81
pages
Français
Ebooks
2017
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Publié par
Date de parution
09 janvier 2017
Nombre de lectures
0
EAN13
9782764433409
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
4 Mo
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09 janvier 2017
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EAN13
9782764433409
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Français
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Du même auteur
Mille masques , roman, Éditions Triptyque, 2016.
Docteur Jazz , roman, Éditions Trois-Pistoles, 2015.
Joie de combat , roman, Éditions Triptyque, 2013.
Monsieur Électrique , roman, Éditions Triptyque, 2012.
Blanc bonsoir , roman, Éditions Triptyque, 2011.
Utopie taxi , roman, Éditions Triptyque, 2010.
Le souffle du dragon , nouvelles, Éditions Triptyque, 2009.
« La moustache hitlérienne » , nouvelle publiée dans le recueil collectif Histoires de… – Récits radiophoniques , organisé par Leméac et Radio-Canada, 2007.
Mon ami Louis , Lanctôt éditeur, 2006.
La conversation française , Lanctôt éditeur, 2001.
Projet dirigé par Myriam Caron Belzile, éditrice
Conception graphique et mise en pages : Nathalie Caron
Révision linguistique : Sophie Sainte-Marie
En couverture : Boris St-Maurice, photo de Martine Doyon
Conversion en ePub : Marylène Plante-Germain
Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Beausoleil, Jean-Marc
Monsieur Boris et le cannabis : le long road-trip vers la légalisation
(Dossiers et documents)
ISBN 978-2-7644-3338-6 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3339-3 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3340-9 (ePub)
1. St-Maurice, Marc-Boris. 2. Marijuana - Droit - Québec (Province). 3. Drogues - Légalisation - Québec (Province). 4. Activistes - Québec (Province) - Biographies. I. Titre. II. Collection : Dossiers et documents (Éditions Québec Amérique).
HV5822.M3B42 2017 362.29’5092 C2016-942030-2
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2017
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2017
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc., 2017.
quebec-amerique.com
Pour Louise de Buddy Lotion
Entre deux joints…
Avant-propos Sauvé par Boris
De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise, mais enivrez-vous.
CHARLES BAUDELAIRE, LE SPLEEN DE PARIS
Je m’appelle Jean-Marc Beausoleil. J’ai quarante-six ans. Forcé à la réflexion par la rédaction de ce livre, je suis en sevrage de marijuana. Bien dommage pour moi, mais j’en ai trop fumé du trop bon, trop longtemps, trop souvent. Si le pot était de l’alcool, je serais un alcoolique. Et si ce livre était une fable, la morale serait « La modération a bien meilleur goût ».
J’avais quinze ans la première fois que j’ai fumé un joint. J’étais pensionnaire au collège Jean-de-Brébeuf, en secondaire trois. Ma mère s’était remariée l’année précédente avec un homme qu’elle fréquentait depuis quelques années. J’avais deux ans quand mon père est mort. Parfois houleuse, la relation de mes parents ne me plaisait pas. J’avais découvert l’ivresse du rap – la parole rythmée, rimée, ludique, engagée – et du vin, l’année précédente.
Mon cousin, Éric St-Laurent, s’apprêtait à devenir un musicien professionnel, jouant avec toutes sortes de groupes, surtout du rockabilly, du reggae et du jazz. Je le suivais partout, dès que je le pouvais. J’assistais à ses concerts, mais aussi à ses répétitions. Je rencontrais d’autres musiciens qui me semblaient tous des êtres hors du commun, extravagants, magiques. Sous leur influence, j’ai modifié ma dégaine, ma tenue vestimentaire, la coupe et la couleur de mes cheveux.
J’expérimentais différentes crèmes antiacné avec des résultats parfois inquiétants. Je lisais Sartre, Camus, Baudelaire. J’écoutais Bowie, The Stray Cats, The Police. J’étais dans la classe de Denis Jean. Nous avions monté la pièce L’Auberge des morts subites , dans laquelle j’ai joué la comédienne avec beaucoup de succès.
Il s’agissait d’une période particulièrement riche et féconde de ma vie. J’avais été élu secrétaire du conseil étudiant qui, à l’exception de son président (un studieux, sportif, sage et ambitieux), se composait des éléments les plus marginaux – turbulents – de la classe. C’est avec eux que j’étais, ce fameux après-midi de secondaire trois, quand j’ai fumé mon premier joint.
Nous étions à quelques jours de la fin de l’année scolaire. Si je m’en souviens bien, nous avions eu une composition le matin et rien l’après-midi. Cela arrivait parfois pendant les périodes d’examens de fin d’année. Nous étions portés par l’énergie du succès de notre pièce de théâtre.
Nous l’avons fumé, ce fameux premier joint, sous un arbre, dans la cour des immeubles d’habitation de l’autre côté de l’avenue Decelles, en face du pavillon Lalemant. Nous sommes ensuite allés au dépanneur acheter des friandises à grignoter pour combler la fringale bien connue des fumeurs. Un soleil éclatant brillait dans un ciel d’un bleu impeccable. Nous avons beaucoup ri. Et, pour la première fois, je me suis senti comme si je faisais, moi aussi, partie de la gang. J’étais cool. Aussi cool qu’un musicien.
Trente ans plus tard, forcé de faire mes adieux au cannabis pour des raisons de santé, je sens mon cœur se gonfler à l’idée de devoir me trouver une nouvelle gang. Je ne pourrai plus jamais compter parmi ceux qui fument du pot. La musique de Bob Marley ne sera plus jamais la même… Je me console en écrivant la vie de Boris qui, contrairement à moi, ne s’est jamais caché pour fumer, et a toujours osé confronter l’adversité et l’autorité.
Militer, c’est pas de la tarte !
Everybody must get stoned…
BOB DYLAN
Une manifestation en faveur de la légalisation de la marijuana devait avoir lieu sur la colline parlementaire, à Ottawa. Le commentateur politique Charlie McKenzie a attiré l’attention de Boris sur la statue d’Emily Murphy récemment érigée à cet endroit. Si elle a été l’une des premières militantes pour les droits des femmes, Murphy a aussi écrit et publié des récits racistes au sujet de l’usage du pot. Selon elle, les femmes qui fumaient du cannabis ne pourraient résister à la tentation d’aller forniquer avec des hommes d’autres communautés ethniques, ce qui constituerait un véritable scandale ! Cet aspect de sa carrière ne pouvait être oublié. L’entartage était en vogue : une kyrielle de personnalités publiques avait subi l’ire des clowns de la crème, le premier ministre Jean Chrétien y avait goûté sans l’apprécier, trois mois plus tôt.
Invité à prendre la parole lors de la manifestation, Boris a apporté son assiette de papier et sa bouteille de crème fouettée sous pression. À l’endos de l’assiette, où il était de bon ton de laisser un message, il a simplement écrit : Légalisez la marijuana . Plus de deux cents personnes participaient à l’événement. À la fin de son discours, Boris a lancé :
Et maintenant, on va aller entarter la statue d’Emily !
Terroriste des lipides, il a sorti son assiette pour l’enduire de crème, tout en cheminant vers la statue. La foule le suivait. Il pleuvait sur la colline Parlementaire, mais il faisait soleil dans le cœur des militants qui allaient accomplir un geste symbolique et exprimer leur opinion librement, dans une saine démocratie.
Devant la statue se trouvaient non pas des suffragettes mal informées, mais deux agents de la Gendarmerie royale du Canada. Mise en abyme du combat de son existence : Boris s’est retrouvé coincé entre les militants qui lui avaient emboîté le pas pour l’encourager et les sbires de l’ordre qui lui bloquaient le chemin. Comme un joueur de rugby qui approche de la ligne de touche, il a tenté une feinte. Un rapide déplacement latéral de la part d’un des policiers a mis fin à cet espoir.
Ici, le lecteur doit faire un effort et s’imaginer la danse de Boris. Légèrement bedonnant, large d’épaules, costaud, le haut du corps courbé vers l’avant comme un boxeur ou un athlète qui va sauter dans l’action, l’assiette de papier pleine de crème en équilibre au bout de ses cinq doigts tendus, le regard pétil