Productions locales et marché mondial dans les pays émergents Brésil, Inde, Mexique , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2005

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845866682

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

SOUS LA DIRECTION DE Yves-A. Fauré, Loraine Kennedy et Pascal Labazée
Productions locales et marché mondial dans les pays émergents
Brésil, Inde, Mexique
IRD - KARTHALA
PRODUCTIONS LOCALES ET MARCHÉ MONDIAL
DANS LES PAYS ÉMERGENTS
KARTHALA sur Internet : http ://www.karthala.com Paiement sécurisé
© IRD Éditions et KARTHALA, 2005 ISBN (IRD) : 2-7099-1553-7 ISBN (KARTHALA): 2-84586-668-2
SOUS LA DIRECTION DE Yves-A. Fauré, Loraine Kennedy, Pascal Labazée
Productions locales et marché mondial dans les pays émergents
Brésil, Inde, Mexique
IRD 213, rue La Fayette 75010 Paris
Éditions Karthala 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Introduction
Yves-A. FAURÉ(IRD-France et IE/UFRJ-Brésil) Loraine KENNEDY(CNRS-France et UNL-USA) et Pascal LABAZÉE(IRD-France et CIESAS-Mexique)*
Le présent ouvrage rassemble neuf études consacrées aux mutations ayant affecté, au cours des dernières années, divers tissus productifs urbains ou régionaux de trois pays émergents : le Brésil, le Mexique et l’Inde. Le but assigné à ce travail collectif est certes d’attirer l’attention, une fois encore, sur l’ampleur des transformations touchant d’importantes 1 agglomérations, ou « complexes » d’activités localisées, souvent d’importance nationale et toutes situées dans des régions du monde hau-tement exposées au mouvement de globalisation. Mais il est surtout de confronter les conditions, simultanément sociales, économiques, poli-tiques et culturelles, menant depuis une quinzaine d’années à l’émergence de dynamiques économiques locales. Sans être autonomes par rapport aux décisions, politiques et choix publics émanant des pouvoirs centraux, ni indépendants de l’environnement macro-économique national, les espaces infranationaux tendent en effet à s’affirmer comme des lieux depuis les-quels s’opèrent les articulations concrètes aux marchés finaux, national, régional ou mondial, où s’établissent des modes spécifiques d’organisation des activités productives, et où se gèrent, dans un contexte de compétition internationale croissante, les formes et les rythmes du changement.
* Nous tenons à remercier leCentro de Investigaciones y de Estudios Superiores en Antropologia social(CIESAS, Mexique), et particulièrement la doctora Margarita Estrada, pour avoir proposé et engagé l’initiative d’un travail comparatif dont ce livre est le résultat et pour avoir œuvré à la diffusion en langue espagnole des textes réunis ici. Les traductions des textes en français l’ont été faites par nos soins. 1. Les termes decomplexes ou d’agglomérations d’activités, volontairement ouverts, visent à prendre quelque distance avec les notions de district industriel, de système productif local, etc., plus fréquemment employées dans les études d’économie locale et régionale mais dont les définitions ne couvrent que partiellement les caractéristiques des agglomérations d’activités présentées ici, tant du point de vue du degré de spécialisation sectorielle que du niveau de coopération inter-firmes.
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PRODUCTIONS LOCALES ET MARCHÉ MONDIAL
Résultant toutes de l’intensification des échanges suscités par la géné-ralisation des politiques d’ouverture extérieure, de libéralisation et de décentralisation internes, les mutations productives des villes ou régions présentées dans ce livre proviennent des restructurations touchant des spé-cialisations anciennes, souvent nées pendant l’ère des politiques de substi-tution des importations et de protection des marchés intérieurs, et désor-mais exposées aux concurrences venant d’autres régions du monde. D’autres mutations s’inscrivent plutôt dans les redéploiements spatiaux induits, de façon conjointe et interdépendante – et, doit-on ajouter, réver-sibles – par les nouvelles stratégies de localisation des grandes firmes globales, et par la vaste recomposition spatiale des activités de production à l’échel-le planétaire amorcée depuis quelques décennies (Crafts, Venables 2001). Le mouvement de globalisation constitue le cadre commun des trans-formations productives des diverses régions du Brésil, du Mexique et de l’Inde exposées ici. Certes, ce mouvement est très différemment interprété et défini. Il renvoie parfois à la convergence des marchés internationaux imposée par les firmes multinationales ; parfois à la mondialisation de la chaîne des valeursviaune nouvelle distribution spatiale des fonctions de recherche et de développement, de production, de financement, de recrutement ; parfois à l’ajustement des espaces nationaux aux exigences des grandes firmes qui, plus que les États eux-mêmes, imposent désormais les règles du jeu ; parfois enfin à l’universalisation des règles et des normes du commerce mondial, à travers des accords internationaux. Une autre vision peut cependant être avancée, plus générale et systé-mique, qui tend à souligner la rupture avec le fonctionnement antérieur de l’économie-monde. Le mouvement de globalisation marque en effet le passage d’une économie d’échanges internationaux, qui liaient antérieu-rement les États-Nations, à un système de transactions multiples et directes entre des espaces infranationaux issus d’une désarticulation productive et spatiale de ces États-Nations (Boyer 1997). Dans ce processus, le monde des transactions tend à s’étendre, à approfondir et à généraliser les rapports marchands y compris au sein d’activités et de productions non économiques – sociales et culturelles notamment. De même, la croissante mobilité spatiale des facteurs de production ne concerne pas seulement les investissements et les délocalisations d’usines. Elle engage aussi les travailleurs eux-mêmes, et ce en dépit des diverses barrières érigées à l’encontre des migrants et à la précarité de leur situation dans les pays de destination. En la matière, le néolibéralisme semble moins prompt à s’en remettre au « laissez faire » prôné pour les capitaux et les marchandises. Depuis la mise en œuvre de politiques d’ajustement structurel et de sta-bilisation financière dans leur pays respectif, les régions dont il sera ques-tion ont été soumises à de profondes réorganisations. Elles se sont pro-duites dans un contexte de réduction des moyens d’intervention des États
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sur leur économie (Chesnais 1994) et d’instauration ou d’expansion des lois du marché. Au moins de façon tendancielle – tant les distorsions sont nombreuses et, de plus, souvent aggravées par les actions des grandes puissances industrielles – ces lois s’imposant comme la sanction universel-le, exclusive et désormais immédiate via la rapidité des flux d’information (Borja, Castells 1997), des activités humaines de production. Pour autant, la globalisation n’est pas toujours la seule cause des mutations décrites. A l’impossibilité méthodologique d’isoler clairement son impact spécifique sur les économies locales, et aux difficultés désormais reconnues à trouver au « postfordisme » une quelconque cohérence d’ensemble, tant ses modalités apparaissent variées (Benko, Lipietz 1995), s’ajoutent nombre d’événements de conjoncture affectant les activités urbaines et régionales mais ne renvoyant pas nécessairement aux ouvertures libérales – taux de change, évolution des marchés et des pouvoirs d’achat dans les pays – sans compter avec le poids de facteurs structurels internes comme la distribution des revenus et de la richesse. De plus, les textes soulignent le rôle majeur des acteurs locaux, milieux d’opérateurs économiques et autorités politiques notamment, ainsi que celui des institutions qu’elles forgent, d’une part dans les modalités d’adaptationex postdes aggloméra-tions d’activités aux concurrences internationales, et d’autre part dans les fonctions désormais centrales de mise en contact du local et du global aux plans technique, commercial, financier, culturel, social. De ce point de vue l’ouvrage tient à égale distance deux approches fréquemment rencontrées dans les études consacrées aux rapports entre les deux échelles. La première tend à faire de la globalisation – terme abusivement érigé endeus ex maquina, en destin inévitable, en évolution naturelle de l’humanité entière (Bourdieu 2000) – le facteur explicatif unique des mutations économiques locales. Cette approche nous semble omettre que les acteurs locaux ne s’en tiennent nullement à l’exécution des figures productives imposées par les modèles et les théories, qu’il s’agisse du défunt marché protégé de l’import-substitution ou du marché ouvert d’aujourd’hui, du centralisme d’hier ou des décentralisations 2 contemporaines . La seconde tend, à l’inverse, à reformuler à sa manière le small is beautifull(Schumacher 1973) en faisant du local le lieu privilégié de l’invention de relations sociales neuves et de combinaisons productives inédites. Or, comme l’ont justement souligné Calvo et Lugo (1995), c’est à
2. Il a été établi, en particulier dans Bayart (1994), que les transformations des économies des « pays du capitalisme pauvre » répondent rarement aux modèles postulés ou idéalisés. Dans la même inspiration avec laquelle Max Weber avait étudié les voies indirectes de l’émergence de l’esprit capitaliste dans l’univers protestant, les études rassemblées dans l’ouvrage cité montrent à quel point les milieux d’entrepreneurs, et l’idéologie qui les caractérisent, pren-nent des formes extrêmement variées d’une région du monde à l’autre et comment le capitalisme avance par des voies obliques à partir de pratiques tant inattendues que variées.
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l’ombre de cette idéologie que se sont étendus les mastodontes dominant aujourd’hui l’activité économique du monde.
Brésil, Inde, Mexique : traits communs de trois économies émergentes
Au sein d’un ensemble peu homogène, et dont le périmètre varie d’une 3 source à l’autre, de pays ou d’économies considérées comme émergents , le Brésil, l’Inde et le Mexique disposent de diverses caractéristiques com-munes fournissant une base à l’étude comparative de leurs dynamiques productives locales. Leur poids démographique et économique dans leur environnement régional respectif les prédispose, en particulier, à exercer des effets de polarisation et d’entraînement bien au-delà de leurs fron-tières. Et les performances ou les revers de leurs appareils productif et financier tendent à se répercuter dans les économies sous-régionales, voire dans l’économie mondiale comme l’ont montré, chacune à leur tour, la crise financière de l’Inde en 1991, celle plus menaçante encore du Mexique en 1995, ou les inquiétudes que continue de susciter actuellement le système financier brésilien. C’est sans doute à ce titre que les mutations
3. Le succès de la notion de « pays émergent », et son usage désormais courant dans la littérature économique et financière dédiée à la globalisation, est en raison inverse de son degré de précision et de la rigueur des critères et des indicateurs permettant de dresser la liste des pays concernés. La Chine, l’Inde, l’Indonésie, le Brésil, le Mexique, le Chili et l’Afrique du Sud sont généralement mentionnés au motif de leur contribution croissante aux échanges mondiaux, de la densification de leur appareil industriel orienté à l’exportation, du poids relatif de leur économie, de leur marché intérieur et des flux d’investissements directs captés dans leur sous-région respective, bref d’une plus grande intégration productive et finan-cière attribuée, dans une perspective évolutionniste menant du sous-développement à l’émer-gence capitaliste, aux efforts d’ouverture économique. S’y ajoutent quelques pays d’Asie orientale fortement exportateurs – Corée du Sud, Taiwan, Hong Kong et Singapour notam-ment –, dont l’insertion dans l’économie-monde est plus ancienne et résulte de politiques publiques fortement encadrées, agressives sur les marchés extérieurs et protégeant les marchés internes ; ainsi que la Thaïlande, les Philippines, la Malaisie ayant ultérieurement bénéficié des délocalisations industrielles japonaises et taiwanaises. La Russie et les ex-pays de l’Est sont souvent inclus dans le bloc des pays émergents, moins d’ailleurs pour l’amélioration de leurs performances industrielles et exportatrices ou par le dynamisme de leur marché interne que pour leur adhésion formelle aux principes de l’économie libérale ; ainsi que quelques pays « intermédiaires » – Turquie, Maroc par exemple –, bénéficiaires de délocalisations récentes qui tendent à réorienter leur activité exportatrice vers les pays occidentaux ; voire divers pays pétroliers du Golfe persique, cette fois au titre de leur intégration aux flux financiers mondiaux. Une autre classification des pays émergents est en vigueur dans le monde de la finance à travers les catégories de « risques-pays » visant à orienter les investis-sements ; néanmoins, elle n’est pas plus précise que les autres, et les classements ne sont pas exempts d’objectifs stratégiques de la part des banques et agences financières.
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économiques, politiques et sociales dans ces pays sont particulièrement sui-vies par les organismes internationaux et les analystes de la globalisation. Avec une population estimée en 2002 à 176 et 104 millions d’habitants respectivement, le Brésil et le Mexique sont les premiers marchés intérieurs latino-américains. Ils concentrent ainsi 32,9 % et 19,4 % de la population sous-continentale, tandis que l’Inde représente, avec près de 1,1 milliards 4 d’habitants, environ 74 % de la population d’Asie du Sud . Leur contribution au produit intérieur brut sous-régional n’est pas moins importante. Le Brésil représente 41 % du PIB latino-américain en 2001 et le Mexique 19 %. Pour sa part l’Inde génère un peu plus des trois quarts de la richesse brute d’Asie du Sud. Signe d’une intégration progressive de l’appareil industriel de ces trois pays dans les échanges mondiaux, les exportations de biens manufacturés représentent désormais plus de la moitié de leurs exportations totales – 54,3 % seulement pour le Brésil, mais 89,3 % pour le Mexique et 76,5 % pour l’Inde. Certes, ces pays pèsent encore modestement dans le commerce mondial – le Brésil y contribue par exemple pour 0,9 % selon les dernières données de l’OMC, soit d’un poids plus de deux fois inférieur à sa contribution au PIB mondial –, et particulièrement dans les flux mondiaux de produits industriels. Une partie importante de la progression spectaculaire de leurs exportations manufacturières vient de la présence, sur leur territoire, d’entreprises « globales » qui tendent à internaliser les échanges et à en contrôler une part croissante à l’échelle 5 mondiale (Krugman 1995) ; de plus, le Brésil et l’Inde ont un degré d’ouverture commerciale sur l’extérieur encore faible – 19,1 % et 20,3 % 6 respectivement en l’an 2000, contre 61 % pour le Mexique . Il n’empêche : l’ère encore proche des exportations dominantes de biens primaires semble, pour ces pays, d’ores et déjà tournée. De plus, la part des expor-tations à haute technicité a sensiblement progressé dans le total de leurs 7 exportations manufacturières . Au total, en 2001, le Mexique et le Brésil
4. L’Asie du Sud comprend huit pays : Bangladesh, Sri Lanka, Inde, Pakistan, Maldives, Afghanistan, Bhutan et Népal. 5. Par exemple, en 1992, environ 40 % des exportations manufacturières mexicaines étaient le résultat d’échanges intragroupes (Weintraub 1997) ; en l’an 2000, ce sont les deux tiers des importations nord-américaines d’origine mexicaine qui proviennent de ce type d’échange. Et le constat vaut, peu ou prou, à l’échelle de la planète. Une caractéristique supplé-mentaire du commerce extérieur brésilien est son extrême concentration, dix firmes natio-nales étant responsables de 24% des exportations du pays et les 50 plus grandes entreprises exportatrices représentant à elles seules 58% de la valeur des ventes à l’étranger (source : Rapportd’août 2003 de l’Association brésilienne du Commerce extérieur – ABRACEX). 6. Le taux d’ouverture est le rapport entre la valeur des exportations et importations, et le PIB du pays. 7. Soit 29,8 % pour le Mexique et 17,9 % pour le Brésil en 2001. Les exportations à haute technicité restent encore limitées en Inde (5,7 %) tant les industries traditionnelles, le textile par exemple qui reste le premier pourvoyeur d’emplois après l’agriculture et représente
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