Le GRAND DEFI , livre ebook

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2016

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La crise économique a entraîné plus que son lot de misères au Québec. Les Dansereau de St.John-Iberville, comme on appelait Saint-Jean-sur-Richelieu en ce temps-là, n’en seront pas épargnés.
Dans ce contexte, quelle vie peut espérer la jeune Martine, fille aînée d’un père ivrogne, fourbe et voleur, et d’une mère américaine exilée ne maîtrisant pas le français et soumise aux volontés d’un mari exigeant et paresseux?
Ce récit raconte l’histoire d’une adolescente de 15 ans confrontée à l’obligation d’assumer la lourde charge familiale à la mort prématurée de sa mère tant aimée. Surnommée Marie-Titine par son père, à la merci d’une grand-mère autoritaire et méprisante, elle devra lutter quotidiennement pour défendre et protéger son jeune frère et sa sœur, négligés par un père passant plus de temps dans les hôtels et les tavernes qu’auprès de ses enfants.
L’auteure, qui a vécu à cette époque, a été témoin de ce véritable drame familial qu’elle raconte avec sensibilité et passion.
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Date de parution

28 mars 2016

Nombre de lectures

8

EAN13

9782924016473

Langue

Français

Lillian Lanoue










MARIE-TITINE











Les éditions ÉdiLigne Inc.
www.EdiLigne.ca
Candiac, Québec, Canada
Tél. 514.990.6534 / 1.800.990.6534
info@ediligne.ca

Catalogage avant publication de Bibliothèque et
Archives nationales du Québec et
Bibliothèque et Archives Canada

Lanoue-LaRocque, Lillian, 1927-

Le grand défi

Comprend des références bibliographiques.

ISBN : 978-2-924016-44-2
ISBN ePub : 978-2-924016-47-3

1. Lanoue-LaRocque, Lillian, 1927- - Romans, nouvelles, etc. I. Titre.

PS8623.A698G72 2015 C843’.6 C2015-942401-1
PS9623.A698G72 2015

ISBN ePub : 978-2-924016-47-3

Certificat d’inscription des droits d’auteur de l’OIPC no 1125735
Émission : 9 novembre 2015

Dépôt légal - Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2015
Dépôt légal - Bibliothèque et Archives Canada, 2015


Conception graphique : Annie-Claude Larocque
Image de couverture : Shutterstock
Mise en pages : Annie-Claude Larocque

Tous droits d’adaptation et de traduction réservés. Tous les noms et certains renseignements ont été changés afin de protéger l’identité des personnes. Toute reproduction en tout ou en partie, par quelque moyen que ce soit, graphique, électronique, manuel ou mécanique, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’auteure et de l’éditeur.
Imprimé au Québec, Canada par : ImpriMedia





À mon hier qui a fait
qui je suis aujourd’hui.




NOTE AU LECTEUR

Bien que la plupart des personnages et des situations décrits dans ce livre soient réels, plusieurs autres, cependant, relèvent de ma pure imagination.
Avant tout, mon roman parle de la détresse du Québec des années 30, profondément marqué par les tabous sociaux et les interdits religieux dont la famille Dansereau n’est que le reflet.
Le langage employé peut paraître parfois grossier ou offensant, mais il faut se rapporter au contexte québécois de l’époque. Le blasphème et l’ivrognerie étaient monnaie courante chez les hommes. De plus, la domination mâle et la soumission des femmes faisaient partie des moeurs et des coutumes du temps.
Abordez ce livre avec un esprit ouvert et suivez Marie-Titine à travers le cheminement de sa vie tourmentée. Elle saura vous prouver qu’avec courage et détermination, en dépit des écueils, chacun peut s’épanouir et grandir malgré la profondeur de ses racines de vie cultivées en terre infâme.

L’AUTEURE




Chapitre 1

Son nom était Martine, mais tout le monde l’appelait Marie-Titine, sobriquet dont l’avait affublée son père à cause d’un petit grain de beauté (naevus) logé au-dessus de sa lèvre supérieure.
Ce matin-là, en silence, elle repassait dans sa tête le scénario de sa vie. Elle cherchait plus loin que dans le fond de sa mémoire ou le creux de sa pensée, ce sont les profondeurs de son âme qu’elle scrutait pour comprendre cette sensation de malaise et de tristesse qui avait assailli et accablé inlassablement son cœur et qui avait pesé sur sa jeunesse comme une lourde roche posée sur une mince couche de glace, menaçant de la faire éclater à tout moment.
Adolescente, chez Marie-Titine, tout était mesuré, pensé et retenu en dedans comme un interdit. Il aurait été mal vu qu’elle se permette de crier son indignation, de se plaindre devant cette évidence ou de réclamer plus que ce que lui permettait sa condition de fille. Rien dans l’éducation qu’elle avait reçue ne lui aurait permis un tel écart à tous ces principes qui avaient depuis toujours empoisonné sa vie et qui continuaient à la hanter malgré ses 82 ans. Chaque jour, l’évident était devenu plus évident : elle était née fille et resterait femme dans un monde d’hommes.
Ses souvenirs d’une enfance difficile refaisaient surface et faisaient revivre en elle une douleur profondément incrustée dans son être comme une plaie inguérissable. Elle n’avait pas choisi, elle avait été choisie par la vie. Elle avait été soudée comme un maillon à la grande chaîne humaine des femmes. Être née fille était bien la cause incontestable de cette sensation permanente de frustration et de malaise qui s’était insidieusement installée en elle depuis sa tendre enfance. Elle se rappelait très bien ce jour où elle avait pleinement pris conscience de cet état de fait.
****
Un dimanche après-midi de juillet, le soleil couleur de miel étendait sa lumière dans le ciel pendant qu’une brise légère caressait le toit des maisons. Édouard, le cousin de son père, venait tout juste d’acheter un camion de seconde main d’un fermier du village voisin. Il l’avait fait repeindre en « rouge tomate », comme il se plaisait à dire.
Marie-Titine et sa famille venaient à peine de rentrer de la messe de 11 h quand Édouard se pointa pour inviter le père de la petite à aller faire une partie de pêche au lac Bleu, question de lui faire essayer sa nouvelle « ROLLS », comme il appelait son camion. Il en était si fier, on aurait dit que sa bagnole était construite en or dix carats!
Paul, le frère cadet de Marie-Titine, tournait autour de son père comme une toupie mécanique montée au bout de son ressort, le suppliant de l’emmener avec lui à la pêche.
— J’ai pas peur d’accrocher les vers à l’hameçon, moi, j’suis pas une fille! avait-il déclaré en jetant un air de mépris vers sa soeur.
La petite, moins exubérante, s’était jusque-là contentée de penser intérieurement faire le trajet jusqu’au lac Bleu dans le beau camion rouge tomate de son oncle, comme si c’était chose acquise. N’était-elle pas la plus vieille et n’était-ce pas elle qui avait ramassé les vers dans le parterre humide l’autre jour quand son père était allé à la pêche au lac Sauvage avec ses amis?
Forte de cette illusion, elle osa demander d’une voix suppliante et mielleuse, croyant ainsi toucher les cordes sensibles de son père :
— Daddy, est-ce que je peux y aller moi aussi?
— Toi à la pêche? avait répliqué Ernest en ricanant. La pêche, c’pas une affaire de filles. Taquiner l’poisson, c’est pour les garçons!
Les yeux déjà fixés sur les agrès de pêche suspendus au long crochet de bois sur le mur de la cuisine d’été, Paul jubilait. La réponse de son père à l’endroit de sa soeur avait instantanément accroché un sourire triomphant sur le visage du petit qui était persuadé que l’affaire était dans le sac pour lui.
— Mais daddy, j’sais préparer la ligne pis y mettre l’appât moi aussi, j’l’ai fait l’autre jour quand Paul et moi on a joué à pêche dans la rigole en arrière d’la côte à Boivin. Laisse-moi y aller, s’il te plaît! avait de nouveau demandé la fillette.
— Dis pas d’sottises pis va plutôt aider ta mère à débarrasser la table du déjeuner si on veut avoir d’la place pour dîner. Ça, c’est plus une occupation de filles! avait répliqué son père.
Comme si c’était seulement les filles de la maison qui avaient mangé les crêpes au sirop d’érable ce matin-là au déjeuner! Elle se dirigea vers la cuisine en bougonnant, les dents serrées : « Une occupation de filles... une occupation de filles...! »
Elle n’était pas allée à la pêche ce jour-là. Révoltée par le grand mépris que montrait son père envers tout ce qui s’appelait FEMME, elle venait de prendre une décision qui allait l’habiter pour le reste de sa vie. Puisque la meilleure part semblait toujours revenir à cette autre moitié de l’humanité, celle dont elle ne faisait pas partie, elle était déterminée à mettre tout en oeuvre pour un jour atteindre le podium de ce jeu d’inégalités.
****
Cette réflexion, elle la refaisait aujourd’hui à l’âge de 82 ans, alitée au département des soins palliatifs de l’Hôpital Sainte-Croix. Perdue dans ses souvenirs, elle tentait tant bien que mal de reconstituer le casse-tête de sa vie, les yeux rivés sur l’écran noir de son téléviseur éteint. Elle l

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