POUVOIR ET RELIGION AU MAROC , livre ebook

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L'instrumentalisation de la religion cache un phénomène plus complexe qu’il n’apparaît de prime abord et qui est peut-être le fond du problème : le rapport ambigu à la modernité. Comment peut-on être moderne sansse renier ? Les premières expressions laïques de la modernité mises en avant dans le monde arabe, avec le socialisme et le panarabisme, avaient échoué. Car, malgré les subterfuges et les expédients, ce qui est en jeu dans le recours à la religion, c’est à la fois la modernisation de l’État et de la société, sans brusquer ni l’un ni l’autre. Paradoxalement, les partis à référence islamique deviennent des acteurs de l’histoire de la sortie du religieux de la sphère publique. Le recours à la tradition sublimée n’est qu’un subterfuge. Le recours à un référentiel éthique s’explique par la dérive morale, l’omnipotence du consumérisme, l’argent érigé en valeur, la mainmise du capital dans toutes les sphères et l’arrogance des détenteurs du pouvoir. Nous assistons à une sécularisation de la société et à une modernisation du champ politique. Ce tournant a besoin de baliseurs qui ne se contentent pas d’expliquer le monde, le leur, mais œuvrent à le changer. C’est le grand dessein qui anime ce modeste travail.
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Date de parution

01 janvier 2022

Nombre de lectures

9

EAN13

9789920769945

Langue

Français

HASSAN AOURID
POUVOIR ETRELIGION AUMAROC ESSAI
Troîsîème édîtîon, .
ïSBN : ----
Dépôt éga : MO
© Édîtîons a Croîsée des Chemîns
, Rue Mouaffak Eddîne, ïmm. A, Rés. Dbîbagh
Quartîer des Hôpîtau – Casabanca
înfo@acroîseedeschemîns.ma
www.acroîseedeschemîns.ma
HASSAN AOURID
POUVOIR ETRELIGION AUMAROC ESSAI
«Le pîre parmî les êtres est celuî quî vît de sa relîgîon » Ahmed Zerrouk e (mystîque marocaîn duXVsîècle)
AVA N TPROPOS
epuîs a guerre du Gofe de 1991, e paysage cuture D commençaît à changer en Afrîque du Nord, n’épargnant pas e Maroc quî îaît au rythme de a montée rampante de ’îsamîsme, aussî bîen au seîn de a socîété que dans a sphère pubîque. ï y eut ’amorce de ce quî est appeé a «frérîsatîon» de a socîété, préude à ’îsamîsatîon de ’État, sogan brandî par es modernîstes marocaîns qu’îs tîennent de eurs paîrs égyptîens pour s’însurger contre « ’îsamîsatîon de ’État et a “frérîsatîon” de a socîété» («lâ lî aslamatî addawlatî wa akhwanatî al-moujtama‘î »). Maîs ’îsamîsme, ou ’îsam poîtîque, remonte à pus oîn. ï est a conséquence de a débâce égyptîenne de 1967. Les tumutes quî ont secoué e Moyen-Orîent depuîs Inîront par déferer sur e Maroc. Sous e Roî Hassan ïï, e pouoîr œurera à canaîser ’éthos reîgîeu par a réînentîon de a tradîtîon et ’înstrumentaîsatîon de ’îsam. L’autre séquence détermînante dans ’éoutîon de ’îsam poîtîque fut a réoutîon îranîenne de 1979. Depuîs, e pouoîr marocaîn a changé de cap et a tenté putôt d’endîguer ’îsamîsme. Aec es soubresauts quî ont secoué ’Agérîe depuîs 1992, e pouoîr marocaîn essaîera putôt d’orîenter e mouement. Le pouoîr marocaîn sous S. M. e Roî Mohammed Vï, sortîra de ’ambîguté quî a marqué e règne d’Hassan ïï pour
8 — Pouvoîr et relîgîon au Maroc
se déInîr par opposîtîon à ’îsamîsme. Hassan ïï se déInîssaît par opposîtîon au îdées de a gauche et du panarabîsme, et e règne de S. M. e Roî Mohammed Vï s’érîge en champîon du « projet démocratîque et modernîste » (sîc) contre a déferante îsamîste. Maîs sî e pouoîr marocaîn se dîstancîe de a reîgîon, sous a pressîon des modernîstes, ne rîsque-t-î pas de saper son référent égîtîmant d’essence reîgîeuse ? S’î ecîpe de son référent reîgîeu ne rîsque-t-î pas aussî d’être dépassé par pus îsamîste que uî et s’aîéner es pans modernîstes ? L’înstrumentaîsatîon de a reîgîon n’est pas seuement ’affaîre des mouements îsamîstes, car des autorîtés dans e monde arabe, oîre dans e monde îsamîque, aaîent et ont toujours recours à a reîgîon pour égîtîmer eur pouoîr ou endîguer es sensîbîîtés sécuîères, comme aec Anouar e-Sadate en Égypte pour contenîr es nassérîstes et es communîstes, ou e régîme saoudîen quî fonde sa égîtîmîté sur une înterprétatîon restrîctîe de ’îsam, sans oubîer e Pakîstan dont ’acte fondateur renoîe à ’îsam, facteur de dîfférencîatîon par rapport à ’ïnde. Maîs ’înstrumentaîsatîon de a reîgîon aboutît fataement à une împasse, quî est ’antîchambre de a dîfférencîatîon du poîtîque et du reîgîeu. L’îsamîsme dans e monde arabe, en généra, au endemaîn de ce quî est appeé «e prîntemps arabe», amorce une nouee phase de son éoutîon. C’est a premîère foîs que ’îsam poîtîque, par un processus autre que a réoutîon (cas de ’ïran) ou un coup d’État (cas du Soudan), c’est-à-dîre éectora, arrîe, à défaut du pouoîr, du moîns au gouernement. C’est e cas au Maroc et en Tunîsîe. C’étaît e cas en Égypte
Avant-propos — 9
aant que ’armée n’înternt au moîs de juîet 2013 pour mettre In au règne de ’îsamîste Mohamed Morsî à a tête de ’État (mort au moîs de juîn 2019), se ançant dans une opératîon de traque de a grande organîsatîon des Frères musumans. Nous îons încontestabement une nouee génératîon de ce quî est e «prîntemps arabe», conséquente au soubresauts quî ont secoué autant ’Agérîe que e Soudan, ’année 2019, mettant In à des pouoîrs omnîpotents, dans une reatîon încestueuse entre es oîgarchîes et ’armée aec ’înstrumentaîsatîon de ’îsam. La contestatîon se faît désormaîs au nom de a dîfférence et des aeurs unîersees. C’est dîre que ’îsamîsme, tout en étant prégnant, est en passe de se sécuarîser. La partîcîpatîon des îsamîstes à a gestîon de a chose pubîque au Maroc a mîs à ’épreue eur dîscours îdéaîste et moraîsateur. Comment des îsamîstes quî se faîsaîent es chantres de a moraîté reîgîeuse, au Maroc comme en Tunîsîe, aaîent-îs coeîster aec des structures du pouoîr sécuarîsées, gérées par des technocrates occîdentaîsés et une réaîté socîae compee et dîersîfîée ? À aucun moment es îsamîstes tunîsîens ou marocaîns n’ont rechîgné à a partîcîpatîon des technocrates dans a gestîon pubîque, nî appeé à înterdîre a mîîté sur es pages, e port de maîot de baîn pour femmes, a consommatîon d’acoo ou à remettre en cause es orîentatîons économîques de eur pays, te e tourîsme par eempe ou es reatîons respectîes de eur pays aec eurs partenaîres occîdentau ou des înstances économîques mondîaes. Pragmatîsme ? Adaptatîon ou, peut-être, sommes-nous témoîns d’un phénomène annoncîateur de a sortîe de a reîgîon de a sphère pubîque, notîon chère au phîosophe françaîs Marce Gauchet ? Sî a proposîtîon peut paratre prématurée,
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