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Français
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2014
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Publié par
Date de parution
21 novembre 2014
Nombre de lectures
35
Langue
Français
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21 novembre 2014
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35
Langue
Français
Catéchèses sur la prière
BenoîtXVI
Présentation
Demai 2011 à octobre 2012, le Pape Benoît XVI a consacré la majoritéde ses catéchèses du mercredi à la prière. Il nous a paru utilede les regrouper en un seul ouvrage, afin de profiter au mieux del’enseignement du Pape sur cette question.
Lestitres des catéchèses sont pour la plupart de l’éditeur. Etlorsque le Pape centre sa catéchèse sur un psaume, nous avonsajouté ce psaume tiré de la Bible Crampon pour que chacun puissefacilement en prendre connaissance. Accessoirement, nous avonsintroduit les quelques 595 notes de bas de page, pour que lesréférences ne soient pas dans le texte. Nous pensons qu’ainsi, onrend mieux la fluidité de la catéchèse.
Dansces commentaires, Benoît XVI fait référence à plusieurs ouvrages,que vous pourrez trouver ici : Catéchèsessur les Pères de l’Église Catéchèsessur les grands théologiens du Moyen-Age Catéchèsessur le rôle de la femme dans la vie de l’Église . Lestextes du Concile Vatican II
©Les Éditions Blanche de Peuterey pour la version numérique.Visitez notre site web et abonnez-vous à notre newsletter pour êtreinformé des nouveautés.
©Librairie Éditrice Vaticane (2011-2012)
Selonle contrat passé avec les Éditions Blanche de Peuterey
ISBN :978-2-36878-086-2
La prière dans les religions anciennes
Mercredi4 mai 2011
Chersfrères et sœurs, aujourd'hui, je voudrais entamer une nouvellesérie de catéchèses. Après les catéchèses sur les Pères del’Église, sur les grands théologiens du Moyen-âge, sur lesgrandes figures de femmes, je voudrais à présent choisir un thèmequi nous tient tous très à cœur : le thème de la prière, demanière spécifique la prière chrétienne, la prière que nous aenseignée Jésus et que continue à nous enseigner l’Église.C’est en Jésus en effet que l'homme devient capable de s'approcherde Dieu avec la profondeur et l'intimité du rapport de paternité etde filiation. Avec les premiers disciples, avec une humble confiance,nous nous adressons alors au Maître et nous Lui demandons :« Seigneur, enseigne-nous à prier ( ↓ 1 ) ».
Lors des prochaines catéchèses, en nous approchant de la SainteÉcriture, de la grande tradition des Pères de l'Église, desMaîtres de spiritualité, de la Liturgie, nous voulons apprendre àvivre encore plus intensément notre relation avec le Seigneur, dansune sorte d’« école de prière ». Nous savons bien, eneffet, que la prière ne doit pas être considérée comme allant desoi : il faut apprendre à prier, comme en acquérant toujours ànouveau cet art ; même ceux qui sont très avant dans la viespirituelle sentent toujours le besoin de se mettre à l'école deJésus pour apprendre à prier avec authenticité. Nous recevons lapremière leçon du Seigneur à travers Son exemple. Les Évangilesnous décrivent Jésus en dialogue intime et constant avec le Père :c’est une communion profonde de celui qui est venu dans le mondenon pour faire sa volonté, mais celle du Père qui l'a envoyé pourle salut de l'homme.
Dans cette première catéchèse, comme introduction, je voudraisproposer quelques exemples de prière présents dans les culturesantiques, pour relever comment, pratiquement toujours et partoutcelles-ci se sont adressées à Dieu.
Je commence par l'ancienne Égypte, par exemple. Ici, un hommeaveugle, demandant à la divinité de lui rendre la vue, attestequelque chose d'universellement humain, qui est la pure et simpleprière de requête de la part de qui se trouve dans la souffrance,cet homme prie : « Mon cœur désire te voir... Toi quim'as fait voir les ténèbres, crée pour moi la lumière. Fais queje te voie ! Penche sur moi ton visage aimé ( ↓ 2 ) ».Fais que je te voie ; c'est là le cœur de la prière !
Dans les religions de la Mésopotamie dominait un sentiment deculpabilité mystérieux et paralysant, mais sans qu’il soit privépour autant de l'espérance de rachat et de libération de la part deDieu. Ainsi pouvons-nous apprécier cette supplication de la partd'un croyant de ces anciens cultes, qui résonne ainsi : « ÔDieu qui es indulgent même pour la faute la plus grave, absous monpéché.... Regarde Seigneur, ton esclave épuisé, et souffle surlui ta brise : sans attendre pardonne-lui. Allège ta sévèrepunition. Libéré de mes liens, fais que je recommence à respirer ;brise mes chaînes, défaits mes liens ( ↓ 3 ) ».Autant d'expressions qui démontrent comment l’homme, dans sarecherche de Dieu, a eu l'intuition, même confusément, d'un côtéde sa faute, de l'autre de l'aspect de la miséricorde et de la bontédivine.
Au sein de la religion païenne, dans la Grèce antique, on assiste àune évolution très significative : les prières, tout encontinuant d’invoquer l’aide divine pour obtenir la faveurcéleste dans toutes les circonstances de la vie quotidienne et pourobtenir des bénéfices matériels, s’orientent progressivementvers les requêtes les plus désintéressées, qui permettent àl’homme croyant d’approfondir sa relation avec Dieu et de devenirmeilleur. Par exemple, le grand philosophe Platon cite une prière deson maître, Socrate, considéré à juste titre comme l’un desfondateurs de la pensée occidentale. Socrate priait ainsi :« ... donnez-moi la beauté intérieure de l'âme ! Quantà l'extérieur, je me contente de celui que j'ai, pourvu qu'il nesoit pas en contradiction avec l'intérieur, que le sage me paraisseriche, et que j'aie seulement autant, d'or qu'un sage peut ensupporter, et en employer ( ↓ 4 ) ».Il voudrait avant tout avoir une beauté intérieure et être sage,et non pas riche d’argent.
Dans ces superbes chefs-d’œuvre de la littérature de tous lestemps que sont les tragédies grecques, aujourd’hui encore, aprèsvingt-cinq siècles, lues, méditées et représentées, sontcontenues des prières qui expriment le désir de connaître Dieu etd’adorer sa majesté. L’une de celles-ci dit : « Ôtoi qui donnes le mouvement à la terre, et qui en même tempsrésides en elle, qui que tu sois, Jupiter, impénétrable à la vuedes mortels, nécessité de la nature, ou intelligence des hommes, jete rends hommage ; car, par des voies secrètes, tu gouvernestoutes les choses humaines selon la justice ( ↓ 5 ) ».Dieu demeure un peu vague et toutefois, l’homme connaît ce Dieuinconnu et prie celui qui guide les destinées de la terre.
Chez les Romains également, qui constituèrent ce grand Empire danslequel naquit et se diffusa en grande partie le christianisme desorigines, la prière, même si elle est associée à une conceptionutilitariste et fondamentalement liée à la demande de protectiondivine sur la vie de la communauté civile, s’ouvre parfois à desinvocations admirables en raison de la ferveur de la piétépersonnelle, qui se transforme en louange et en action de grâces. Enest témoin un auteur de l’Afrique romaine du IIesiècle après Jésus Christ, Apulée. Dans ses écrits, il manifestel’insatisfaction de ses contemporains à l’égard de la religiontraditionnelle et le désir d’un rapport plus authentique avecDieu. Dans son chef-d’œuvre intitulé Les métamorphoses, uncroyant s’adresse à une divinité féminine à travers cesparoles : « Divinité sainte, source éternelle de salut,protectrice adorable des mortels, qui leur prodigues dans leurs mauxl'affection d'une tendre mère ; pas un jour, pas une nuit, pasun moment ne s'écoule qui ne soit marqué par un de tesbienfaits ( ↓ 6 ) ».
Pendant la même période, l’empereur Marc-Aurèle — qui étaitun philosophe qui réfléchissait sur la condition humaine —affirme la nécessité de prier pour établir une coopérationfructueuse entre action divine et action humaine. Il écrit dans ses Souvenirs/Pensées : « Qui te dit que les dieux nenous aident pas également en ce qui dépend de nous ? Commencedonc à les prier et tu verras ( ↓ 7 ) ».Ce conseil de l’empereur philosophe a été effectivement mis enpratique par d’innombrables générations d’hommes avant leChrist, démontrant ainsi que la vie humaine sans la prière, quiouvre notre existence au mystère de Dieu, devient privée de sens etde référence. En effet, dans chaque prière s’exprime toujours lavérité de la créature humaine, qui d’une part fait l’expériencede la faiblesse et de l’indigence, et demande donc de l’aide auCiel, et de l’autre est dotée d’une dignité extraordinaire,car, en se préparant à accueillir la Révélation divine, elle sedécouvre capable d’entrer en communion avec Dieu.
Chers amis, dans ces exemples de prières des différentes époqueset civilisations apparaît la conscience que l’être humain a de sacondition de créature et de sa dépendance d’un Autre qui lui estsupérieur et source de tout bien. L’homme de tous les temps priecar il ne peut faire à moins de se demander quel est le sens de sonexistence, qui reste obscur et décourageant, s’il n’est pas misen relation avec le mystère de Dieu et de son dessein sur le monde.La vie humaine est un mélange de bien et de mal, de souffranceimméritée et de joie et de beauté, qui nous pousse spontanémentet irrésistiblement à demander à Dieu cette lumière et cetteforce qui puisse nous secourir sur la terre et ouvrir une espérancequi aille au-delà des frontières de la mort. Les religions païennesdemeurent une invocation qui, de la terre, attend une parole du Ciel.L’un des derniers grands philosophes païens, qui vécut à uneépoque déjà pleinement chrétienne Proclus de Constantinople,donne voix à cette attente, en disant : « Inconnaissable,personne ne te contient. Tout ce que nous pensons t’appartient. Nosmaux et nos biens sont en toi, chacune de nos aspirations dépend detoi, ô Ineffable, que nos âmes sentent présent, en t’élevant unhymne de silence ( ↓ 8 ) » .
Dans les exemples de prière des différentes cultures, que nousavons pris en considération, nous pouvons voir un témoignage de ladimension religieuse et du désir de Dieu inscrit dans le cœur dechaque homme, qui trouvent leur accomplissement et leur pleineexpression dans l’ancien et dans le Nouveau Testament. La Révélation , en effet, purifie et porte à sa plénitudel’aspiration originelle de l’homme à Dieu, en lui offrant, dansla prière, la possibilité d’une relation