vont passer dans ma moulinette car, avec le Nono, toute vérité est bonne à dire.
Nono, c’est le surnom que beaucoup de personne m’ont donné et, à vrai dire, cela ne me dérange absolument pas. Bon, avant mon accident, c’était Bob (c’était mon surnom durant les compétitions de moto) mais aussi dans la vie courante car il faut dire que j’ai toujours aimé la musique de Bob Marley. Mais maintenant, depuis dix ans, c’est Nono ; qu’à cela ne tienne, je suis de ceux qui pensent qu’ils ont bien mérité de me donner un surnom. Et attention, les quelques personnes qui se sont permis de m’appeler par mon prénom avaient ma permission car me faire appeler « Monsieur Lamarre » me donne de l’urticaire. Attention certains mots peuvent choquer quelques personnes bien élevées.
Je devais intituler le livre Les Larmes du soleil mais je pense que des personnes comprendront quand même, du moins je l’espère, pourquoi j’ai changé d’avis. Ce qu’il faut détecter dans ce livre, c’est une certaine détresse du milieu hospitalier, autant chez les malades que parmi le personnel hospitalier. Alors, avant que le personnel hospitalier ne soit remplacé par des robots sans émotion, ni âme, profitons des services qui nous sont offerts (en restant raisonnable, bien entendu). Il faut rendre à César ce qui appartient à César car, sans arrêt, ils et elles sont toujours en première ligne, à prendre soin de nous. Et quand je vois le manque de gratitude de certaines familles dans certaines structures, j’en suis malade. Pourtant, quand je vois avec quel dévouement et professionnalisme ces hommes et ces femmes pratiquent leur métier… Tout cela, sans se soucier de leurs problèmes privés mais en s’occupant des problèmes des patients (pas d’ordre privé, bien sûr), je pense que les mercis seraient bienvenus. Je pense que cette parole n’a pas lieu d’être dans les centres de trauma crânien, ou dans les centres de rééducation neuro-vasculaire. C’est dans tous les hôpitaux et centres que cela devrait s’appliquer mais il ne faut pas rêver, moi, si j’avais pu m’exprimer autrement que par les yeux, j’aurais pu dire un grand merci à beaucoup de personnes et pas que dans les hôpitaux. J’ai entendu beaucoup de personnes dire tout haut, devant moi, que la nuit le personnel pouvait dormir tranquillement. Eh bien, détrompez-vous car la nuit, dans les centres de rééducation et hôpitaux, ça vit ! Ne croyez pas que c’est peinard, surtout dans les centres de rééducation. Et quand on dort la nuit dans les hôpitaux, il y a des femmes et des hommes qui veillent sur nous.
Souvent, j’entends dire qu’il y a de plus en plus d’agences de soins à domicile qui s’installent en France car il faut de plus en plus d’auxiliaires de vie, surtout pour les personnes âgées et les personnes à mobilité réduite. Et je dois reconnaître que c’est tant mieux car certains hôpitaux poussent les gens vers la porte de sortie ; pour des opérations le matin, les gens sortent l’après-midi même. Cela s’appelle la chirurgie ambulatoire et permet de faire des économies mais des personnes reviennent chez elles encore sous l’emprise de l’anesthésie. Pourquoi je vous parle de cela ? Eh bien pour que vous fassiez la différence entre les hôpitaux classiques et d’autres hôpitaux. Il faut que je vous parle d’un personnel de nuit, qui m’a bel et bien surpris. Je dois bien l’avouer car la nuit aussi l’hôpital vit au rythme de certains patients. Oui, ça, je l’ai vécu à mes débuts, comme au tout début pendant un an j’ai été dans une chambre de huit avec un énergumène (il n’avait que son bras en écharpe et nous sept, nous étions paraplégiques ou tétraplégiques). Il vivait la nuit et il dormait le jour. Il allumait la lumière, la télévision, la radio entre les passages du personnel de 1 heure et 5 heures. J’ai dû supporter ça pendant un an. Je ne connais personne qui aurait hésité à le confronter. Après, il est très facile de se réfugier derrière le statut de handicapé, sans assumer