Vivre à Tananarive Géographie du changement dans la capitale malgache , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2007

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845868694

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

Catherine Fournet-Guérin
Vivre à Tananarive
Géographie du changement dans la capitale malgache
KARTHALA
VIVRE À TANANARIVE
Cet ouvrage est publié avec le concours de l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV)
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture: Vue générale du quartier d’Ankadifotsy. Densité des constructions, organisation apparemment anarchique, diversité du bâti : le paysage est caractéristique des quartiers collinaires anciens de Tananarive, développés au e XIXsiècle. Au centre, la maison de Rainimboay, qui s’est effondrée depuis, constitue un symbole de la précarité de ce patrimoine architectural qui contribue tant à la puissante originalité paysagère de la ville. Merci à Francis pour ce cliché, souvenir de son passage à Tana en 1999.
Éditions KARTHALA, 2007 ISBN : 978-2-84586-869-4
Catherine Fournet-Guérin
Vivre à Tananarive
Géographie du changement dans la capitale malgache
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
A la mémoire de Rina
« L’on ouvrirait les villes comme on ouvre les livres »
Augustin Berque, Du geste à la cité, Formes urbaines et lien social au Japon, Gallimard, 1993, p. 9
REMERCIEMENTS
Cet ouvrage est l’aboutissement d’un travail de thèse de géographie, qui n’aurait pas été mené à bien sans l’aide et les conseils de nombreuses personnes. Je tiens tout d’abord à remercier très chaleureusement mon directeur de thèse, Christian Huetz de Lemps, qui dirige mes travaux depuis le DEA, pour sa disponibilité, pour la constance de ses encourage-ments et pour son soutien indéfectible depuis des années. Je remercie également ici vivement Paul Claval de ses conseils et encouragements depuis ma maîtrise, mon premier travail consacré à Tananarive qu’il avait encadré. Faranirina Rajaonah a su à la fois me communiquer énergie et enthousiasme, ainsi qu’aide et critiques constructives. Je pense également au soutien précieux et constant de Jean-Pierre Raison, de Philippe Gervais-Lambony, de Jeanne-Marie Amat-Roze, ainsi qu’à la confiance que m’a accordée Brigitte Dumortier. À Tananarive, je tiens à remercier vivement Josélyne Ramamonjisoa, qui a suivi l’évolution de mes travaux sur le terrain. Ma gratitude va éga-lement aux nombreuses personnes qui ont accepté de me rencontrer à plu-sieurs reprises et qui m’ont beaucoup aidée : Rija Andriamihamina, Lucile Jacquier-Dubourdieu, Gina Rafiringa Andrianilaina, Daniel Raherisoanjato, Claudine Ramiarison, Gabriel Rantoandro, Marius Razafindrakoto, entre autres. Que toutes les personnes qui ont accepté de m’accorder des entretiens soient également ici chaleureusement remer-ciées. Mais la plupart des Tananariviens qui m’ont accordé de leur temps pour répondre au questionnaire ne liront sans doute jamais cet ouvrage... Ce travail n’aurait pu être mené à bien sans la présence d’amis tanana-riviens qui y ont apporté leur contribution. Je pense bien sûr à mes enquê-teurs, en particulier Serge Razafiarison, à mes côtés depuis ma maîtrise, à qui je suis redevable d’une compréhension profonde de la société merina et d’une connaissance fine des quartiers tananariviens grâce à nos longues promenades en ville, ainsi qu’à Ndrema Andriamampianina Rahasijesy et à Helihanta Rajaonarison. Enfin, je remercie avec la plus profonde affection les amis qui m’ont hébergée durant mes séjours à Tananarive :
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VIVRE À TANANARIVE
Françoise et Jean Rajaofera, Sylvia et Charles Randrianarivony, et Laurence et Seth Ramananantoandro. Bien plus qu’un accueil, c’est un véritable soutien qu’ils m’ont apporté, ainsi que la chance de pouvoir par-tager la vie de familles tananariviennes. Ces années sur le terrain ont éga-lement été éclairées des rencontres avec Sophie Moreau, la « thèse des villes » – la mienne – s’élaborant en parallèle à la « thèse des champs » – la sienne. Enfin, j’exprime ici ma plus profonde gratitude envers tous ceux de mon entourage qui m’ont entourée et encouragée. Parmi eux, mon père, à qui je dois le goût des voyages et la chance d’avoir connu Madagascar. Mes parents ont été très présents dans ce travail, par leur soutien moral et leur aide concrète, et par leur indéfectible disponibilité, notamment durant la relecture. Mon mari enfin, qui a su me donner sans cesse le sou-tien et l’énergie nécessaires pour mener à bien ce travail, et qui a été pré-sent à chaque étape, dans l’échange des idées ou dans la maturation de la réflexion. Cet ouvrage est aussi le nôtre, fruit d’une passion partagée pour Madagascar et pour Tananarive.
Introduction
Tananarive, une grande ville mal-aimée dans un pays rural
Dans le contexte d’un pays très rural, l’existence d’une ville de quelque un million et demi d’habitants contraste vivement. Tananarive se trouve en effet dans la situation paradoxale d’être une grande ville et la capitale de l’un des pays très ruraux du monde, où près des trois-quarts des habitants vivent à la campagne. Surprenante de prime abord, l’existence d’un tel organisme urbain s’explique pourtant aisément. La ville se situe au cœur de la région histo-rique de l’Imerina, sur les hautes terres centrales de Madagascar, qui s’étagent entre 1 000 et 2 500 mètres d’altitude. Or, ces hautes terres 1 constituent depuis plusieurs siècles la région la plus peuplée de l’île , en relation avec le développement d’une civilisation fondée sur la riziculture. A l’image du processus d’urbanisation en Asie, un monde rural densément peuplé a donc contribué au développement d’une grande ville, dont les fonctions sont demeurées en liaison étroite avec celui-ci, mais dont elle s’est pourtant progressivement différenciée. Ville décalée, Tananarive est aussi la ville mal-aimée, victime de représentations défavorables, aussi bien auprès des étrangers que des Malgaches. Tananarive s’opposerait en effet à ce qui constituerait l’essence de Madagascar : la ruralité. Il existe ainsi la conviction tenace que le charme de Madagascar réside dans ses paysages rizicoles immuables qui évoquent l’Asie, ainsi que dans sa faune et sa flore endémiques, véri-tables emblèmes du pays à l’extérieur. En outre, Madagascar bénéficie à 2 l’étranger de l’image d’un paradis terrestre , représentation qui tire son
1. L’Imerina abrite les plus fortes concentrations de populations de Madagascar, avec 2 des densités comprises entre 50 et 100 hab/km . Les Merina sont les habitants de l’Imerina, la région autour de Tananarive. 2. Les ouvrages disponibles sur Madagascar, en particulier les « beaux livres » qui se
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VIVRE À TANANARIVE
origine d’une vision idéalisée du pays et fondée sur des éléments folklori-sés ou sur des clichés occidentaux et coloniaux : population pacifique, femmes aux cheveux lisses, nature généreuse, paysages et climats variés... Face à ce tableau stéréotypé, la capitale apparaît comme un orga-nisme monstrueux, hypertrophié et inconsidérément développé. 3 Dans ce contexte, le choix de Tananarive comme sujet de recherche , a souvent suscité l’étonnement, si ce n’est l’incompréhension, des per-sonnes rencontrées. Les Tananariviens eux-mêmes ont souvent eu du mal à comprendre que je séjourne à Tananarive sans quitter plus souvent la ville. Quant aux étrangers, ce choix leur semble souvent pour le moins incongru. La ville apparaît en effet à leurs yeux comme un repoussoir, avec sa pauvreté oppressante, sa saleté, son bruit étourdissant, ses embou-teillages décourageants, sa pollution et son insécurité. L’orientation des recherches sur le terrain malgache témoigne de cette dévalorisation de la capitale, et plus généralement du thème urbain à Madagascar. Il n’existe aucun programme de recherche international sur les villes malgaches. Les étudiants étrangers travaillent pour la grande majorité soit sur le monde rural, soit sur la question de la protection des forêts et des espaces natu-rels. La plupart des programmes des instituts de recherche, nombreux à Madagascar, portent presque exclusivement sur ces deux grands thèmes. Il existe des initiatives ponctuelles de recherche en géographie urbaine, à l’Université d’Antananarivo ou à l’École Normale Supérieure d’Antananarivo, mais qui connaissent une faible diffusion. Sinon, les tra-vaux récents menés sur Tananarive privilégient une optique historique, archéologique et architecturale. Dans le milieu universitaire, les travaux en histoire et en géographie urbaines de Faranirina Rajaonah et de Josélyne Ramamonjisoa sont les seuls qui existent sur la capitale. Les organismes internationaux et les ONG travaillant à Tananarive sont certes des commanditaires insatiables d’études et de monographies, souvent à l’échelle des quartiers, ou bien très ciblées sociologiquement (innom-brables études sur la pauvreté), mais les documents produits ne proposent en général pas d’approche synthétique de la ville et se révèlent plus infor-matifs qu’analytiques. Peu séduisante, la capitale malgache est délaissée par la recherche en sciences humaines. Dans ce contexte, on comprendra que l’une des motivations du travail de thèse a consisté à livrer un témoignage de ce que signifie vivre à e Tananarive à la fin du XX siècle, à une période charnière pour Madagascar,
multiplient depuis quelques années, constituent une bonne illustration de la prégnance de ces deux représentations du pays, le sanctuaire de la nature et le paradis terrestre. 3. Cet ouvrage est issu d’une thèse de doctorat de géographie, intituléeVivre à Tananarive. Crises, déstabilisations et recompositions d’une citadinité originale, soute-nue le 9 septembre 2002 à l’Université Paris IV-Sorbonne, sous la direction du Professeur Christian Huetz de Lemps.
INTRODUCTION
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qui correspond à l’ouverture sur le monde extérieur, à la libéralisation économique et à des recompositions politiques de premier ordre. D’autre part, Tananarive est une ville qui n’est pas immédiatement déchiffrable, qui ne s’offre pas à une lecture transparente, aussi bien dans la complexi-té de ses paysages, qui renvoient à une stratification historique, que dans les représentations que les habitants construisent de leur ville. Aussi a-t-on pour ambition non seulement de livrer une sorte de chronique de la vie des Tananariviens, mais aussi de fournir les clefs d’interprétation d’une société à travers l’étude de son rapport à la ville.
Les principes généraux de la démarche méthodologique
Cette approche globale d’une grande ville nécessitait la mise au point d’une méthodologie qui permette de répondre à la diversité des questions posées. Aussi les sources et outils employés sont-ils caractérisés par une grande hétérogénéité. Dans le domaine bibliographique, signalons l’apport important de la littérature grise disponible à Tananarive, à la fois en tant que source docu-mentaire et comme objet d’étude des représentations de la ville. De même, la presse malgache a été utilisée systématiquement, notamment pour étu-dier ces questions de représentations, ainsi que les guides de voyage. Sur le terrain ensuite, c’est la parole qui a été l’outil principal employé pour tenter de cerner l’identité tananarivienne : parole des habitants avant tout, à travers les enquêtes auprès des ménages et les entretiens libres, et parole des « experts » également, universitaires, responsables municipaux et 4 autres acteurs de la ville . L’approche a donc toujours été délibérément qualitative : dans le travail d’enquêtes était plus visée la recherche de détails significatifs que d’éléments représentatifs, qu’un travail à l’échelle d’une thèse ne permet d’ailleurs pas sur un sujet aussi vaste. Aussi le nombre des enquêtes a-t-il été limité : cinquante enquêtes par quartier ont été menées dans cinq quartiers de la ville, auxquelles s’ajoutent une quin-zaine d’entretiens libres avec des Tananariviens. Ces enquêtes se sont déroulées en mai et juin 2000, ainsi qu’en juin et juillet 2001. Par ailleurs, je disposais en complément de 100 enquêtes réalisées pour ma maîtrise en
4. Pour rendre compte de cette parole, j’ai choisi de faire figurer en encadré dans le corps du texte des entretiens illustrant un thème particulier ou des portraits de personnes interrogées. Ce procédé permet le cas échéant de suivre les mêmes individus (dotés de prénoms fictifs) sur plusieurs chapitres. Cette technique de l’encadré a également été employée pour proposer des mises au point synthétiques sur des questions ponctuelles, dans l’optique d’alléger le texte et de faciliter la lecture.
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