L’AFRIQUE DU SUD , livre ebook
266
pages
Français
Ebooks
2010
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Découvre YouScribe et accède à tout notre catalogue !
Découvre YouScribe et accède à tout notre catalogue !
266
pages
Français
Ebooks
2010
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Publié par
Date de parution
01 janvier 2010
Nombre de lectures
0
EAN13
9782811103248
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo
Publié par
Date de parution
01 janvier 2010
EAN13
9782811103248
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo
Georges Lory L’AFRIQUE DU SUD
-
L’AFRIQUE DU SUD
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture : L’ancien président sud-africain Nelson Mandela, le 15 mai 2004, au siège de la FIFA, à Zurich, lors de l’annonce de l’organisation de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Photo : Franck Fife/AFP.
Éditions KARTHALA, 2010 ISBN : 978-2-8111-0324-8
Georges Lory
L’Afrique du Sud
Nouvelle édition entièrement revue
Éditions KARTHALA 22-24, bd Arago 75013 Paris
L’Afrique du Sud
Superficie: 1 219 090 km² Population: 48,7 millions d’habitants (Noirs, 79,2 % ; Blancs, 9,2 % ; Métis, 9 % ; Indiens, 2,6 %) Taux d’urbanisation: 59,5 % Capitale: Pretoria (2,3 millions d’habitants) Villes principales: Johannesburg (3,9 millions d’habitants), Le Cap (3,5), Durban (3,5) Langues officielles: afrikaans, anglais, isiNdebele, isiXhosa, isiZulu, sesotho, sepedi, setswana, siSwati, tshivenda, xitonga Système politique: république parlementaire décentralisée avec neuf provinces autonomes Principaux partis à l’Assemblée nationale: ANC (69,5 %), DA (16,7 %), COPE (7,4 %) IFP (4,5 %) Monnaie: rand (1 R = 0,086 ou 0,109 $ en mai 2009) Fêtes: −21 mars : Journée des droits de l’homme −27 avril : Jour de la Liberté (Fête nationale) −16 juin : Journée de la Jeunesse −9 août : Fête nationale des Femmes −16 décembre : Jour de la Réconciliation Religions: christianisme (76 %), islam (2 %), hindouisme (1,7 %) Population active: −primaire : 5,7 % (agriculture, pêche) −secondaire : 25,3 % (mines, industrie) −tertiaire : 63 % (services, administration) Taux de chômage officiel: 21,9 % Ressources minières: premier producteur de platine, de vanadium, de chrome, de manganèse ; deuxième pour l’or et le titane ; troisième pour l’antimoine ; cinquième pour le diamant ; sixième pour le charbon Indicateurs économiques: −PIB: 278 milliards de dollars −PIB/habitant: 5 710 dollars −Taux moyen de croissance du PIB 2004-2008: 4,7 % −Dette publique: 23,8 % du PIB Indicateurs sociaux: −Indice de fécondité: 2,8 % −Espérance de vie: 57,7 ans −Taux d’alphabétisation: 88 %
Introduction
Il est des jours exceptionnels dans l’histoire des hommes. Le monde ne s’y est pas trompé, ce mardi 10 mai 1994, en déléguant ses dirigeants sous le so leil clair de Pretoria. Il ne s’agissait pas seulement de voir le président de la nouvelle République prêter serment ou d’écouter les griots noirs et blancs célébrer la ténacité de Nelson Mandela, qui, pour le prix de ses convictions, passa la moitié de sa vi e d’adulte en prison. Au-delà de l’hommage au x négociateurs politiques qui ont su surmonter trois siècles de méfiance et de brutalité, la commu-nauté internationale voulait saluer le courage des Sud-Africains. En dépit des mauvais augures, ces derniers s’étaient déplacés par millions pour voter ensemble dans la dignité, signifiant au monde qu’il n’y a pas de fatalité de la guerre. Ils donnaient ainsi un souffle d’espoir à l’humanité. L’Afrique du Sud, le paria d’hier, regagnait fièrement le concert des nations. Quinze plus tard, l’Afrique du Sud, suite à un scrutin calme et sans équivoque, portait à sa tête Jacob Zuma, tournant ainsi la page des envolées lyriques et des ambitions morales. Le pays s’est doté d’un chef de l’État pragmatique dont il attend main-tenant des résultats concrets face aux inquiétudes quotidiennes : le chômage, la propagation du sida, la violence, l’indigence dans certaines zones rurales. L’Afrique du Sud ne se rêve plus comme lanation arc-en-cielrayonnant sur le continent. Elle se voit sans détour comm e un pays émergent, riche d’atouts économiques, décidée à colmater les inégalités congénitales.
6
L’AFRIQUE DUSUD
Animée d’une énergie réjouissante, elle a choisi la Coupe du Monde de football pour le faire savoir. Si l’Afrique du Sud se normalise lentement, le pays est toutefois loin d’êtrenormal: il reste exceptionnel à bien des égards. Au palmarès des classements mondiaux, l’Afrique du Sud se présente à première vue comme une puissance moyenne. Elle se e e situe en 2007 à la 28 place quant au PIB, à la 29 place pour la e population, à la 78 place quant au PIB par habitan t et à la e 105 place sur l’échelle du développement humain (0,670) : une position honorable sur les 232 pays et territoires de la planète. Mais les chiffres n’éclairent qu’une partie du tableau. L’Afrique du Sud sort de l’ordinaire pour dix raisons au moins. La première tient aux richesses extraordinaires de son sous-sol. Le cliché d’une terre cachant dans ses replis des puit s d’or et de diamants est quelque peu dépassé. C’est à ces deux produits que l’Afrique du Sud doit son décollage économique au e XIXsiècle, bien sûr, mais sa production est aujourd’hui très diversifiée : plomb, nickel, fer, uranium en grand e quantité offrent une assurance contre les variations des cours de l’une ou l’autre matière première. Détenant la moitié des réserves mondiales de chrome, les deux tiers pour le platine et les quatre cinquièmes pour le manganèse, l’Afrique du Sud peu t asseoir son développement à long terme. Dans sa corne d’abondance l’on trouve encore quelques minerais dits stratégique s et le charbon le moins cher du monde... Le pays est ensuite doté de vastes terres fertiles, favorables à la culture des céréales, des fruits, des légumes et à l’élevage des bovins. Sur les espaces plus ingrats paissent vingt-six millions d’ovins. L’Afrique du Sud exporte ses produits alimentaires même en période de sécheresse. Sa flor e est une mine pour les botanistes, depuis les deux cents espèces deprotéasjusqu’aux cycadest sedont se nourrissaient les brontosaures. Son déser paie le luxe de fleurir quinze jours par an. Ses animaux sauvages, longtemps mieux protégés que les hommes, prospèrent et demeurent une attraction de premier ordre.
INTRODUCTION
7
Puissance moyenne à l’échelle du globe, l’Afrique du Sud est sans conteste le leader du continent africain. Ses infrastructures, son réseau commercial, sa bourse font de Johannesburg la capi-tale économique et financière de l’Afrique. Cette prédominance devient écrasante si l’on considère la seule Afrique subsaha-rienne : l’Afrique du Sud produit deux fois plus qu e l’ensemble des dix-sept pays situés au sud de l’équateur et quatre fois plus que le Nigeria, son concurrent immédiat. En Afrique australe, le pays n’a pas de rival parmi ses voisins. L’Afrique du Sud se singularise aussi par son histoire, somme de courages individuels et de plusieurs tentatives de génocides. Une colonisation atypique se traduit par une guerre e entre Blancs au début duXXsiècle, puis par l’instauration d’un système discriminatoire particulièrement odieux, unique dans sa systématisation. L’apartheid, crime contre l’humanité aux yeux de la communauté internationale, ne débouchera pourtant pas sur le bain de sang annoncé par mille cassandres, mais sur une négociation exemplaire. Aucun pays au monde n’a été dirigé par deux prix Nobel de la paix. Nelson Mandela et Frederik De Klerk ont permis une remarquable transition. L’Afrique du Sud peut se flatter d’avoir eu ensuite l’un comme chef de l’État et l’autre comme chef de l’opposition. Rédigée de façon limpide, la Constitution de 1996 n’a pas d’équivalent sur terre en matière de tolérance et de pro-tection des minorités. En pratique, le système démocratique fonctionne de façon satisfaisante, en attendant un jour le test d’une alternance politique. Dans quels pays voit-on un chef de l’État (Thabo Mbeki) démissionner pour avoir perdu la confiance de son parti ? La complexité du pays constitue un vaste champ de recherche. Avec ses onze langues officielles, l’Afrique du Sud révèle non seulement sa pluralit é linguistique, mais aussi sa diversité ethnique, culturelle et religieuse. Ce foisonnement contient des risques de conflit, mais la faço n dont le pays en tire parti est source d’enseignement pour nos sociétés de plus en plus diversifiées.
8
L’AFRIQUE DUSUD
L’Afrique du Sud se caractérise également par un triste record, celui de la criminalité. Héritage de la ségrégation , des luttes claniques, de la misère, la violence provoque des ravages, surtout dans les zones les plus démunies. Les cambriolages se font l’arme au poing, les voleurs de voiture n’hésitent pas à débarquer les passagers, les viols sont légions. On recense plus d’homicides qu’aux États-Unis, ce qui, proportionnellement, place l’Afrique du Sud au deuxième rang dans le monde. Jadis elle détenait la palme des peines capitales ; la peine de mort est désormais abolie, mais la vie humain e n’a pas encore regagné tout son prix. Toutefois, désireux de bâtir une véritable nation, les dirigeants sud-africains se sont engagés dans un processus de rapproche-ment unique au monde. Pour exorciser un passé douloureux, la commission Vérité et Réconciliation a invité victimes et bourreaux à témoigner publiquement. Le récit des premiers et la confession des seconds auront à la longue un effet cathartique, a estimé son président, Mgr Tutu, lu i aussi prix Nobel de la paix. La commission a prononcé des amnisties et imposé des indemnités, faisant l’économie de longs et pénibles procès. Cette démarche, périlleuse et parfois contestée, a abouti à un volu-mineux rapport. Les tensions raciales, dans un pays aussi violent que l’Afrique du Sud, demeurent étonnement limitées. Longtemps isolée, l’Afrique du Sud a par ailleurs développé une culture qui lui est propre. La créativité s’es t souvent exprimée en dehors des grands courants de pensée mondiaux. Les grands combats ont stimulé de grands artistes : la littérature et la musique ont conquis un large public, les arts plastiques suivent le même chemin. Il est enfin une dernière raison de s’intéresser à l’Afrique du Sud, pays qui oscille entre l’enfer et le paradis : ses vastes étendues demeurent ouvertes aux grands défis. Un esprit pionnier anime ses habitants. À la frontière entre monde industriel et économie de survie, entre culture africaine et américaine, entre religiosité et nihilisme, l’Afrique du Sud constitue aussi un labo-ratoire pour discerner l’avenir de notre planète.
1
Lire la carte
Ouvrons l’atlas. Le cône sud du continent africain offre un contour sans aspérités. À première vue, l’Afrique du Sud jouit de larges frontières naturelles : à l’est l’océan Indien, à l’ouest l’océan Atlantique, soit 3 000 kilomètres de côtes, au nord deux fleuves, le Limpopo et l’Orange, accompagnés de rivières au nom sonore à défaut d’un grand débit : Nossob, Molopo, Marico. L’intervention arbitraire des hommes se lit d’une par t dans l’encoche taillée comme une lame de couteau en plein Kalahari, et dans l’existence d’un État indépendant au beau milieu de l’Afrique du Sud d’autre part. À ce jour, le Lesotho est l’unique exemple de pays enclavé dans un autre. Enfin, la frontière avec le Swaziland et avec le Mozambique repose sur des arbitrages politiques. L’Afrique du Sud exerce aussi sa souveraineté sur les îles australes Marion et Prince Edouard, à 1 900 kilomètres au sud-est du Cap. Depuis la rétrocession de Walvis Bay à la Namibie, la superficie du pays s’établit à 1 219 090 km². L’Afrique du Sud a beau se trouver au bout du continent, elle n’est pas très éloignée de l’équateur : sa pointe australe, le cap e Agulhas, se situe sur le 35 parallèle et le tropique du Capricorne traverse le nord du pays. Cela signifi e notamment que les journées ne connaissent pas les amplitudes européennes. À Johannesburg le soleil se couche entre 17 h 25 le 22 juin (le jour
