Les économies de l’échange en Nouvelle-Calédonie Mariages et deuils à Maré , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2013

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0

EAN13

9782811109721

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Les économies de l’échange en Nouvelle-Calédonie Mariages et deuils à Maré
Elsa Faugère
KARTHALA
LES ÉCONOMIES DE L’ÉCHANGE EN NOUVELLE-CALÉDONIE
Couverture :
KARTHALAsur internet : www.karthala.com (paiement sécurisé)
© Éditions Karthala, 2013 ISBN : 978-2-8111-0972-1
Elsa Faugère
Les économies de l’échange en Nouvelle-Calédonie
Mariages et deuils à Maré
Éditions Karthala 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Remerciements
L’expérience anthropologique est une aventure humaine. Et mon aventure n’aurait pas eu lieu si de nombreux Maréens ne m’avaient pas ouvert la porte de leurs maisons et de leurs histoires. Je tiens à les en remercier ici et plus particulièrement tous les habitants de Hnadid, Wakone et Tawainedre. Je pense plus spécialement à Trayane, disparu depuis, Kaica Yeiwie et leurs enfants qui m’ont chaleureusement accueillie tout au long de mes enquêtes de terrain ; à Kathia et Sofe qui ont été, entre autres, des aides indispensables pour les transcriptions et traductions d’entretiens. Merci à Wakele et Wacatrutru pour leur hospitalité. Je garde un souvenir inoubliable de mon séjour à Dranin en compagnie des Waicane et des Kaku. Et je remercie chaleureusement les familles Yeiwie, Waicane, Yeiwe, Guyet, Waute, Ua, Wazabi, Kaku, Etoroi, Simijane, Trimari, Bula, Wayuo, Hnau et Sinawe pour leur aide et leur accueil.
Ctt chch a pŝ s fa âc aŝ ïnancmnt d la Povnc 1 des Iles Loyauté (Nouvelle-Calédonie) et du CIRAD que je remercie. Certains chercheurs m’ont guidée à des moments parfois ctqŝs d mon taval. Jan-P Olv d Sadan, Alban Bensa, Isabelle Merle, Marcel Djama sont de ceux-là et je les en remercie vivement.
1. Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.
1 Introduction
Depuis bientôt quinze ans et la signature des Accords de Nouméa en mai 1998, la Nouvelle-Calédonie connaît un processus unique au monde de décolonisation et de transferts progressifs des compé-tences de l’État français vers cet archipel qui fut une colonie fran-ças jŝsqŝ’n 1946, ŝn Tto d’Oŝt-m d 1946 à 1999 t une Collectivitésui generisd’Oŝt-m dpŝs ctt dat. Stŝ dans l Pacïqŝ-Sŝd nt l’Aŝstal t l Vanŝatŝ, la Noŝvll-Calédonie, dotée d’importantes richesses minières dont le nickel, va connaître un référendum d’auto-détermination qui lui permettra, peut-être, d’accéder à une souveraineté totale et entière et à une véritable indépendance entre 2014 et 2018. Mais rien n’est moins sûr. Les indépendantistes sont majoritairement des Kanaks, popula-tion autochtone de l’archipel, et les Kanaks sont devenus minori-taires sur l’ensemble du territoire néo-calédonien. Ils sont en revanche très largement majoritaires dans deux des trois provinces qui composent la Nouvelle-Calédonie, la province Nord et la province des Iles Loyauté. C’est dans cette dernière, compos d qŝat îls habts, Lfoŝ, Ta, Oŝva t Ma, qŝ j’ai mené des enquêtes ethnographiques entre 1994 et 1997, et plus précisément sur l’île de Maré. J’ai découvert l’existence de la Nouvelle-Calédonie en 1994, six ans après la signature des accords de Matignon qui avaient mis un terme à la période sanglante des années 1980. Je n’ai pas connu ces événements dramatiques au cours desquelles indépendantistes et non-indépendantistes s’étaient entre-tués ni vécu ces décennies de luttes pour la reconnaissance de l’identité et de la culture kanakes bafouées par plus d’un siècle d colonsaton fanças. Poŝtant, ct hta d combat, d sstanc t d cont cont la domnaton colonal a cons-dérablement marqué toute l’histoire d’une anthropologie qui, en
1. L’introduction reprend en partie la conclusion du texte « L’argent des morts en pays nengone », Faugère 2006, inC. Demmer et M. Salaün (eds), À l’épreuve dŝ captalsm. Dynamqŝs conomqŝs dans l Pacïqŝ,Cahiers du Paci-ïque Sud Contemporain: 55-84.4, L’Hamattan, Pas , n°
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LeS éCONOMieS De L’éCHANge eN NOuVeLLe-CALéDONie
Nouvelle-Calédonie, ne s’est intéressée qu’aux sociétés et à la 2 culture kanakes . Cet ouvrage s’inscrit dans cette tradition puisqu’il porte sur les Kanaks de l’île de Maré. La problématique de ce livre s’est cons-truite à partir d’une question que se posent les habitants de cette île : peut-on être et rester Maréen (ou Kanak) alors que la coutume est fortement monétarisée ? Cette interrogation révèle un paradoxe qui, lors des enquêtes de terrain, s’est révélé central au sein de la société 3 locale : alors que la coutume (présentée, par tous, comme le sym-bole des identités maréenne et kanak) est, dans les discours, constamment opposée à l’argent (considéré comme le symbole de l’identité européenne et de la présence coloniale française), sa mise en œuvre est systématiquement monétarisée. L’argent est le prin-cipal support ou véhicule de la coutume ; l’argent, dans la plupart des cas, sert àfaire la coutume. Trois discours, contradictoires, tout au moins en apparence, révèlent la complexité du problème. Le premier discours valorise « la coutume », insiste sur son importance au sein de la vie sociale locale et minimise la compé-tence des Maréens en matière de gestion de l’argent. Ce discours ch|Ôch| à camo|Ô l’mpoÔtanc| d| la montaÔsaton d| la v| locale, comme s’il voulait donner à voir une société traditionnelle, restée en marge des dynamiques économiques marchandes. Le deuxième discours critique vivement la forte monétarisation des « coutumes », y voyant un signe de « travestissement » et de « dysfonctionnement » de la « vraie coutume ». Ce discours recon-naît l’importance prise par l’argent mais la déplore en tant que facteur de déstructuration sociale. et, |nIn, l| tÔosèm| dscoÔs consdèÔ| q| la foÔt| montaÔsa-tion des coutumes constitue une ponction de moins en moins supportable des revenus des ménages et un frein au développement. Comment interpréter ces divergences au sein de normes morales qui font de la coutume tantôt le symbole valorisé des identités maréenne et kanak et tantôt une sorte de sangsue qui ponctionne et pÔoIt| d| chacn, |mpêchant ans tot dv|lopp|m|nt local ? et comment comprendre des pratiques qui, d’une part, ont fait de l’ar-
2. À l’exception du travail de Drothée Dussy sur la ville (cf. Dussy, 2010). Cf. Notamment E. Faugère et I. Merle (2010) pour une présentation des recherches contemporaines menées en sciences sociales sur la Nouvelle-Calédonie. 3. Le terme de « coutume », très fréquemment employé par les Maréens, est la traduction française du termenengone«penenod» q s{nI| lttÔal|m|nt « la manière de faire au pays » (pene;= manière de nod= pays). Ce terme, qui sera abondamment utilisé dans ce travail en raison de son utilisation constante par les Maréens, ne le sera jamais en tant que terme explicatif.
iNTrODuCTiON
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gent l’instrument indispensable à la reproduction ou au maintien de ladite coutume, et qui, d’autre part, font dépendre, dans une certaine mesure, la circulation de l’argent, des normes de la coutume ? L’objet de cet ouvrage est d’apporter des réponses à ces ques-tions en faisant une description et une analyse ethnographiques des dons, qu’ils soient monétaires ou non monétaires, tels qu’ils sont pratiqués sur l’île de Maré, en Nouvelle-Calédonie. Si les enquêtes de terrain ont été effectuées dans les années 1990, et s’inscrivaient dans le cadre d’une recherche doctorale (Faugère, 1998), il existe à ce jour encore peu de travaux anthropologiques sur les échanges, les transactions, la circulation des dons, dans les cérémonies coutu-mières et dans l’économie domestique, en Nouvelle-Calédonie. Seuls la thèse de Dorothea Deters (2000), l’article d’Alban Bensa (2006) sur le comptage des dons, la thèse récente d’Hélène Nicolas (2012) sur les mariages à Lifou et le présent ouvrage comblent cette lacune. Ce livre montre comment l’échange et les dons, d’argent notamment, constituent le lien social. C’est principalement au cours des cérémonies coutumières (mariages et deuils) que la parenté se donne à lire au travers de la circulation des dons qui en matérialisent les liens. Mais, loin de les Ô|pÔodÔ| Idèl|m|nt |t d| s| confoÔm|Ô ax Ôè{l|s |n v{|Ô, la circulation des dons est le jeu et l’enjeu de manipulation, de détour-nement et d’arrangement et ce, en partie, parce que les règles du jeu sont, elles-mêmes, l’objet de négociations et de désaccords. Loin de n’être que des données immanentes et immuables, les règles de la coutume et de la parenté se négocient, dans une certaine mesure, au cas par cas. Une analyse minutieuse des travaux coutumiers révèle comment se re-fabriquent, subrepticement, les réseaux de parenté et les normes de la coutume (chapitres 2 et 3). S’il est vrai qu’il existe un certain nombre de principes généraux qui organisent les grandes lignes d’un travail coutumier, ils forment néanmoins une sorte de canevas à l’intérieur duquel la marge de négociation et de manœuvre est loin d’être négligeable. Donner à l’un plutôt qu’à l’autre permet de légitimer, voire d’im-poser le statut politique de l’un au détriment de l’autre, notamment parce que ces dons sont l’occasion d’évoquer des morceaux d’his-toires familiales et de mettre en lumière certains éléments jouant en la faveur du donataire. En effet, ces histoires, souvent contradic-toires, contiennent les clés des positions sociales de chacun. L’énoncé de parcours migratoires claniques, faisant état aussi bien de l’ancienneté que des relations d’un groupe et/ou de certains indi-vds |n n l|, fonctonn| comm| moy|n d| classIcaton. en dehors des arrangements et des manipulations volontaires, toutes
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