145
pages
Français
Ebooks
2003
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2003
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Publié par
Date de parution
01 janvier 2003
EAN13
9782738174444
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
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Date de parution
01 janvier 2003
EAN13
9782738174444
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Français
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DU MÊME AUTEUR
Crise de la prévision, essor de la prospective , Paris, PUF, « L’Économiste », 1977.
Les Échanges internationaux , avec O. Ruyssen, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 1978.
L’Europe en mutation , avec O. Ruyssen, CEE, « Perspectives européennes », 1980.
Demain les crises . De la résignation à l’antifatalité, Paris, Hachette, 1980.
Les Nouvelles Frontières de l’environnement , avec R. Barré, Paris, Economica, 1982.
Crises are Opportunities , Montréal, Gamma Press, 1985.
La Fin des habitudes , avec J. Lesourne, Paris, Seghers, 1985.
Prospective et planification stratégique , Paris, Economica, 1985.
Radioscopie du Japon , avec P.-N. Giraud, Paris, Economica, 1987.
L’Avenir autrement , Paris, Armand Colin, 1991.
De l’anticipation à l’action. Manuel de prospective et de stratégie , Paris, Dunod, 1991.
Emploi. Le grand mensonge , Paris, Fixot, 1994 ; Pocket, 1999.
Manuel de prospective stratégique , tome 1 : Une indiscipline intellectuelle , tome 2 : L’art et la méthode , Paris, Dunod, 2001 (2 e édition).
Creating Futures : Scenario Planning as a Strategic Management Tool , Paris, Washington, Economica-Brookings, 2001.
www.cnam.fr/lipsor/
MICHEL GODET
LE CHOC DE 2006
DÉMOGRAPHIE, CROISSANCE, EMPLOI
pour une société de projets
La première édition de ce livre a obtenu le prix du Livre d’Économie 2003, décerné par le Sénat et un jury de journalistes économiques
© O DILE J ACOB , 2003, 2004, 2006 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
ISBN : 978-2-7381-7444-4
www.odilejacob.fr
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5, 2° et 3° a, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Remerciements
Ce livre est dédié à Alfred Sauvy et Gérard Calot qui se sont battus jusqu’à leur dernier souffle contre le « refus de voir » le vieillissement de l’Europe et pour une véritable politique familiale. Cet ouvrage n’a pas d’autre ambition que de continuer leur combat !
Cette bataille pour l’avenir est aussi celle d’Évelyne Sullerot, de Jacques Bichot, de Jean-Claude Chesnais, d’Yves Cannac, de Gérard-François Dumont, de Hugues de Jouvenel, de Jacques Lesourne, de Claude Seibel. Ce livre leur doit beaucoup.
L’écriture est un enfantement souvent difficile et ma reconnaissance est immense pour les amis fidèles qui n’ont pas ménagé leurs critiques et m’ont aidé à réduire les incohérences et à clarifier l’argumentation. Je veux citer Nathalie Bassaler, Marie-Laure Cahier, André Letowsky, Régine Monti, Marc Mousli, Alain Peretti, Saphia Richou et Jean-Pierre Rosenczveig.
Je remercie aussi les médias comme Challenges , Les Échos , Le Figaro , Futuribles , Le Monde , Libération , Ouest-France . En m’ouvrant leurs colonnes depuis trente ans, ils m’ont aidé à cristalliser des idées dispersées en un puzzle plus complet où l’homme à la recherche du lien social figure au centre.
Je veux enfin et surtout exprimer ma dette à Isabelle, ma femme. Elle m’a porté et supporté tout au long de cet enfantement et elle connaît mieux que personne mes failles et mes contradictions ; la toute première est de m’enfermer dans mon bureau à longueur de journée, plutôt que de jouer avec mes enfants. Merci à Florent, Alice, Louis et Marie de faire semblant de comprendre et de ne pas trop m’en vouloir.
Le fil d’Ariane
Après le choc démographique de 2006, tout va changer. Et d’abord le marché du travail. Cette année-là, les premières vagues issues du baby-boom atteindront la soixantaine et l’âge de la retraite. Ces départs massifs ne seront pas compensés car, après le baby-krach de 1975, le renouvellement des générations a diminué de 20 %. La conjonction de ces deux tendances causera un retournement dans la courbe de la population active. Pour la première fois depuis un demi-siècle, elle baissera. Dès lors, rien ne sera plus comme avant et ce, jusqu’au débat sur les 35 heures qui semblera alors bien futile. Les systèmes de retraites apparaîtront encore plus inégaux que ceux des revenus. Jugera-t-on normal que certains, parmi ceux qui vivent le plus longtemps, soient aussi ceux qui partent le plus tôt et aient les pensions les plus élevées ? Voilà bien un sujet explosif qui, comme l’avait pressenti Michel Rocard dès 1990, pourrait faire sauter plusieurs gouvernements. Il est tentant pour les politiques de piloter à vue et d’attendre l’urgence pour changer de cap. Le prospectiviste, lui, n’échappe pas au syndrome de la vigie sur le Titanic . Il se doit d’annoncer l’iceberg afin que l’on évite la collision ! Hélas, son cri d’alarme est couvert par l’agitation qui règne autour du gouvernail et ses messages ne franchissent guère l’antichambre des officiers de quart ! Il ne reste qu’une solution : lancer une bouteille à la mer ; expliquer à qui veut ce qui se prépare ; alerter l’opinion. Ce que je fais avec cet ouvrage.
Disons quelques mots de sa genèse. L’interrogation, l’enthousiasme, l’émerveillement ou, si l’on veut, l’esprit d’enfance, y ont leur part. Une certitude aussi : que si tout a déjà été dit, tout le monde ne l’a pas encore dit ou entendu, et qu’une découverte est souvent une redécouverte personnelle. En trente ans de réflexion prospective, j’ai laissé ma curiosité vagabonder au gré des questions qui m’étaient posées. Mon métier consiste principalement à recoller les morceaux d’un puzzle, bien connus chacun séparément, mais rarement rassemblés pour montrer la signification de l’ensemble. Ma spécialité, c’est révéler le dessin qui est dans le tapis et que l’on refuse souvent de voir. On l’a compris, je ne suis plus tout à fait économiste, je suis un peu historien et peut-être suis-je devenu sociologue sans le vouloir – s’il faut croire les journalistes qui me présentent comme tel. Pour ma part, je me découvre, chaque jour un peu plus, démographe.
La spécialité du prospectiviste étant la vision globale, je ressens le besoin constant d’explorer des terres nouvelles pour compléter la carte. En trente ans, la curiosité d’esprit m’a ainsi mené sur des rivages aussi différents que l’énergie, les échanges internationaux, le changement technique, la compétitivité des entreprises, la formation, l’emploi, l’environnement, l’agriculture, la sécurité alimentaire, le développement local, la création d’entreprises et le management. Dans ce même laps de temps, l’indépendance d’esprit m’a conduit à des diagnostics souvent contraires aux opinions dominantes. La chasse aux idées reçues est une forme d’hygiène intellectuelle, toujours salutaire, que je cultive sans doute parce que, comme quiconque, je me sens une possible victime de leur dictature. Et ce au risque même d’être considéré comme un provocateur, alors que seule la réalité est provocante, ou encore de voir caricaturer mes mots, mes formules, mes images, alors que le refus d’agir, le défaut d’anticipation sont autrement caricaturaux. Ainsi, ayant exploré les territoires lointains d’Afrique, de Californie, du Japon et de l’Asie du Sud-Est sans oublier l’Amérique latine et le Moyen-Orient, chaque fois, j’ai pu mesurer l’immensité de mon inculture – la culture, construction fragile en reconstruction permanente, se transmet par des découvertes sans cesse recommencées. Mais aussi, heureusement, j’ai retrouvé partout le même fil d’Ariane rassurant parce que naturel et familier : les facteurs de développement sont endogènes et les causes de succès ou d’échec des territoires ou des entreprises sont quasiment toujours à chercher du côté des hommes et de leurs organisations .
L’énoncé paraîtra banal, mais ce fil est pourtant tranchant comme celui d’un rasoir. Le meilleur service à rendre aux individus, aux entreprises et aux territoires en difficulté n’est pas de les assister mais de les laisser se responsabiliser, et ensuite seulement de les accompagner. La technologie est importante, mais n’est pas l’essentiel de la compétitivité. Le mythe de la nouvelle économie, promu à la fin des années 1990, n’était pas plus fondé que la légende du management japonais de la fin des années 1980 ! L’essentiel réside dans la tête des entrepreneurs. Ce sont eux les vrais magiciens de la croissance. Rarement des chercheurs, souvent d’anciens chômeurs, ils se distinguent par leur vision, leur projet, leur qualité à diriger. Quand l’équipe de France revient bredouille de Séoul, c’est d’abord l’entraîneur que l’on change ! Le même constat devrait s’appliquer aux entreprises en difficulté. Le système des aides ne fait que prolonger leur agonie due, le plus souvent, à l’incurie de dirigeants que l’on maintient inutilement en place. Mieux vaudrait, pour l’activité et l’emploi, consacrer l’argent public ainsi dépensé aux entreprises qui marchent afin qu’elles se développent. Donner des aides aux entreprises qui n’en réclament pas ? On le voit, le bon sens devrait souvent conduire à faire le contraire de ce que l’on fait.
La France vit un véritable chômage de mauvaise gestion de l’abondance. Alors que le PIB a doublé depuis 1975, le nombre de chômeurs, lui, a quadruplé. C’est, en un sens, une bonne nouvelle. Si les causes de nos difficultés sont en nous, dans l’exception française et ses coûts exorbitants, les solutions aussi : elles résident dans la réforme de l’État, des services publics et de la gouvernance politique, économique et sociale. Il ne sert donc à rien de chercher des boucs émissaires à l’extérieur, dans la mondialisation, l’essor technologique ou la concurrence des pays à bas salaire