LA France pas-a-pas, cote a cote , livre ebook

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Titre : La France pas à pas côte à côte : journal de bord d’un périple audacieux / Sylvie Grégoire.
Noms : Grégoire, Sylvie, 1963- auteure.
Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20210064331 | Canadiana (livre numérique) 2021006434X | ISBN 9782898311260 (couverture souple) | ISBN 9782898311277 (PDF) | ISBN 9782898311284 (EPUB)
Vedettes-matière : RVM : Grégoire, Sylvie, 1963-—Voyages—France. | RVM : France— Descriptions et voyages. | RVM : Randonnée pédestre—France. | RVMGF : Récits de voyages.
Classification : LCC DC29.3.G74 2021 | CDD 914.404/842—dc23


Pour l’aide à la réalisation de son programme éditorial, l’éditeur remercie la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), le Programme de crédit d’impôt pour l’édition des livres - gestion SODEC.
L’éditeur remercie également le Gouvernement du Canada pour son aide octroyée par le programme du Fonds du livre du Canada.





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Dépôt légal : 4e trimestre 2021 Bibliothèque et Archives du Québec Bibliothèque et Archives du Canada Bibliothèque nationale de France
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction interdits sans l’accord de l’auteur et de l’éditeur.





Pour maman, ma Fée des chemins
Tu m’as transmis ta passion des voyages, des livres et des mots. Tu m’as appris à rêver, à aller à la rencontre de l’autre, à oser, à donner une chance à la vie. Cette aventure, c’est grâce à toi si elle m’habite à jamais.
Pour François
Merci pour ton enthousiasme, ta persévérance, ta résilience et ton amour. Merci d’avoir partagé mon rêve. Le réaliser à tes côtés l’a rendu mille fois plus vibrant.
Si tu n’arrives pas à penser, marche ; si tu penses trop, marche ; si tu penses mal, marche encore.
Jean Giono
Tout voyage est une contemplation en mouvement.
Marguerite Yourcenar
Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page.
Saint-Augustin
Écrire ou raconter une marche c’est se mettre en position de contre-don avec les émotions ressenties ce jour-là, les souvenirs engrangés, les images recueillies ; c’est rendre au génie des lieux une pa rt de ce qui a été reçu de lui.
David Le Breton




4








Jour 1
Il est midi. Le train, parti de Paris un peu plus tôt, file vers Boulogne-sur-Mer, kilomètre 0 de notre grande aventure. Dans le siège voisin, François tente de lire, sans grand succès. Nous sommes fébriles. Je regarde le paysage défiler à grande vitesse au-delà de la fenêtre ; tous ces villages, champs, forêts et routes que nous parcourrons bientôt en sens inverse, à pied ! Demain, nous débutons notre longue marche. Notre objectif : traverser la France ensemble, pas à pas, sans monter à bord d’un véhicule, d’une côte à l’autre, de la Manche à la Méditerranée. Les questions se bousculent dans ma tête :
Ce projet fou est-il même réalisable ? Peut-on traverser un pays entièrement à pied ? Saurons-nous trouver le chemin pour enjamber les « périphériques » ? Et si c’est possible, en serons-NOUS capables ? Aurons- nous l’énergie et la forme pour le faire ? Avons-nous les aptitudes pour identifier un itinéraire sécuritaire, panoramique et intéressant ? Y aura- t-il des hébergements qui nous conviennent, partout ? Combien de jours nous faudra-t-il pour atteindre la Méditerranée ? Que nous réserve cet été qui s’amorce ?
La voix du chef de train me tire de mes rêveries : « Boulogne-Sur- Mer dans dix minutes ! » Je rassemble mes objets et descends mon sac à dos du porte-bagages. Cette fois-ci, nous avons réussi à « voyager léger ». À tout juste huit kilos, mon sac à dos contient tout ce dont j’aurai besoin au cours des trois prochains mois. Tel l’escargot, il sera la maison que je porterai sur mon dos. Chaque morceau, expertement roulé ou comprimé comme je l’ai appris avant le départ, est essentiel. Aucun objet « au cas où » ne s’y est immiscé ; j’ai docilement respecté les conseils bien avisés que nous avons reçus.



DATE

Dimanche 10 juin 2018

DE

Paris

À

Boulogne-sur-Mer

TEMPÉRATURE










26

KM

11





Lorsque nous descendons du train, le temps est gris et frais. L’hôtel est à bonne distance de marche de la gare, ce qui nous permettra de nous délier les jambes. Le trajet d’aujourd’hui se déroule en grande partie sur une promenade piétonne en bordure de la marina. Je me régale du spectacle que m’offre la vie marine, avec ses odeurs et objets distinctifs, filets, barques et bouées, canards et mouettes. Je suis des yeux les tracés des vols d’oiseaux marins dans le ciel couvert et tends l’oreille pour apprécier la diversité de leurs chants. Je m’amuse en observant leurs amerrissages pour la plupart, inélégants.
Les kilomètres passent sans que je m’en aperçoive. Un sentiment de liberté et d’exaltation dissipe peu à peu le stress accumulé pour nous rendre ici, au point de départ. J’y suis, pour vrai ! Mon rêve prend enfin forme ! Nous voici déjà devant le seul hébergement où nous avons réservé une chambre avant notre départ, une jolie auberge dont la table est étoilée. Pour la suite, ce sera au jour le jour. Nous nous installons dans une chambre lumineuse et confortable, avec vue sur la plage et la mer et sortons manger et visiter ; demain, il faudra partir tôt.
Boulogne-sur-Mer est une jolie ville historique et portuaire située dans le « Pays des ch’tis » rendu célèbre par un film qui a fait rire bon nombre de Français et de Québécois il y a quelques années. Délaissant le centre-ville plus récent, qui nous semble tristounet et un peu défraîchi, nous nous baladons dans la belle cité ancienne fortifiée. François m’invite à rentrer à l’hôtel un peu plus tôt que j’en aurais l’envie ; il veut préserver ses pieds et son dos pour la route qui nous attend. Mais avant, j’insiste pour me tremper les pieds dans la mer. Le symbole est important pour moi. Puisque nous amorçons une traversée « côte à côte », je veux toucher – littéralement – à cette côte nord de la France. Je tiens à mettre mes pieds dans la mer, à la sentir m’envelopper, comme j’insisterai pour le faire dans la Méditerranée, à l’arrivée.
À la plage, malgré le temps frais et gris, plusieurs familles profitent de la mer, affairées à piqueniquer et à jouer. Nos cheveux et vêtements sont fouettés par le fort vent qui balaie la plage, envoyant valser parasols, ballons et serviettes. J’essaie de m’imprégner de ces images. Nous prenons des égoportraits et rions de notre manque d’habileté à trouver le bon cadrage, les réseaux sociaux ne faisant pas partie de nos habitudes. Comment inclure nos visages, la plage et la mer tout en tenant le téléphone à bout de bras dans le vent ? Je dois m’y prendre à plusieurs





reprises avant de réussir à immortaliser correctement notre présence sur cette plage, un souvenir précieux. Je sais d’avance que cette photo fera naître en moi tant d’émotions…
François, qui déteste avoir du sable dans ses chaussures et entre les orteils, ne se rend pas jusque-là où la vague échoit sur la plage. Il m’attend plus haut, les pieds au sec. Je m’avance, les yeux humides, envahie par le sentiment de vivre un moment important. Cette aventure, j’en ai tant rêvé depuis près de vingt ans... Je peine à croire que j’y suis vraiment.
Tout comme le ciel qui s’y reflète, l’eau de La Manche est sombre. La vague froide qui se déroule jusqu’à moi recouvre mes pieds plant