Coran et talismans Textes et pratiques magiques en milieu musulman , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2007

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845868731

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

Constant Hamès (dir.)
Coran et talismans
Textes et pratiques magiques en milieu musulman
KARTHALA
CORAN ET TALISMANS
Cet ouvrage est publié avec le concours du Centre d’études interdisciplinaires des faits religieux, École des Hautes Études en Sciences Sociales (CEIFR-EHESS) et de l’Institut d’études de l’Islam et des sociétés du Monde musulman (IISMM-EHESS)
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture : Tunique talismanique récente (Sénégal). Voir chapitre 6. Éditions KARTHALA, 2007 ISBN : 978-2-84586-873-1
Constant Hamès (dir.)
Coran et talismans Textes et pratiques magiques en milieu musulman
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
AVERTISSEMENT
Cet ouvrage est le résultat de travaux entrepris entre 2000 et 2003, au sein duGroupement de Recherche 745du CNRS, intitulé « Magie et écri-ture islamique dans les mondes africain et européen », sous la direction de Constant Hamès, chargé de recherche CNRS. Les textes de L. Brenner (« Introduction ») et de A. Lakhsassi (« Magie : le point de vue d’Ibn Khaldûn ») ont été traduits de l’anglais par Ph. Beaujard, C. Hamès et L. Kuczynski. Nous avons adopté une transcription simplifiée de l’arabe écrit usuel. Les variations d’écriture qu’on pourra éventuellement observer à propos d’un même terme proviennent de réalisations écrites ou orales régionales ou de langues parlées dialectales. Rappelons, du point de vue de la pro-nonciation, que u = ou ; l’accent circonflexe indique les voyelles longues ; kh = jota espagnole ; gh = r « parisien » ; th = th anglais ; sh = ch ; c le son ayn est représenté par la lettre c en exposant. Les termes arabes traduisant des notions islamiques sont expliqués succinctement dans un glossaire en annexe. Enfin, les références coraniques sont rendues par la formule de type s12v34, pour : sourate n° 12, verset n° 34.
Introduction
Louis BRENNER
Etudiants et chercheurs sur les sociétés musulmanes vont accueillir avec plaisir et intérêt cet ensemble de contributions sur la pratique de la « magie ». Celle-ci, bien que reconnue dans beaucoup d’ouvrages de recherche comme un élément prégnant dans la culture religieuse isla-mique, est cependant souvent considérée comme marginale par rapport à l’islam en tant que tel. Cette tendance vient peut-être du fait que la recherche privilégie une approche normative de l’islam, ce qui reflète bien sûr le souci fondamental de la doctrine islamique de distinguer entre comportement et pratiques légitimes et illégitimes pour les musulmans. Mais comme l’illustre le contenu de ce livre, les concepts et les pratiques de ce qui est ici défini comme « magie » sont loin d’être marginaux dans les sociétés musulmanes, même si nombre d’entre eux sont mis en cause et condamnés par certains clercs musulmans. Le mot magie dans le paragraphe précédent est placé entre guillemets dans le but d’attirer l’attention du lecteur sur le soin qu’il faut apporter dans l’examen du champ sémantique complexe associé à ce terme, notamment lorsqu’il est traduit dans différentes langues. Comme le montre Constant Hamès, les références coraniques les plus fréquentes à la magie dérivent de la racine arabes.h.r. qui traduit l’idée d’« ensorceler » ou d’« employer la magie ». Dans le Coran,s.h.r. et ses dérivés ont tou-jours des connotations négatives et se réfèrent à des pratiques qui doivent être évitées par les musulmans. Toutefois, dans le cadre de cet ouvrage, Hamès propose une définition opératoire plus générale et englobante de la magie comme « ensemble d’idées et d’actions qui modifient le cours naturel des événements ». Cette dernière définition élargit le concept de magie pour inclure de nombreuses pratiques qui sont presque unanime-ment considérées comme légitimes par les clercs musulmans, ainsi, la récitation de versets coraniques à des fins curatives ou protectrices. La
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CORAN ET TALISMANS
plupart des contributeurs à cet ouvrage emploient le terme magie dans ce dernier sens, sans cependant ignorer les distinctions faites par les musul-mans entre magie légitime et illégitime. Pour les musulmans, la magie existe, dans son acception large et res-treinte, et sous sa forme légitime et illégitime, parce qu’elle est mention-née dans le Coran, de même que dans certainshadîth. Ces occurrences répertoriées représentent les points de référence fondamentaux pour déterminer si une pratique spécifique peut être considérée comme légiti-me ou non. L’un des apports essentiels de ce volume est la juxtaposition et la comparaison de ce que nous pourrions appeler la « théorie de la magie » – telle qu’elle a été développée par des spécialistes du Coran et deshadîth– avec les pratiques concrètes observées dans différents contextes sociaux. Les articles rassemblés dans la première partie de ce livre explorent les aspects de cette « théorie de la magie ». Constant Hamès et Francesco Zappa analysent la notion de magie telle qu’elle apparaît dans le Coran et leshadîthet examinent comment différents tra-ditionnistes et exégètes ont traité ce sujet. Toutefois, l’argumentation pré-cise et raisonnée développée par les commentaires coraniques et les ana-lyses deshadîthcontrastent singulièrement avec l’étonnante pléthore des pratiques magiques qui sont présentées dans la deuxième partie de ce livre. Une relation existe, bien sûr, entre les « théories » savantes de la magie et sa pratique, en ce sens que la plupart des praticiens prétendent adhérer aux critères de légitimité établis par les clercs mais, si l’on se fonde sur ce qui nous est donné à lire ici, on a inévitablement l’impres-sion que la pratique de la magie et la perception qu’ont les clients des pouvoirs des praticiens s’écartent souvent très largement de ce que les clercs ont prescrit ou proscrit. Néanmoins, les clercs ont certainement exercé une influence en précisant les frontières entre magie légitime et illégitime. Ceux qui s’en sont tenus à une stricte interprétation des choses ont été prompts à condamner, et même à punir, ce qu’ils considéraient c être des pratiques illégitimes en tant qu’« innovations » (bid a), la sévéri-té de leur jugement dépendant de leur évaluation de la nature et de la gra-vité des déviations supposées par rapport aux règles. Mais à en juger par la richesse et la diversité des pratiques magiques qui ont fleuri dans tout le monde musulman, l’influence dissuasive de l’attitude légaliste et rigo-riste semble avoir été des plus limitée. Cette situation peut s’expliquer d’abord par l’absence parmi les clercs eux-mêmes d’un accord sur les frontières précises entre magie légitime et illégitime. Beaucoup de clercs ont souscrit à des interprétations plus libé-rales du Coran et deshadîthet ont par conséquent encouragé une pratique plus large de la magie. Nous en avons un exemple avec al-Qurtubî, qui, selon Zappa, avait des vues relativement tolérantes sur la pratique
INTRODUCTION
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magique tant qu’elle ne conduisait pas à l’incroyance. A en juger par les articles de la deuxième partie de ce livre, la pratique de la magie dans les sociétés musulmanes semble s’être développée selon sa propre logique, qui, tout en étant influencée par les « théories » des clercs, a répondu avec force à un besoin humain profond et universel : la quête de la réussi-te et du bien-être, à la fois au niveau de l’individu et de la communauté. Du point de vue de cette logique, les questions théoriques sur la « magie » ont moins de pertinence que l’efficacité prêtée aux actions et aux prescriptions des praticiens. De ce fait, il semble fondé de suivre Anne Regourd qui se réfère à ces pratiques collectives en tant que « magico-thérapeutiques ». Nous reviendrons sur le thème de la magie et de la thérapie, mais exa-minons d’abord plus avant les différences d’opinion, les incertitudes, les contradictions et les ambiguïtés qui entourent les concepts et la pratique de la magie dans les sociétés musulmanes. Paradoxalement, ces ambiguï-tés semblent constituer un trait essentiel de la pratique de la magie et trouver leurs racines mêmes dans le Coran et leshadîth. Comme le montre Constant Hamès, la mission et le message du Prophète furent constamment mis en cause par ses détracteurs et il fut accusé de sorcelle-rie, de mensonge et de pratique de la magie. La question centrale sous-jacente à ces conflits était de savoir si Muhammad était un véritable Messager d’Allah, agissant dans la ligne légitime de la prophétie, ou bien un imposteur, un charlatan, ou encore un être possédé par des esprits. Des questions et des conflits du même ordre ont accompagné la pra-tique de la magie dans toutes les sociétés musulmanes à travers leur his-toire. On pourrait se demander si les ambiguïtés mêmes qui ont entouré la vie et la mission du Prophète ne sont pas devenues une sorte de « tradi-tion » que les musulmans étaient comme contraints de suivre, peut-être inconsciemment. Les charges portées contre les adeptes de la magie évo-quent les allégations prononcées par ceux qui doutaient de la mission du Prophète et la rejetaient. Certaines questions sont des questions de fonds : une pratique particulière représente-t-elle une forme acceptable de magie, ou bien doit-elle être considérée comme illégitime et être rejetée comme s.h.r. oukufr, « incroyance » ? D’autres questions touchent à la compé-tence : le praticien a-t-il acquis son savoir par une chaîne de transmission reconnue et sûre, ou s’agit-il d’un imposteur ? Il y a enfin des questions de fiabilité personnelle et d’intégrité : le praticien est-il un musulman droit et pieux ? Pour les utilisateurs des pratiques magico-thérapeutiques, l’intégrité personnelle représente peut-être le plus significatif de ces cri-tères ; l’idée est certainement très répandue que plus le praticien est pieux plus sa pratique est fiable. Des ambiguïtés du même genre se retrouvent dans l’interprétation des rêves, sujet examiné par Pierre Lory. Dans la mesure où, selon l’attesta-
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