467
pages
Français
Ebooks
2014
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Publié par
Date de parution
08 avril 2014
Nombre de lectures
14
EAN13
9782764426920
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo
Publié par
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08 avril 2014
Nombre de lectures
14
EAN13
9782764426920
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Français
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De la même auteure
Entre l e r ire e t l es l armes , Éditions de l’Homme, 1996.
UNE VIE AU SEIN DE LA CROIX-ROUGE
Projet dirigé par Ophélie Delaunay, éditrice
Conception graphique : Sara Tétreault
Mise en pages : Andréa Joseph [ pagexpress@videotron.ca ]
Révision linguistique : Isabelle Pauzé et Chantale Landry
Photographie en couverture : Élisabeth Carrier
Conversion au format ePub : Studio C1C4
Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Carrier, Élisabeth En mission : une vie au sein de la Croix-Rouge (Dossiers et documents) ISBN 978-2-7644-1231-2 (Version Imprimée) ISBN 978-2-7644-2691-3 (PDF) ISBN 978-2-7644-2692-0 (ePub) 1. Carrier, Élisabeth. 2. Secours aux victimes de catastrophes. 3. Infirmières - Québec (Province) – Biographies. 4. Croix-Rouge - Biographies. I. Titre. II. Collection : Dossiers et documents (Éditions Québec Amérique). RT37.C37A3 2014 610.73092 C2014-940410-7
Dépôt légal : 2 e trimestre 2014
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc., 2014.
quebec-amerique.com
ÉLISABETH CARRIER
UNE VIE AU SEIN DE LA CROIX-ROUGE
À mes collègues qui ont inspiré de nombreux passages de cet ouvrage. À ceux dont la bonne étoile a cessé de briller trop tôt.
“There is a crack in everything, that’s how the light gets in * .”
Leonard Cohen, extrait de la chanson Anthem.
AVERTISSEMENT
Je confirme que les idées et les opinions exprimées dans cet ouvrage sont entièrement miennes et ne constituent en aucune façon le point de vue ou la position officielle du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). J’y ai mis tous les efforts pour être en accord avec mes obligations de discrétion en regard des activités accomplies au cours de mes missions avec le CICR.
Pour sauvegarder leur anonymat, j’ai attribué à certaines personnes un prénom fictif. Certains cas médicaux ont aussi été interchangés entre différents lieux géographiques, afin que leur détermination exacte soit impossible.
PRÉFACE
Dans des temps pas si anciens que cela, le seul contact que nous avions avec le vaste monde provenait souvent des voyageurs. De ces quelques rares personnes qui, pour des raisons d’évangélisation ou de guerre, partaient très loin, dans ces contrées que notre imagination s’empressait alors d’inventer de manière parfois surréaliste.
Chez nous, ce voyageur prenait les traits du Père blanc d’Afrique, qui débarquait à l’église du village une fois tous les trois ou cinq ans, et parlait d’enfants mal nourris, de la dureté de la vie et de pauvreté. Il disait aussi, il faut le souligner, à quel point l’Afrique était belle. Et puis, un jour, il y eut ce « quêteux », cet homme venu de tellement loin que nous n’étions pas très sûrs de bien comprendre la langue qu’il parlait. Il était arrivé, je m’en souviens, par une fin de journée où les nuages qui s’amoncelaient dans un ciel presque noir annonçaient inévitablement l’orage. Il avait parlé, en buvant le thé que ma mère lui avait préparé. Il avait raconté les vieux pays, la cruauté des êtres humains, la bêtise du monde. Et pendant qu’il déroulait devant nos yeux incrédules son histoire, l’orage avait éclaté, avec son cortège de foudre et de tonnerre. C’est pour cela que je me rappelle si bien de lui encore aujourd’hui : il nous était apparu comme un géant, une sorte d’oracle ; en tout cas, certainement comme un être étrange venu d’un ailleurs fascinant. Ce qu’il nous décrivait, à nous qui buvions ses paroles, était à mes yeux la plus belle aventure qui puisse être vécue.
En lisant le récit d’Élisabeth Carrier, tous ces souvenirs me sont revenus en mémoire. D’ailleurs, comme elle le mentionne aussi, c’est à travers les récits d’un oncle, missionnaire en Afrique, que le désir de connaître et d’aider les autres lui est venu. Elle a transformé son désir de voyage en projet de vie : le travail humanitaire allait être son lot quotidien. Irak, Afghanistan, République démocratique du Congo, Pakistan, Haïti…
Lire ce récit, c’est suivre la géographie des conflits ou des catastrophes naturelles qui ont déchiré la planète au cours des dernières décennies. C’est revivre d’une manière autre – de l’intérieur – des événements dont nous n’avons entendu parler pour la plupart du temps qu’en auditeurs passifs.
Élisabeth Carrier a travaillé pour le Comité international de la Croix-Rouge pendant de nombreuses années. Elle compte parmi les quelques rares « super infirmières » qui ont été appelées des centaines de fois en renfort, aux lendemains de cataclysmes ou de guerres qui ne disent pas toujours leur nom.
Dès qu’une brèche s’ouvre dans un conflit, qu’une possibilité se présente de se rendre sur place, ces « humanitaires », comme on se plaît à les nommer, sont sur le terrain. Des infirmiers, des médecins, des logisticiens, des hommes et des femmes, qui laissent tout tomber pour venir en aide à des populations sinistrées. Tout ce personnel qui arrive représente souvent la première bouffée d’espoir de populations momentanément coupées du monde. Leur responsabilité est grande, leurs moyens, dérisoires.
À maintes reprises, j’ai été en mesure de voir ces représentants de la Croix-Rouge à l’œuvre sur le terrain. Tout comme les Casques bleus de l’Organisation des Nations Unies, ils sont les ultimes représentants d’un monde qui se voudrait plus civilisé, plus pacifique. Lorsque le travail est bien fait, ils redonnent un sens à la vie des milliers de personnes abandonnées de tous, rejetées sur les rivages de l’humanité.
C’est son journal personnel qu’Élisabeth Carrier nous ouvre aujourd’hui. Un journal qui tient compte des nombreuses missions qu’elle a remplies, des difficultés, des peurs et des angoisses auxquelles elle a dû faire face. Car le travail humanitaire n’est pas de tout repos. Il n’est pas fait que d’actes héroïques, comme semble le penser le commun des mortels. Sur le terrain, il se présente de plus en plus souvent comme une course à obstacles, qu’elle soit d’ordre administratif, logistique ou politique. Il faut négocier, expliquer, faire confiance. Ce travail en est aussi un d’éducation.
Le Comité international de la Croix-Rouge s’est donné comme mandat d’aider toutes les personnes impliquées ou touchées par un conflit armé, peu importe le camp choisi, sans distinction. Cette mission m’a parfois laissée perplexe : pourquoi, en effet, remettre sur pied un combattant qui s’empressera de reprendre les armes ? N’y a-t-il que des justes, dans ces conflits ? Qui sont les bons, qui sont les méchants ? On découvrira qu’Élisabeth Carrier s’est aussi parfois posé la question. Et qu’il n’y a, malheureusement – on s’en doutait –, pas de réponse simple. L’important, c’est de porter secours, de sauver une vie, en espérant, en bout de ligne, faire une différence. Et dans certaines parties du monde, la Croix-Rouge a pu effectivement faire une différence.
On dit souvent qu’un voyage est plus intéressant à raconter qu’à vivre.
Le froid, la neige, la poussière, la chaleur, les insectes : rien ne semble épargner les travailleurs humanitaires qui sont sur la ligne de front. Loin des hôtels cinq étoiles – où parfois, tout de même, ils vont relaxer quelques jours, le temps de reprendre leur souffle ! –, les conditions de vie sont généralement difficiles. C’est alors que l’esprit d’équipe et la solidarité prennent tout leur sens. Ce sont de belles pages que nous offre Élisabeth Carrier sur ce sujet : l’amitié, le partage, et l’amour aussi. Avec toutes les difficultés qui s’accumulent dès lors qu’on veut être sur le terrain, ailleurs dans le vaste monde, et maintenir une relation durable avec une ou un partenaire resté à la maison. Élisabeth Carrier ne nous cache rien de sa vie personnelle, de ses hauts et ses bas. Mais d’autres joies, d’autres satisfactions viendront pour elle combler certains vides.
On m’a souvent demandé pourquoi j’ai choisi le métier que je fais. Pourquoi je parcours inlassablement la planète depuis près de trente ans, à la rencontre d’un monde qui m’interpelle constamment, mais qui semble m’échapper de plus en plus, chaque fois. Eh bien, pour les mêmes raisons sans doute qu’Élisabeth Carrier : pour connaître, pour apprendre, pour vivre. Pour tenter de trouver quelques réponses aux nombreuses questions qui nous hantent.
Que de fois j’ai regretté de ne pas être infirmière ou médecin quand, lors de crises humanitaires, des populations émaciées regardaient arriver, avec une certaine désolation dans le regard, une équipe de film, et non une équipe médicale ! Mais j’ose espérer que nous faisons une course à relais, nous, informant, eux, soignant. Notre défi à nous, documentaristes et journalistes, consiste à alerter la communauté internationale, et parfois – quand le travail est bien fait – à tenter d’expliquer ce qui se passe. Leur défi à eux, à tous les « Élisabeth Carrier » de ce monde, consiste à prêter assistance à tous ces êtres humains qui ont droit à des conditions de vie humaines.
En 2011, 308 travailleurs humanitaires ont été tués, enlevés ou blessés dans le monde, un record 1 . Et c’est dans ces pays où a travaillé Élisabeth Carrier que se sont produits la plupart de ces crimes : Afghanistan, Somalie, Soudan, Souda