La sexualité, une affaire d’église ? De la contraception à l’homosexualité , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2013

EAN13

9782811108922

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

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Martine Sevegrand DDiissppuutt La sexualité, une affaire d’Église ? De la contraception à l’homosexualité
LA SEXUALITÉ, UNE AFFAIRE D’ÉGLISE ?
KARTHALA sur internet : http://www.karthala.com (paiement sécurisé)
© Éditions KARTHALA, 2013 ISBN : 978-2-8111-0892-2
Martine Sevegrand
La sexualité, une affaire d’Église ?
De la contraception à l’homosexualité
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 PARIS
DU MÊME AUTEUR
Chez Albin Michel : Les enfants du bon Dieu. Les catholiques français et la procréation e au XX siècle,1995. L’amour en toutes lettres. Questions à l’abbé Viollet sur la sexualité (1924-1943), 1996.
Chez Desclée de Brouwer : Contribution pour l’avenir du christianisme(sous la direction de), 2003.
Aux Presses Universitaires de Rennes : Vers une Église sans prêtres. La crise du clergé séculier en France (1945-1978), 2005
Aux éditions du Temps Présent : Temps Présent. Une aventure chrétienne. Tome 1 : l’hebdomadaire (1937-1947), 2006. Temps Présent. Une aventure chrétienne. Tome 2 :Une avant-garde catholique (1950-1968), 2009.
Aux éditions Gobas : Vatican II (1959-1965). Feuilleton d’un concile en 34 épisodes.
Introduction
Depuis l’encycliqueHumanæ vitæqui fut, en juillet 1968, un véritable choc, ébranlant bien au-delà du monde catholique, les déclarations du magistère, pape, congréga-tions romaines et évêques de tous les pays, se sont multi-pliées sur tous les sujets de morale sexuelle. Dernière affaire, la question du mariage homosexuel a mobilisé les évêques français à l’appel de Benoît XVI. Il est vrai que l’homo-sexualité a fait l’objet de condamnations très anciennes, rajeunies par trois déclarations successives de la congréga-tion pour la doctrine de la foi en 1975, 1986 et 1992 ; ces deux dernières étant signées par le cardinal Ratzinger, alors préfet de cette congrégation. Mais il faut toujours remonter à la source, à cette fameuse encycliqueHumanæ vitæqui renouvela la doctrine catho-lique en matière sexuelle. J’avais déjà, en 2008, à l’occasion du quarantième anniversaire de cette encyclique, publié chez Karthala un dossier intituléL’affaire Humanæ vitæ. Je le reprends aujourd’hui en lui adjoignant deux chapitres. L’un sur une Note de mise en garde de la commission doctrinale française, en 2006, contre le livre de deux intellectuels catholiques demandant un changement de l’enseignement du
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magistère sur la contraception. L’autre – qui constitue mon dernier chapitre – porte sur la bataille contre le projet de mariage homosexuel. Plus que la mobilisation de 1984 pour la défense de l’école privée qui avait su entraîner des frac-tions très larges de l’opinion, la bataille contre le mariage gay a été, on le verra, malgré la greffe de la droite, celle des évêques et d’un monde catholique en déclin. Cette docilité à l’égard de l’enseignement romain et de ses consignes, a fait oublier qu’il n’y a pas si longtemps, au lendemain de la publication d’Humanæ vitae, la plupart des épiscopats du monde entier ont réagi, sous prétexte d’ap-porter des orientations « pastorales » à leurs fidèles, pour donner des interprétations d’Humanæ vitaeen atténuant parfois singulièrement sa portée. La Note pastorale, adoptée au début de novembre 1968, par l’Assemblée plénière de l’épiscopat français à Lourdes, est de celles-là. Cette Note pastorale est aujourd’hui totalement oubliée. On chercherait en vain une allusion dans les déclarations des évêques français ; on en chercherait aussi en vain le texte dans les librairies religieuses spécialisées. Elle fut pourtant publiée en un petit volume, avecHumanæ vitæ, à la fin de 1968, par les éditions du Centurion. Aujourd’hui, seul le volume de laDocumentation catholiquepour l’année 1968 permet de retrouver cette Note pastorale. Autant dire que son accès est réservé aux chercheurs. À cela, il y a une bonne raison : imagine-t-on désormais des épiscopats ou des évêques publiant des textes « pasto-raux » prenant la moindre distance à l’égard d’une déclara-tion romaine ? En 1968, au lendemain du Concile qui avait, dans un chapitre de la constitution dogmatique sur l’Église, Lumen Gentium, affirmé la « collégialité », ces déclarations épiscopales étaient possibles. Pourtant, dans un texte confi-dentiel que je publie en annexe, le P. Congar critiquait en 1968 l’instauration, depuis longtemps dans l’Église, d’ « un e régime de monarchie absolue » et, « à partir du XIX siècle,
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un gonflement de l’idée de ‘Magistère’ ». Or, depuis le pontificat de Jean-Paul II, le processus de centralisation romaine n’a fait que se développer. Ce livre est centré sur les années soixante qui conduisent àHumanæ vitæet au débat qui a suivi. Cette encyclique fut e la plus contestée du XX siècle, et l’on ne peut la comparer qu’au Syllabus de Pie IX, en 1864, qui avait condamné 80 erreurs, parmi lesquelles celle-ci : « Le pontife romain peut et doit se réconcilier et transiger avec le progrès, avec le libéralisme et la civilisation moderne. » Cette condamnation de la contraception n’apparaît-elle pas d’ailleurs à la plupart de nos contemporains comme quelque chose d’aussi incom-préhensible ? La Note pastorale française méritait un examen attentif et en particulier les trois premières phrases de son article 16 : « La contraception ne peut jamais être un bien. Elle est toujours un désordre, mais ce désordre n’est pas toujours coupable. Il arrive, en effet, que des époux se considèrent en face de véritables conflit de devoirs. » Ces petites phrases ont produit, à l’automne 1968, un effet d’apaisement immé-diat. Elle furent une véritable trouvaille dues à deux évêques, Mgr Pézeril, auxiliaire de Paris, et Mgr Boillon, évêque de Verdun. Le dépouillement méthodique de la presse française montre que celle-ci a transmis fidèlement la bonne nouvelle qui se cristallisa sur ces trois phrases simples et percutantes. En quelques jours, le débat et le scandale provoqués dans 1 l’opinion parHumanæ vitæfurent, ô miracle, étouffés ! Dans sa Note pastorale, l’épiscopat français avait usé des ressources – quasi inépuisables – de la casuistique. Mais d’autres épiscopats allèrent plus loin encore en s’appuyant sur le caractère inachevé – de l’aveu même de Paul VI – de
1. Le lecteur exigeant trouvera des précisions dans mon livreLes enfants du bon Dieu, Albin Michel, 1995, p. 310-364. 7
l‘encyclique et donc sur la nécessité de poursuivre et d’en-courager la recherche théologique sur le mariage. Cependant,Humanæ vitædevait être replacée dans son contexte théologique. Pendant une dizaine d’années, de 1958 à 1968 environ, la recherche théologique, stimulée par l’ap-parition des pilules de progestatifs, avait rendu possible un changement moral fondamental à ce sujet. Dans l’Assemblée conciliaire elle-même, de grands prélats avaient plaidé ouvertement en faveur d’un abandon des positions tradition-nelles, n’hésitant pas à les déclarer « dépassées ». Le cardinal Suenens, Primat de Belgique, s’était écrié, le 29 octobre 1964 : « Je vous en conjure, mes frères. Évitons un nouveau ‘procès de Galilée’. » Humanæ vitæ– dont j’analyserai l’originalité – stoppe donc une évolution qui semblait irréversible. Cependant, sa publication a été suivie d’un débat théologique très intense. Paul VI, traumatisé par l’ampleur de la contestation qu’il avait suscitée, ne publia plus ensuite aucune encyclique et se tut désormais sur le mariage. Le scandale ne fut pourtant pas étouffé. L’élévation au pontificat, en 1978, du cardinal Wojtyla, connu pour ses plai-doyers passionnés en faveur d’Humanæ vitæ,signifia la remise à l’honneur de l’enseignement de l’encyclique. Jean-Paul II n’a pas cessé de la commenter et il en a fait le fonde-ment de la nouvelle doctrine du mariage qu’il a imposée – le mot n’est pas exagéré – à toute l’Église. Jean-Paul II a interdit tout débat théologique, coupé court à toute casuistique en suggérant même l’infaillibilité d’Humanæ vitæ. La « norme de la loi naturelle », reprise par l’encyclique et restaurée par Veritatis splendor(1993), permit ensuite à la congrégation pour la doctrine de la foi de réaffirmer tous les interdits traditionnels : de la masturbation à l’homosexualité. On comprend, dès lors, que les évêques français n’eurent plus qu’à s’aligner sur Rome, quoiqu’en pensèrent certains dans leur for interne… et à oublier l’audace de la Note pastorale de novembre 1968.
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J’exposerai cette histoire longue de plus de cinquante ans sans toutes les référence d’un ouvrage scientifique. J’ai réduit au minimum les notes en signalant surtout les recherches et les ouvrages parus récemment. J’ai voulu, en effet, que ce livre, tout en ayant le sérieux d’une recherche historique, soit accessible à un large public. Comme historienne mais aussi comme catholique, j’es-père qu’il contribuera, modestement, à une prise de conscience du caractère anachronique de cette restauration théologique et de ses lourdes conséquences pour l’Église.
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