Images et diffusion du christianisme Expressions graphiques en contexte missionnaire XVIe -XXe siècles , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2012

EAN13

9782811106126

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

Jean Pirotte, Caroline Sappia et Olivier Servais (dir.) Images et diffusion du christianisme Expressions graphiques en contexte missionnaire e e - siècles XVI XX
mémoire d’Églises KARTHALA
IMAGES ET DIFFUSION DU CHRISTIANISME
Le Centre de Recherches et d’Échanges sur la diffusion et l’Inculturation du Christianisme (CRÉDIC)
Fondé en 1979, afin de : promouvoir l’étude scientifique de l’inculturation du christianisme en dehors de l’Europe ; collecter la mémoire missionnaire ; confronter par le dialogue les positions des communautés chrétiennes de diverses cultures ; associer des universitaires, des acteurs de la mission et des personnes qui réfléchissent à l’inculturation du christianisme.
Secrétariat : 31, place Bellecour – 69002 Lyon – France
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture : Figurine sculptée à l’intérieur d’un cadre, du groupe humain Holo (Kwango, Congo. Hauteur : 37,4 cm). Cette sculpture en bois, emblème du cultenzambi, fixe un personnage bisexué sur une croix. Comme d’autres objets appeléssantu, cette figure mêle des éléments de cultes traditionnels aux forces de l’au-delà à des réminiscences de symboles chrétiens apparus avec des premières tentatives d’évangélisation (Christ en croix, décor imitant les encadrements de crucifix sous verre). Certains syncrétismes e africains peuvent remonter auXVIIsiècle. Cette pièce est conservée au Musée Royal de l’Afrique centrale (Tervuren) depuis 1954.
Éditions KARTHALA, 2012 ISBN : 978-2-8111-0612-6
Jean Pirotte, Caroline Sappia Olivier Servais (dir.)
Images et diffusion du christianisme
Expressions graphiques en contexte missionnaire e e XVI-XXsiècle
Éditions KARTHALA 22-24, bd Arago 75013 Paris
Coll.Mémoires dûÉglises
Depuis trente ans, nous avons été les spectateurs et les acteurs d’une formidable mutation du panorama religieux mondial. Au milieu du e XXsiècle, un peu plus d’un catholique sur deux dans le monde vivait en Europe et en Amérique du Nord ; le nouveau millénaire n’en comptera bientôt plus qu’un sur trois et le temps est proche où l’Afrique aura presque autant de chrétiens que l’Europe occidentale. Cette situation est le fruit de l’histoire des siècles passés, en particulier de e e l’histoire missionnaire desXIXetXXsiècles. Des colonisations aux indé-pendances, non sans douleurs, des communautés chrétiennes – catholiques, protestantes – sont nées en dehors de l’Occident, puis de véritables Églises, qui se sont affirmées et témoignent autrement de l’Évangile du Christ. Elles se penchent aujourd’hui sur leurs origines et veulent en connaître les sources. La collectionMémoires dûÉglisesentend se situer dans cette perspective en recourant à une approche historique en lien avec les autres sciences sociales (anthropologie, sociologie...). Il faut multiplier les histoires parti-culières pour que deviennent enfin possibles les synthèses informées qui manquent sur les Églises du Sud. Cette collection est dirigée par Paul Coulon, directeur honoraire de l’Institut de sciences et de théologie des religions à l’Institut catholique de Paris, rédacteur en chef de la revueHistoire & Missions Chrétienneséditée par les éditions Karthala depuis 2007.
Introduction
Jean PIROTTE*
La thématique des images dans la dynamique de la diffusion du chris-tianisme prend place dans l’exploration des liens forts qui unissent les religions avec les expressions esthétiques dans leur diversité. Bien davan-tage que de simples utilisations des techniques graphiques et des armes de séduction visuelle dans l’arsenal du « faire croire », ce qui est ici visé ce sont les harmoniques profondes entre les religions et les expressions artis-tiques. Ces artéfacts humains, observables dans la diversité des cultures, apparaissent tout autant comme des tentatives de donner sens aux réalités de l’univers que comme des systèmes complexes de médiation avec le divin. Déjà en septembre 1983, le CREDICavait tenu à Louvain-la-Neuve une 1 session d’étude sur le thème :Iconographie, catéchisme et missions. Le CREDIC, comme centre de recherche était alors dans sa petite enfance. Après vingt-cinq années de maturation, le CREDICreprend l’examen des images en contexte missionnaire, en l’approfondissant grâce à de nou-2 veaux apports méthodologiques et thématiques .
Des images pour exprimer la foi Si l’art est intimement lié aux religions, les religions ne sont pas à éga-lité par rapport à l’image. Les religions reconnaissent implicitement le pouvoir des images. Toutefois, alors que les unes les utilisent en surabon-
*Historien, directeur de recherches honoraire au Fonds national de la recherche scientifique, professeur émérite à l’Université catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve). 1. Actes publiés sous ce titre à Lyon en 1984. Introduction de Jacques GADILLE. 2. Le présent volume reprend le texte des communications faites lors de la session du CRÉDIC, qui s’est tenue du 27 au 30 août 2008 à Lyon, sur la colline de Fourvière (Centre Jean Bosco).
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IMAGES ET DIFFUSION DU CHRISTIANISME
dance dans leurs liturgies et leurs méthodes d’enseignement, d’autres s’en méfient, voire les rejettent comme blasphématoires. À l’intérieur même du monde chrétien, les sensibilités divergent : traditions catholiques, ortho-doxes et protestantes sont loin de partager le même enthousiasme et les mêmes usages. Ici, les saintes icônes quasi sacramentalisées se mêlent intimement aux liturgies. Là, l’image est tenue en suspicion face à la pa-role (fides ex auditu) ; suivant l’Épître aux Romainsla foi naît de la, « prédication entendue et la prédication se fait en raison de la parole du 3 Christ » . On perçoit le rapport étroit de cette question de l’image avec la dyna-mique de la diffusion du christianisme dans le monde. Religion de l’incarnation, le christianisme est confronté au problème de la traduction dans les langages humains. Quel est le visage chinois, africain ou indien de 4 Jésus ? La richesse des expressions religieuses artistiques, chrétiennes ou non, doivent-elles être prises en compte pour favoriser la germination de l’Évangile dans les cultures ? Ou bien, doit-on considérer les innombrables expressions des arts religieux comme des voies humaines de recherche de Dieu, par elles-mêmes inefficaces, vaines, voire entachées d’idolâtrie ? Naguère, le débat missionnaire s’était focalisé sur l’« indigénisation » de l’art, une adaptation de l’art aux sensibilités et aux formes stylistiques 5 locales . Modestement d’abord, on cherchait à introduire, dans les expres-sions chrétiennes d’esthétique occidentale, quelques éléments de couleur locale. De façon plus ambitieuse ensuite, il s’est agi de promouvoir la nais-sance des arts chrétiens dans les différents terroirs culturels. Témoin de ces évolutions dans le monde catholique, le Synode plénier de Chine (Shang-hai, 1924) préconisait d’adopter les styles décoratifs chinois pour les lieux de culte. Celso Costantini († 1958), à l’époque délégué apostolique en Chine, devint en 1935 secrétaire de laPropaganda fideet stimula
3.Romains10, 17. Cette opposition (ou complémentarité) entre la parole et l’image apparaît dans le titre du livre de C.S. CALIAN,Icon and Pulpit. The Protestant-Orthodox Encounter, Philadelphie, Westminster Press, 1968. 4. Roman MALEK, SVD (dir.),The Chinese Face of Jesus Christ, Sankt Augustin, Insti-tut Monumenta serica – China Zentrum, 2005, XVI-466 p. (Monumenta Serica Monograph Series, L/3a). Voir l’article d’Anthony LAMsur les images artistiques duKung kao po, article qui montre la sinisation de l’iconographie accompagnant Jésus, la Vierge, la Cène, les représentations de Noël. 5. W. EDGAR», dans I. B, « Art et mission RIA, Ph. CHANSON, J. GADILLEet M. SPINDLER, (dir.),Dictionnaire œcuménique de missiologie. Cent mots pour la mission, Paris-Genève-Yaoudé, 2001, p. 30-34.
INTRODUCTION
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6 l’épanouissement d’un art chrétien local . C’est d’ailleurs à son initiative que fut organisée en 1950 au Vatican l’exposition sur l’art chrétien dans 7 les missions . Se pencher après coup sur de tels efforts de création artistique demande un sens des nuances et des efforts de compréhension. Ainsi, reprocher à cet art naissant son caractère hybride et l’influence trop sensible des mission-naires serait simpliste. On imagine facilement les réticences de certains d’entre eux. Toute une vision du monde passe en effet dans les images et ce n’est pas une opération neutre d’introduire dans le témoignage chrétien des éléments issus d’une culture non encore touchée par l’Évangile. Dans quelle mesure les figurations et les styles autochtones, qui avaient jus-qu’alors servi de vecteurs aux croyances antérieures, étaient-ils aptes à traduire les nouvelles données de l’adhésion chrétienne ? Il faudrait aussi mesurer le changement intervenu dans l’appréciation occidentale de pro-ductions locales précédemment méprisées. La découverte des richesses de e l’art africain par le public européen n’est pas antérieure au XX siècle ; on ne peut faire grief aux acteurs religieux de terrain de ne pas avoir anticipé ce mouvement. Par ailleurs, le lien entre expressions artistiques et construction des identités ne peut être négligé. Les images, de même que toutes les manifes-tations esthétiques liées à l’émergence d’une nouvelle légitimité religieuse doivent être interprétées dans ce contexte : l’art chrétien venu d’Europe apparaissait comme porteur de cette légitimité et de cette identité nouvelle. Par le maniement des expressions artistiques et des nouveaux codes impor-tés, la rupture avec le passé était plus évidente ; ainsi revêtue, la symboli-que nouvelle paraissait plus efficace. De plus, les pratiques pastorales en pays de mission pouvaient encoura-ger les constructions vastes, prestigieuses et généreusement ornées ; dans les édifices et les liturgies, les fastes esthétiques de la religion émergente ambitionnaient sans doute de rendre hommage à la magnificence de Dieu ; ils étaient aussi, pour les commanditaires, une manière de s’affirmer, de rendre hommage à leur propre excellence et à la grandeur des sociétés
6. C. COSTANTINI,L’arte cristiana nelle missioni, Rome, 1940 ;L’art chrétien dans les missions. Manuel d’art pour les missionnaires, traduit par E. Leclef, Paris-Bruges, 1949 ; e Réforme des missions au XX s., trad. par J. Bruls, Paris-Tournai, 1960. 7. Des expositions plus locales avaient précédé celle de 1950. Ainsi, fut inaugurée le 18 juin 1936 à Léopoldville (Kinshasa) une Exposition d’art religieux indigène. Voir Françoise MORIMONT,L’africanisation de l’art religieux chrétien au Congo belge. 1919-1950, mémoire de licence en histoire, Université Catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve, 1993, inédit.
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IMAGES ET DIFFUSION DU CHRISTIANISME
chrétiennes à l’origine de telles œuvres. Une apologétique en actes, mais aussi une autoglorification ! En contexte missionnaire imprégné de la men-talité coloniale triomphante, un art pauvre, reflet de la vulnérabilité d’un Dieu entrant en humanité, était beaucoup plus difficilement imaginable. Tel est le poids des contingences historiques. Par la suite, au temps des Églises dites jeunes, héritières des entreprises missionnaires, prendront corps des formes d’expression artistique davan-tage inspirées des imaginaires locaux. Pour ces images nouvelles, il serait intéressant d’analyser le degré d’originalité ou de dépendance par rapport aux modèles anciens et de mesurer leurs poids dans la vie des Églises, ainsi que leur réception par les communautés. Il faudrait aussi analyser le rôle joué par ces arts et artisanats locaux ainsi réévalués, comme éléments de résistance face aux poussées nivelantes du monde moderne et aux conformismes commerciaux de la mondialisation en cours.
Approches plurielles Par quel biais aborder l’analyse des images produites ou utilisées en contexte missionnaire ? Ces images « missionnaires » couvrent toute la gamme des productions graphiques dans leur diversité technique (fixes ou mobiles, films, images originales ou diffusion de copies ; variété des sup-ports), dans leur diversité d’origine (origines missionnaires, origines au-tochtones, images polémiques issues des milieux opposés à la mission ou au christianisme), dans la diversité de leurs utilisations (liturgie, catéchèse, décoration, propagande). La grande variété de ces images rend difficile de déployer l’éventail des approches possibles, d’autant plus que l’étude des images visuelles ou graphiques empiète souvent sur des domaines voisins : d’une part, les au-tres arts plastiques ; d’autre part, les images verbales et tout le domaine des imaginaires et représentations mentales. En outre, le message des images n’est en rien comparable à un langage verbal susceptible d’être rigoureux, précis et univoque. L’image est par nature polysémique, elle se charge de connotations qui s’interprètent différemment suivant les époques et les cultures, elle renvoie à une multitude de signifiés possibles. Par ailleurs, message multiple se frayant un chemin chez ses utilisateurs par les canaux variés de la séduction esthétique et sentimentale, de la rhétorique visuelle (art de convaincre), de la symbolique et de l’argumentation rationnelle, l’image peut être abordée sous divers angles.
INTRODUCTION
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Ce message polyphonique qu’envoient les images implique une multi-tude de voies d’accès diversifiées. Aucune méthode d’analyse ne peut pré-tendre à un monopole, ne peut ambitionner d’extraire toutes les significa-tions possibles. Outre les approches plus spécifiques des historiens ou des théologiens, les études peuvent éventuellement intégrer les apports de l’esthétique et de l’histoire de l’art, de la sociologie (réception de l’œuvre, l’art comme quête identitaire, le marché de l’art), de la psychologie et de la psychanalyse (image comme projection d’un inconscient collectif), de la sémiologie, etc. L’éventail thématique qui suit n’est pas limitatif, il se veut seulement indicatif des possibilités offertes pour des recherches ultérieu-res.
8 Approches iconologiques globales Dans la ligne des travaux des grands pionniers de l’iconologie dans la e première moitié du XX siècle, les Aby Warburg, G.J. Hoogewerff ou Er-win Panofsky, les expressions artistiques doivent être mises en relation avec les autres formes d’expression de leur époque et avec les évolutions sociales et culturelles. Panofsky éclaire ainsi l’architecture gothique du Moyen-Âge en la mettant en correspondance avec les développements de la Somme théologique de la scolastique médiévale. La notion plus actuelle deGesamtkunsttente de mettre en œuvre, pour un milieu culturel donné, une vision globale de l’espace et de son aménagement, de la symbolique et du système des signes.
Les sensibilités théologiques
L’interprétation des images passe nécessairement par une mise en contexte dans les environnements religieux et les sensibilités théologiques des milieux où elles furent créées et utilisées. L’analyste ne peut ignorer les positions officielles et les pratiques des différentes Églises chrétiennes par rapport à l’image, en quelque sorte leur « théologie » et leur pastorale 9 de l’image . Il ne peut négliger les influences que les encouragements des hiérarchies ecclésiastiques, les interdits et les censures firent peser sur la
8. E. PANOFSKY,Architecture gothique et pensée scolastique, Paris, 1967. 9. Comme exemple récent de recherches sur les sensibilités esthétiques des théologies des Églises chrétiennes, voir Oleg V. BYCHKOVet James FODOR(dir.),Theological Aesthetics after von Balthasar, Aldershot, Ashgate Publishing, 2008.
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