Mongo Beti Un écrivain engagé , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2013

Nombre de lectures

0

EAN13

9782811110154

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Mohamed Aït-Aarab
Mongo Beti Un écrivain engagé
KARTHALA
MONGO BETI
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Couverture : Portrait de Mongo Beti.
!Éditions KARTHALA, 2013 ISBN : 978-2-8111-1015-4
Mohamed Aït-Aarab
Mongo Beti
Un écrivain engagé
Préface d’Ambroise Kom
Éditions KARTHALA 22-24, bd Arago 75013 Paris
Cet ouvrage est publié avec le concours du BTCR (Bureau transversal des colloques et de la recherche), Université de La Réunion.
à MBarka et Larbi
à Saïda, Yannis et Adam
Préface
Vu le jeune âge auquel il arrive en France et eu égard à la quarantaine dannées quil y passe, on aurait pu présumer que Mongo Beti figurerait en bonne place parmi les écrivains dits de limmigration. Mais les tourments de la vie en métropole, que ce soit comme étudiant étranger ou comme professionnel de lenseignement, ne font cependant pas partie des problématiques soulevées par son écriture. Malgré une formation en lettres classiques et une culture occidentale achevée et totalement assumée, cest presque toujours le destin de lAfrique qui est resté au coeur de sa création littéraire et de ses prises de position intellectuelles, dun bout à lautre de sa carrière. Son engagement pour les causes du continent na dégal que son indignation face à une coopération franco-africaine marquée du sceau de la duperie ainsi quà la servilité ou même à la trahison dune intelligentsia africaine dont certains produisent une littérature quil trouve pittoresque et, à la limite, gratuite. Cest dire quen dépit du confort de son installation en France, ce féru dhistoire semble avoir profondément intériorisé la condition colonial e et post-coloniale. Disciple de Balzac, Zola et autres Voltaire, celui dont on peut aujourdhui dire que luvre est la pierre angulaire de la littérature camerounaise na dimagination que pour Ruben Um Nyobe, le père de la lutte de libération du Cameroun, les malheurs que nous vaut la Françafrique et les conséquences sur le petit peuple de la gestion calamiteuse des indépendances. Créateur et militant, Mongo Bet i est un personnage difficile à saisir. Luvre de cet écrivain à la production multiforme est à la fois complexe et singulière. Devant les défis évidents quelle pose, la démarche de Mohamed Aït-Aarab est sans précédent. À la fois synchronique et diachronique,Mongo Beti, un écrivain engagénous donne en effet à lire un essai exhaustif dappréhension de luvre de Mongo Beti en tenant compte de sa complexité. Complexité dans laffirmation de sa présence au monde, surtout. Aït-Aarab a raison de suggérer que la création artistique de Mongo Beti sapparente à une chronique de lhistoire immédiate dans la mesure où lécrivain camerounais a une conscience particulièrement aiguë de la fracture du monde en camps ethnocentriques, un peu comparable à ce que
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MONGOBETI UN ÉCRIVAIN ENGAGÉ
Tzvetan Todorov identifie à sa manière comme « nous et les autres » , en précisant toutefois que lethnocentrique « croit que ses valeurs sontles valeurs, et cela lui suffit ; il ne cherche jamais véritablement à le prouver » (Nous et les autres22). Du fait de, Paris, Seuil, 1989, p. loccupation coloniale, des enseignements que reçoit le colonisé à lécole nouvelle, de la représentation que le colonisateur se donne et de celle quil impose à lautre à travers les structures éducatives et autres insti-tutions de son appareil de commandement, lAfricai n finit par se repré-senter comme marginal et comme un éternel subalterne :
Le drame dont souffre notre peuple, écrit Mongo Beti dansMission terminée, cest celui dun homme laissé à lui-même dans un monde qui ne lui appartient pas, un monde quil na pas fait, un monde où il ne comprend rien. Cest le drame dun homme sans direction intellectuelle, dun homme marchant à laveuglette, la nuit, dans un quelconque New York hostile (Paris, Poche, 1985 [1957], p. 219-220).
Et voilà sans doute pourquoi lAfricain éprouve autant de mal à participer, lui aussi, à lhistoire qui se fait. Assez paradoxalement, Mongo Beti pourrait presque paraphraser Hegel et affirmer que non seulement lAfrique et lAfricain nexistent pas, mais quils ne font pas grand-chose pour revendiquer une existence dans lhistoire. Comme le démontre Aït-Aarab, lengagement de Mongo Beti consiste justement à faire lhistoire ou à imaginer les voies dinser-tion de lAfricain dans la marche du monde. Contrairement à Hegel qui procède par affirmation («Africa [{] is no historical part of the world ; it has no movement of development to exhibit») ou à Nicolas Sarkozy pour qui « le drame de lAfrique, cest que lhomme africain nest pas assez entré dans lhistoire » (Discours à lUniversité de Dakar, le 26 juillet 2007), Mongo Beti prend lAfricain à contrepied, tire la sonnette dalarme et montre limportance des enjeux de lheure. Et cest préci-sément cette conscience de la gravité des interpellations de lhistoire qui lamène à se dépenser sans compter pour porter et disséminer la voix du continent et surtout sa détermination à devenir sujet de lhistoire. Aussi sera-t-il nouvelliste, romancier, essayiste, chroniqueur, éditeur, libraire, agriculteur, militant politique, etc. Aït-Aarab montre comment Mongo Beti déconstruit les collusions entre les chefs traditionnels et les colonisateurs, les missionnaire s et les colonisateurs, les régimes africains et le pouvoir métropolitain et que sais-je encore ! Il écrit des textes et construit des récits qui sapparentent à de véritables jalons pour une lutte révolutionnaire. Ce faisant, il stigmatise, souvent dans un style énergique, les silences des élites, de part et dautre de la Méditerranée. Il invoque et invite se s congénères à sapproprier les
PRÉFACE
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problématiques littéraires et culturelles des Noirs américains (Richard Wright, Chester Himes, production du jazz, etc.) ainsi que la lutte héroïque dun Martin Luther King en faveur des droits civiques. Il sagit aussi dindiquer quà l instar des anciens esclaves installés outre-Atlantique, nous sommes en définitive seul s responsables de la réinvention dun destin à notre mesure. Cette revendication dune place dans lhistoire et dune présence au monde nest dailleurs pas étrangère au fait que Mongo Beti semble privilégier les romans dinitiation où, comme le rappelle avec pertinence Aït-Aarab, le sujet se découvre, se métamorphose et passe de lignorance à la connaissance de soi, de la passivité à laction, autant au niveau personnel que dans le militantisme social et politique. Certes, louvrage de Mohamed Aït-Aarab ne sinscrit point dans la tradition de « lhomme et luvre » et ne cherche pas à respecter léqui-libre entre lengagement que révèle lécriture et celui de lhomme dans son quotidien. Il nempêche que luvre de Mongo Beti, faite de romans et dessais, est indissociable de son action militante. Dans lanalyse de ce quil appelle « romans dun retour au pays natal » et surtout dans le décryptage du discours agonique, Aït-Aarab revient de manière plus explicite encore sur le rôle social de Mongo Beti, avec la mise en pers-pective de ses interventions dans les journaux camerounais, lanalyse de ses querelles avec des compatriotes et le fossé tant idéologique que théorique et pratique qui le séparait des pseudo- intellectuels qui encom-brent le paysage socioculturel africain. Voilà sans doute pourquoi on a pu dire que Mongo Beti était le plus fou des Camerounais de sa génération, une manière de reconnaître quil était un prophète, cest-à-dire un homme dont la liberté de pensée, de parole et daction naura cessé de nous étonner et surtout de nous interpeller. Mais il nous faut toujours garder à l esprit que cette liberté avait pour corollaire sa résilience, sa capacité à faire face à ladversité et à résister aux coups durs. En définitive , Mongo Beti sest toujours montré apte à renaître des traumatismes qui le guettaient, à sortir de ses blessures pour poursuivre inlassablement le projet de vie quil sétait donné. Pouvoir rebondir à la suite dune chute lui aura sans doute permis de partir du petit séminaire dAkon o doù il fut exclu en 1946 pour poursuivre ses études à ce qui deviendra le lycé e Leclerc de Yaoundé. La même résilience léquipera plus tard pour surmonter la censure deMain basse sur le Cameroun(1972) et du procès qui sensuit, de survivre au sabotage dePeuples noirs  Peuples africainset de supporter les orages et les vents contraires qui le bousculent pendant les dix dernières années de sa vie au Cameroun.
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