L’éducation thérapeutique vise à améliorer la prise en charge des patients atteints de maladie chronique et elle s’oppose, d’une part, à l’infantilisation du patient réduit au statut d’élève ou d’enfant devant observer les prescriptions d’un médecin décidant à sa place, pour son bien, et, d’autre part, à l’objectivation du malade, réduit à sa maladie. Les pionniers de l’éducation thérapeutique revendiquent une pratique centrée sur le patient et ils sont fiers de ce combat historique. Cependant, loin de l’autosatisfaction, il est parfois utile de penser contre soi. En effet, on voit naître au sein du « courant » des militants de l’éducation thérapeutique, une tendance à réduire l’éducation thérapeutique à l’éducation, en relativisant la thérapeutique. Or, l’éducation du patient n’a d’intérêt que si elle lui permet d’utiliser au mieux le traitement le plus adapté à sa pathologie chronique, d’où l’importance que le soignant impliqué dans l’éducation thérapeutique connaisse parfaitement la maladie dont le patient est atteint et ses traitements. Une autre erreur consiste à réduire l’éducation à l’accompagnement, et finalement l’accompagnement à la bienveillance. L’empire du bien triomphe ! Le problème de l’observance risque alors d’être marginalisé et le terme d’« observance » peut devenir un « gros mot » à éviter, avec sa connotation religieuse de règle à suivre, d’obéissance totale. Tout au contraire, même si l’éducation thérapeutique ne se résume pas au simple objectif de l’obtenir à tout prix, l’observance nous paraît au cœur de l’éducation thérapeutique et du rapport médecin-patient au cours de la maladie chronique. Encore faut-il lever le malentendu qui se cache derrière le concept d’observance et qu’on ne peut pas résoudre par un simple changement de nom, en remplaçant observance par adhérence. Comme s’il suffisait d’adhérer pour observer !
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