30
pages
Français
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2023
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Publié par
Date de parution
02 juin 2023
Nombre de lectures
2
EAN13
9782384551453
Langue
Français
Plongez dans l'univers poignant d'Amédée Guiard, mort pour la France en 1915, à travers son carnet intime de guerre. Ce récit captivant nous transporte au cœur des tranchées de la Première Guerre mondiale. Guiard, soldat français chrétien, partage avec une sincérité bouleversante ses pensées les plus intimes, ses espoirs et ses peurs, décrivant l'horreur des combats et la nécessité de la foi en Dieu. Cette édition comprend une préface éclairante de Maurice Barrés, éminent écrivain de l’Académie française et homme politique, explorant la foi chrétienne et le patriotisme indéfectible de Guiard. Ces éléments ajoutent une dimension profonde à l'œuvre, offrant une réflexion sur la condition humaine en temps de guerre et les valeurs qui nous guident.
Cette nouvelle édition spéciale en grands caractères offre une lecture agréable et accessible.
Le caporal Amédée Guiard fut cité à l'ordre de l'armée par le général Desprez le 14 avril 1916. (Croix de guerre avec palme de bronze). L’Académie française lui décernera la même année le prix Bordin.
Publié par
Date de parution
02 juin 2023
Nombre de lectures
2
EAN13
9782384551453
Langue
Français
LE CARNET INTIME DE GUERRE
PRIMÉ PAR L’ACADÉMIE FRANÇAISE (PRIX BORDIN 1916). ÉDITION EN GRANDS CARACTÈRES.
AMÉDÉE GUIARD
Préface par MAURICE BARRÈS DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE
ALICIA ÉDITIONS
TABLE DES MATIÈRES
Préface
Maurice BARRÈS
Carnet intime de guerre
PRÉFACE
MAURICE BARRÈS
« Chaque fois que j’ai fait lire les lettres de mon fils, j’ai constaté un regain de courage et d’espérance. Comment douter d’un pays qui compte de tels enfants ? »
Ainsi parlait une mère en deuil, et sa parole était vraie. C’est ce point de vue que je prends pour écrire sur les écrivains morts au champ d’honneur et pour puiser dans leurs carnets de guerre. Je ne crois pas m’éloigner de l’utilité immédiate. Quand nous leur apportons notre hommage, nous continuons notre tâche patriotique ; nous peignons la plus haute vie morale de ces terribles années. Je n’apporte sur eux rien de complet, de rond, de total ; plus tard on aura cette piété attentive ; aujourd’hui je me hâte de saisir quelques traits principaux pour empêcher qu’ils se perdent, et je verse dans la circulation des idées le sublime que des confidences ont mis à ma disposition.
Voulez-vous aujourd’hui quelques notes exactes sur Amédée Guiard, docteur ès-lettres, écrivain brillant et savant, mobilisé dans la réserve de la territoriale, qui, d’abord garde-voie, voulut partir au front et mourut pour la France à 44 ans, le 28 septembre 1915, à Neuville-Saint-Vaast.
De la tranchée, il m’avait écrit pour me recommander la mémoire d’un autre écrivain, glorieusement tombé, son ami Henry du Roure, et maintenant c’est un de ses amis, M. Léonard Constant, professeur de philosophie à Pau, qui va m’aider à fixer sa figure. Quelle chaîne émouvante d’amitiés ! Des lumières surgissent de tous les coins de la France, qui nous font voir un nouveau monde intérieur et les parties les plus profondes de l’âme.
« J’ai fait la connaissance d’Amédée Guiard, m’écrit M. Léonard Constant, au Sillon , parmi les amis de Marc Sangnier, au côté d’Henry du Roure, voici de cela douze ans. Je le revois toujours, tel que je l’ai rencontré cette première fois, dans l’île Saint-Louis. Il conduisait, avec Gabriel et François Laurentie, une caravane de promeneurs, avides d’apprendre l’histoire de leur vieux Paris en découvrant nos musées, nos églises, nos vieux hôtels. Son érudition était très vaste et très sûre, mais son aisance à s’en servir plus étonnante encore. Le moins pédant et le moins pontifiant des hommes, il était une histoire et une anthologie vivantes et plaisantes, consacrées au culte du passé français. Au Sillon et dans nos milieux populaires de jeunes catholiques républicains, sa conversation, ses conférences toujours illustrées d’images saisissantes jouaient un peu le rôle que tiennent dans les lycées et collèges de France les beaux manuels d’histoire d’Albert Malet — Albert Malet, professeur à Louis-le-Grand, un de nos maîtres les plus aimés, qui était devenu en ces dernières années, à la Jeune République , notre camarade de combat et qui est tombé, lui aussi, au champ d’honneur, après avoir prophétisé dès 1912, dans une conférence sur la Serbie, la Grande Guerre de revanche où il devait mourir ! »
Je recopie ce texte et j’y trouve avec émotion tous ces beaux noms d’hommes d’étude morts pour la France : Henry du Roure, Albert Malet, les deux frères Laurentie. C’est une occasion de maintenir notre regard sur ce milieu du Sillon , cénacle à la fois religieux et politique, où des âmes se formèrent. Écoutez l’un de ces jeunes philosophes nous parler sur la tombe de ses amis.
Avant de se jeter dans la mêlée des idées sociales et des partis politiques, le Sillon avait été un mouvement et une méthode d’éducation populaire. Fidèle jusqu’au bout à sa vieille amitié pour Marc Sangnier, Guiard est surtout resté l’homme de cette première activité sociale. Il fut longtemps précepteur, puis en dernier lieu professeur à l’école Sainte-Croix de Neuilly. L’enseignement était son gagne-pain, sa vocation, son apostolat. Quand il en avait fini avec ses élèves, il enseignait dans les cercles d’études, dans les Instituts populaires, dans les journaux, les revues et les almanachs sillonistes. Contes, récits, dialogues comiques, il a écrit énormément par petits bouts, au jour le jour, monnayant son savoir et ses inventions pittoresques, aussi étranger qu’il est possible à la vanité littéraire et même à l’ambition de construire une œuvre.
Pourtant il connaissait la mission des dignes écrivains ; dans son apparente dispersion, il ne crut jamais que la poésie fût un jeu, et même il étudia théoriquement « la Fonction du poète ». Sous ce titre, il a consacré à Victor Hugo un ouvrage où il étudie la haute idée que ce génie osa se faire de son rôle et les défaillances qui l’empêchèrent de réaliser, dans son cœur, trop pareil aux nôtres, ce qu’avait su concevoir sa splendide imagination. La Fonction du poète est l’une des deux thèses de doctorat que Guiard soutint en Sorbonne. La seconde est consacrée à Victor Hugo et Virgile ; il y dénombre les passages multiples où le poète de la Légende des Siècles s’inspire de l’ Énéide et surtout des Bucoliques et des Géorgiques . C’est une recherche d’un grand goût, qui devait tenter un humaniste, et que l’on aimerait qu’un disciple de Mistral vînt à son tour enrichir des échos que le pâtre de Maillane donne au pâtre de Mantoue. Je viens d’ouvrir ce bel ouvrage. Ah ! jours d’été d’après la guerre, quand pourrai-je me promener avec ce livre plein de songes aux bords de la Moselle, où le petit Claude Gellée menait paître ses bêtes, non loin de la maison familiale des aïeux de Victor Hugo ?
Parfois Guiard tourna du côté du théâtre ses curiosités érudites et précieuses. Il a tiré des vieux textes du Moyen Âge un Mystère de Saint Denis , pour le faire jouer avec grand succès au profit d’un Institut populaire endetté. Mais satisfait, me disent ses amis, des quatre ou cinq mille francs que son adaptation rapporta, il ne voulut jamais en recopier les brouillons. Du moins les curieux pourront-ils se procurer de beaux fragments de l’Ion d’ Euripide , et des Oiseaux d’Aristophane, qu’il traduisit pour les élèves de SainteCroix. Il avait la passion de la littérature grecque. C’est sous sa direction que fut représentée, dans le même collège, l’ Iphigénie de Jean Moréas.
Je me rappelle cette après-midi à laquelle j’assistais, ne sachant rien d’Amédée Guiard, fort étonné de l’initiative et de la réussite, et cherchant avec admiration par quel concours de circonstances ce bel hommage posthume était rendu à mon cher ami Moréas. Le professeur de dessin, un jeune élève de Cormon, M. Boismard, avait composé pour le programme une figure d’une simplicité tout antique, naïve et délicieuse. M. Boismard, lui aussi, vient de mourir au champ d’honneur. Il y avait dans l’assistance le charmant André Lafon, mort depuis, lui aussi, pour la France.
André Lafon était maître répétiteur à Sainte-Croix, au côté du professeur Amédée Guiard. Il est curieux que du même collège soient sortis les deux romans les plus vrais et les plus touchants, qui depuis Dickens et Daudet nous aient raconté les misères ou les scrupules des enfants délicats dans les internats. Dans le temps où André Lafon publiait l’ Élève Gilles , Amédée Guiard écrivait Antone Ramon , recueil d’observations sur le mystère de l’adolescence, œuvre que seul pouvait donner un...