La leucémie lymphoïde chronique (LLC) est la plus fréquente des leucémies chez l’adulte en Occident : son incidence y est de 3 à 4 nouveaux cas par an pour 100 000 habitants [30]. En revanche, cette forme de leucémie est exceptionnelle en Extrême-Orient, et sa fréquence reste très faible chez les Asiatiques émigrés aux États-Unis. Elle affecte exclusivement les adultes. La survie est très variable, allant de 30 mois dans les formes les plus graves à plus de 25 ans dans nombre de cas évoluant de façon indolente, et n’est que modestement influencée par les traitements médicaux jusqu’à présent.Syndromes de prolifération à grands lymphocytes granuleuxLes leucémies à grands lymphocytes granuleux (LGL) représentent 2 à 5 % des syndromes lymphoprolifératifs chroniques. La présentation clinique classique associe des infections récurrentes secondaires à une neutropénie sévère, une anémie, une splénomégalie et assez fréquemment une maladie auto-immune, le plus souvent une polyarthrite rhumatoïde [56]. Depuis la description initiale en 1985, la nosologie de cette affection a été affinée : il a été montré qu’il existait deux sous-entités au sein des leucémies LGL : le type T (CD3+), majoritaire, comptant pour 85 % des cas et le type NK (natural killer) (CD3–), minoritaire. La dernière classification de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de 2008 propose en fait trois sous-catégories : les deux plus fréquentes représentées par les leucémies LGL-T et NK de type indolent et les leucémies LGL-NK agressives exceptionnelles.Leucémie à tricholeucocytesC’est une maladie chronique, maligne, caractérisée par la prolifération lente dans la rate, la moelle osseuse et, tardivement, dans le sang de cellules lymphoïdes caractéristiques par leur aspect cytologique. La première description de l’affection est celle d’Ervald en 1923, sous le nom de réticulo-endothéliose leucémique, terme qui sera repris par B. Bouroncle à propos de vingt-six patients dans un article consacrant l’individualisation de la maladie [66]. Le terme de leucémie à cellules chevelues (hairy cells) ou tricholeucocytes s’est imposé par la suite, privilégiant l’aspect des cellules plus que leur origine et rendant obsolètes les nombreux synonymes en usage [67].Macroglobulinémie de WaldenströmInitialement décrite en 1944 par Jan Waldenström [123], la macroglobulinémie de Waldenström (MW) est définie par l’association d’une immunoglobuline M (IgM) monoclonale et d’une prolifération lymphoïde médullaire polymorphe, comportant lymphocytes, lymphoplasmocytes et plasmocytes. Il s’agit d’une hémopathie lymphoïde B de bas grade qui, au sein du groupe des lymphomes lymphoplasmocytaires (LPC), tirait son originalité de la présence de l’IgM monoclonale. La découverte d’une mutation acquise récurrente du gène MYD88 présente au niveau des cellules clonales de la quasi-totalité des macroglobulinémies de Waldenström confirme que cette maladie est bien une entité à part entière [122].MyélomeLe myélome multiple, ou maladie de Kahler, est une maladie maligne caractérisée par le développement clonal de plasmocytes dans la moelle osseuse. L’étude de cette maladie a suscité un grand intérêt pour plusieurs raisons [149] :– elle a fourni les outils pour comprendre la structure des anticorps ;– elle a été à l’origine du concept de clonalité, l’immunoglobuline monoclonale produite par les plasmocytes anormaux représentant un marqueur tumoral quasi idéal ;– elle a illustré l’importance des relations entre cellules tumorales et micro-environnement ;– les approches modernes utilisant les outils de la biologie moléculaire ont apporté des informations essentielles concernant les mécanismes de progression tumorale et de réponse aux traitements.Parallèlement, le développement des stratégies de traitements intensifs et de greffe de cellules souches hématopoïétiques et la disponibilité de médicaments de plus en plus efficaces ont contribué à en améliorer le pronostic.Immunoglobulines monoclonales de signification indéterminéeLa présence, dans le sérum ou les urines, d’une immunoglobuline (Ig) monoclonale témoigne de l’émergence d’un clone de cellules B produisant des molécules d’immunoglobulines identiques, sans préjuger du caractère bénin ou malin de ce clone. Leurs principaux modes de prolifération maligne sont le myélome et la macroglobulinémie de Waldenström. Par ailleurs, les composants monoclonaux, principalement les chaînes légères ou lourdes, peuvent contribuer à la formation de dépôts anormaux d’immunoglobulines ou d’amylose AL. Ces affections sont décrites dans la section « Médecine interne ». Certaines proliférations clonales ont une traduction limitée à la présence d’une immunoglobuline monoclonale, sans développement tumoral apparent et sont désignées par le terme d’immunoglobulines monoclonales « bénignes ». En fait, celles-ci doivent être considérées comme des situations intermédiaires « prémalignes », à risque d’évolution vers une maladie maligne avérée, ce que les Anglo-Saxons traduisent en les qualifiant de monoclonal gammapathy of undetermined significance (MGUS ou GMSI en français).Maladie des chaînes lourdesLes maladies des chaînes lourdes (MCL) sont des hémopathies lymphoïdes B caractérisées par la production d’une immunoglobuline (Ig) monoclonale de structure anormale, constituée de deux chaînes lourdes incomplètes, sans chaîne légère associée. Il en existe trois variétés, correspondant aux trois principales classes d’immunoglobuline : la MCL α, la plus fréquente et les MCL μ et γ, beaucoup plus rares.Caractéristiques protéiques et moléculaires [186]Les protéines de MCL sont constituées d’une chaîne lourde d’immunoglobuline remaniée, ayant conservé sa partie Fc mais présentant des délétions au niveau de ses domaines amino-terminaux, en général du premier domaine constant (CH1) et de tout ou partie du domaine variable. La chaîne anormale peut, en plus, inclure des séquences d’acides aminés aberrantes. L’absence du CH1 entraîne l’impossibilité de liaison chaîne lourde-chaîne légère, lorsque celle-ci existe. Elle rend compte également de la non-fixation du fragment de l’immunoglobuline anormale sur des protéines chaperonnes au niveau du réticulum endoplasmique qui en assure normalement l’excrétion.Lymphomes non hodgkiniens de l’adulteLes lymphomes non hodgkiniens (LNH) constituent un ensemble d’affections résultant d’une prolifération maligne de cellules lymphoïdes de phénotype B ou T/NK à des degrés divers de différenciation et/ou d’activation. Les caractéristiques cliniques, anatomopathologiques, immunologiques, pronostiques et thérapeutiques des LNH en font cependant un ensemble hétérogène.La prise en charge des malades atteints de LNH a bénéficié, au cours des vingt dernières années, de progrès liés principalement à des outils diagnostiques plus précis, au développement de biomarqueurs permettant de proposer des traitements ciblés innovants, essentiellement par des immunothérapies qui ont bouleversé le pronostic de certaines entités.Lymphome de HodgkinLe lymphome de Hodgkin est une hémopathie maligne qui peut se développer à tout âge, mais principalement chez l’adulte jeune. Deux pics de fréquence sont observés dans les pays occidentaux, l’un autour de 30 ans, l’autre après 50 ans. Il existe une prédominance masculine chez le jeune enfant et le sujet âgé. Le taux d’incidence standardisée est de 2,2 pour 100 000 personnes-années, ce qui correspond en France à environ 1 400 nouveaux cas par an. Les progrès thérapeutiques résultent de traitements adaptés aux facteurs de risques, dans le cadre d’essais thérapeutiques. Améliorer le pronostic des formes graves qui rechutent ou résistent au traitement standard reste un objectif prioritaire.
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