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« Dépêche-toi ! » « Ne traîne pas ! » « VITE ! » Notre allure est souvent sujette à ces injonctions qui peuvent aussi bien émaner de nos proches (conjoints, parents, enfants, etc.) que du milieu professionnel dans lequel nous évoluons, mais aussi de la société dans son ensemble. Sans oublier de préciser que, parfois, ces mots qui poussent à la course, sont exprimés par... nous-mêmes.
Beaucoup d’entre nous sommes entraînés à vive allure dans un tourbillon que nous maudissons... mais que nous alimentons par ailleurs. En nous pliant aux exigences qu’impose notre société individualiste qui valorise le profit avant tout, nous contribuons à faire perdurer ce cercle vicieux. Courir, toujours plus vite et plus loin, au risque de se perdre ou de détruire ce qui nous entoure, en vaut-il la peine ?
« J’avais l’impression de fonctionner au lieu de vivre. » « Je travaillais beaucoup et j’étais tellement fatiguée que je n’avais plus l’énergie d’atteindre la forêt pour aller me promener... et aller à la piscine avec mon fils me demandait un effort considérable. » « Mon corps décide que cela ne peut plus durer comme ça. Il décide de ne plus me répondre, mes jambes ne veulent plus me porter, ma respiration s’emballe, les larmes se mettent à couler, mon cœur semble vouloir sortir de ma poitrine. Mais que m’arrive-t-il ? Je ne contrôle plus rien. »
Quand le rythme qui nous est imposé (et que l’on s’impose parfois malgré nous) s’éloigne du rythme de l’humain, un impact sur la santé physique, mais aussi psychologique, est presque toujours au rendez-vous. Ce moment marque généralement un tournant dans le parcours des personnes qui en font l’expérience. Un processus de réflexion s’enclenche, accompagné d’un retour à l’écoute de soi, de ses besoins, de ses envies. En découle la mise en place d’un mode de vie plus respectueux de soi et des autres, mais aussi de la planète. Et si cette réflexion commençait dès maintenant ?
Au rythme de l’humain… Aller vite, pour quoi faire ?
Dossier n° 131
Sommaire Introduction Le contexte Regards croisés sur le rapport au temps L’organisation du travail : bref aperçu historique Time is (not) money Au quotidien Le jour où mon rapport au temps est devenu organique La marche, un viatique au rythme soutenu de notre voyage quotidien Au rythme de la nature Respirer, ralentir, réfléchir… Analyses Les droits humains à l’épreuve des rythmes Quand l’Europe se soucie de la vie familiale… Vacances bien remplies, vacances réussies ? Respecter son rythme pour mieux apprendre Partage du temps de travail et augmentation de la qualité de vie Pistes Aller au rythme de l’enfant Le temps : en gagner, l’arrêter, le savourer, le prendre… Retour aux processus artisanaux lents Prendre son temps, à deux Vivre en soi et vivre ensemble Conclusion Boîte à outils
Introduction
Ces dernières années, la tendance semble être à l’accélération. Celle-ci n’épargne presque aucun domaine : déplacement, mobilité et adaptabilité exigées par le monde professionnel, débit oratoire, obsolescence des appareils « high-tech » qui va de pair avec la nécessité de les remplacer rapidement, changement de mode vestimentaire plusieurs fois par saison… Sans parler de la course quotidienne entre la maison, le travail, l’école et les différentes activités de chacun que l’agenda familial tente tant bien que mal de « caser » dans les — seulement — vingt-quatre heures que compte une journée. Certains jours, parvenir à tout boucler sur ce laps de temps imparti, malgré une organisation bien ficelée, relève presque du miracle tant la vitesse imposée par notre société donne le tournis.
Bien qu’il soit évident que chaque personne possède un rythme qui lui est propre, il n’en demeure pas moins que cette accélération intense ne correspond pas au rythme de l’humain. Quand on se laisse emporter par cette cadence infernale, cela n’est généralement pas sans conséquences : relations interpersonnelles et familiales parasitées par des tensions, ou carrément des conflits, maladies qui se fraient un chemin jusqu’à l’individu déjà au bout du rouleau, etc.
En partant de ces constats, le groupe de travail mis en place pour élaborer cette étude s’est interrogé : comment retrouver un style de vie qui respecte l’humain ? Est-ce un devoir personnel et/ou sociétal ?
Ces questions ont guidé le groupe tout au long de son processus de réflexion et des éléments de réponses ont pu être mis en évidence via la contribution des différents collaborateurs. Sur base de celles-ci, le groupe tient à inviter tout un chacun à mener son propre raisonnement. En effet, l’un des objectifs de cette étude est de permettre à chaque lecteur de s’interroger sur ses besoins fondamentaux et sur ce qu’il pourrait changer pour être davantage à l’écoute de ceux-ci.
Par ailleurs, cette étude n’aborde pas seulement les agissements possibles sur le plan individuel. Elle présente aussi des pistes concrètes de changement social. Effectivement, c’est en articulant ces deux dimensions que sera favorisée l’instauration d’un style de vie plus respectueux de l’humain. L’allocation universelle, des mesures facilitant la conciliation de la vie professionnelle avec la vie familiale, un fonctionnement de la société repensé pour répondre aux enjeux de la transition écologique, etc. sont autant de pistes à creuser pour réinventer notre rapport au temps.
Audrey Dessy,
Couples et Familles,
Éditions Feuilles Familiales
Le contexte
Regards croisés sur le rapport au temps
« Du temps pour vous, en avez-vous suffisamment ? Comment occupez-vous ce temps ? Que mettre en place pour mieux respecter le rythme qui est le vôtre ? » Couples et Familles a rencontré des familles et leur a posé ces questions, afin de mieux comprendre le regard que posent les gens sur leur rythme de vie et leur rapport au temps.
Notre asbl a élaboré un questionnaire alternant questions fermées et questions ouvertes, dans le but de le soumettre aux familles rencontrées lors de la Fête du développement durable, organisée en mai 2019 au Pass, le Parc d’aventures scientifiques et de société (Frameries) [ 1 ↓ ]. 36 personnes ont répondu à notre petit sondage, parmi lesquelles 25 femmes et 11 hommes. Le public de la journée se composait principalement de familles ; seuls 4 répondants ont déclaré n’avoir aucun enfant, dont une étudiante et un retraité célibataire. La tranche d’âge la plus représentée était celle des 40-49 ans (15 participants), suivie de celle des 30-39 ans (12 participants).
Un style de vie respectueux de l’humain
À la question posée de savoir quels sont les éléments nécessaires à un style de vie respectueux de l’humain — les participants étaient invités à mentionner chacun trois items —, l’ingrédient qui revient le plus souvent est la nature ou l’environnement, sous des formulations différentes : le lien avec la nature, le fait d’être en harmonie avec les ressources de la planète, de respecter l’environnement, la transition écologique, le mouvement écologiste, l’écocitoyenneté, etc. En tout, 18 personnes, soit la moitié des participants, mentionnent cette catégorie d’éléments. Cette réponse fréquente s’explique certainement par la nature de l’événement lors duquel notre petite enquête a été réalisée, à savoir la Fête du développement durable. Néanmoins, on constate que de plus en plus, le respect de la nature et la préservation d’un environnement sain sont en adéquation avec la recherche d’un mode de vie qui se veut plus humain.
Les relations (en ce compris la vie familiale, la vie sociale, la vie affective, les moments de convivialité), l’ouverture aux autres (rassemblée avec le respect, l’écoute et les rencontres) et la solidarité (entendez également entraide, partage, y compris partage des tâches) occupent respectivement les deuxième, troisième et quatrième places dans la liste des éléments les plus mentionnés. Sans trop de surprise, toutes ces valeurs sociales se retrouvent aussi au cœur d’un style de vie considéré comme respectueux de l’humain.
Le temps « libre » ou « pour soi » — et les réponses apparentées, comme les loisirs ou les vacances —, arrivent en cinquième position des réponses les plus fréquentes, puisqu’il est mentionné 9 fois. 2 mentions supplémentaires concernent le « respect du rythme ». Si le titre et le reste du questionnaire pouvaient suggérer cette réponse, d’autres participants ont été plus loin en abordant spontanément la question du temps de travail : en effet, ils sont 6 à avoir mentionné l’importance de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée ainsi que la nécessité de repenser l’approche du travail (en termes de quantité et de flexibilité horaire).
Au final, même si les concepts de temps, de rythme et d’équilibre dans l’emploi du temps ne sont pas les plus mentionnés, les personnes interrogées leur accordent quand même une attention particulière, en tant qu’éléments nécessaires à un style de vie respectueux de l’humain. Les autres éléments apparus dans les réponses, de manière plus ponctuelle, sont par exemple l’hygiène de vie, le sens, la diminution de la consommation, etc.
Sommes-nous égaux face au temps ?
« Avoir suffisamment de temps pour soi » est une réalité difficile à définir : d’une personne à l’autre, les conceptions du temps libre varient. Certains seront satisfaits s’ils peuvent trouver quelques minutes par-ci par-là pour se plonger dans un livre, quand d’autres auront besoin de plusieurs heures par semaine pour avoir l’impression de profiter un minimum de temps « pour eux ». En tout cas, 21 répondants sur 36 affirment ne pas disposer de suffisamment de temps pour eux.
Quels éléments de notre vie entrent en ligne de compte dans le calcul de notre temps libre ? Les situations familiale, professionnelle ou géographique influencent-elles la quantité de temps libre dont on peut disposer ? Par exemple, le fait d’avoir des enfant