174
pages
Français
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2018
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Publié par
Date de parution
04 mai 2018
Nombre de lectures
3
EAN13
9782342160932
Langue
Français
« Dis-moi, c'est comment un service de cancérologie ? — C'est un lieu où l'on soigne ceux qui sont malades bien sûr, c'est aussi un lieu où le temps questionne et les saisons des sentiments se mélangent, c'est un peu comme un tableau d'expressions, d'impressions et d'émotions, un tableau qui nous apprend, nous révèle et nous fait voyager... » Patrice Cannone, psychologue clinicien et docteur en psychologie clinique et psychopathologie, décrit d'une façon originale le fonctionnement d'un service de cancérologie. Au-delà des soins apportés à la personne physique, il s'intéresse aux émotions de chaque patient rencontré. À l'aide d'un tableau accroché au mur de son unité de cancérologie, il conçoit un espace d'expression créative qui rend compte de la vie qui s'y déroule au quotidien. L'ouvrage rassemble une sélection de ces inscriptions à partir desquelles le soignant a réalisé un glossaire représentatif des questionnements qu'elles posent. Sa riche réflexion se nourrit en outre de la lecture de penseurs venus d'horizons très divers.
Publié par
Date de parution
04 mai 2018
Nombre de lectures
3
EAN13
9782342160932
Langue
Français
Un « tableau à créer » en cancérologie
Patrice Cannone
Société des écrivains
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Un « tableau à créer » en cancérologie
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
« Un service de cancérologie, c’est un lieu où l’on soigne ceux qui sont malades bien sûr,
C’est aussi un lieu où le temps questionne et les saisons des sentiments se mélangent,
C’est un peu comme un tableau d’expressions, d’impressions et d’émotions,
Un tableau qui nous apprend, nous révèle et nous fait voyager… »
Remerciements
Mes remerciements s’adressent à tous ceux qui ont laissé une empreinte sur ce tableau pour que nous puissions continuer à questionner et penser ce qui fait relation les uns avec les autres.
À l’ensemble du personnel soignant du service d’oncologie multidisciplinaire et innovations thérapeutiques, pour cultiver le soin comme un art au service de chacun… Binta, Véronique T., Odile, Marie-Jo, Laurent, Pascale, Marjorie B., Lynda, Chantal, Marjorie N., Véronique W., Éliane, Fabienne, Christelle, Shahrazade, Julie, Aurélie, Élodie, Marilyne, Audrey, Gaelle, Manue, Sarah, Jasmine, Mégane, Margaux, Hélène, Marie-Ève, Sandrine, Wendy, Cindy, Irmine, Roqiya, Anne-Sophie…
À Fabrice Barlesi, merci pour cette confiance et cet engagement au service de ceux touchés par la maladie et des équipes de soins. Le cœur de l’homme est fait de rêves, il y a tant de choses à construire, les bases sont solides, l’œuvre prend forme…
À Marie-Frédérique Bacqué, pour cette préface originale et sensible, son implication pour développer la psycho-oncologie, pour sa direction de thèse et ses apports universitaires, merci de cette présence à mes côtés…
Timaël, Eloans et Élisa, vous me faites grandir jour après jour…
Préface
Si on lit en continuité les mots du glossaire de Patrice Cannone on a :
« Absurde amour… Cancer colère… Corps culpabilité… »
Puis « Dessins deuil encouragement… Espoir famille… »
Enfin « Hôpital humour… Mort peur plaintes… »
« Remerciements soignants… Souffrance spiritualité temps… »
« Trace vérité vie… »
Ces associations de mots et d’idées ne sont pas aléatoires et encore moins n’apparaissent par coïncidence, elles correspondent aux mouvements émotionnels qui circulent silencieusement au sein d’un service d’oncologie. Patrice Cannone, qui est psychologue clinicien, a choisi avec art de leur permettre d’exister par l’intermédiaire de ce tableau noir disposé à l’entrée du service. Que voit-on sur ce tableau ?
Des mots, des signes, des dessins, des rébus, des signatures…
Toutes ces traces éphémères sont aussi percutantes qu’elles sont légères. Elles s’envolent hors du support noir pour nous envahir sans aucune intrusion, le temps d’un instant.
Le tableau du service a cette fonction : casser la routine de la relation asymétrique soignant-soigné. Ici, les protagonistes s’unissent et combinent leurs humeurs pour disperser sur le grand écran des interrogations, des rêveries ou des affirmations folles. Tout est permis sur ce tableau et surtout ce qui est tabou. « Fuck le cancer », voilà qui va droit au but ! Patrice Cannone remarque que le tableau est effacé quand il appelle la violence, la religion, la sexualité ou la colère. Cependant, lorsque les émotions fusent, authentiques et directes, elles trouvent immédiatement leur place.
Le tableau est un espace psychique de projection. Les psychologues et psychanalystes connaissent bien cette fonction puisque c’est aussi le cas dans leur consultation. Le thérapeute propose un cadre ; à l’intérieur, le patient laisse ses affects prendre forme. Le thérapeute peut parfois reformuler ou en tout cas demander au patient ce qu’il pense de son hypothèse. L’éprouvé subjectif devient alors partage : « Que pensez-vous de… ? Croyez-vous que… ? Et si je vous propose… Seriez-vous d’accord ou peut-être pas avec cette idée que… ? »
Le psychothérapeute est donc aussi le tableau noir de Jacques Prévert qui sous l’égide du maître voit l’imaginaire de l’enfant transformer la plume en oiseau…
Mais Patrice Cannone, au-delà de la clinique, est aussi docteur en psychologie. Il a souhaité dépasser le plaisir immédiat de la relation dont la profondeur étanche la soif de l’humaniste pour se propulser vers l’élaboration théorique, celle qui permet aux concepts de prendre enfin vie. Sa thèse a permis des avancées dans l’obscurité (encore une fois le tableau noir) des soins palliatifs. Comment accompagner sur le plan psychique ? Comment entreprendre avec le patient un voyage dont l’un des deux ne reviendra pas (et l’autre pas encore, pour le moment) ? Le courage d’entreprendre un nouveau parcours, celui, aride, du doctorat montre que Patrice Cannone souhaite que sa thèse trouve une reconnaissance académique… Et c’est bien le cas, l’université de Strasbourg lui décerne le titre de docteur en psychologie et le lui remet lors d’une cérémonie impressionnante au Palais universitaire.
Patrice Cannone est bien une de ces bonnes personnes, une de ces belles personnes au sens aristotélicien : c’est un homme complet, toujours guidé par les principes éthiques si difficiles à retrouver aujourd’hui à l’hôpital. Nous avons vu tout à l’heure qu’il portait avec lui son cadre, son tableau à pensées et à émotions, mais au cœur du service d’oncologie multidisciplinaire et des innovations thérapeutiques de l’hôpital Nord de Marseille, peut-il y avoir encore de la place pour le « vivre ensemble » ?
Alors merci au chef de service, Fabrice Barlesi, merci à tous les soignants qui sont entrés dans la danse sans préjugés et immense merci à tous les malades et leur famille d’avoir laissé ces quelques signes auxquels Patrice a su donner un peu d’éternité…
Marie-Frédérique BACQUÉ Université de Strasbourg
Un message, un témoin…
Une joie, une tristesse, un doute, un réconfort, un remerciement, une colère, autant de sentiments, et bien d’autres, qui assaillent ceux qui nous confient leurs soins, mais aussi l’équipe qui les dispense. Autant de sentiments que, par discrétion, par manque de temps, par pudeur, on n’exprime parfois pas directement, oralement. Voilà pourquoi nous avons voulu ce tableau, pour qu’il soit plus simple, à n’importe quel moment, aux yeux de tous ou en toute discrétion, avec des mots ou un dessin, de laisser un bref message, aux siens qui sont là, ou aux autres, malades ou soignants.
À la fin de semaine, ces messages disparaissent, effacés pour laisser un espace vierge pour les suivants. Et, pour ne pas oublier ces émotions volontairement partagées, une photo constituera la mémoire de ces témoignages de notre quotidien, celui mixé et fragile des malades, de leurs proches et des soignants.
Ici, quelques exemples de ces messages sont le prétexte à un abécédaire de ces sentiments partagés avec une équipe, modeste, mais unie et volontariste, dont le seul but est d’apporter le meilleur à ceux qui nous confient ce qu’ils ont de plus précieux.
Fabrice BARLESI
Oncologie multidisciplinaire & innovations thérapeutiques
Avant-propos
Je rêve d’un grand tableau noir à créer, pour que chacun, au gré de son humeur, puisse inscrire à la craie quelque chose. Véritable réceptacle de projections, ce tableau rythmerait la vie d’un service, chaque semaine une page nouvelle serait écrite, un témoin des rencontres médicales et humaines, une photo pour seule mémoire du livre blanc du tableau noir.
Situé à l’entrée du service, il fut accroché durant l’automne 2010. Il semble d’emblée imposant, recouvrant presque entièrement le mur de son attache, avec pour fidèles compagnes des bouts de craies épars en guise de complicité. Face à lui, un sentiment de respect et de petitesse émerge, il règne dans cet étroit couloir, par sa hauteur d’un mètre vingt assis sur ses deux mètres de large pour ceux qui prennent le temps de s’y arrêter.
Ce tableau précipite à l’enfance, à nos fameux souvenirs sur les bancs de l’école où il nous révélait la connaissance. Exercices de maths, de français, pourvu que je ne sois pas interrogé, trop tard, je dois résoudre cette équation, trouver la bonne réponse sous le regard bienveillant de l’instituteur et souvent moqueur des autres élèves. Bonne réponse, le tableau permet d’atteindre la fierté et la joie, mauvaise réponse, déception et honte se mêlent. Du tableau noir réservé à l’enseignant, ordonné, sérieux, rempli de curiosité et d’incompréhension, il laisse également découvrir un autre visage. À l’approche des grandes vacances scolaires, lorsque le programme est enfin terminé, ce tableau était pour nous. Les enfants adorent le décorer, le raturer, effacer au mieux à l’éponge ou avec un vulgaire morceau de tissu, pour y réinscrire leurs désirs. Ce qui est formidable, c’est que tout se transforme comme un « au revoir » aux saveurs d’un « à très bientôt » pour d’autres aventures.
Impossible à combler, il contient, met de l’espace, accepte toutes les inscriptions de l’imaginaire des hommes. Dessins, smileys , rébus, messages en tous genres, signatures, autant d’écriture en peinture pour évoquer un instant, une émotion feu blanc sur feu noir. Son côté atemporel fait de lui un objet de liaison, un baromètre de l’atmosphère du temps qui passe.
Ce tableau fut accueilli comme il se doit. D’abord par les soignants, puis très vite par ceux qui passent dans l’unité : famille