148
pages
Français
Ebooks
2016
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2016
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Publié par
Date de parution
14 mars 2016
EAN13
9782897262501
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
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Date de parution
14 mars 2016
EAN13
9782897262501
Langue
Français
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Dédicaces
À mes quelques amis et à ces êtres dont le souvenir est impérissable.
À Rosette Pipar qui m’a guidée dans cette écriture.
À Marcel Broquet, mon éditeur qui m’a témoigné toute sa confiance.
À mes enfants Cécilia, Carlos, Francisco et Chiraz.
À mes petits-enfants Malya, Antoine, Taïna, Aurélie, Aziz, Sara, Santiago afin qu’ils se souviennent de leur grand-père et de leur grand-mère.
À la mémoire de Jean-Guy Faucher, l’homme d’une vie.
Préface
Le passage de l’oral à l’écrit, le passage du piano et des claquettes aux études postdoctorales, le passage de la scène culturelle à la scène politique, du show-business à la colline parlementaire, tel est le parcours exceptionnel – et totalement atypique, sans l’ombre d’un doute – de Marguerite Blais. Je connais Marguerite depuis plus de trente ans et je l’admire.
Marguerite Blais aime jongler avec les paradoxes et prendre à bras le corps des dossiers complexes ou des causes dont personne ne se soucie. Elle étudie la culture de la communauté des Sourds dans un département de communication. Elle devient députée d’un comté où l’extrême pauvreté côtoie l’extrême richesse. Puis, à titre de ministre responsable des Aînés, elle se bat pour imposer le respect des personnes âgées, cette partie de la population laissée pour compte, dans l’ombre et le silence, bien qu’elle ne cesse de croître au plan statistique.
Marguerite Blais dit de son parcours qu’il est éclectique. De mon point de vue, je dirais plutôt qu’elle est profondément ancrée dans la multidisciplinarité, tant au plan du format que du contenu. Au cours de sa vie médiatique, elle passera d’un studio de radio au plateau de télévision, du métier de chroniqueuse à la circulation, à celui d’animatrice artistique. C’est durant cette période qu’une émission, en particulier, concrétisera auprès du public son engagement envers la communauté des aînés. À la fin des années 70, l’émission À votre service , permet de faire entendre la voix des personnes âgées.
À la fin des années 80 - début des années 90, Marguerite Blais coanime, avec Louise-Andrée Saulnier, sexologue, l’émission Des mots pour le dire . Si les préjugés et la discrimination sont des maux sociaux qui perdurent aujourd’hui, ils étaient très puissants et particulièrement nuisibles vingt-cinq ans plus tôt. Les animateurs devaient faire preuve de bien du courage et s’afficher avec détermination pour aborder des sujets sous omerta, tels que les abus sexuels ou d’autres interdits sur la sexualité sortant d’une « normalité ». On pourra se questionner encore longtemps sur ce sujet en matière de sexualité ou sur d’autres enjeux individuels et sociaux. Cette émission a permis de briser des tabous, de bousculer des esprits bien-pensants, de faire évoluer le discours. À cet égard, je tiens à souligner la lutte qu’a menée Marguerite contre la discrimination à l’endroit des homosexuels, à une époque où cette dénonciation n’était pas tout à fait de bon goût, ni très à la mode.
Il aura fallu plusieurs années à Marguerite Blais pour entrer en politique. Bien des offres lui ont été faites à partir de 1985, offres qu’elle a déclinées les unes après les autres. Les demandes se succèdent jusqu’à sa nomination en 2003 au Conseil de la famille et de l’enfance. C’est sur ce terrain – la cruelle arène politique – que Marguerite Blais va poursuivre son travail de modelage social afin de faire accepter, puis d’implanter de nouveaux paradigmes visant l’équité, notamment entre les femmes et les hommes.
En 2007, lorsqu’elle accède au ministère des Aînés, cela fait vingt ans qu’elle insiste sur la nécessité d’être de cette instance gouvernementale. C’est dire que la pression est forte et elle va parvenir à relever le défi. Pendant son mandat, elle implante le concept créé par l’organisation mondiale de la santé « Villes amies des aînés » mais surtout, elle mène une consultation publique sur les conditions de vie des aînés ; exercice durant lequel, pour une première fois, des centaines de personnes vont pouvoir exprimer leur vulnérabilité, leur isolement, leur détresse, et démontrer leur impressionnante résilience.
C’est sans aucun doute sur le terrain de la vulnérabilité sociale que Marguerite Blais et moi-même – ainsi que l’équipe qui m’entoure à la clinique – nous rejoignons complètement. Garder à l’esprit, en toutes circonstances, que la vulnérabilité sociale, quelle que soit sa déclinaison, est un fardeau contre lequel il est de la responsabilité de chacun de lutter. « Un gouvernement a le devoir de trouver un point d’ancrage qui se situe entre l’équilibre budgétaire et les besoins des personnes qu’il protège. De réduire les inégalités sociales ».
Grâce à la politique et pour la paraphraser, Marguerite Blais aura fait avancer des enjeux de société. En 2015, elle quitte le milieu et les dossiers qui lui tiennent à cœur. Mais sa trajectoire ne saurait s’arrêter là pour autant. Le lien transversal qui réunit les étapes de sa vie professionnelle est sans doute sa grandeur d’âme et son grand cœur. Certes, ces mots peuvent sembler banals car trop utilisés, galvaudés, dans des contextes qui ne les méritent pas. Dans le cas de Marguerite Blais, ces mots sont authentiques.
Marguerite sait reconnaître les moments véritables et très rares où il est essentiel de capter l’existence parce qu’on la sait fragile. Le caractère unique de ces moments qui ne reviendront plus. Elle sait saisir le moment présent, juste en soi, pour ce qu’il est. Le temps présent, ancré entre un passé qu’il nous rappelle et un avenir auquel il appartiendra, avec le goût doux ou amer, c’est selon, des souvenirs.
Marguerite Blais porte un regard très lucide et empathique sur le système de santé, ses intervenants, ses bénévoles qui se dévouent corps et âme pour soulager et apaiser la douleur de ceux qui vont partir en laissant ceux qui restent dans une solitude silencieuse. L’incapacité des médecins à guérir leurs patients. L’inconditionnel engagement des proches impuissants à soulager et à faire en sorte que le destin change de cap.
Ce sentiment m’est très familier et me rappelle l’époque où mes patients mouraient du sida avant l’arrivée des thérapies contre le VIH. Je suis reconnaissant à Marguerite de souligner l’engagement sans borne de ces médecins, ces intervenants, ces proches aidants ou proches de cœur comme elle l’exprime. Être proche de cœur, c’est être l’homme ou la femme orchestre, celui ou celle qui fait tout à la fois, parle avec les yeux et les mains, sait entendre sans mots, offre le réconfort sans limite. Être vivant dans le présent et faire abstraction de soi. Se mettre entre parenthèses.
Ces qualités-là, Marguerite, les a toujours portées en elle, depuis son indéfectible soutien à la population de son quartier d’origine, le dossier des aînés qu’elle a mené de main de maître, les soins palliatifs où elle a accompagné son époux. J’ai bien connu Jean-Guy Faucher, un être tout en délicatesse et en subtilité que j’ai beaucoup apprécié. L’accompagnement des personnes en fin de vie se fait dans une immense solitude. Cette solitude qui consiste à exister dans le monde des vivants.
J’aimerais souligner une des phrases qui m’a ému dans ce livre : « … j’ai semé plus de cailloux sur mon parcours que sur le restant de ma trajectoire à venir ». Il est certain que plus le temps passe, moins il en reste. C’est le principe du sablier. Mais il faut se souvenir que plus le temps passe, moins il est nécessaire de semer des cailloux car les précédents ont laissé leur trace. Et ces traces sont bien palpables dans la façon dont les nouvelles générations reprennent le flambeau de dossiers que Marguerite a menés. C’est précisément ça, le travail des cailloux.
Et je suis convaincu que de ce passage mouvementé et bouleversant que vous venez de vivre, sur la fine ligne entre les vivants et ceux qui nous quittent, vous en sortirez grandie, Madame Blais, et que vous saurez, dans les années à venir, nous enseigner bien d’autres leçons d’humanité.
Docteur Réjean Thomas
Dr Réjean Thomas
Avant-propos