Les Comores d’Ahmed Abdallah Mercenaires, révolutionnaires et cœlacanthe , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2005

EAN13

9782845866283

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Les Comores d’Ahmed Abdallah
Mercenaires, révolutionnaires et cœlacanthe
^ Alain Deschamps
LES COMORES D’AHMED ABDALLAH
KARTHALA sur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture :Ahmed Abdallah. Collection particulière.
© Éditions KARTHALA, 2005 ISBN : 2-84586-628-3
Alain Deschamps
Les Comores d’Ahmed Abdallah Mercenaires, révolutionnaires et cœlacanthe
Préface de Pierre Vérin
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 PARIS
DU MÊME AUTEUR
Somalie 1993 ; première offensive humanitaire, L’Harmattan, 2000 Niger ; révolte touarègue, L’Harmattan, 2000 Burkina-Faso; 1987-1992 ; le pays des hommes intègres, L’Harmattan, 2001 Fins de partie ; Indochine, Madagascar, Mali, Éditions Mémoires d’Hommes, 2004 La diplomatie sans larmes, Éditions Mémoires d’Hommes, 2004
Préface
J’ai eu plaisir à suivre, avecLes Comores d’Ahmed Abdallahd’Alain Deschamps, les péripéties, parfois amu-santes et pittoresques, parfois tragiques, qui pendant près de cinq années ont agité ce petit et lointain archipel aux sultans batailleurs que, pour y avoir moi même servi quelques années et consacré quelques études, je connais assez bien pour y penser toujours avec beaucoup de sympathie et d’amitié. Alain Deschamps, qui y a représenté la France, long-temps tutrice et, de son temps, encore considérée comme « La » grande puissance à la fois dispensatrice de bien-faits et coupable des pires desseins, a été observateur, parfois modeste acteur, dans une tragi-comédie riche en complots, coups et coups fourrés. Un chef d’État réputé incommode, des révolutionnaires polpotistes et d’« affreux » mercenaires aux accointances suspectes y tenaient les principaux rôles. Son récit, vécu et vivant et d’où polémique et ennui sont exclus, n’est pas le simple démarquage de ce Rapport de fin de mission qu’à la fin de son séjour un ambassadeur se doit de rédiger pour l’édification de son successeur et l’information du Quai d’Orsay. L’auteur y
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LES COMORES D’AHMED ABDALLAH
apparaît, certes, beaucoup plus présent que dans un document officiel destiné à un ministère où on apprécie un style sobre et détaché. Mais sa relation et son appré-ciation des événements et des hommes qu’il a pu connaître sont empreintes du souci d’objectivité avec lequel les diplomates s’attachent à rédiger leurs rapports de fin de mission. Ce sont généralement des documents reposant sur une information sérieuse et fort honnêtes. Car, contrairement à ce que prétendent les méchantes langues, les ambassadeurs ne préfèrent pas dire ce qui plait au Quai d’Orsay plutôt que ce qui dérange. On comprend que la distribution de leurs rapports reste très strictement limitée et qu’Alain Deschamps ait attendu quinze ans avant de livrer son récit à la publication. Pour ma part, je regrette un peu que le Quai d’Orsay ne fasse pas connaître plus largement les observations, souvent fort pertinentes, de ses agents . Il en résulte qu’en Afrique en général, et aux Comores en particulier, le terrain des analyses politiques reste abandonné aux chercheurs ou universitaires politologues et aux faiseurs de gazettes, les uns et les autres , hélas, tributaires des émissions deRadio-Cocotier, c’est à dire de la rumeur, trop souvent nourrie des réflexions des politiciens du cru que le « coup de langue », comme disent les Haïtiens, tente toujours. Il faudrait donc attendre que les rapports des diplomates aient franchi le délai dutemps de réserve pour que les historiens disposent des sources diploma-tiques. Ainsi, une histoire de qualité ayant besoin de recul, le temps présent n’y aurait guère sa place. Les Comores ont leur histoire ancienne faite de mythes anoblis par l’Islam et maintenant fondée sur les découvertes archéologiques. La période des contacts européens et de l’installation coloniale s’appuie sur l’œuvre monumentale de Jean Martin : puis survient une léthargie pendant laquelle laBambaoet les autres
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compagnies coloniales gèrent leurs intérêts sans trop se soucier d’une administration qui, à l’exception de Pobéguin et de Baumer, fait de la figuration. Dzaoudzi, le chef-lieu de l’archipel, dissimulé sur son rocher et isolé de la Grande Terre de Mayotte, apparut souvent une affectation de déréliction. La vie politique et économique s’anime dans les années soixante lorsque le Territoire d’Outre-Mer acquiert graduellement, sous la direction de Saïd Mohamed Cheikh, une autonomie, administrative d’abord, politique ensuite . Les signes les plus marquants de cette autonomie sont des subventions du Fonds d’investissement pour le développement économique et social (F.I.D.E.S.), des ministres, et un drapeau vert à quatre étoiles qui symbolisent les quatre îles. Le pouvoir central délaisse le rocher de Dzaoudzi pour s’installer à Moroni, en Grande Comore. L’irrédentisme mahorais prend sa source dans ce qui est perçu comme un aban-don. Le temps de l’autonomie est marqué aussi par une vie politique intense. Après la mort de Saïd Mohamed Cheikh en 1970, l’autorité contrôle mal les mouvements browniens des politiciens locaux que les jeunes élites poussent à l’indépendance. Ahmed Abdallah, qui accède à la présidence de ce quasi-État en 1973, pense canaliser ce mouvement à son profit. Il refuse le préalable qu’exige la métropole d’une accession à l’indépendance dans le cadre d’une constitution négociée avec les îles. La suite est connue : proclamation, début juillet 1975, d’une indépendance unilatérale sur laquelle la France ferme les yeux, renversement d’Ahmed Abdallah quelques semaines plus tard, époque révolutionnaire d’Ali Soilihi, retour d’Ahmed Abdallah et du coprésident Mohamed Ahmed à la suite du débarquement des mercenaires de Bob Denard.
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L’époque du dictateur Ali Soilihi, dont la vision anti-urbaine avait quelques similarités avec l’idéologie de Pol Pot, se voulait pacifique, mais le dictateur eut sa période noire. Cette expérience politique inédite a beaucoup stimulé les chercheurs : Ali Toihiri en a tiré un roman,La République des Imberbes, et mon fils Emmanuel en a fait la chronique dans sa maîtrise,Les Comores dans la tourmente. Les textes des discours du dictateur ont été publiés par Michel Lafon en comorien et par les Vérin en français dansLe Verbe contre la Coutume. Alain Deschamps, dans le chapitre Mercenaires et Révolutionnairesde sesComores d’Ahmed Abdallah, évoque lui aussi cet épisode burlesque et tra-gique auquel, après avoir contribué à son avènement, Bob Denard mettra brutalement fin. L’éveil historique et littéraire a incité Mahmoud Ibrahime à décrire la montée des élites sous l’autonomie et Sidi Ainouddine les dépossessions foncières de la colonisation. Désormais fiers d’être comoriens, les cher-cheurs de l’archipel ont étudié, sous l’impulsion de Sultan Chouzour, le « pouvoir de l’honneur » que les « hommes premiers » exercent pour compenser la viduité politique. La littérature des épopées et desqasida, grâce à Moussa Saïd, Daniel Ahmed et Damir ben Ali, a été réhabilitée. Les langues, avec l’œuvre d’Ahmed Chamenga, ne sont plus le jardin réservé des linguistes d’Europe. Mayotte, jadisl’île oubliée qui s’amuse, entre dans le cortège avec les travaux de Sophie Blanchy et de Claude Allibert, et même Mohéli, appelée autrefoisl’île qui dort,est un vivier de connaissances, géographiques avec Rakotoarisoa, archéologiques exhumées par Chanudet et historiques grâce à Salim Djabir. Cette période intellectuelle féconde qui a suivi l’indépendance avait oublié Ahmed Abdallah. C’est
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désormais réparé grâce à Alain Deschamps. Il a connu les talents de conteur mais aussi les frasques verbales de celui que ses ennemis dénommaient « le sultan import-export ». Commerçant, Abdallah le fut, comme bien des Anjouanais, experts en négoce qui ne laissè-rent pas les marchés aux Indiens, dominateurs dans les autres îles et à Madagascar : mais ses profits s’investis-saient dans des dons qui valorisaient sonsheo, l’hon-neur de ceux que l’on considère. Pour avoir vécu aussi les façons du président, j’ima-gine combien étonnante a dû paraître à un ambassa-deur la manière de gouverner sous le manguier d’Ahmed Abdallah. Elle n’avait rien de commun avec les séances ennuyeuses du Sénat de son ancienne métropole, encore moins avec les notes verbales com-passées des chancelleries, mais les abus y étaient pris en compte et les mises en garde contre les contreve-nants surgissaient de l’arbre de justice, emportées vers la ville par le ventkashkaziannonciateur d’orage. Alain Deschamps se devait de décoder les avertissements adressés à la France, occasionnellement ingrate vis-à-vis d’undiable impossible à peigner faute de cheveux. Mayotte confisquée ne risquait rien à regagner le giron comorienpuisqu’un bœuf ne mangerait pas un bœuf. C’est ce monde de l’oralité d’un chef d’état ombrageux, malgré tout francophile, que ce livre nous fait revivre. Il vient à point pour comprendre un président que les politiciens de l’apartheid cajolèrent et qui, selon l’expression des Malgaches,fut mordu par le chien qu’il aimait.
Pierre Vérin
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