54
pages
Français
Ebooks
2015
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
54
pages
Français
Ebooks
2015
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Publié par
Date de parution
17 novembre 2015
Nombre de lectures
113
EAN13
9782815307611
Langue
Français
Les croyances et les superstitions ont rythmé le quotidien de nos ancêtres... On pourrait croire qu’elles appartiennent au passé.
Il n’en est rien en dépit des progrès de la Science. Certaines ont certes disparu, d’autres ont évolué comme le vendredi 13, mais beaucoup persistent encore aujourd’hui...
Osez-vous passer sous une échelle ?
Faites-vous un vœu quand glisse dans le ciel une étoile filante ?
Craignez-vous les chats noirs ?
Grâce à cet ouvrage, vous découvrirez les dessous de toutes ces pratiques irrationnelles qui font partie de notre patrimoine et de notre quotidien !
Publié par
Date de parution
17 novembre 2015
Nombre de lectures
113
EAN13
9782815307611
Langue
Français
Avant-propos
Dès que l’on évoque les croyances populaires, ce sont les superstitions qui nous viennent à l’esprit. Ce n’est pourtant pas forcément la même chose. Bien des croyances n’étaient fondées que sur l’ignorance de ce qui régit les phénomènes naturels. Ainsi, un orage ou un séisme ne pouvaient être qu’une manifestation de la colère des dieux. On prêta alors aux objets des vertus protectrices, on imagina des gestes susceptibles de protéger. Et le christianisme ne changea pas grand-chose à ces démarches. Les croyances demeurèrent avec leur attirail de superstitions.
En fait, les croyances et les superstitions se fondent sur une observation naïve de certains événements, de certains phénomènes, de leur répétition ou de leur permanence, à partir desquels ont été élaborées et mises en place des protections imaginaires. Cela dans le seul but de se rassurer ; leur efficacité était une certitude. Démarche illusoire ? Certainement, mais combien réconfortante face à un environnement décidément hostile.
Il est un aspect particulier qu’il importe d’aborder afin de clarifier l’approche de cet ouvrage : les religions. Des superstitions peuvent en effet se mêler aux croyances religieuses. Au XIV e siècle, le terme « superstition » désignait uniquement le culte des idolâtres, des faux dieux ; au XVIII e siècle, il englobait les religions dans leur ensemble parce que leurs dogmes s’opposaient à la « raison ». Ce n’est pas ici l’objet de cet ouvrage. Chacun est libre de croire au Dieu qui lui convient. Bien entendu, le croyant peut considérer que son problème est résolu grâce à une intervention divine. C’est le cas d’un miracle, par exemple. De telles manifestations relèvent-elles de la foi ? Ou bien de la superstition, qui fait appel, pour les catholiques, à la Vierge, aux saints et… à Dieu ? Le rôle du clergé est ici fondamental dans l’instruction des fidèles.
Quoi qu’il en soit, ces croyances mêlaient allègrement superstition et religion dans un syncrétisme qui convenait à tous. Elles avaient l’assentiment non seulement des individus, mais du groupe qu’ils constituaient. Elles étaient tenues pour vraies loin de toute logique scientifique. L’essentiel reposait dans le pouvoir de protection qu’on leur attribuait et, en cela, elles s’intégraient parfaitement dans les sociétés d’alors.
La plupart de ces croyances et superstitions ne peuvent d’ailleurs s’expliquer que dans le contexte d’une époque. C’est pourquoi certaines sont aujourd’hui, pour nous, incompréhensibles : elles sont d’un autre temps… Mais ont-elles toutes disparu ?
La matrone : sage-femme avant l'heure
Autrefois, la future mère, paysanne ou ouvrière, travaillait aux champs ou à la fabrique bien souvent jusqu’au dernier moment. Quand les premières douleurs annonçaient l’issue, le père courait chercher la « matrone » . Chaque village, chaque quartier avait la sienne. Elle avait été formée par la matrone précédente et exerçait avec elle avant de la remplacer. Elle était choisie par la communauté d’habitants avec l’assentiment du curé ou du pasteur. Condition exigée : il fallait, essentiellement, « qu’elle fût bien famée », du latin fama , c’est-à-dire qu’elle eût bonne réputation.
À partir de 1750, les chirurgiens dénoncent leur « ignorance crasse » et les accusent de perpétrer un véritable « massacre des innocents ». Est-ce l’influence des Lumières ? Les pouvoirs publics exigent qu’elles sachent lire et écrire. Or, à cette époque précisément, une sage-femme, diplômée de l’Hôtel-Dieu de Paris, décide d’engager une véritable campagne de formation des matrones à travers la France, avec le soutien du pouvoir royal. Il s’agit d’Angélique-Marguerite Le Boursier Du Coudray. Elle a mis au point une « machine », appelée aussi « mannequin », outil pédagogique très utile pour les démonstrations. Pour compléter son enseignement, elle a publié un Abrégé de l’art des accouchements contenant des explications, des planches illustrant les différentes phases de l’accouchement et quelques conseils d’hygiène.
Pendant 25 ans, elle va parcourir la France, s’arrêtant deux ou trois mois dans les grandes villes, exigeant que chaque communauté villageoise lui envoie une jeune femme afin de la former. Elle enseigne aussi sa méthode aux chirurgiens des villes où elle séjourne afin que, après son départ, ils poursuivent l’action engagée. On peut considérer que Madame Du Coudray est à l’origine des écoles de sages-femmes . Une formation qui s’avère nécessaire car les décès à la naissance, de l’enfant ou de la mère, parfois des deux, sont nombreux. L’absence d’hygiène pèse aussi très lourd. À cette époque, près d’un nouveau-né sur trois meurt avant d’avoir atteint son premier anniversaire, victime le plus souvent d’une maladie infectieuse. À la fin du XVIII e siècle, l’amélioration des méthodes d’accouchement, les progrès de l’hygiène et la vaccination contre la variole provoquent une baisse sensible de la mortalité. Vers 1850, la variole ne frappe plus qu’un nouveau-né sur six.
Mais le XVIII e siècle, s’il amène des progrès, ne transforme pas pour autant les mentalités. Les matrones deviennent sages-femmes, mais elles restent profondément marquées par les traditions. Au moment de l’accouchement ressurgissent des pratiques anciennes, mêlant allégrement religion et magie avec l’assentiment des familles.