Les Africains et la Grande Guerre L’appel à l’Afrique (1914-1918) , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2014

Nombre de lectures

0

EAN13

9782811111465

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

6 Mo

ISBN : 978-2-8111-1146-5
Marc Michel
Les Africains et la Grande Guerre L’appel â l’Afrique (1914-1918)
Nouvelle Èdition revue et enrichie
KARTHALA
LES AFRICAINS ET LA GRANDE GUERRE
KARTHALAsur internet : http://www.karthala.com
Couverture : « Le départ » par Claude Clapiès, 1997. Collection du Musée des Troupes de Marine, Fréjus. Page 4 : « Des Sénégalais passent », eau-forte de Théophile-Alexandre Steinlen, 1917. Musée dHistoire contemporaine – BDIC.
© Éditions Karthala, 2014 ISBN : 978-2-8111-1146-5
Marc Michel
Les Africains et la Grande Guerre
L’appel à l’Afrique (1914-1918)
Nouvelle édition revue et enrichie
Éditions Karthala 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Cet ouvrage est publié avec le concours de lInstitut détudes africaines (Aix-en-Provence)
Pour Marie-Christine
Avertissement à lédition 2003
Ce livre est lédition révisée dune thèse de doctorat dÉtat parue en 1 1982 . Nous en avons modifié la structure initiale, ne serait-ce que pour tenir compte des travaux qui ont été publiés depuis. Nous avons égale-ment approfondi tel ou tel point laissé alors volontairement dans lombre, ce qui a permis, en particulier, délargir la vision et douvrir la réflexion vers des horizons plus contemporains. Certes, les thèses sont toujours destinées à une audience limitée. Défaut insurmontable de lhistorien ; il ne peut renoncer à lappareil scientifique qui étaye ses démonstrations. Nous renvoyons pour le détail des sources à la thèse ; nous avons jugé cependant nécessaire de conserver un système de notes. Nous espérons enfin répondre à une attente, et nous remercions ici tout spécialement lassociationAu nom de la Mémoireet son responsable, 2 Mehdi Lallaoui, de nous y avoir engagé .
Marc MICHEL
1.LAppel à lAfrique, Contributions et réactions à leffort de guerre en A.O.F., 1914-1919, Publications de la Sorbonne, 1982, 532 p. 2. A loccasion du tournage dun documentaire :Poilus dailleursde Mehdi LALOUIet Philippe BERNARD, ProductionsMémoires vives,présenté le 11 novembre 1998 dans lémissionSagacitésde FR3 du 11 novembre 1998.
Avant-propos à la nouvelle édition 2014
La commémoration de lentrée dans la Grande Guerre constituera sûrement un moment de mémoire en Europe et en France, tout spéciale-ment comme la été celle de la Révolution française. Évidemment, les Européens nont jamais imaginé quils se jetaient dans un conflit dont les dimensions ne devaient jamais être égalées par les guerres du passé. Les Africains encore moins. Et pourtant, eux aussi furent jetés dans la four-naise, directement ou indirectement, parce que les soldats dela Force noirey furent recrutés pour servir un pays quils ne connaissaient même pas pour la plupart dentre eux, contre un adversaire quils ne connais-saient pas plus. Ce fut dailleurs une particularité de la France en guerre davoir appelés des Noirs dAfrique à combattre des Blancs dEurope. On peut y voir le témoignage quil nexistait pas réellement de racisme au moins biologique en France, que la France voulut traiter ses indigènes des colonies « à la fois en frères et en sujets » pour reprendre la célèbre formule dHannah Arendt ; on peut aussi en conclure, comme elle lécrivait, quil ne sagissait que dune exploitation « éhontée », en vue de la défense nationale du pays. Les deux aspects sont vrais et embarras-sants, car ils mettent en lumière la contradiction majeure du colonialisme français qui effectivement reconnut et pratiqua légalité dans le sacrifice à loccasion de la Grande Guerre, mais pas dans la reconnaissance. Et pour-tant, cette reconnaissance était bien le prix que les hommes qui servirent laMère Patrie.Cest bien dailleurs ce quon percevait du côté des « colonialistes » qui ne parlèrent plus dassimilation, mais dassociation, slogan qui cachait mal la réalité de lassujettissement habituel. Dautres, de bonne foi, crurent à des aménagements possibles du système colonial français, justement parce ceux qui avaient servi en sujets réclamaient maintenant dêtre traités en frères, comme la République sy était engagée par ses principes mêmes. Bien sûr, limmense majorité des hommes appelés de gré ou de force, et très vite plus de force plus que de gré, ne furent pas conscients de cette contradiction. Ils nen conçurent même pas de sentiments antifrançais et servirent tout au long de la guerre avec fidélité et loyalisme sur les fronts dEurope, en France ou en « Orient ». La plupart vinrent de cette Afrique occidentale française, constituée en 1895, consolidée en 1925 et représentée aujourdhui par pays : Sénégal, Guinée, Côte dIvoire, Mali, Burkina Faso et Mali (à lépoque, réunis dans un gigantesque ensemble appelé Haut-Sénégal et Niger), Mauritanie et Niger (encore terri-
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LES AFRICAINS ET LA GRANDE GUERRE
toires militaires en 1914). Ce sont les vrais pays des « Tirailleurs séné-galais » dont la Grande Guerre illustra le sacrifice (un homme sur cinq) et « lhéroïsme » sans faille. Sacrifice et héroïsme de soldats qui nétaient pas des soldats de métier, contrairement à bien une idée reçue, sur lesquels on peut sinterroger ; sacrifice et héroïsme qui ne ramènent pas à des explica-tions simplistes et dont il faudrait mesurer les limites, mais qui sont indé-niables. Le fait est dautant plus frappant que, sur place, les « leurs », familles, femmes, proches et manifestèrent, au contraire et très vite, une hostilité de plus en plus forte des mouvements de résistance ouverte. Ils se trans-formèrent au milieu de la guerre pour déboucher en la plus grande révolte quait connue lAfrique occidentale française jusquà la décolonisation. La révolte fut violente et la répression non moins violente, mais elle fut éphémère et resta tout de même localisée. La fin de la guerre se passa dans le calme. Faut-il ny voir que le résultat dune « terreur coloniale » ? Ce fut aussi le résultat de labsence de tout « front anticolonial », expres-sion, anachronique dailleurs, de la profonde hétérogénéité des popula-tions africaines et plus immédiatement de lapparition dun nouvel acteur qui incarnait parfaitement les ambiguïtés de la République coloniale, le député noir Blaise Diagne, auto-érigé porte-parole des Noirs en France et en Afrique coloniale française. Au total, la sortie de guerre se solda par une apparente consolidation de lordre ancien. Pour autant, elle ne fut pas du tout un simple retour à cet ordre. Non seulement, la Grande Guerre mit en cause le compromis colonial avec les élites anciennes – dont on ne cessera de réclamer la res-tauration –, mais elle sema les germes de nouvelles forces « indigènes » dont la collaboration était indispensable, mais dont les attitudes mettaient en cause tout à la fois les autorités dites « traditionnelles » et une adminis-tration faible qui ne pouvait se passer de leurs services. On mit à lhon-neur un nouveau discours qui combinait les considérations humanistes de la « mis» avec celles beaucoup plus intéressées dession civilisatrice besoins de la métropole. À laune de la « mise en valeur », au lendemain de la guerre, le ministre Albert Sarraut sen fit le chantre. LAfrique équatoriale fut beaucoup moins concernée par ces change-ments ; elle fut tout de même un théâtre doù partit une des guerres contre 1 les colonies allemandes . En définitive, la Première Guerre mondiale en Afrique fut pas un épiphénomène secondaire de la Grande Guerre en Europe ; elle marqua un tournant. Cest lambition de cette nouvelle édi-tion de le souligner. Bien des champs de recherche restent ouverts malgré les élargisse-ments évoqués par les ouvrages de la bibliographie additionnelle, en
1. Il sagit de la conquête du Cameroun, étudiée par Colette Dubois (cf. biblio), mais dautres guerres furent menées contre les Allemands au Togo, dans le Sud-Ouest africain (Namibie) et surtout en Afrique de lEst (cf. mon autre livre :LAfrique dans lengrenage de la Grande Guerre, 1914-1918, Karthala, 2013).
AVERTISSEMENT POUR LA NOUVELLE ÉDITION
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particulier sur la place des Anciens Combattants et de la Mémoire dans les sociétés africaines postérieures. Mais on manque encore de travaux sur les différences régionales de limpact de la Grande Guerre en Afrique, de monographies permettant de mieux apprécier les réactions si diffé-rentes des Africains, également, et encore plus détudes sur les effets éco-nomiques et sociaux du conflit, aussi bien du côté « colonial » que du côté africain. En ce qui concerne les théâtres européens, si limagerie et les représentations ont été exploitées presque à satiété par le livre et le film, mêlant souvent les deux guerres mondiales, les lacunes sont encore considérables concernant la santé, les conditions de vie concrètes, la cohabitation des hommes et plus généralement les prolongements de la question de lArmée noire dans lEntre-deux-Guerres, les conceptions du commandement, la formation des soldats, la question de la promotion des cadres, etc. En Histoire, les choses ne sont jamais dites une fois pour toutes. Souhaitons que ce livre encourage à de nouvelles révisions.
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