Maisons royales, demeures des grands à Madagascar , livre ebook

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L’inscription de la réussite sociale dans l’espace urbain de Tananarive au XIXe siècle
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Date de parution

01 janvier 2005

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845865392

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

5 Mo

Didier Nativel
Maisons royales, demeures des grands à Madagascar
L’inscription de la réussite sociale e dans l’espace urbain de Tananarive auXIXsiècle
KARTHALA
MAISONS ROYALES, DEMEURES DES GRANDS À MADAGASCAR
KHARTALAsur Internet : http://www.kharthala.com
e Couverture: Vue du palais du Premier ministre, fin du XIX siècle. Source : FTM
© Éditions KARTHALA, 2005 ISBN 2-84586-539-2
Didier Nativel
Maisons royales, demeures des grands à Madagascar
L’inscription de la réussite sociale dans e l’espace urbain de Tananarive auXIXsiècle
Préface de Françoise Raison-Jourde Postface de Faranirina Rajaonah
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
À Corinne, Lucas et Iris À la mémoire de Désiré Rajoelson
Préface
Comment évoquer une première rencontre avec Tananarive, au centre des Hautes Terres, sans dire l’étonnement qui vous saisit tandis que descend l’avion ? L’énorme carcasse de pierre de Manjakamia-dana, le « palais du règne tranquille », le temple royal et sa flèche de pierre, l’imposant palais du Premier ministre et son dôme de verre couronnent une acropole d’accès difficile. Plus bas, défiant la raideur des pentes, de vastes maisons ceinturées de varangues s’accrochent au sol. Encore cet ensemble était-il bien plus varié et monumental avant le dramatique incendie de 1995. Ce sont ces maisons royales, ces demeures des « grands », que Didier Nativel nous amène à considérer d’un œil neuf, à regarder autrement. Par-delà la réussite esthétique, la création heureuse, harmonieuse d’un habitat issu de la rencontre entre deux mondes, comment cesmirabiliaont-elles pu être édifiées avec de si faibles moyens technologiques ? L’absence de la roue, d’instruments de levage efficaces, l’usage de faire d’un tronc deux planches laissent stupéfait devant le défi relevé. Défi accru par l’absence de forêts au voisinage de la plaine centrale, l’absence de routes, la nécessité d’interminables halages à travers monts et vallées. Didier Nativel s’est attaché à une restitution exemplaire des condi-tions matérielles du travail : formation de corps de métiers, importation et adaptation des outils, émergence d’un premier corps autochtone d’architectes. Mais, tout en engageant sur ces points une enquête neuve, il n’a pas négligé la part idéelle, la portée symbolique de la tâche, remon-tant jusqu’aux motivations des maîtres d’œuvre que sont les souverains merina. Présents sur les chantiers, désireux de faire des maisons royales leur « discours sur l’état du pays », ceux-ci condensent en elles l’affirma-tion de leurs intentions et les lèguent au futur, telles un blason. La maison royale, de madriers, dût-elle être démontée, transportée et remontée en une autre enceinte, reste associée à un nom, un règne.
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MAISONS ROYALES À MADAGASCAR
Telle les arcs de triomphe romains,documentaautant quemirabilia, elle garde inscrit dans l’espace un ensemble de volontés politiques qui s’inscriront à leur tour dans la vision quotidienne des sujets. D’où l’intérêt de ce que D. Nativel restitue sur la façon qu’a chaque prince régnant de se donner un nom emblématique. Ainsi le grand Andrianampoinimerina glosait-il celui de la demeure Manambintana (celle qui a un heureux destin) : « le royaume est comme une faveur accordée par Dieu […] et je nomme donc cette maison « la favorisée ». Bien sûr, certains noms-programme paraissent à distance démentis par les événements. Ainsi en est-il du « Palais du règne tranquille », ère érigé pour Ranavalona I . De même que l’image prestigieuse de Versailles, longtemps symbole d’un pouvoir à son apogée, ne coïncide plus pour nous avec la vérité d’un sombre siècle d’épidémies et de misère paysanne, de même peut-on penser que le temps de Ranava-lona n’eut rien d’un règne tranquille ! Outre leur nom, les maisons royales inscrivent dans l’espace des e formes qui, au XIX siècle, ne cessent d’évoluer, atteignant avec Manjakamiadana précisément, le gigantisme, pour décroître ensuite et s’affranchir de tant de solennité. Pourquoi cette grandiosité fut-elle recherchée ? elle est si surprenante quand on arrive des terres du Sud où l’habitat traditionnel se résume, la chaleur aidant, à des maison-nettes de bois à peine plus grandes que des maisons de poupée. À la hauteur de quel rival le pouvoir entend-il se hausser ainsi dans l’imaginaire, au prix, dit-on, de nombreuses vies humaines ? On songe aux tsars et à leur Kremlin, et, plus loin encore dans le temps aux « constructeurs » des grandes plaines rizicoles asiatiques, qui, une fois la famine vaincue par l’édification des digues et canaux, reconver-1 tirent l’effort collectif dans l’édification de monuments . Le but semble identique : l’affirmation symbolique de la puissance, une représentation de la dynastie ancrée dans l’espace sous les yeux des sujets. Se situant dans le courant de recherches actuel sur l’espace et sa symbolique, D. Nativel montre comment ces maisons sont essen-2 tielles à l’édification d’un théâtre du pouvoir . Théâtre pour le peuple et pour les étrangers. Passionnantes sont les interrogations concer-nant ce double dialogue par le biais des formes, dont le but est de rehausser le prestige du pouvoir comme se hausse la taille des palais. Dialogue ambigu du fait qu’il ne procède pas par affirmations orales ou écrites, mais par signes. À l’apogée de cette ère Ranavalona I , et même
compétition dans l’imaginaire, sous si celle-ci entend restaurer les coutumes
1. K. Wittfogel,Le despotisme oriental, Paris, Éditions de Minuit, 1957. 2. G. Balandier,Le pouvoir sur scènes, Paris, Balland, 1980.
PRÉFACE
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ancestrales, l’extérieur et l’intérieur de la demeure sont mobilisés pour signifier le même message grandiose du paraître. L’intérieur est presque tout entier dans le grand salon central, voué au déploiement de l’orchestre et des toilettes de bal. La poussée baroque l’emporte sur l’accent traditionaliste et exige le maximum d’éclat ; l’autonomie des individus est des plus réduites, à l’image des petites pièces de côté, appendices du salon, où l’on vit dans le quotidien. Puis, dans les années 1860, au seuil de la christianisation, la maison royale retrouve taille humaine et s’embourgeoise comme si elle annonçait la conversion royale de 1869. Et, de fait, les souveraines perdent l’aura du monstre sacré au-dessus des lois. Elles siègeront bientôt dans le temple voisin, au même niveau qu’un Premier ministre roturier, et seront comme lui des créatures soumises à la loi divine. S’inspirant des travaux de Habermas, D. Nativel montre que l’évolution de la nature du pouvoir est lisible dans l’architecture curiale et qu’il existe désormais, entre espace curial et espace urbain, un volant de valeurs chrétiennes et bourgeoises partagées. Dans ce cas, les demeures des grands, médiateurs entre souverain et peuple, enrichis dans les conquêtes périphériques et le grand commerce, ou fiers de leur nouveau statut de lettrés, pourraient être des repères éminents de cette évolution. Une remarque préalable s’impose toutefois : la maison est d’ordinaire une projection de notre corps dans l’espace, ce qu’illustrent bien les dessins d’enfants, ce que montrent beaucoup de modèle africains. Qu’on songe à la maison paysanne dogon, qui a des bras, des jambes, une tête. Or cette projec-tion était moins, en Imerina, celle, expansive, de l’humain dans l’espace que celle, intrusive, des catégories de l’espace et du temps combinées dans une projection astrologique sur la pièce unique. La maison se conformait, à travers la répartition des objets et des vivants dans son espace, à un ordre cosmique. Cet ordre s’inscrivait récipro-quement dans le corps, dans les déplacements de chacun à l’intérieur d’un espace constamment qualifié et balisé. Or cet ordre strict a changé très rapidement dans la deuxième e moitié du XIX siècle, avec une capacité étonnante de plasticité. Comment interpréter cette révolution silencieuse, comprendre l’évolution si rapide d’une stricte discipline ? Est-ce vraiment la rupture avec un ordre séculaire ? La réponse est apportée ici avec une grande solidité, à partir d’une enquête très documentée sur un nombre exhaustif de plans, de photos, de témoignages concernant usage des pièces et mobiliers. La maison de particuliers apparaît à son tour comme le moyen privilégié de marquer l’ascension sociale face au pouvoir malgache et aux familles « concurrentes », dans une société de « la distinction » qui aurait pu être élue par Bourdieu pour son analyse, fort bien reprise
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