Histoire des Petits-Blancs de La Réunion XIXe -début XXe siècles , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2005

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845866461

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Alexandre Bourquin
Histoire des Petits-Blancs de La Réunion
e e XIX -début XX siècles
Préface de Claude Prudhomme et avant-propos de Hubert Gerbeau KARTHALA
HISTOIRE DES PETITS-BLANCS DE LA RÉUNION
KARTHALA sur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture : Chemin de montée vers Cilaos. Photo Nicole Duniau.
© KARTHALA, 2005 ISBN : 2-84586-646-1
Alexandre Bourquin
Histoire des Petits-Blancs de La Réunion e e XIX– débutXXsiècle
Aux confins de l’oubli
Préface de Claude Prudhomme et avant-propos de Hubert Gerbeau
Éditions Karthala 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Préface
A lire les guides de voyage, les Petits-Blancs confèrent à la Réunion une originalité unique parmi les îles créoles. De fait ils n’ont pas cessé d’intriguer les voyageurs, d’exciter les imaginations et d’attirer la sympa-thie des Français de métropole, émus par la pauvreté d’une population que ses caractéristiques physiques semblaient programmer pour un destin social plus favorable. Associés spontanément au peuplement des « Hauts », ces versants des montagnes volcaniques qui confèrent à l’intérieur de l’île une beauté sauvage, ils ont été l’objet d’une profusion de discours atten-dris ou moqueurs. Ils ont aussi suscité un grand nombre de photographies à prétention réaliste qui montrent de préférence des enfants blonds aux pieds nus surpris dans le cirque de Cilaos, la « tente » (un panier en vacoa) à la main et un chapeau de toile enfoncé sur la tête. L’existence des Petits-Blancs comme composante de la population réunionnaise a été ainsi promue curiosité locale à ne pas manquer. Pourtant la réalité de l’existence d’un groupe particulier, désigné par le qualificatif de Petits-Blancs, est aujourd’hui objet de contestations. Des chercheurs se sont interrogés il y a peu sur la pertinence d’une appellation qui serait le fruit d’une invention tardive de l’idéologie coloniale pour conférer à la Réunion un label d’origine française. Les Petits-Blancs sont-ils donc une invention d’un discours colonial soucieux de légitimer le caractère français de l’île et de conforter les liens avec la métropole ? Face à ces questions légitimes, mais qui courent le risque d’alimenter la polémique plutôt que de stimuler la recherche, l’ouvrage d’Alexandre Bourquin constitue une contribution essentielle. Il n’élude aucune diffi-culté, et d’abord celle de définir et délimiter un groupe humain aux contours indécis. Il montre comment le vocabulaire a longtemps hésité sur le terme à employer pour qualifier une population libre, issue du peu-plement européen et très vite métissée, mais attachée à une origine blanche, c’est-à-dire libre, qui la distingue de l’affranchi. « Petits créoles, bas créoles, créoles pauvres… » : autant de termes flous par lesquels les documents qualifient cette population qui se définit moins par ses traits
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HISTOIRE DES PETITS-BLANCS DE LA RÉUNION
physiques, jamais décrits, que par sa position sociale. Ni ethnie, ni classe sociale, les Petits-Blancs apparaissent comme une catégorie intermédiaire qui constitue un extraordinaire révélateur des tensions et des impasses d’une société coloniale née du transfert de diverses populations et fondée sur l’esclavage, puis l’engagisme. Cette recherche reconstitue avec rigueur les étapes de la marginalisa-tion. Trop longtemps réduite à un effet mécanique de la coutume de Paris, qui, en imposant le partage des terres entre tous les enfants, aboutissait à un morcellement sans fin, « du battant des lames au sommet des mon-tagnes », la paupérisation des Petits-Blancs est aussi le fruit d’une logique économique. Rejetés sans cesse sur les marges de la plantation coloniale, à la limite supérieure des cultures ou dans les zones les plus tardivement occupées du sud-ouest de l’île, ils ont donné naissance à une paysannerie médiocre ou misérable, qui paye au prix fort son goût de la liberté et sa quête d’une impossible indépendance économique. Le triomphe du régi-me du colonat, un fermage aux conditions iniques, sanctionne à la veille de la première guerre mondiale un itinéraire collectif fait d’échecs et d’illusions perdues. Ainsi le paradoxe est multiple et les contradictions permanentes. Censés incarner les origines françaises de Bourbon, les Petits-Blancs se veulent et se vivent d’abord créoles au sens d’autochtones. Donnés en exemple par la littérature coloniale pour leur fidélité à la patrie, ils sont sans cesse l’objet de projets officiels qui cherchent à les expulser, sous couvert d’émigration, vers un ailleurs incertain ou prétendent les intégrer, au prétexte de les mettre au service d’un système colonial qui les rejette. Erigés après 1848 en catholiques modèles d’une chrétienté bretonne transportée dans l’océan Indien, ils témoignent en fait d’une croyance acculturée. Idéalisés par le discours des élites, ils restent méprisés au quo-tidien pour leur misère et leur inculture. Les Petits-Blancs échappent donc définitivement aux classifications et aux définitions. En ce sens ils sont bien le résultat d’une invention, reflé-tant, dans les variations des appellations, l’embarras des administrateurs et des voyageurs à rendre compte d’une donnée sociale inédite… Mais une désignation ne peut pas s’imposer et passer dans le langage usuel si elle ne rencontre pas une réalité de la société. On peut contester la perti-nence des termes et on doit dénoncer le mépris qu’ils trahissent. Il n’en reste pas moins que la formation de la population réunionnaise et la struc-ture de la société deviennent incompréhensibles si l’observateur ne prend pas en compte l’existence des Petits-Blancs. Ils sont les témoins d’une histoire tragique et d’une créolisation accouchée dans la douleur. Ils nous rappellent que le peuplement des colonies promettait un avenir outre-mer à des hommes et des femmes qui se sont retrouvés enfermés dans un micro-cosme sans horizon. Mais cette histoire n’est pas seulement elle d’une
PRÉFACE
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longue désespérance. Comme le montre si bien Alexandre Bourquin, l’histoire des Petits-Blancs est aussi celle d’un refus de la subordination et l’expression d’une protestation obstinée contre tous les essais de mise en dépendance. C’est encore celle d’un enracinement pour faire de cette île leur « petite patrie » et le lieu de leurs véritables origines. C’est enfin la démonstration d’une capacité à dépasser le strict cloisonnement des populations, entretenu par des élites que l’union des déshérités ne cesse de hanter, pour tisser des liens qui construisent, lentement mais inexora-blement, une société et une identité créole réunionnaises. En restituant l’histoire des Petits-Blancs, l’historien n’entend pas condamner l’avenir à reproduire les catégories d’hier ni pérenniser les cli-chés. Il apporte seulement une contribution modeste mais nécessaire à la connaissance d’un passé qui ne peut être dépassé s’il est oublié ou travesti.
1 Claude Prudhomme
1. Professeur d’histoire contemporaine, Université Lumière Lyon 2.
Avant-propos
A l’île infiniment présente et avenir Aux amis de Réunion qui ont accompagné de longs moments de notre vie A l’Ile infiniment. Hiver des Hauts (...) Là est leur Suisse non facile, sans devises, sans chocolat, sans montres, chasseurs d’abeilles, traqueurs de vent. On les dit Petits Blancs, peau rouge, crevassée d’eau, moussue d’humide, creusée de faim. De maigres arbres les observent frères jumeaux sur leurs îlettes et tissent, des araignées soleil l’écheveau des cascades. (...) Toi, l’étranger Viens
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