Eugène Jamot 1879-1937 Le médecin de la maladie du sommeil ou trypanosomiase , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2011

EAN13

9782811105693

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

Jean-Paul Bado
Eugène Jamot 1879-1937 Le médecin de la maladie du sommeil ou trypanosomiase
KARTHALA
EUGÈNE JAMOT
LE MÉDECIN DE LA MALADIE DU SOMMEIL
KARTHALAsur internet: http://www.karthala.com (paiement sécurisé)
Couverture : Photo d’Eugène Jamot prise dans les années 1920. Source : IRMA/IMTSSA.
Éditions Karthala, 2011 ISBN : 978-2-8111-0569-3
Jean-Paul Bado
Eugène Jamot 1879-1937
Le médecin de la maladie du sommeil ou trypanosomiase
Éditions Karthala 22-24, oulevard Arago 75013 Paris
PS. Pour les notes, nous sommes parti du dossier Jamot conservé dans les archives service de la Défense, Côte 7 Ye 2824, pour entreprendre nos recherches. Nous avons aussi utilisé les archives de Jamot récupérées et actuellement conservées dans l’Espace Jamot à Saint-Sulpice-les-Champs, département de la Creuse.
Remerciements
L’origine de cet ouvrage remonte à la rencontre du docteur Jean-Marie Milleliri, à l’époque médecin militaire en poste à l’Institut de médecine tropicale du Service de Santé des Armées à Marseille (IMTSSA) et vice-président de l’Association « Docteur Eugène-Jamot». Je tiensàlui pré-senter toute ma reconnaissance aussi bien dans sa contributionàla recherche de documents que pour sa grande gentillesse. À Mme Aline Puyeo, docu-mentaliste en chef,àMlle Claire Birchenal etàMme Sossaàla biblio-thèque de l’IMTSSAàMarseille, j’exprime ma gratitude. Leur écoute m’a permis de mieux connaître toutes les personnes qui intervinrent dans la vie de Jamot. Qu’Anne-Cécile Tizon-Germe, directrice des Archives départementales àBlois, et sa famille, MmeÉvelyne Camara et M. Jacques Dion, tous deux au Centre des archives d’Outre-meràAix-en-Provence, ainsi que les res-ponsables et le personnel des Archives de l’Armée au Château de Vincennes, àToulon, Pau, Fréjus-Saint-Raphaël et Limoges, sachent que grâceàleur précieuse contribution directe ou indirecte, je suis parvenuàtrouver presque tous les acteurs de la vie de Jamot. Que Juliette Nunez, en fonction dans les archives départementales de Paris, trouve dans ces lignes et dans l’ouvrage l’expression d’une sincère reconnaissance. Grâceàses conseils, j’ai pu enïn identiïer Monier, l’homme dont tout le monde a parlé sans savoir qui il était. Mes remerciements s’adressent aussiàma belle-sœur Françoise Delran qui,àplusieurs reprises, m’a accueilli chez elleàParis, etàJean-Paul Bationo, que j’ai retrouvé avec plaisir lors de mes pérégrina-tions dans la Creuse. Je ne saurais terminer sans direàMme Georgette Michaux, présidente de l’Association « Docteur-Eugène-Jamot»,àM. Valade et aux autres membres de cette association ma reconnaissance pour leurs conseilsà travers les discussions franches dans lesquelles le regard froid de l’histo-rien a parfois surpris et dérangé, même si telle n’était pas son intention. J’espère qu’ils trouveront dans ce livre la volonté de l’historien de sortir des discours et écrits ofïciels et de faire mieux connaître Jamot, cet enfant de la Creuse qui a su porter haut les valeurs du serment d’Hippocrate dans l’Empire colonial français en dérogeantàcertains dogmes coloniaux. Je tiens aussiàremercier les petits-enfants de Jamot en particulier M. Pierre Plantier, le ïls d’Yvonne, ïlle de Jamot, et M. Bordes, arrière petit-ïls de Jamot du côté d’Anna. Que Maral Bagdassarian dont le travail m’a été très utile trouve dans ces lignes toute mon affection pour le temps consacréàla relecture de
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chapitres importants de l’ouvrage. Enïn, je tiens à féliciter, pour me faire pardonner, mon épouse Sylvie et mes trois enfants, David, Stéphane et Guillaume, qui m’ont supporté pendant les trois années de recherches et d’écriture de l’ouvrage, car un tel travail pousse souvent à la solitude, à se couper du monde et des autres, voire peut-êtreàbeaucoup d’égoïsme. Derrière cet égoïsme, dans le colloque singulier de l’historien, se sont cachés un plaisir et une volonté d’aideràmieux connaître la vie d’un acteur exceptionnel de l’histoire de la santé en Afrique, le docteur Eugène Jamot. Autrement dit, il ne s’agit pas en fait d’un plaisir personnel et d’un égoïsme pour soi, mais de la joie de partager ce plaisir et d’inviter chaque personne intéressée par la vie et la carrière médicale du docteur Eugène Jamotà s’associeràdiffuser cet égoïsme par la lecture de cette biographie.
Introduction
Lors d’une discussion avec un groupe d’historiens et de médecins, j’avais laissé entendre que je m’intéressais à la vie du docteur Eugène Jamot. A la suite de nombreuses interrogations insidieuses et parfois déran-geantes, j’ai dû préciser mon intention d’écrire la biographie du célèbre médecin. Comment allais-je m’y prendre, m’interrogea-t-on en raison de la multitude de travaux existants ? La question était non seulement intéres-sante mais surtout pertinente. En effet, rédiger la biographie d’une personne, c’est chercheràla ressusciter,àla montrer sous toutes ses facettes. C’est vouloir lui insufer une nouvelle existence en soulignant ce qui rendit sa vie si particulière et attrayante qu’elle mérite d’être écrite et connue par les générations nouvelles. En voulant donner cette nouvelle vie, on peutêtre tenté par l’hagiographie avec tous les risques du genre. On peut tomber dans l’excès inverse en ne privilégiant que le côté sombre du personnage et aboutir au dénigrement,àla haine,àla malveillance. Une biographie réalisée par un historien ne doit être ni l’un ni l’autre ; elle doit reéter à sa juste valeur la vie du personnage en respectant son époque. En m’attachantàcelle du médecin Eugène Jamot, la tâche devient déli-cate, car le personnage a servi simultanément une idéologie et une cause, en contradiction sur de nombreux points. L’idéologie coloniale bâtie sur des préjugés monstrueux et avilissants, dont le principal objectif fut d’exploiter les terres occupées par desêtres humains soit-disant « Primitifs», souvent caricaturés comme « des enfantsàconduireàla maturité»etàciviliser, et la médecine moderne fondée sur l’obéissance au serment d’Hippocrate dont une des phrases a pris tout son sens dans la carrière de Jamot : « Admis àl’intérieur des maisons, mes yeux ne verront pas ce qui s’y passe, ma langue taira les secrets qui me seront conïés et mon état ne servira pas à corrompre les mœurs niàfavoriser les crimes». Malgré son but premier soigner et sauver des vies humaines quelles que soient les personnes et les circonstances – la médecine reétait l’image de son temps, dominée par l’idéologie coloniale omniprésente et omnipotente en Afrique et en Asie. L’autre élémentàprendre en compte est la période dans laquelle s’ins-crivit la vie de Jamot. Cette période est marquée par des grands boule-versements dans le domaine de la géopolitique et dans celui que nous appelons les sciences biomédicales, des sciences inuencées à la fois par des pseudo-scientiïques et des savants célèbres. Les propos de ces derniers étaient relayés par des hommes politiques défendant les idées de races infé-rieures et supérieuresLes bouleversements ont concerné les sociétés fran-
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çaises et européennes dans leur ensemble avec l’essor des villes, les exodes ruraux et les tensions entre les puissances qui entraînèrent de nombreuses crises en 1866, 1870, 1898, 1914-1918, enïn 1939-1945. Sur le plan social, l’essor de la scolarisation fut favorisé par les lois Jules-Ferry sur l’enseigne-ment en septembre 1880 et en mars 1882. Ces observations autorisentàse poser la question de savoir comment écrire la biographie d’un médecin, de surcroît militaire colonial, dont l’en-gagement lors de son recrutement fut de servir la colonisation et d’obéirà ses dogmes. Interroger des malades soignés pour éclairer la vie dudit médecin reste insufïsante car les patients guéris, ou bien dont l’état de santé a été amélioré, ne peuvent garder qu’un souvenir positif de celui qui a allégé leurs souffrances causées par la maladie. De plus, très peu de témoins sont encore en vie. Questionner les camarades qui ont souvent été des compa-gnons d’armes et des amis ne sufït pas non plus à cerner tout le personnage. S’informer auprès d’adversaires demeure peu pertinent en raison du parti pris, des rivalités et des ambitions peu avouables. Que reste-t-ilàfaire ? Combiner en les évaluant tous les points de vue et respecter l’époque durant laquelle Eugène Jamot vécut. Comparer Eugène Jamotàd’autres person-nages d’alors. Croiser les témoignages, chercher les sources indirectes, neutres, accidentelles de l’époque. Inventorier et découvrir ses particula-rités, ses contradictions et ce qui continue de le faire apprécier de nos jours. Il convient de noter qu’il existe déjàde nombreux travaux consacrés au célèbre médecin des sommeilleux et des trypanosomés : des centaines d’ar-ticles, des mémoires, des thèses doctorales en médecine etès lettres et sciences humaines et enïn deux, voire trois ouvrages. La majorité d’entre eux sont hagiographiques et font de Jamot un héros, voire un saint laïc. Pire, en se copiant entre auteurs, beaucoup d’erreurs ont ïni par s’imposer comme des vérités historiques si bien qu’on n’y décèle pas l’homme dans ses propres contradictions, en tant que sujet de la colonisation qui devait se laisser utiliser pour les succès de la cause, tout en s’opposant aux manipu-lations tout en devenant lui-même un des maîtres du jeu colonial. À ce niveau, surgit une autre question jamais abordée : Jamot-a-t-il voulu sauver des trypanosomés aïn de les rendre plus aptes à être exploités dans le cadre de la mise en valeur des intérêts économiques de la colonisation, ou bien la prophylaxie qu’il défendait répondait-elle aux seuls besoins du médecin recherchantàsauver des vies humaines, quel qu’en soit le prixàpayer ? Jamot était-il un rebelle de la médecine coloniale, un humaniste égaré aux colonies ? Est-il un héros au sens classique et noble du terme ou bien fait-on de lui un héros pour défendre une cause ? Une institution ? Des ambitions ? Régler des comptes avec l’histoire ? En d’autres termes, Jamot a-t-il sacriïé sa vie, ses ambitions, sa carrière aïn de sauver la vie des victimes de la trypanosomiase et d’autres maladies a-t-il été sacriïé sur l’autel des dogmes coloniaux ; ou bien a-t-il été vaincu par un colonialisme cynique dont les acteurs plus ambitieux et plus ïns restent difïciles à identiïer ? On peut aussi se demander si la vie des colonisés porteurs des trypa-nosomes et d’autres agents pathogènes valait la peine d’ê?tre préservée
INTRODUCTION
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Malgré un désaveu, pourquoi Jamot n’a-t-il pas voulu poursuivre une œuvre altruiste, en tant que simple médecin « missionnaire » comme le ït Albert Schweitzer pour sauver la vie des malades ? Vu sous ces aspects, les questionnements sur l’obstination de Jamot et sur sonœuvre prennent une autre dimension. L’ouvrage que j’ai décidé d’écrire a une double perspective : d’une part présenter Jamot tel qu’il était, en tenant compte de ses origines familiales, des réalités de son époque, des luttes d’inuence, des compétitions et ambi-tions entre concurrents dans la résolution des problèmes de santé et dans la réussite de leur carrièd’autre part souligner l’importance que les princi-re ; paux acteursàtous les postes-clés de la colonisationaussi bien en France que dans les colonies africaines, tenaientà àmettre dans la réalisation des objectifs et des ambitions, en se servant de la médecine comme d’un outil, une d’arme au service de l’exploitation économique. Pour ce faire, j’ai eu accèsàdes archives nouvelles auparavant non consultables, ce qui avait entraîné des méprises dans de nombreuses biographies antérieures. Ces nouvelles archives autorisentàrépondreàcertaines interrogations portant sur les différents personnages intervenus dans la lutte contre les maladies dites tropicales. Ensuite, au lieu de m’attacher directementàJamot, je l’ai contourné tout en l’encerclant et en focalisant mon attention sur les diffé-rents acteurs de la lutte contre la maladie du sommeil et de l’application des objectifs coloniaux. Cette méthode de contournement et d’encercle-ment a eu pour but de comprendre davantage le personnage Jamot et ses ambitions, ainsi que les enjeux de la lutte contre la trypanosomiase humaine africaine en particulier, sans verser dans le piège de l’idolâtrie en en faisant un saint laïc, sans tomber non plus dans celui de ses adversaires qui l’ont accusé d’avoir oublié les autres maladies.
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