Anthropologie politique du paysage Valeurs et postures paysagères des montagnes suisses , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2009

EAN13

9782811102746

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Yvan Droz, Valérie Miéville-Ott Jérémie Forney, Rachel Spichiger
Anthropologie politique du paysage Valeurs et postures paysagères des montagnes suisses
ANTHROPOLOGIE POLITIQUE DU PAYSAGE
KARTHALAsur internet : http://www.karthala.com (paiement sécurisé)
Couverture : Photo Francis Boillat
© Éditions KARTHALA, 2009 ISBN : 978-2-8111-0274-6
Yvan Droz, Valérie Miéville-Ott Jérémie Forney, Rachel Spichiger
Anthropologie politique du paysage
Valeurs et postures paysagères des montagnes suisses
Éditions Karthala 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Avant-propos
Ce texte est le fruit d’un travail d’équipe et d’une écri-ture commune : long processus, parfois ingrat, mais tou-jours riche et exigeant. L’essentiel des recherches sur lesquelles se fonde cet ouvrage se sont déroulées dans le cadre du Programme national de recherche 48Paysage et 1 habitat de l’Arc alpin(2001-2005) du Fonds national suisse pour la recherche scientifique. Dans ce cadre, nous avons édité un ouvrage proposant un état des lieux des approches francophones des représentations paysagères et des processus d’aménagements du territoire (Droz & Miéville-Ott, 2005a). Nous nous permettons d’y renvoyer le lecteur en quête de références bibliographiques. Nous avons approfondi, avec l’aide d’Alessandro Mon-sutti, la problématique des éoliennes grâce à un mandat de l’Office fédéral de l’énergieExpériences et perceptions des éoliennes par les habitants proches du Mont-Crosin 2 (2002) . Un dernier mandat nous a permis – avec la colla-boration de Cedric van der Poel et de Luigi Arnaldi qui ont conduit une partie des entretiens – d’analyser les représen-tations sociales des pâturages boisés dans le cadre du programme interreg III franco-suisse « Appréciation des valeurs emblématique, identitaire et patrimoniale du pâtu-
1. Requête 4048-064386,Le champ du paysage. Représentations paysagères et processus de légitimation des usages sociaux du pay-sage : de la Vue-des-Alpes au Pays-d’Enhaut(Yvan Droz & Valérie Miéville-Ott). www.xxx 2. Contrat n° 87116. www.suisse-eole.ch/images/publications/Du_ vent_dans_les_pales_03.pdf
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rage boisé. Réalisation d’un recueil des initiatives écono-miques ayant pour support des territoires en nature de 3 pré-bois » (2004-2007) . Nous tenons ici à remercier ces différents mandants qui nous ont fourni les moyens finan-ciers de conduire ces recherches. Précisons, comme le veut l’usage, que les résultats que nous présentons ici n’enga-gent que les auteurs de cet ouvrage et que nous portons l’entière responsabilité de nos interprétations. Ce texte a bénéficié de la lecture avisée d’évaluateurs externes. Nous avons retenu l’ensemble de leurs commen-taires et remarques, qui nous ont permis d’éviter certains écueils et de pallier quelques oublis. Qu’ils soient ici remerciés pour leurs apports précieux !
3.Projet d’actions transfrontalières en faveur d’une gestion inte-grée des paysages sylvo-pastoraux, action 4 du programme. La coor-dination du projet était sous la responsabilité de l’Antenne romande du Forschungsanstalt für Wald, Schnee und Landschaft. www.xxx
Introduction
Pour l’anthropologue, le paysage est un construit social, il consiste en une représentation et n’a pas de réalité objec-tive. Le paysage se distingue d’autres concepts proches (espace, nature, etc.), car il associe un substrat physique (biogéocénose) au regard d’un individu socialement et culturellement déterminé. Regard et subjectivité sont donc des éléments constitutifs du paysage. Nous avons distingué quatre acceptions du terme « pay-sage ». Premièrement lepaysage pratiquéest le paysage vécu. Il est lié à l’expérience directe et à une émotion paysagère. Lepaysage remémorése détache de son subs-trat physique et de l’expérience directe. Il est le paysage du souvenir, du récit, recréé par le langage ou les images. Lepaysage naturaliséest le paysage pris pour ce qu’il n’est pas, c’est-à-dire un donné objectif. Il représente l’il-lusion d’un paysage existant en dehors du regard et des représentations sociales. Enfin, lepaysage politiqueest intrinsèquement lié au paysage naturalisé : il en est l’ins-trumentalisation politique. Dans le cadre des négociations paysagères ou des conflits d’aménagement du territoire, nous avons constaté une tendance récurrente à vouloir im-poser une représentation paysagère comme le paysage objectif, indiscuté et indiscutable : il s’agit du paysage politique. Le paysage comme objet politique permet de le consi-dérer comme l’enjeu d’unchamp social, c’est-à-dire en tant qu’objet d’une lutte entre divers acteurs. Un champ social est constitué de deux axes – ou plusieurs – qui per-mettent d’identifier lescapitauxque les différents acteurs
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peuvent investir dans cette lutte et qui définissent un espace de positions relatives. Pour le champ du paysage, nous avons choisi la capacité à influencer les usages sociaux du paysage et l’impact sur l’intervisibilité, c’est-à-dire la capacité à modifier concrètement la base physique du paysage. Les différents acteurs sociaux en présence se positionnent les uns par rapport aux autres en fonction de ces deux axes. Certains disposent de capitaux importants sur un axe, mais non sur l’autre. Les tenants du pouvoir dans le champ du paysage sont ceux qui cumulent des capitaux importants sur les deux axes simultanément. Dans le champ du paysage, ce ne sont pas seulement des acteurs qui s’affrontent, mais aussi leurs représentations paysagères : l’enjeu de la lutte est d’imposer une défini-tion du paysage, c’est-à-dire de naturaliser une représenta-tion paysagère. Les représentations paysagères dépendent de l’identité complexe des agents sociaux. Chaque individu articule différents registres identitaires et n’est réductible à aucun d’eux. Ainsi, chacun est susceptible de mobiliser diverses postures paysagères qui actualisent dans la réalité sociale les représentations paysagères. La posture adoptée varie en fonction de la situation et de la personnalité de l’agent social. Chacun présente une posture dominante, qui n’est pourtant pas exclusive, mais qui « déteint » sur les autres. Le concept de posture paysagère décrit le discours et la position observable prise par un individu face à un pay-sage en lien avec son identité (profession, origine sociale, histoire personnelle, etc.). Il s’agit d’une représentation paysagère en acte ou en discours que l’on observe ou que l’on recueille lors d’entretien. L’analyse de ces postures permet de construire des représentations paysagères. Nous avons défini huit valeurs paysagères qui composent les postures paysagères. Ces valeurs correspondent aux fonc-tions que les agents sociaux attribuent au paysage et aux enjeux qu’ils y placent. On peut donc décrire une posture en articulant différentes valeurs paysagères.
INTRODUCTION
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Nous proposons des outils pratiques pour une négocia-tion paysagère élaborés à partir des différents cas d’étude : crêtes jurassiennes et pâturages boisés, implantation de fermes éoliennes, constitution de zone-tampon pour les tourbières et projets de développement régional intégré au Pays d’Enhaut. En premier lieu, envisager le paysage comme un cons-truit social variable et non comme un donné objectif est une condition nécessaire pour éviter les phénomènes de « naturalisation » du paysage qui rendent le dialogue entre les parties prenantes difficile. En deuxième lieu, la volonté de négocier doit être pré-sente chez toutes les parties prenantes. Elle dépend des marges de manœuvre réelles dans la négociation. Les agents sociaux ne s’intéresseront pas à une « négociation » alibi dont l’issue semble réglée d’avance par les lois ou d’autres types de contraintes. En troisième lieu, il s’agit d’expliciter que – lors du pro-cessus de négociation – chacun présente une (ou plusieurs) posture paysagère et que ces postures ont une même valeur. Cela conduit à des prises de position plus souples et ouvre au dialogue. Il est ainsi possible de désamorcer la cristallisation des postures qu’engendre souvent le phéno-mène de délégation et de représentation. Enfin, le rôle et le statut des experts engagés dans le processus doivent être clarifiés. Qui détient l’autorité pour produire une expertise ? Par qui va-t-elle être reconnue ? Quelle est l’indépendance de l’expert ? Autant de ques-tions qui demandent des réponses transparentes si l’on veut établir un climat de confiance, nécessaire à la colla-boration.
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