Quand les missionnaires rencontraient les Vietnamiens (1920-1960) , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2008

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845869554

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Luc Garcia
Quand les missionnaires rencontraient les Vietnamiens (1920-1960)
KARTHALA
QUAND LES MISSIONNAIRES RENCONTRAIENT LES VIETNAMIENS (1920-1960)
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture : Cérémonie du « Kham Thang » ou présentation officielle du prince Bao-Lang, fils de l’empereur Dao-Daï et de l’impératrice, né le 5 janvier 1936. L’enfant est porté par Madame Graffeuil, épouse du résident supérieur, ayant à sa gauche l’empereur et à sa droite l’impératrice. Photo Thang-Vinh,L’illustration, février 1936.
¤Éditions KARTHALA, 2008 ISBN : 978-2-84586-955-4
Luc Garcia
Quand les missionnaires rencontraient les Vietnamiens (1920-1960)
Éditions KARTHALA 22-24, bd Arago 75013 Paris
DU MÊME AUTEUR
Le royaume du Dahomé face à la pénétration coloniale : affrontements et incompréhension (1875-1894), Karthala, 1988.
AC CAOM - GGI
FADL FADP FAGLF FAGOF FAMEP FEC PCI RFHOM SSPC SSVP VQDD
Abréviations
Amantes de la Croix
Archives nationales. Centre des Archives d’Outre-mer à Aix-en-Provence ; Gouvernement général de l’Indochine
Fonds archives Dominicains de Lyon-Saint-Nom-de-Jésus
Fonds archives Dominicains de Paris
Fonds archives de La Grande Loge de France
Fonds archives du Grand Orient de France
Fonds archives des Missions Étrangères de Paris (MEP)
Frères des Écoles chrétiennes
Parti communiste indochinois
Revue française d’Histoire d’Outre-mer
Sœurs de Saint-Paul de Chartres
Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul
Viêt Nam Quoc Dan Dang – Parti national du Vietnam
Avertissement
 Nous avons adopté le terme de Vietnam pour désigner les trois régions du Tonkin, de l’Annam et de la Cochinchine, et préféré celui de Vietnamiens à Annamites utilisé dans les archives de sources coloniales et missionnaires. Nous avons opté également pour la graphie la plus commune des noms vietnamiens en français comme Hanoi ou Haiphong.  Enfin, nous avons évité de convertir systématiquement les monnaies comme la piastre ou le dollar de Hong Kong en francs car les conversions sont plus ou moins arbitraires et l’exercice se révèle plutôt hasardeux ; mais nous mentionnons les équivalences lorsqu’elles sont données dans les rapports des vicaires et préfets apostoliques. Enfin, au Vietnam comme dans d’autres pays de mission, le préfet apostolique qui n’est pas évêque dirige une circonscription territoriale. Lorsque celle-ci est érigée en vicariat apostolique, puis en diocèse, son supérieur doit être évêque ou archevêque : c’est le cas de Lang Son-Cao Bang dans le haut Tonkin.
Introduction
 Le Vietnam a déjà fait l’objet de nombreuses publications dans des domaines divers, culturel, économique, politique, social, livres romancés et surtout livres de généraux en quête de justification de la défaite. Mais il suscite encore un grand intérêt d’abord parce que son conflit avec la France a suivi immédiatement la seconde guerre mondiale, puis c’est la première fois qu’un pays colonisé qui se proclame communiste se bat courageusement contre une puissance occidentale pour se libérer par les armes. Son succès a eu un impact international considérable et a fortement encouragé tous les autres dans leur lutte d’émancipation. Il a compromis le sort des colons et par contrecoup précipité celui des missionnaires catholiques. Pourtant, les publications font peu de place aux acteurs engagés que sont précisément ces missionnaires français des Missions Étrangères de Paris, les MEP, et de la Province dominicaine de Lyon. Le présent ouvrage se propose donc de les accompagner dans leur rencontre avec les Vietnamiens et les montagnards de la haute Région tonkinoise, et de souligner la complexité des relations avec les autorités, françaises puis vietnamiennes, les compromis consentis de part et d’autre dans le contexte des événements de 1920 à 1960.  Le Vietnam constitue, avec le Cambodge et le Laos, l’Indochine française. Pourtant depuis 1887, il est lui-même divisé en trois régions distinctes, en trois pays : une colonie, la Cochinchine, et deux protectorats, l’Annam et le Tonkin. Si ce dernier est gouverné par l’autorité française secondée par les mandarins, il n’en est pas de même en Annam : à Vinh, Hué ou Qui Nhon, l’empereur propose et le pouvoir colonial contrôle, accepte ou refuse. Dans un climat de paix religieuse imposée par la présence française, les missionnaires catholiques bénéficient, de façon ouverte ou discrète, de la bienveillance du gouvernement général. Ils sont persuadés que leur service de l’Église contribue largement au renfor-cement de l’influence et du prestige de la France. Ce sentiment général, exprimé par Mgr de Guébriant, supérieur général des MEP, est conforté
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QUAND LES MISSIONNAIRES RENCONTRAIENT LESVIETNAMIENS
par la présence des autorités civiles et militaires aux grandes cérémonies religieuses, à laquelle les missionnaires donnent évidemment une résonance particulière : « Estime, respect, sympathie, confiance, voilà ce que le missionnaire français gagne à la France, rien de plus, rien de moins... Il obtient ce résultat, inconsciemment, par le fait même qu’il est 1 Français, connu comme tel et qu’il accomplit son devoir ». Mais il reconnaît aussi que « la présence des Français a donné aux missionnaires et à leur œuvre la sécurité dont ils manquaient et, avec la sécurité, une large mesure de liberté. Or, cela est inappréciable. De plus, le régime français est dans l’ensemble assez bienfaisant pour faire honneur à la 2 religion de la France... Car la France est catholique, l’indigène le sait ... ».  Jusqu’à la partition du Vietnam en 1954, les périodes de crises et de péril pour leur survie renforcent leur collaboration. Mais la cohabitation est parfois difficile voire conflictuelle. La qualité des relations dépend en réalité de la personnalité des interlocuteurs, colons, fonctionnaires, gouverneurs, et missionnaires. Les autorités se défendent sans convaincre de favoriser telle ou telle confession religieuse, alors qu’elles sont très attentives aux initiatives des missionnaires et n’hésitent pas à s’immiscer dans les domaines scolaire, médical et social de leur activité. Lorsqu’elles se montrent, par pragmatisme, également conciliantes envers d’autres confessions comme le bouddhisme, elles provoquent de vigoureuses protestations des évêques toujours prompts à crier à l’inégalité de traitement.  Les conflits éclatent souvent autour des entraves supposées ou réelles à l’ouverture d’écoles ou du comportement de l’un ou de l’autre, fonctionnaire ou missionnaire, ou même pour des propos jugés blessants par l’un ou l’autre. Les points de friction comme les solutions sont donc presque toujours les mêmes, car les évêques, vicaires apostoliques expéri-mentés dans le face à face avec le pouvoir, sont seuls habilités à inter-venir pour prévenir ou éteindre les tensions et éventuellement négocier au mieux de leurs intérêts. Cela donne aux anticléricaux l’impression désa-gréable d’être les principaux perdants dans des compromis favorables aux missions. En 1936 par exemple, le convent de la loge Khong Phu Tseu de Saigon, une obédience de la Grande Loge de France, propose une série de réformes et d’améliorations à entreprendre dans la colonie. Le rapport dans son article 2 demande la création d’une véritable administration
1. Mgr de Guébriant, cité dans Perbal RP,Les missionnaires français et le nationa-lisme, préface du cardinal Baudrillart, de l’Académie française, Librairie de l’Arc, Paris, 1939, p. 35. 2. Mgr de Guébriant, dansLe Correspondant, 25 janvier 1931.
INTRODUCTION
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3 coloniale indépendante des forces capitalistes et cléricales . Le poids et les ressources de l’Église du Vietnam sont régulièrement à l’ordre du jour et la récurrence des dénonciations de son action et de ses privilèges occupe une bonne partie des rapports des loges maçonniques.  L’amélioration des relations dans les années trente coïncide avec la fin de l’anticléricalisme officiel en métropole. Les autorités coloniales ont ainsi apprécié le comportement généralement neutre des chrétiens au cours des manifestations nationalistes de 1930-1931 au Tonkin et en Annam. Le clergé français sait en tirer avantage lorsqu’il doit faire évoluer des situations qu’il juge défavorables à la diffusion de son message. Certains Vietnamiens tentent eux aussi, avec plus ou moins de bonheur, de se servir des missionnaires pour trouver des solutions rapides à leurs différends avec les autorités.  Entre l’administrateur dont le séjour de durée parfois courte ou moyenne ne l’incite pas à acquérir une bonne connaissance de la langue, et le missionnaire contraint dès son arrivée de l’apprendre pendant deux ans, la ligne de fracture définitive passe par l’obligation de résultat. Pour le missionnaire, l’objectif est l’installation d’une communauté catholique qui transcende une colonisation laïque. C’est un gros défi dans un Vietnam secoué par les poussées nationalistes et où les missionnaires doivent concilier les exigences du catholicisme avec les croyances et traditions religieuses. La remarque du père François-Xavier Sanh, curé de Kien Dong (Cochinchine), en illustre à la fois les difficultés, les contra-dictions et les incompréhensions quand il se demande quelle force pousse les fidèles à aller voir jouer la comédie, assister aux processions rituelles ou à se livrer au paganisme par des offrandes et des sacrifices aux 4 ancêtres et des libations aux tombes . Cela le désole sans doute en sa conscience de prêtre, mais ne peut le surprendre en tant que Vietnamien évoluant dans un milieu qui est le sien.  Enfin, la rencontre missionnaires-Vietnamiens amène à s’intéresser aussi à l’évolution de l’institution ecclésiale. Successivement sont évoqués les rapports des missionnaires entre eux, puis avec le clergé vietnamien et enfin avec les nouvelles chrétientés, la vision qu’ils ont de l’Autre, qu’il s’agisse du non-chrétien ou même du concitoyen indifférent à la religion. Les échanges de correspondance entre parents et amis et, dans une certaine mesure, ceux des responsables administratifs avec les évêques sont une source de renseignements utiles et variés. L’habitude d’écrire
3. FAGLF, carton 614, Loge « Khong Phu Tseu », Orient de Saigon, rapport du convent de 1936. 4. FAMEP, rapport du RP François-Xavier Sanh, district de Kien Dong (Cochinchine), 31 décembre 1922.
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