La violence politique en Turquie L’État en jeu (1975-1980) , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2014

Nombre de lectures

0

EAN13

9782811111380

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Benjamin Gourisse
La violence politique en Turquie L’État en jeu (19751980)
Recherches internationales
LA VIOLENCE POLITIQUE EN TURQUIE
Cet ouvrage a été préparé éditorialement par Sylvie Tailland.
KARTHALA sur internet : www.karthala.com
Le CERI sur internet : www.ceri-sciences-po.org
© Éditions KARTHALA, 2014 ISBN : 978-2-8111-1138-0
Benjamin Gourisse
La violence politique en Turquie L’État en jeu (1975-1980)
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 PARIS
« Recherches internationales » est une collection du CERI, dirigée par Jean-François Bayart. Elle accueille des essais traitant des mutations du système inter-national et des sociétés politiques, à l’heure de la globalisation. Elle met l’accent sur la donnée fondamentale de notre temps : l’interface entre les relations internationales ou transnationales et les processus internes des sociétés politiques, que peut symboliser le fameux ruban de Möbius. Elle propose des analyses inédites et rigoureuses, intellectuellement exigeantes, écrites dans une langue claire, indépendantes des modes et des pouvoirs. Le CERI (Centre d’études et de recherches internationales) est une unité mixte de la Fondation nationale des sciences politiques et du CNRS.
À mes parents
Note sur la prononciation du turc ________________________________________
ese prononce «è», comme dans « thèse » ıest une voyelle intermédiaire entre «i »et «é » öse prononce «eu», comme dans « peu » use prononce «ou», comme dans « loup » üse prononce «u», comme dans « tu » cse prononce «dj», comme dans « djellaba » çse prononce «tch», comme dans « tchèque » gest toujours dur, comme dans « gramme » ğne se prononce pas ; il se rapproche du «h» français et prolonge la voyelle qui le précède
hest expiré sest toujours dur, comme dans « dessus » se prononce «ch», comme dans « château » yest une consonne et se prononce comme dans « yoga »
Introduction
Le coup d’État militaire du 12 septembre 1980 fait suite à cinq années d’augmentation ininterrompue de la violence en Turquie, durant lesquelles les mobilisations sociales ont pris une ampleur inédite. À la veille du coup d’État, la situation politique, économique et sociale du pays est décrite par 1 l’ensemble des acteurs sociaux comme un chaos généralisé . Les altercations entre les militants des organisations d’extrême 2 gauche et d’extrême droite font un nombre croissant de victimes. Dès 1977, le quotidienMilliyetdéplore « une situa-3 tion de guerre de rue » . « L’obscurité et l’anarchie s’installent
1. Voir H. Bozarslan, « Le chaos après le déluge ? Notes sur la crise turque des années 70 »,Cultures et Conflits, 24-25, hiver-printemps 1996-1997, pp. 73-97. 2. L’ensemble des organisations d’extrême droite dont il sera question dans cet ouvrage forme ce qu’il est convenu d’appeler le Mouvement nationa-liste, soit un réseau d’organisations centré autour d’un parti politique, le Parti de l’action nationaliste (Milliyetçi Hareket Partisi, MHP), visant à l’encadre-ment et à la politisation de l’électorat par secteurs d’activité. En Turquie, les organisations et les membres du Mouvement se définissent comme « idéalistes » (ülkücü). C’est la raison pour laquelle nous avons opté pour une caractérisation du Mouvement nationaliste comme « système d’action idéaliste ». Nous utiliserons indistinctement ces deux termes pour désigner le réseau d’organisations constitué par le MHP à partir de la seconde moitié des années 1960. 3. « Bir öğrenci öldürüldü… Sokak savaı oldu » (« Un étudiant a été tué… Une situation de guerre de rue »),Milliyet, 17 janvier 1977, p. 1.
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LA VIOLENCE POLITIQUE EN TURQUIE
4 partout . » Les médias, une partie des intellectuels et le person-5 nel politique condamnent l’anarchie et la terreur que font 6 régner les organisations radicales , accusées de diviser le pays en deux camps irréconciliables. Les milices exercent un contrôle territorial sur des quartiers de grandes villes ou des zones rurales, se substituant localement aux pouvoirs publics ou profitant de leurs liens collusifs avec des protagonistes des arènes officielles pour développer leurs activités, légales et illégales. L’État perd le contrôle de pans entiers de son terri-toire, soumis à la domination des groupes radicaux armés, seuls à même d’assurer la sécurité des habitants face aux unités du bord adverse. Les assassinats, les attentats et les fusillades sont quotidiens, ce qui n’est pas sans rappeler la situation de la république de Weimar au lendemain des élections du 14 septembre 1930, décrite par Sebastian Haffner comme « intermédiaire entre “l’ordre et la paix” et la “guerre civile” », dans laquelle « il n’y avait pas de barricades, mais […] des bagarres, des fusillades, des attentats dirigés contre les locaux des divers partis, et sans 7 cesse de nouveaux morts » . Pendant l’été 1980, les affronte-ments entre les groupes radicaux antagonistes font chaque jour
4. « 40°C à Adana. Une chaleur africaine. Pas d’eau, les coupures d’électricité continuent, l’obscurité et l’anarchie s’installent partout. » Cité par N. Bölügiray,Sokaktaki Asker, Bir Sıkıyönetim Komutanının 12 Eylül Öncesi Anıları(Un militaire dans la rue, les mémoires d’avant le 12 septembre d’un commandant de l’état de siège), Istanbul, Milliyet Yayınları, 1989. 5. H. F. Güne, « Türkiye’de terör, anari ve mücadele yolları » (« Les voies de la terreur, de l’anarchie et du conflit en Turquie »),Polis Magazin, 15 (8), 1980, pp. 8-13. 6. La presse publie d’ailleurs régulièrement les « bilans de l’anarchie », ou « de la terreur ». Une revue de presse figurant dans les mémoires du comman-dant Nevzat Bölügiray indique ainsi : « Bilan de la terreur en Turquie entre le 6 janvier 1978 et le 21 août 1979 : 9 034 actes de terreur et d’anarchie. 2 016 personnes sont tuées. 9 227 personnes ont été blessées, dont 465 étudiants, 109 enseignants, 226 ouvriers, 66 policiers et gardiens de la paix, 16 officiers, sous-officiers et soldats, 5 juges, 1 089 personnes aux professions diverses. Mille personnes sont mortes en 1978. En août 1978, 87 personnes avaient été assassinées, en août 1979 leur nombre s’élève à 147. » N. Bölügiray,Sokaktaki Asker…, op. cit.,p. 18. 7. S. Haffner,Histoire d’un Allemand. Souvenirs (1914-1933), Paris, Actes Sud, Babel, 2003, p. 141.
INTRODUCTION
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au moins vingt morts dans le pays. La guerre civile semble inévitable. Dès 1978, le Parti de l’action nationaliste (Milliyetçi Hareket Partisi, MHP), principale organisation politique de l’extrême droite, accuse les « communistes », soutenus par le gouvernement du Parti républicain du peuple (Cumhuriyet Halk 8 9 Partisi, CHP ), de centre gauche, de s’y préparer , notamment en constituant des bastions dans lesquels les forces de l’ordre ne 10 parviennent plus à s’introduire . De leur côté, les organisations d’extrême gauche appellent à la mobilisation « contre la terreur 11 fasciste » , afin que « le sang des morts ne reste pas sur le 12 sol » . Dans les provinces, les représentants de l’État subissent les intimidations et les menaces des groupes radicaux militari-sés. En octobre 1978, le Mouvement nationaliste, suivant une tactique éprouvée de déstabilisation du gouvernement, demande 13 l’instauration d’un état de siège . Il l’obtient le 26 décembre de la même année, après le massacre perpétré par ses propres unités dans la ville de Kahramanmara, au cours duquel cent onze personnes trouvent la mort.
8. Le CHP est le parti créé par Mustafa Kemal. Pendant les années 1970, dirigé par Bülent Ecevit, il se positionne au centre gauche de l’échiquier politique et préside au gouvernement du 7 janvier au 18 septembre 1974, du 22 juin au 21 juillet 1977 et du 15 janvier 1978 au 12 novembre 1979. 9. « Türke : “komünizm, Ecevit iktidarının kanatları altında” » (« Türke : “le communisme sous l’aile du pouvoir Ecevit” »),Hergün, 10 juillet 1978, p. 1 ; « Komünistler halk savaı hazırlıyor » (« Les commu-nistes préparent la guerre civile »),Hergün, 27 août 1978, p. 1 ; « MHP Lideri Türke : “bölücü ve komünistler iç sava yaratmak istiyor” » (« Türke le leader du MHP : “les séparatistes et les communistes veulent provoquer une guerre civile” »),Hergün, 11 février 1979, p. 1. 10. « Devlet Kars’a giremiyor » (« L’État ne peut pas entrer à Kars »), Hergün, 26 octobre 1978, pp. 1 et 7. 11. « Faist teröre karı savaalım » (« Battons-nous contre la terreur fasciste ! »),Devrimci Yol, 20, 31 juillet 1978. 12. « Les chiens fascistes paieront pour chacun de leurs crimes et de leurs massacres ! Le peuple travailleur doit répondre à chacune de leurs attaques ignobles. Le sang des morts ne restera pas sur le sol ! »,Devrimci Yol, 21, 21 août 1978, p. 1. 13. « Türke : “sıkıyönetim derhal ilân edilerek anari durdurulmalı” » (« Türke : “l’anarchie doit être stoppée en annonçant immédiatement l’état de siège” »),Cumhuriyet, 5 octobre 1978, pp. 1 et 9 ; « MHP sıkıyönetim istedi » (« Le MHP veut l’état de siège »),Hergün, 5 octobre 1978, p. 1.
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