Les maladies de passage Transmissions, préventions et hygiènes en Afrique de l’Ouest , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2003

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845863729

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

Sous la direction de Doris Bonnet et Yannick Jaffré
Les maladies
de passage
Transmissions, préventions et hygiènes en Afrique de l’Ouest
MÉDECINES DU MONDE
KARTHALA
LES MALADIES DE PASSAGE
KARTHALA sur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
© Éditions KARTHALA, 2003 ISBN : 2-84586-372-1
Sous la direction de Doris Bonnet et Yannick Jaffré
Les maladies de passage
Transmissions, préventions et hygiènes en Afrique de l’Ouest
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 PARIS
Ouvrage publié avec le concours d’Amades http://www.amades.net
Les recherches composant cet ouvrage ont été menées dans le cadre du programme de l’Union européenne « Interactions entre les systèmes de santé publique et les conceptions et pra-tiques populaires relatives à la maladie (Afrique de l’Ouest) – Financement Union européenne – INCO ». Nous remercions Evelyne Féraud pour son indispensable assistance à la préparation du texte et de la bibliographie.
Ce livre est dédié à la mémoire de notre collègue et ami Sidiki Tinta.
Introduction
Transmissions, préventions et hygiènes en Afrique de l’ouest, une question anthropologique
Doris Bonnet
Cet ouvrage rassemble les contributions de dix-sept socio-anthropologues et construit, autour d’un large corpus, une réflexion sur le thème de la transmission des maladies et des pratiques d’hygiène dans les sociétés ouest-africaines du Sénégal au Niger. L’originalité de cet ouvrage repose sur le fait qu’il constitue un véritable travail collectif, de l’élabora-tion du thème et des méthodes de travail à la confrontation 1 comparative des résultats au terme des enquêtes .
En effet, contrairement à de nombreux ouvrages collec-tifs où la décision de forger une réflexion commune sur un sujet s’effectue à partir de terrains et de trajectoires indivi-duels, celui-ci s’est construit à partir d’une grille de lecture commune élaborée préalablement aux enquêtes : inventaire des champs lexicaux et sémantiques dans les langues verna-culaires sur les thèmes retenus, observation des pratiques de propreté corporelles et domestiques, etc.
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La constitution de cette équipe date de 1995. Un projet de recherche intitulé « Interactions entre les systèmes de Santé Publique et les conceptions et pratiques populaires relatives à la maladie (Afrique de l’Ouest) » a bénéficié d’un financement de l’Union Européenne en 1998 pour une durée de quatre ans. Un premier ouvrage sur les sémiologies populaires, les logiques de nomination et le rôle du contexte dans l’interprétation de la maladie a été édité aux PUF en 1999 sous la direction de Yannick Jaffré et de Jean-Pierre Olivier de Sardan.
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Transmissions
Les maladies de passage
L’idée de prendre pour objet d’étude le thème de la conta-mination a, très vite, posé un problème de traduction. A l’occa-sion d’un séminaire qui regroupait l’ensemble des auteurs, cha-cun a fait valoir l’inadéquation du terme entre le français (contamination ou contagion) et les différentes langues verna-culaires africaines. Le terme de contagion ne semblait pas le plus approprié pour exprimer ce que les personnes interro-gées conceptualisaient par rapport aux questions relatives à la transmission des maladies entre les hommes, d’autant que l’objectif primordial de ce travail n’était pas de répertorier la connaissance des villageois sur les maladies contagieuses de notre système biomédical mais plutôt d’explorer l’idée de contamination d’une manière plus générale. Aujourd’hui, en français, les termes de contamination ou de contagion signifient que la maladie se transmet uni-quement d’un sujet malade à un sujet sain. Or, ce type de transmission ne correspond pas à l’ensemble des conceptions locales de la contamination recueillies au cours de ce travail. Qu’il s’agisse d’une transmission de substances entre un homme et une femme ou entre une mère et son enfant (par le sang, le lait ou le sperme) ou bien même d’un rapport d’influence (par la parole ou le regard) le « donneur » n’est pas nécessairement malade. Il peut s’agir d’un contact entre deux personnes en bonne santé mais jugées impures d’un point de vue social (par exemple, des individus en contact avec la mort). En fait, dans un certain nombre de cas, ce ne sont pas les sujets qui sont malades mais le contact qui est morbide ou mortifère, ce qui ne veut pas dire pour autant que celui qui contamine n’est jamais malade. A partir de ce constat, et en considérant l’étude des champs sémantiques des différents termes vernaculaires étudiés, il a été décidé d’emprunter le terme le plus proche d’une traduction littérale, et c’est celui de « transmission » 2 qui a fait le consensus .
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Ce même choix a été fait par Caprara (2000).
Introduction
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Après ce critère ethnolinguistique, un élément de tra-duction médicale a retenu notre attention. En effet, les dis-cours recueillis faisaient état de maladies considérées comme étant contagieuses par les personnes interrogées selon les conceptions locales alors qu’elles ne le sont pas d’un point de vue scientifique. D’autre part, une maladie considérée comme étant contagieuse dans le système biomédical ne l’est pas nécessairement dans les sociétés africaines ; ou bien une maladie transmissible n’est pas obligatoirement jugée conta-gieuse. Prenons quelques exemples pour faire comprendre ces écarts de jugement : l’épilepsie est considérée dans la plupart des groupes sociaux d’Afrique subsaharienne, en zone urbaine comme en zone rurale, comme étant contagieu-se et se transmettant notamment par la salive du malade alors que dans le système biomédical, cette maladie n’est en rien ni transmissible ni contagieuse. Prenons un autre exemple. Pour les médecins, le sida est une maladie trans-missible non contagieuse alors que pour de nombreuses per-sonnes interrogées, elle est jugée contagieuse. En ce qui concerne les maladies sexuellement transmissibles, certains villageois les jugent transmissibles uniquement par les femmes. Enfin, d’autres personnes considèrent que les mala-dies infantiles sont, en partie, attribuables à une contamina-tion maternelle in-utero ou par l’allaitement. Dans ce cas, c’est le principe qui est retenu sans être associé à une patho-logie spécifique ; aussi l’interprétation d’une maladie infanti-le peut s’orienter vers ce type d’explication sans qu’elle corro-bore une maladie infectieuse spécifique.
Le mot « contagion » a donc été écarté par la plupart des auteurs car il risquait d’introduire trop de confusion dans nos échanges avec le milieu médical, en particulier avec les médecins de santé publique ; car même si nous revendi-quions un travail strictement ethnologique notre but était qu’il soit utilisable par le personnel de santé.
L’ensemble de ces réflexions nous a amené à choisir un terme « neutre » et « démédicalisé », d’un point de vue lin-guistique et historique, et à retenir celui de « transmission » au détriment de celui de contagion. La poursuite de notre recherche nous a ensuite montré qu’il n’existait pas vérita-blement de mot sans histoire – même si l’on pouvait s’en dou-
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Les maladies de passage
ter – car l’usage de ce terme, comme on va le voir ci-dessous a aussi une traversée médicale dans notre histoire occidenta-le de la contagion. Cette précision étant apportée, les termes de contagion ou de contamination sont quelquefois utilisés au cours de cet ouvrage quand ils ne prêtent pas à confusion d’un point de vue médical.
L’idée de transmission permet surtout de décliner diffé-rentes conceptions en usage, de la plus religieuse à la plus médicale, sans induire de faux couplages entre différents registres. Elle se rapproche, comme on vient de le dire, des termes vernaculaires des enquêtes des auteurs de l’ouvrage qui évoquent très souvent l’idée de passage. Le thème du pas-sage est, en effet, récurrent d’un point de vue linguistique et discursif. Les métaphores utilisées sont toujours en référence à l’espace : elles sont celles de l’enjambement d’un corps (acte considéré d’ailleurs comme « contagieux » au sens du contact mortifère) ou de la traversée d’une rivière. L’idée métapho-rique de passer d’un lieu à un autre révèle la dimension phy-sique et spatiale du processus de contamination, tel qu’il est décrit par les personnes interrogées. La légitimation des espaces est souvent soulignée ; et l’effraction d’un espace inti-me ou d’un espace interdit, dangereux ou impur (domestique ou public) contamine le transgresseur ou même celui qui s’y aventure par hasard. Pour donner quelques exemples : l’espa-ce de la douche est un lieu potentiellement dangereux car s’y versent les humeurs du corps (salive, sueur, urine, etc) ; l’espace du marché est un lieu de tensions sociales où peuvent se transmettre de nombreuses maladies ; l’espace d’un carre-four est un lieu d’offrandes aux esprits qui peuvent communi-quer certains troubles ; l’espace fréquenté par une femme qui a vécu un avortement est porteur de risques car son impureté peut mettre en danger celle qui est enceinte, etc. Il s’agit donc d’un espace à la fois physique et social, intime et public.
L’idée de transmission se rencontre aussi dans l’histoi-re de la médecine occidentale ( Grmek, 1980 ; Bourdelais, 1998) à l’époque où le religieux et le médical ne constituaient p a s d e u x c h a m p s d i s t i n c t s d u t r a i t e m e n t d e s m a u x . Plutarque durant l’Antiquité fait référence à une transmis-sion par influence, communément appelée encore aujourd’hui le « mauvais œil ». Cette idée de transmission d’homme à homme
Introduction
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et de pays à pays daterait en Occident, selon M. D. Grmek, du e V siècle avant Jésus-Christ (1980). Elle sera contredite par la théorie des miasmes qui nie le passage direct entre les individus et par la théorie aériste d’Hippocrate qui attribue à l’air et à l’eau l’origine des principales maladies. La médeci-e e ne savante, jusqu’aux XIV et XV siècles, mettait en doute la théorie du contact contaminant qui était, en fait, plus popu-laire que scientifique (Gmerk, 1980). Selon les historiens, la e constatation au XIV siècle d’une épidémie de peste par contact avec les vêtements des pestiférés, ne va pas infléchir la médecine officielle. Celle-ci considérait toujours que cette épidémie était due à l’action des miasmes et des pestilences. Contrairement à l’histoire de la médecine occidentale où une théorie en contredit souvent une autre (théories aériste, contagionniste, infectionniste, hygiéniste, etc), dans les sociétés ouest-africaines aucune ne souffre de la contra-diction. C’est bien là une des spécificités des pages qui sui-vent. On pourrait justifier cette pensée plurielle en arguant du fait qu’il s’agit davantage de croyances populaires que de théories. Pourtant, à la lecture des articles de cet ouvrage, se dévoile un croisement de savoirs qui sont le fruit de l’histoire de l’Afrique et de l’influence de divers courants de pensée (islam, théorie pasteurienne, etc). Et si, à l’instar de Bourdieu, on pense qu’il n’existe pas de pratiques pures sans théories, on se rendra compte qu’elles véhiculent un ensemble de discours à visée extrêmement morale et norma-tive en ce qui concerne les relations humaines et sociales, qu’il s’agisse des conduites sexuelles, de la promiscuité des contacts physiques, des règles en matière de rapports sociaux, ou celles relatives aux interdits d’alliance ou, enfin, en ce qui concerne la gestion de l’environnement.
Préventions
Les corpus présentés ici témoignent des nombreuses manières de faire pour se prémunir de la maladie : la toilette corporelle, les règles de commensalité, le triage des déchets domestiques, les multiples mesures de protection vis à vis des relations interpersonnelles et sociales, et aussi de nom-
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