Fabien Eboussi Boulaga la philosophie du Muntu , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2009

EAN13

9782811102173

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

Ambroise Kom (dir.)
Fabien Eboussi Boulaga la philosophie du Muntu
KARTHALA
FABIEN EBOUSSI BOULAGA, LA PHILOSOPHIE DUMUNTU
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécuriséCouverture :Portrait à l’aquarelle de Serena Gong (États-Unis). ¤Éditions KARTHALA, 2009 ISBN : 978-2-8111-0217-3
SOUS LA DIRECTION DE Ambroise Kom Fabien Eboussi Boulaga, la philosophie duMuntuÉditions KARTHALA22-24, bd Arago 75013 Paris
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Table des matières
5
Préface –Unintellectuelexigeant AmbroiseKom....................................................................7
Prologue
Quelquespoints de repères Entretien entre Fabien Eboussi Boulaga et AmbroiseKom...............................................................14 BibliographiedeFabienEboussiBoulaga................................21
Dialogues philosophiques
Métaphysique et politique de la force vitale P. Ngoma-Binda.................................................................26 Une théorie de la vérité. Révélation, sophisme et illusion Célestin Monga..................................................................36 'LI¿FLOH DXWRQRPLe EddyMazembo Mavungu..................................................61 L’ontologie comme usure planétaire LidiaProcesi......................................................................78
Àpropos de Dieu et du christianisme
Le modèle christique :être chrétien autrement Loïc Mben..........................................................................98 DieuDonné YvonChristian Elenga......................................................113 «J’écrispour ôter mes masques, avantque ne s’efface mon visage » Paul Christian Kiti............................................................126
6
Penser lasociété
La révolution afrocentriste Ernest-MarieMbonda......................................................142 Un intellectuel organique ? Melchior Mbonimpa..........................................................160 Quand penser inquiète François-Xavier Akono.....................................................179 Autonomyand African Authenticy Paul TangAbomo.............................................................191 L’artdelinservitude KaserekaKavwahirehi.....................................................198
Témoignages
Ibipote valere.AMeditation Valentin YvesMudimbe....................................................220 Le devoir de transgression: àpartir d’une ivresse théorique Cilas Kemedjio.................................................................240 Penserlibrement, penser autrement Jean-Claude Djéréké.......................................................259 Un entrepreneur de lapensée Daniel Etounga-Manguelle..............................................273 Notre mauvaise conscience AmbroiseKom.................................................................278
Épilogue
La raison libre et la liberté raisonnable Conversation entre Fabien Eboussi Boulaga, AchilleMbembe etCélestin Monga.................................290
Liste des collaborateurs............................................................304
Index............................................................................................307
Préface
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Un intellectuel exigeant l est utile de revenir au propos tenu par Raymond Aron au sujet de Max I Weber dans sa préface de l’ouvrageLe savant et le politique« Ma(1959) : x Weber a été un homme de science, il na été ni un homme politique ni un homme d’État, occasionnellementjournaliste politique. Mais il a été, toute sa vie, passionnément soucieux de la chose publique, il na cessé déprouver XQH VRUWH GH QRVWDOJLH GH OD SROLWLTXH FRPPH VL OD ¿Q XOWLPH GH VD SHQVpH aurait dû être la participation à l’action »(Weber,1959 :7). Un tel portrait pourrait s’appliquer parfaitement à Fabien Eboussi Boulaga, intellectuel camerounais qui sest imposé dès ses premiers travaux comme un maître à penser, un philosophe doublé d’un expert en sciences sociales.
Dieu merci, nous ne parlons pas de lui au passé comme Aron l’a fait au sujet de Weber. Et si rien ne dit qu’il s’est àjamais mis en marge dujeu sociopolitique, il semble assez clair quil néprouve aucune contrariété ni rancœur à ne pas en avoir été un acteur direct. Il naurait dailleurs aucune UDLVRQ G¶DI¿FKHU GH O¶DPHUWXPHELHQ TX¶LO VRLW O¶LQWHOOHFWXHO OH SOXV GLVFUHW GH VRQ SD\V LO HQ HVW QpDQPRLQV XQ GHV SOXV SRLQWXV HW GHV SOXV LQÀXHQWV Philosophe de formation, il est l’auteur d’une pensée théorique qui sait également être pratique et même politique. En réalité, si nous vivions dans un environnement où la matièregrise, le savoir, la science ou les recherches et les études de manière générale étaient valorisés, il ne fait aucun doute que sa plume et sa pensée auraient balisé le regard et l’action de nombreux acteurs sociopolitiques.
La raison en est simplsoe : rti toutdroitdun moulel’onsenourritduclassicisme occidental le plus pur avec legrec et le latin comme ingrédients, enseignant de philosophie et philosophe de son état, Eboussi Boulaga a publié autant, sinon davantage d’ouvrages de sciences sociales que de travaux de philosophie. Tout le monde connaîtLacriseduMuntu(1977), sonmagnum opusque les plus grands philosophes daujourdhui placent au panthéon de la pensée.Outre la revueTerroirsqu’il afondée et qu’il dirige, on lui doit aussi et entre autresChristianisme sansfétiche(1981),Àcontretemps. L’enjeu de Dieu en Afrique(1991), et des ouvrages d’analyse sociale, politique et économique commeLesconrences nationalesen Afrique noire. Une affaire à suivre(1993),Lamocratiede transitauCameroun(1997),Lignes de résistance(1999) etLutte contre la corruption. Impossible est-il camerounais ?(2003). À défaut d’être lui-même dans laction politique, Eboussi Boulaga met donc au service du public des études à la pertinence avérée.
9RLOjSHXWrWUH OD UDLVRQ GH OD Pp¿DQFHTX¶LO VXVFLWH GDQV OH FRQWH[WH camerounais, de la marginalité qui est la sienne et de la distance quon observe entre lui et les principaux leaders de la scène politique et même de
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AmbroiseKom
la sphère d’une certaine catégorie d’intellectuels. L’idée d’une pensée en ©OLJQHV GH UpVLVWDQFH ªHVW VDQV GRXWH VLJQL¿FDWLYH GHV UqJOHV LQWHOOHFWXHOOHV et des frontières informulées qu’il a toujours établies fermement mais discrètement entre sa propre planète et la communauté de ce qu’il appelle les« ventriloques»– ces diplômés affamés qui, pour la plupart, se disent intellectuels organiques du pouvoir. Dailleurs, la notion de contrevérité est inhérente au champ politique.
Le bruit et la fureur de l’histoire et de la politique ne sont pas le lieu des vérités GpYRLOpHV j O¶KRPPH GDQV OD VROLWXGH GH OD UpÀH[LRQ pFULWLO FRPPHSRXUMXVWL¿HU VD GLVWDQFH4XH SRXYRQVQRXV FRQQDvWUH Oj R OHV SURSRVLWLRQV Q¶RQW quune apparence «constative», mais dont la structure profonde et le sens sont performatifs?La pensée qui compte est celle qui devient opinion, mot d’ordre, signe de ralliement, expression persuasive. Mais ces derniers n’ont pas besoin GH FHOOHOj SRXU rWUH HI¿FDFHV ,O HVW SOXV pFRQRPLTXH G¶\UHFRXULU GLUHFWHPHQW parfois préférable de lesfabriquer même comme des contrevérités.S’il en est ainsi, on voit combien de prises de position généreuses nont pas toujours été très éclairées et prudentes(Eboussi Boulaga,2006 :13).
3RXU (ERXVVL %RXODJD OH SROLWLTXH HVW VRXYHQW OH OLHX GH OD PRUW Gp¿QLH comme une parole vidée de ses fonctions d’élucidation, de connaissance et dengagement par la promesse, le serment; l’échafaudage d’un empire dufaux, où le mensonge sefait monde; la privation et la destruction des capacités humaines de se construire ensemble avec les autres. «Le pouvoir porte le masque de la mort», écrit-il.Soucieux d’éviter que sa pensée soit victime du syndrome de l’inutilitéou pire, utilisée comme caution morale à des pratiques immorales – il a toujours refusé élégamment les fastes de la volupté. Il leur a préféré la modestie de l’ascèse. Ne voulant pas être lui aussi un de ces intellectuels exotiques qu’il a si bien décrits, il considère que sa fonction est de conserver constamment une hygiène mentale qui lui permette de demeurer une vigie despérance.
La connaissance est une des valeurs irréductibles parmi celles qui structurent une communauté humaine, et lintellectuel vrai a pour responsabilité de travailler constamment pour en étendre le champ et énoncer des utopies critiques. Ceci implique naturellement qu’il se démarque de« lintelligence prédatrice» pour explorer son humanité et sa condition, HW VRXPHWWUH OHIUXLW GH VD UpÀH[LRQ j O¶H[DPHQ FULWLTXH&DU SHQVHU F¶HVW questionner et produire des concepts, et les articuler en entités cohérentes, expliquer, et exposer au jugement des autres.
Tout au longsa carrière, Eboussi Boula de ga a fait montre d’une insoupçonnable inventivité, non seulement dans la critique des cultures occidentales dont la religion chrétienne, mais aussi dans son interrogation radicalededivers aspectsde notre culture nationale, commediraitFanon. ,O D pJDOHPHQW UpÀpFKL DX[ LQVWLWXWLRQV OHV PLHX[ DGDSWpHV j QRWUH FRQGLWLRQ De ce point de vue, ilya lieu de regretter que l’Université camerounaise ne lui ait pas permis de donner toute la mesure de songénie, et dinspirer
Unintellectuelexigeant
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un plusgrand nombre dejeunes chercheurs. Même les plus sceptiques auraient alors eu loccasion de comprendre que «le tiers-monde ne produit pas seulement des cultures pour être étudiées par des anthropologues et des ethnohistoriens, mais des intellectuels quigénèrent des théories et UpÀpFKLVVHQW VXU OHXU SURSUH FXOWXUH HW OHXU SURSUH KLVWRLUHª 0DWWHUODW HW Neveu,2008 : 93).
Comme le président camerounais Paul Biya, Eboussi Boulaga appartient à cette génération de premiers hauts cadres formés enOccident et retournés en Afrique au lendemain des indépendances avec pour mission d’aider le pays à prendre véritablement son destin en mains.Cette espérance était d’autant plus vive dans le cas du Cameroun qu’Ahmadou Ahidjo, le premier chef de l’État,yinstitué un autoritarisme de plomb, que avait certains imputaient à son semi-illettrisme. Eboussi Boulaga ayant étudié dès lécole primaire et tout le long de son cursus scolaire et académique avec la plupart des hommes qui allaient accéder au pouvoir, l’on eût pu espérerque cet éminent penseur serait mis à contribution dans toutes les tâches de UpÀH[LRQ VWUDWpJLTXH VXU O¶pQRQFLDWLRQ GX GHYHQLU GH OD QDWLRQ ,O Q¶HQ D ULHQ été, malheureusement :la politique dite du Renouveau annoncée par Paul Biya sest vite révélée une supercherie historique. Lesgrands chantiers de constructiondunesociétédifférenteetdetransformationssocialesn’ont été que lesgesticulations mimétiques d’un pouvoir postcolonial désireux de perpétuergauchement par des nationaux ce qui sefaisait la veille par des expatriés.
Dans un contexte différent, legénie du philosophe aurait pu être exploité pour valoriser durablement lénorme patrimoine humain et naturel de ce pays béni des dieux. Mais sa conceptionjugée tropfondée sur l’éthique ne correspondait pas au mode organisationnel en vigueur. De toutefaçon, les objectifs et les méthodes du pouvoir politique se seraient mal accommodés des exigences de rigueur intellectuelle et de vérité de cet intellectuel qui prend au sérieux sa mission, et qui assume sereinement les conséquences de ses choix éthiques.
4XHO GRPPDJH FHSHQGDQW SRXU FH SD\V HW SRXU FH FRQWLQHQW &DU GDQV le seul domaine de léducation, on aurait pu imaginer dautres scénarios et d’autres rôles pour Eboussi Boulaga. L’encourager par exemple à installer un laboratoire de recherches aux portes ou même à lintérieur de lUniversité camerounaise aurait sans doute permis de mettre valablement en question non seulement lecurriculumhérité du pouvoir colonial mais aussi nombre didéologies postcoloniales, et remettre en perspective les échanges académiques internationaux. Une telle décision aurait peut-être permis au pays d’anticiper sur ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler pudiquement réforme universitaire et, partant, de penser autrement l’irruption désordonnée détablissements privés denseignement supérieur qui, pourla plupart, offrent des «formationsparkings» nedébouchantsuraucun avenir professionnel véritablement compétitif.
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