209
pages
Français
Ebooks
2013
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2013
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Publié par
Date de parution
30 septembre 2013
EAN13
9782897260910
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
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Date de parution
30 septembre 2013
EAN13
9782897260910
Langue
Français
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Dédicace
À ma mère,femme courageuse qui, toute seule, a fait face aux moments difficiles de la guerre, élevant et sauvant tous ses enfants.
À toutes les femmes émigrantes qui, avec leur sacrifice silencieux, ont gardé et transmis le patrimoine culturel, le respect et l’amour de leur très cher pays lointain.
A ucun doute. Arrivée d’Italie en 1955, sœur Angèle est devenue une vraie Québécoise. On la sent chez elle chez nous. Je parierais qu’elle considère sa Vénétie natale et son Québec d’adoption comme deux grands amours.
Ce qui me frappe d’abord en elle, c’est son sourire lumineux, éclatant. C’est sa joie de vivre. Deux dons de la nature, sans doute, mais aussi de Dieu. Ce sourire de sœur Angèle, sa joie de vivre nous tournent du côté du bonheur. On a du mal à imaginer cette femme en train de pleurer. Et pourtant, elle sait certainement pleurer, elle qui, durant son enfance, a connu la guerre et la persécution nazie, elle qui a vécu sous les bombardements.
Elle a néanmoins poursuivi sa route. Elle a traversé l’épreuve. Son Dieu y a été pour beaucoup.
Ses prières à la Madonna del Covolo l’ont aidée. La présence de Dieu dans sa vie explique le choix qu’elle a fait, à 19 ans, de devenir religieuse chez les Sœurs de l’Institut Notre-Dame du Bon-Conseil de Montréal : une communauté « qui regroupe des femmes attirées par le goût de Dieu et de la justice ». Ginetta Pizzardo est alors devenue sœur Angèle.
Elle a acquis de grandes compétences en art culinaire. Durant plusieurs années, elle a travaillé à l’Institut du Tourisme et de l’Hôtellerie de Montréal. Les portes de la télévision lui ont été largement ouvertes. On a fait d’elle une star. En tant que représentante du gouvernement, elle a fait connaître la cuisine québécoise un peu partout dans le monde.
Durant ces années de grand travail et d’immense popularité, sœur Angèle n’a jamais caché son statut de religieuse. Elle ne s’en est pas vantée non plus. Être religieuse fait partie de sa vie. Ce n’est pas pour elle un vêtement qu’elle porterait ou enlèverait selon les circonstances. C’est une flamme inscrite en elle. C’est un trésor qu’elle porte au fond de son cœur et qui donne un sens à sa vie.
Sœur Angèle n’a jamais caché la foi qui l’anime mais elle sait aussi disserter longuement sur sa foi, témoigner de sa joie de vivre. Et il m’a toujours semblé que, pour elle, cuisiner c’était se mettre au service des autres. Ce qui est très évangélique. Se pourrait-il que sœur Angèle soit un prototype de la religieuse d’aujourd’hui ? Chose certaine, on ne voit pas très bien ce qu’on peut reprocher à la vie religieuse quand on constate ce que cette vie religieuse a fait d’elle.
Digne représentante d’Italie, digne représentante du Québec et digne représentante de la vie religieuse contemporaine. Sœur Angèle est tout cela. Je suis heureux d’avoir été invité à préfacer un ouvrage qui nous la fera encore mieux connaître.
Cardinal Jean-Claude Turcotte
Archevêque de Montréal
LE SOURIRE DE SŒUR ANGÈLE
Ma rencontre avec Sœur Angèle
Un jour, dans le temps des festivités entourant Noël, j’assistais à une présentation de vins mousseux. Une jeune fille, du moins je le croyais, chantait O sole mio tout en préparant de délicieuses tartines. Je lui ai demandé des renseignements sur le vin présenté et elle m’a répondu en souriant : « Madame, il est très bon, il vient d’Italie, c’est du Prosecco. ».
Dès qu’elle prononça le mot Prosecco, j’ai deviné, à son accent, qu’elle devait être de la Vénétie et je le lui ai demandé.
— Bah oui... je viens de la région de Venise, pourquoi ?
— Parce que moi aussi. Je viens de Venise.
Ce fut notre première rencontre et plusieurs autres s’ensuivirent.
Son sourire plein de soleil m’avait conquise. Je me sentais seule. Et l’avoir rencontrée juste durant le temps de Noël m’apparut comme un cadeau du ciel. Il me semblait avoir retrouvé une partie de moi-même, celle qui était restée dans ma Venise lointaine .
Nous nous sommes liées d’amitié. Nous avons passé bon nombre d’heures à nous raconter nos vies et elle, à me soutenir avec patience et bonne humeur et surtout avec sa profonde confiance dans la divine Providence, foi qui me manquait.
Les souvenirs du pays que nous avions toutes deux quitté par la volonté du destin, par un drôle de hasard, se rencontraient. Les siens étaient à peu près les miens.
Depuis longtemps, je voulais écrire l’histoire d’une femme émigrante car tous les écrits d’émigration ont comme personnage principal l’émigrant homme et moi, je voulais surtout faire connaître les difficultés et le vécu des femmes en émigration car à la femme on demande beaucoup plus de courage et de foi pour pouvoir en donner à son homme et à ses enfants. Et voilà qu’avec sœur Angèle, j’ai trouvé l’histoire d’une femme qui, bien que religieuse, pouvait représenter toutes les femmes émigrantes. En effet, si les détails de chaque histoire diffèrent, le leitmotiv était et est toujours le même : une longue marche vers un avenir meilleur à la recherche d’un pays accueillant avec dans le cœur la nostalgie d’un pays perdu peut-être à jamais
De plus, son histoire est l’histoire d’une femme de la Vénétie et à l’approche du 150 e anniversaire de l’Italie unie, le gouverneur de la Vénétie me demandait de rédiger un dossier sur l’émigration des habitants de la Vénétie à Montréal.
Ainsi est née cette biographie qui, comme l’a si bien souligné monsieur Daniel Stival, en présentant le livre le 7 octobre 2011 à Venise, se lit comme un roman qui n’est cependant pas le fruit de l’imagination. Il s’agit de l’histoire vraie d’une vraie femme qui n’abandonne jamais devant ses difficultés, même si parfois elle semble accepter en silence son destin sans se plaindre des injustices et mesquineries humaines.
Une histoire qui, avec le fil des souvenirs, brode la toile de la vie de sœur Angèle depuis sa naissance à aujourd’hui : les terribles moments de la guerre vécus durant son enfance, le difficile chemin de l’émigration et à la fin le triomphe de son intégration dans son pays d’adoption. Au bout de nombreux sacrifices, en proie au découragement, elle est arrivée à conquérir, avec ses seules forces et sa foi en Dieu, ce grand pays qu’est le Canada.
Concetta Voltolina
N.B. Tous les événements et les personnages sont réels, sauf pour certains noms qui, avec le temps ont été oubliés.
PREMIÈRE PARTIE
L’Italie Parfum de sous-bois et pluie de bombes
Chapitre 1
La mort du grand-père Agostino
A utrefois, les Gustin, c’est ainsi qu’on appelait la famille Rizzardo d’Agostino, étaient de riches propriétaires terriens qui vivaient aisément à Cavaso del Tomba, un joli petit village de la région de Trévise au pied des montagnes préalpines. Ils possédaient des terres et des maisons dans presque toute la vallée et leurs vignobles s’étendaient jusqu’aux flancs du Mont Tomba. Le vin qu’ils produisaient, le fameux Prosecco, était connu dans toute la région
Au village, après la tourmente tragique de la guerre de 1914-1918, on vivait paisiblement et sereinement grâce au dur labeur quotidien des champs.
Le vieil Agostino qui s’était battu contre l’ennemi sur les côtes rocheuses du Mont Grappa pour libérer l’Italie et protéger ses terres du danger d’une invasion autrichienne en prenait maintenant le plus grand soin. Il les cultivait, les chérissait comme des créatures nées de son propre sang et les faisait fructifier avec l’aide de plusieurs villageois qui travaillaient pour lui et de sa femme bien-aimée, sa plus précieuse collaboratrice. Comme il se plaisait souvent à le dire, il était le chef et son épouse, douce compagne de toute une vie, avait été comme le cou qui soutient la tête sur le corps humain : sans lui, la tête ne peut ni agir, ni fonctionner. Son bras droit était Angelo, le fils aîné et son bras gauche , sa fille, la benjamine de la famille. Un jour, tous ses biens reviendraient de droit à Angelo et sa belle petite famille.
En effet, à cause d’une maladie incurable dont souffrait la femme d’Agostino, sa belle-fille Enrichetta, surnommée Richetta, avait pris en main la maison et son mari Angelo dirigeait maintenant l’entreprise agricole familiale connue comme le domaine des Gustin.
Le vieil Agostino pouvait ainsi vivre tranquillement sachant que le fruit d’une vie entière de travail se perpétuerait avec son nom. Sa famille cultiverait avec amour non seulement ses terres, mais aussi son souvenir, celui d’un homme honnête, intègre, bien qu’un peu austère et bourru. Son fils Angelo était de plus en plus engagé dans la gestion du travail agricole, sa fille avai