La calcémie joue un rôle majeur dans la santé osseuse, la fonction neuromusculaire, la contractilité cardiaque, la coagulation et d’autres processus cellulaire. La calcémie est donc finement maintenue à un taux normal par l’action de deux hormones, l’hormone parathyroïdienne (PTH) et la vitamine D par leurs actions sur leurs organes cibles que sont le squelette, le rein et le tube digestif. Il existe une relation sigmoïdienne inversée entre la concentration du calcium dans le sang et le relayage de PTH par les cellules parathyroïdiennes. Quand la calcémie ionisée augmente, on constate une suppression du relayage de PTH ce qui a comme conséquence une fuite rénale de calcium qui augmente et une diminution de la conversion de 25 hydroxyvitamine D (25-OHD) en 1,25 dihydroxyvitamine D (1,25-OH2D) dans le rein. La diminution de 1,25-OH2D est responsable d’une diminution de l’absorption intestinale de calcium et d’une réduction de la résorption du calcium osseux. Ces différentes actions doivent permettre en situation physiologique de normaliser la calcémie. En situation pathologique lorsque l’on constate une hypercalcémie, la réalité de l’hypercalcémie doit être affirmée sur un dosage de calcium sérique prélevé le matin à jeun. La prise d’aliment, en effet, surtout riche en calcium augmente la calcémie. Les automates à haut débit mettent en œuvre des techniques complexo-colorimétriques ou potentiométriques après libération de la totalité du calcium par acidification. Les résultats varient peu d’une technique à l’autre [1]. Les valeurs de référence oscillent entre 2,10-2,20 mmol/l à 2,50-2,60 mmol/l. Les valeurs usuelles de la calcémie totale sont stables tout au long de la vie. L’interprétation de la calcémie totale doit prendre en compte la concentration de protéine et surtout d’albumine. Une hypoalbuminémie conduit à une baisse de la calcémie sans que la calcémie ionisée qui va déclenchée la sécrétion de PTH, soit modifiée. De même, une hyperalbuminémie, conduit à une augmentation de la calcémie. Il existe de nombreuses formules de correction par l’albumine et les protides, la plus couramment utilisée est calcium « corrigé » (mmol/l) = Ca mesurée (mmol/l) + 0,020 ou 0,025 (40-albumine (g/l)). Cette formule est valable pour les albumines proches de 40 g/l. Au-dessus de 45 g/l, la formule est peu valable et de même pour les hypoalbuminémies inférieures à 35 g/l, cette correction est également aléatoire. Cette formule peut être utilisée aisément par un calcul mental, chaque gramme d’albumine au-dessus ou en-dessous de 40 aboutira à diminuer ou augmenter de 0,02 mmol la calcémie mesurée. L’albuminémie est dosée par différentes méthodes, les méthodes de l’immunoélectrophorèse sont moins précises que les méthodes dosant directement l’albuminémie. Les variations du pH interviennent sur la calcémie. L’alcalose augmente la fixation aux protéines, l’acidose la réduit. Le calcium ionisé est donc le dosage le plus précis car c’est sa variation qui va agir sur le récepteur sensible au calcium (CaSR) pour déclencher ou inhiber la synthèse d’hormone parathyroïdienne mais il est soumis à des contraintes analytiques qui rendent difficile sa pratique, en particulier les délais d’acheminement et la congélation peuvent rendre l’interprétation délicate de ce dosage. On décrit de manière très exceptionnelle des pseudo-hypercalcémies sans anomalie de l’albuminémie et avec calcémie ionisée normale dans la thrombocytémie et en présence de gammapathie du myélome multiple ou de macroglobulinémie de Waldenström responsable d’une interférence avec la mesure du calcium dans l’auto-analyseur.
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