Les Pays-Bas et la traite des Noirs , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2005

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845866046

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

7 Mo

Pieter C. Emmer
Les PaysBas et la traite des Noirs
KARTHALA
LES PAYS-BAS ET LA TRAITE DES NOIRS
Édition néerlandaise originale parue en 2000 sous le titre De Nederlandse slavenhandel, 1500-1850, Éditions De Arbeiderspers, Amsterdam, Anvers
Traduit et publié avec le concours du Centre national du Livre
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture :
Un moulin à sucre au temps du Brésil néerlandais (environ 1650), peinture de Frans Jansz Post. Musée Boijmans-Van Beuningen, Rotterdam, Pays-Bas.
Éditions KARTHALA(version française), 2005 ISBN : 2-84586-604-6
Pieter C. Emmer
Les Pays-Bas et la traite des Noirs
Traduit du néerlandais par Mireille Cohendy
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Avant-propos
Aux Pays-Bas, la traite des Noirs est un sujet sur lequel on n’aime guère s’étendre. En revanche, on se réfère volontiers au « Siècle d’Or », oubliant trop souvent à quel point les deux sont liés. De génération en génération, on se plaît à raconter l’histoire de ce petit pays muni d’une flotte impressionnante opérant dans le monde entier et de ses braves navigateurs aux noms illustres tels que Willem Barents, Michiel de Ruyter et Piet Heyn. Avait-on tort de s’enrichir du commerce, même pratiqué dans des contrées lointaines ? On ne pouvait assimiler le commerce et le colonialisme, bien entendu. Le colonialisme allait de pair avec la répression et l’exploitation, alors que le commerce était basé sur l’échange et servait l’intérêt commun, tout le monde était d’accord sur ce point. Malheureusement, la pratique de la traite des Noirs ne correspond pas à cette vision édulcorée du passé et c’est pourquoi on préfère tout simplement taire ce sujet. La plupart des Néerlandais ignorent que leur pays a participé à la traite. Il en aurait été de même pour moi si, au cours de mes dernières années d’études, je n’avais découvert les incomparables archives de la Compagnie commerciale de Middelburg, la plus grande société e d’armateurs négriers duXVIIIsiècle. Aux États-Unis, la traite des Noirs n’est pas tombée dans l’oubli. Les Noirs n’ont pas manqué de mentionner cet épisode de l’histoire pour attirer l’attention sur la position inférieure qu’ils occupent dans la société américaine. Ils ont exigé qu’on y mette un terme, notamment à la discrimination des Noirs et des Blancs dans la législation. Ils ont d’abord lutté pour être reconnus en tant que citoyens à part entière. Une fois cet objectif atteint, ils ont réclamé
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LESPAYS-BAS ET LA TRAITE DESNOIRS
des mesures leur permettant d’accéder à un meilleur enseignement, à de meilleurs postes et de meilleurs logements, arguant du passé pour obtenir réparation. Les juifs en avaient fait autant et avec succès. Aux États-Unis, ils jouissaient de la sympathie d’une grande partie de l’opinion à cause de l’holocauste. Martin Luther King s’en est inspiré lorsqu’il a lancé le terme d’« holocauste noir » pour désigner la traite des Noirs et l’esclavage. Ce concept, plus que tout autre, avait suscité la sympathie, et les Noirs en avaient bien besoin. La traite des Noirs et l’esclavage pouvaient, à bien des égards, revendiquer le terme. Les marchands d’esclaves n’avaient-ils pas, de façon inhumaine, arraché les Africains à leur foyer ? Ne leur avaient-ils pas fait subir un voyage qui allait les traumatiser, eux et leurs descendants ? Les négriers européens, pas plus que les planteurs, ne se souciaient des liens familiaux entre esclaves. Hommes, femmes et enfants étaient fréquemment vendus sépa-rément. Leur vie était constamment en danger, leur taux de morta-lité très élevé, tant pendant le voyage qu’après, sur les plantations. Par conséquent, il n’était pas étonnant que les Noirs américains aient rencontré de nombreuses difficultés dans la société moderne et que la plupart ne soient pas parvenus à s’élever sur le plan social. Il était injuste de juger la population noire des États-Unis d’après les critères des Blancs. Dès le départ, ces derniers avaient eu beaucoup plus de chances dans le Nouveau Monde que les esclaves africains et leurs enfants. Après la seconde guerre mondiale, la société américaine se résolut à contrecœur à faire une place aux Noirs. Dans les écoles, les universités et le secteur public, un certain nombre de places leur furent exclusivement réservées. À la longue, ces mesures permirent à une classe moyenne noire de se développer. La majorité des Noirs des États-Unis, cependant, sont restés cantonnés au bas de l’échelle sociale. Les hommes de cette communauté étaient plus nombreux dans les prisons que sur les bancs de l’université. Il y avait là une énigme. Pourquoi les Noirs étaient-ils les laissés-pour-compte du « rêve américain », où tout vendeur de journaux, en travaillant dur, pouvait espérer devenir millionnaire ? La réponse était-elle enfouie dans leur passé ? Le monde scientifique américain s’empara de la question et une armée croissante de chercheurs et de professeurs se plongea dans l’histoire de la traite des Noirs et de l’esclavage. Le sujet fut introduit dans l’enseignement, de l’école à l’université.
AVANT-PROPOS
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Les unes après les autres, les données sur les négriers émergèrent des archives et il s’avéra que l’on disposait également d’une mine d’information sur la vie des esclaves dans les plantations. Grâce à ces recherches, nous en savons plus à présent sur l’arrivée des esclaves africains dans le Nouveau Monde que sur les immigrants venus d’Europe et d’Asie. En Europe, et aux Pays-Bas en particulier, les choses n’allèrent pas d’aussi bon train. L’intérêt porté à l’histoire de la traite des Noirs et à l’esclavage est récent. La communauté noire néer-landaise, composée en grande partie de Surinamiens et d’Antillais, en est la force motrice. Elle compte environ un demi-million de personnes. C’est apparemment le nombre que doit atteindre une minorité pour faire pencher la balance, afin que l’histoire nationale la prenne en compte. Les méthodes utilisées pour ces revendi-cations sont en grande partie inspirées de celles des Noirs des États-Unis. D’où la demande d’un monument de commémoration de la traite et de l’esclavage et d’un dédommagement pour les descendants des esclaves. Répondre à ces revendications ne va pas sans poser problème, comme nous le verrons dans les pages suivantes. Par ailleurs, il faut s’attendre à ce que bien de l’eau coule sous les ponts avant d’en voir le résultat. Un livre sur l’histoire de la traite néerlandaise, réalisable à court terme, pourrait faire office de mémorial provisoire informant l’opinion des Pays-Bas sur cette page « noire » de son passé. Sur la traite anglaise, allemande et française, de nombreux ouvrages sont déjà parus. Le monument sous forme de livre que représente cet ouvrage ne se veut pas une énumération de faits, mais un essai faisant une large place aux résultats des dernières recherches sur la traite des Noirs en général. Il permettra au lecteur de comparer la partici-pation des Pays-Bas à ce commerce avec celle des autres pays. Précisons que seule la traite des Noirs dans l’Atlantique est abordée ici, ce qui n’en représente qu’une partie, car les Néerlandais achetaient et revendaient également des esclaves en Asie et dans la colonie du Cap en Afrique. Les archives sur la traite dans ces régions sont beaucoup moins fournies que celles de la traite de l’Afrique vers le Nouveau Monde. Cet essai a également pour but d’attirer l’attention sur une grande injustice historique. Le monde « civilisé », les Pays-Bas
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inclus, a utilisé deux poids, deux mesures, durant trois siècles. Les Néerlandais et les autres Blancs n’étaient jamais vendus comme esclaves. On savait que les Africains et les Asiatiques vendaient leurs propres concitoyens, mais jamais cela n’aurait dû être prétexte à adopter une pratique si contraire aux valeurs nationales. D’ailleurs, sur un plan purement économique, il aurait été plus logique d’envoyer comme esclaves dans les colonies du Nouveau Monde des prisonniers de guerre et de droit commun. C’est bel et bien le racisme et non l’économie qui en a voulu autrement. Cette conclusion, comme beaucoup d’autres d’ailleurs dans cet ouvrage, a suscité de vives émotions. Il y a une vingtaine d’années, il m’a fallu monter sur une table pour me faire entendre de mes étudiants qui m’accusaient de falsifier l’histoire et me traitaient de réactionnaire et de raciste. Pour les étudiants d’aujourd’hui, je n’ai plus besoin d’avoir recours à de telles méthodes : ils notent sans broncher. La science l’aurait-elle emporté sur les émotions ? Ou n’est-ce là qu’une illusion ?
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Participer ou non ?
La traite transatlantique, l’exemple ibérique et les scrupules du peuple néerlandais
Les Pays-Bas et la traite des Noirs : doit-on l’oublier ou la commémorer ?
Les Pays-Bas vont lentement disparaître, au fur et à mesure que l’Europe s’imposera. Ils ne seront bientôt plus qu’un concept historique. Certains ne regretteront pas de voir leur nation se fondre dans une Europe unie. Il semblerait d’ailleurs que, pour nombre de Wallons et de Flamands, la dissolution de leur pays tarde à se faire. Il y a peu de temps encore, les Allemands non plus ne semblaient pas se soucier outre mesure de la disparition de leurs frontières. Les Écossais, pour leur part, voyaient dans l’Europe la possibilité d’échapper enfin au joug de l’Angleterre. Mais depuis peu, une réaction se fait sentir. S’il est de bon ton de considérer les États souverains actuels comme dépassés, les Néerlandais ne se privent pas pour autant de compenser la perte de leur souveraineté en revendiquant le rôle joué par leur pays dans un passé glorieux. On a pu constater cet élan de fierté nationale pendant l’occupation allemande et il réapparaît aujourd’hui, alors que les Pays-Bas semblent se fondre dans l’Union européenne. Depuis quelques années, on note, par ailleurs, un regain d’intérêt pour les recherches e sur les Pays-Bas d’antan, sur leXVIIsiècle notamment, le fameux
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