Joseph-Mukassa Somé Mon combat pour la terre , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2013

Nombre de lectures

0

EAN13

9782811110048

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Yves Bourron (éd.)
Joseph-Mukassa Somé Mon combat pour la terre
mps Temps Te
gnes des Si gnes des Si Postface d’Étienne Le Roy KARTHALA
JOSEPH-MUKASSA SOMÉ
MON COMBAT POUR LA TERRE
KARTHALAsur internet : www.karthala.com (paiement sécurisé)
Couverture : Joseph-Mukassa Somé chez lui, au Burkina Faso.
©Éditions Karthala, 2013 ISBN : 978-2-8111-1004-8
Yves Bourron (éd.)
Joseph-Mukassa Somé
Mon combat pour la terre
Postface d’Étienne Le Roy
Éditions Karthala 22-24, bd Arago 75013 Paris
OUVRAGES DEYVESBOURRON
Une saga en trois volumes : Soleil de mai
Adieu Ramasse, préface de François Forray, président des Amis du Mont-Cenis. La vie Nouvelle (1988) (2 éditions). Réédité dans la collection Savoie poche par La Fontaine de Siloé (octobre 2006 et mai 2012). Tchao pampa, préface de François Forray, La Fontaine de Siloé, juillet 2008. Rouge Montagnes, préface de Jean-Pierre Jorcin, maire de Lanslebourg, Publisud, juin 2011.
Deux biographies
Jamal, un migrant acteur de développement, la revanche du territoire, préface de Jacques Ould Aoudia, président de Migrations & Dévelop-pement. Publisud, mars 2011. Le livre est traduit en arabe. Tu t’appelleras Felipe, un prêtre au cœur des communautés de base du Chili (Biographie). Préface de Mgr Jean-Charles Thomas, évêque émérite de Versailles, L’Harmattan, février 2008.
Six ouvrages pédagogiques
L’image de soi par la vidéo. Pratiques de l’autoscopie. Yves Bourron, Jean-Pierre Chaduc, Marc Chauvin. Top Éditions, 1998. Pédagogie de l’audiovisuel et du multimédia. Yves Bourron, Jean-Pierre Chapuis, Éditions d’Organisation, 1995. Se voir en vidéo, Pédagogie de l’autoscopie. Yves Bourron, Jean Denne-ville, Éditions d’Organisation, 1991.
Trois autres ouvrages publiés aux Éditions d’Organisation sont épuisés : Audiovisuel, mode d’emploi, 1988. Audiovisuel, pédagogie et communication, 1980. 72 ïches de pédagogie audiovisuelle, 1978.
« Précarisés sur le terrain juridique (puisqu’on prétend qu’ils n’ont pas de droits valables sur les terres qu’ils occupent), stigma-tisés sur le plan agronomique (puisqu’on décrit leurs pratiques comme prédatrices et arriérées), déstabilisés par le modèle écono-mique qui se met en place sous leurs yeux, les paysans des pays pauvres n’ont que peu de moyens pour se défendre. » Gérard Chouquer, directeur de recherche au CNRS.
« Imaginez des camions vides... pendant une période de disette alimentaire causée par la guerre ou la sècheresse et rapportant pleins de grains pour nourrir des gens outre-mer... pouvez-vous imaginer les conséquences politiques ? C’est pourquoi, il faut mettre en place des structures juridiques correctes pour protéger les droits au sol et pourquoi nous devons trouver une forme quelconque de droit inter-national de conduite. » David Hillam, directeur adjoint de la FAO.
« Si nous pouvions montrer aux populations rurales qu’elles sont assises sur un patrimoine susceptible de changer leur situation économique, elles porteraient peut-être un intérêt bien plus vif à des débats susceptibles de faire avancer leur cause, ainsi que celle du pays en général et de la communauté internationale.»
Namanga Ngongi, directeur de l’alliance pour une révolution verte en Afrique (Agra).
Avant-propos
YvesBOURRON
J’ai rencontré Mukassa à Buc dans les Yvelines, chez des amis qui avaient pressenti que quelque chose pourrait se passer entre cet abbé, anthropologue, et moi. Simple soirée ! L’écoute à peine esquissée d’un itinéraire de pasteur, confronté à la politique nationale de son pays, le Burkina Faso, et à la défense de la terre des ancêtres contre tout type de prédateurs. Rien d’autre ce soir-là, sinon la découverte d’un ami commun, Raymond Deniel, sociologue africaniste qui avait beaucoup écrit sur la Haute-Volta. J’avais connu ce jésuite à la ïn des années 1960 et même travaillé pour lui, étant un de ses assistants, l’aidant à dépouiller des textes pour son travail du moment : « L’Islam en Haute-Volta à l’époque colo-niale». À l’époque, je ne connaissais de l’Afrique noire que le Cameroun et je m’étais dit qu’un jour peut-être... Pendant un an, nous avons échangé quelques courriers et puis, lorsque j’ai eu achevé mon livre surJamal, la revanche du territoire(Publisud), je lui ai fait la proposition d’écrire un ouvrage sur ses combats anciens et nouveaux, notamment ceux qui portaient sur le droit à la terre, sujet qui m’intéressait particulièrement. Il a accepté. J’ai travaillé avec l’abbé pendant quatre jours à Bruxelles, en août 2011, alors qu’il était accueilli par sa nièce et son mari néerlandais. J’ai enregistré des dizaines d’heures d’interviews. À partir de ce corpus, j’ai rédigé une bonne centaine de pages sur son histoire, racontée à la première personne. Je suis allé ensuite passer une douzaine de jours au Burkina, en janvier 2012, pour mieux saisir la réalité de son combat, à partir du lieu oùil vivait. Je l’ai à nouveau interviewé dans son bureau, au restaurant, chez des amis, dans la voiture. Avec lui, j’ai voyagé de Ouagadougou à Diébougou oùil habite, de Bobo-Dioulasso à Gaoua, au sud du pays, près de la frontière du Ghana. J’ai rencontré des membres de sa famille, une 1 nièce, procureure de la République, plusieurs évêques . J’ai participé à la rencontre d’une association de chefs de terres qui a suscité un texte plus personnel (chapitre 13). L’entretien présenté dans le dernier chapitre regroupe des éléments, disons plus religieux ou pasto-raux ; pour ne pas mélanger les thématiques, pour ne pas gêner un lecteur non habitué aux problématiques d’Église, j’y ai regroupé une série de réexions de l’abbé, parlant du haut de son magistère.
1. L’ensemble de ces interventions forment la matière des 12 premiers chapitres.
8
JOSEPH-MUKASSA SOMÉ
Rentré en France, j’ai enrichi le manuscrit en prenant en compte plusieurs écrits de Mukassa. Les annexes sont une reprise de textes anthropologiques (tirés en particulier de sa thèse), portant sur les ques-tions de ïliation, sur l’organisation sociale et foncière et sur le rapport de la terre avec les dieux, les ancêtres et les hommes (annexes A à H). D’autres textes complètent l’ouvrage : « Le sacriïce de la poule » de l’Abbé Modeste Sɔ(annexe I), « Burkina 2025», extrait de l’étude prospective demandée par l’État du Burkina Faso et dirigée par l’abbé (J), un glossaire et l’alphabet dagara (K et I), la liste de quelques ONG impli-quées dans la lutte contre l’accaparement des terres (M). La postface qu’Étienne Leroy, anthropologue du droit et grand connais-seur de sociologie africaine, m’a fait l’amitié d’écrire permet enïn d’être sensible aux deux thématiques qui s’entrecroisent dans l’ouvrage – l’une relatant la vie d’un prêtre de l’Église catholique burkinabé, l’autre celle de l’héritier d’un lignage de chef de terres – et qui, selon lui, font de l’abbé Mukassa une « ïgure africaine exemplaire ». Ce texte permettra d’ouvrir des pistes de réexions sur l’évolution de l’Église en Afrique et sur les questions foncières, notamment la lutte contre l’accaparement des terres par des étrangers.
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Né sorcier
Je suis né en pays dagara, sur un territoire qui s’appelait alors la Haute Côte d’Ivoire. Descendant d’un grand chef terrien Bεkυɔnε (nom de mon père Bεkυɔnε Kpowda Suurkûu) et petit-ïls des Naciεlε (nom de ma mère Naciεlε Sɔmε Âatυɔmε). Selon la tradition, à sa naissance, l’enfant prend un double nom, celui de patrilignagedɔwlυde son père géniteur (pour moi Bεkυɔnε) et celui du matriclanbɛlʋde sa mère biologique (pour moi 1 Sɔmε). La terre, quant à elle, est liée au patrilignage. Comme j’ai été baptisé à l’école cléricale de la paroisse de Dissin, j’ai reçu, en supplé-ment, un prénom chrétien : Joseph Mukassa. Dans le système de ïliation dagara, on m’appelle donc : Bεkυɔnε Sɔmε Dεr mais mon identité complète devrait être : Bεkυɔnε Sɔmε Dεr Joseph Mukassa. Pour nous les Africains, l’identité n’est jamais simple. Est-ce pour cette raison que le colonisateur nous a volé ce bien, dès notre naissance, voire dès notre conception ? Mon grand-père (le père de mon papa), Bεkυɔnε Sɔmε Intεr, était un homme prestigieux, très riche et proche des Européens ; cette proximité n’eut pas que des conséquences heureuses ! Au moment de la naissance de mon père, le capitaine Bacheler, de passage fortuitement dans la maison, lui dit : « Ton ïls s’appellera Sɔmε parce que tu es Sɔmε ». Ce dernier, bien que choqué, n’osa pas répliquer que cette sommationétait une transgression de la coutume. Il se soumit à la demande du Blanc : mon père a donc été le premier Dagara à avoir son identité bafouée et déviée par la volonté politique d’un militaire de l’armée fran-çaise. Suivant une logique autoritaire, son acte de naissance fut enregistré en Sɔmε Suurkûu, alors que, théoriquement, dans la logique de la ïliation 2 dagara, il aurait dû s’appeler Bεkυɔnε Kpowda Suurkûu. Par ignorance des coutumes des Dagara, l’administration coloniale a donc mis de côdans ma ïliation le nom de familleBεkυɔde mon père et décidé que Sɔserait son nom. Depuis lors, et après l’indépendance, cette erreur a été transmise à tous les enfants de mon père qui ont vu porter ce nom Sɔmε sur leur acte de naissance. Devenu adulte, mon père se maria à plusieurs femmes de
1. Pour mieux comprendre les notions de patrilignage dowlu et de matriclan bɛlʋ, voir l’Annexe A: Histoires de ïliation. 2. Ma grand-mère paternelle s’appelait en effet Pυryiile Kpowda Siwripυɔ.
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