110
pages
Français
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2006
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Publié par
Date de parution
01 octobre 2006
Nombre de lectures
3
EAN13
9782940489800
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Cet ouvrage invite le lecteur à découvrir l'un des principaux groupements patronaux horlogers de Suisse, l'Association cantonale bernoise des fabricants d'horlogerie (ACBFH). Créée en 1916 afin de regrouper le patronat horloger de Bienne et du Jura dans sa lutte contre le syndicalisme ouvrier, l'ACBFH a déployé, au cours du 20e siècle, une intense activité dans des domaines aussi variés que la gestion de fabriques de pièces détachées, la formation professionnelle et le recrutement de personnel, la politique horlogère fédérale, ainsi que les négociations avec les syndicats et la mise sur pied de conventions collectives de travail. Devenue l'Association patronale de l'horlogerie et de la microtechnique (APHM) en 2001, elle regroupe désormais des industriels actifs dans l'ensemble du tissu économique régional.
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Date de parution
01 octobre 2006
Nombre de lectures
3
EAN13
9782940489800
Langue
Français
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1 Mo
Couverture
4e de couverture
Histoire d'un syndicat patronal horloger
H ISTOIRE D’UN SYNDICAT PATRONAL HORLOGER
L’ A SSOCIATION CANTONALE BERNOISE DES FABRICANTS D’HORLOGERIE ( ACBFH )/
A SSOCIATION PATRONALE DE L’HORLOGERIE ET DE LA MICROTECHNIQUE ( APHM )
1916-2006
Titre
P IERRE- Y VES D ONZÉ
H ISTOIRE D’UN SYNDICAT PATRONAL HORLOGER
L’ A SSOCIATION CANTONALE BERNOISE DES FABRICANTS D’HORLOGERIE ( ACBFH )/
A SSOCIATION PATRONALE DE L’HORLOGERIE ET DE LA MICROTECHNIQUE ( APHM )
1916-2006
E DITIONS A LPHIL
Copyright
Publié par les Editions Alphil pour le compte de l’Association patronale de l’horlogerie et de la microtechnique (APHM) à l’occasion de ses 90 ans.
© Editions Alphil, 2006
Case postale 5
2002 Neuchâtel 2
Suisse
www.alphil.ch
EAN Epub 978-2-940489-80-0
Conception graphique et maquette : Nusbaumer-graphistes sàrl, Delémont
Responsable d’édition : Alain Cortat
P RÉFACE W ALTER VON K ÄNEL
Pour marquer de manière durable le nonantième anniversaire de l’existence de notre association, nous avons confié à Pierre-Yves Donzé d’en retracer l’histoire.
La lecture du présent ouvrage démontre les origines, le développement et la vie de l’association, en la situant dans le contexte de la « longue marche » de notre industrie régionale.
De « défensive » notre association est devenue progressivement « offensive » dans les défis sociaux et économiques.
Les présidents et secrétaires généraux de notre déjà longue histoire figurent parmi les « pionniers » de notre métier et de notre région.
Nous souhaitons que l’association conserve à l’avenir son rôle de « leader » dans ses activités de soutien à la formation professionnelle, à l’encouragement de la relève horlogère, continue à contribuer à la paix du travail dans le cadre d’une convention collective évolutive et participe ainsi aux conditions cadres favorables au développement du tissu industriel et économique de notre région.
Qu’il nous soit permis de féliciter l’auteur du sérieux de son travail et de remercier notre ancien secrétaire général Nicolas von der Weid pour sa précieuse contribution.
Nous sommes convaincus que le présent document apportera une contribution à la connaissance de l’histoire économique et sociale de notre région.
Walter von Känel
Président de l’APHM 2001-2007
Saint-Imier, octobre 2006
1. I NTRODUCTION
À quoi servent les associations horlogères ?
Derrière cette question apparemment banale apparaît une interrogation beaucoup plus fondamentale, légitimée par la création d’une multiplicité d’associations horlogères, à l’existence souvent éphémère, au cours des années 1870-1930. Les dizaines d’associations, de syndicats patronaux et de sociétés de fabricants fondés au cours de cette période trouvent en grande partie leur origine dans la structure du tissu industriel horloger, composé de nombreuses petites et moyennes entreprises aux intérêts parfois divergents et actives dans une partie limitée du processus de fabrication (boîte, mouvement, partie de mouvement, montre terminée, etc.).
La création de ces associations dans le dernier tiers du XIX e siècle correspond à une profonde mutation de l’industrie horlogère suisse, suscitée par les difficultés nées de la Grande Dépression (1873-1896), qui se traduit par l’industrialisation des modes de production et le passage d’un libéralisme classique de type manchestérien au capitalisme organisé 1 . De nouveaux défis se posent en effet aux fabricants d’horlogerie. Il s’agit tout d’abord d’industrialiser les modes de production. Mais l’introduction de machines et la quête d’une interchangeabilité des pièces d’horlogerie nécessitent l’adoption de normes communes, notamment en termes d’unités de mesure, et donc d’une collaboration des fabricants sur le plan technique. Ensuite, les industriels cherchent à défendre la qualité et la commercialisation de leur production, avec l’introduction du contrôle des métaux précieux et de la protection des marques de fabriques, le développement d’écoles d’horlogerie, la protection des brevets et l’amélioration du système consulaire suisse, autant de mesures qui ne peuvent être mises sur pied que par l’intervention collective du patronat horloger. Enfin, les milieux horlogers cherchent à remédier à la diminution de leurs marges de profit en tentant à la fois de s’opposer aux demandes d’augmentations salariales des ouvriers désormais regroupés au sein de syndicats et d’adopter des accords de type cartellaire garantissant des prix minimaux de vente. Ainsi, entre 1880 et 1914, on dénombre au moins 25 ententes cartellaires, à l’existence plus ou moins éphémère, uniquement dans l’industrie horlogère 2 .
Il est bien évident que la mise en œuvre de telles mesures ne peut se réaliser dans le cadre d’un libéralisme compris au sens strict. Les patrons des diverses branches de l’horlogerie doivent s’organiser, se réunir, négocier et se regrouper en fin de compte au sein d’associations qui défendent un certain nombre de points de vue communs afin d’en faciliter la réalisation. C’est ainsi que naissent, dans les années 1880, 1890 et 1900, diverses associations patronales dans plusieurs branches de la sous-traitance, comme l’ Association des chefs d’ateliers monteurs de boîtes en or de La Chaux-de-Fonds (1888), l’Association des fabricants de pierres d’horlogerie (1898), l’Association des fabricants d’aiguilles (1907), la Société des fabricants de cadrans émail (1907), etc. 3 . Parallèlement à la Société intercantonale des industries du Jura (1876), devenue Chambre suisse d’horlogerie en 1899, surtout active dans le domaine de la politique douanière à la fin du XIX e siècle, les établisseurs et les fabricants d’horlogerie travaillent à leur regroupement au sein d’associations patronales. Ils rencontrent toutefois des difficultés pour constituer des ententes durables, en raison des intérêts divergents qui opposent établisseurs, industriels et petits fabricants 4 .
Une grande partie des fabricants d’horlogerie soumis à la loi sur les fabriques se réunissent en 1887 au sein de l’Union suisse des fabriques de montres. Celle-ci connaît déjà une scission deux ans plus tard, avec le départ du grand patronat industriel qui crée le Syndicat des fabriques de montres (1889), alors présidé par Ernest Francillon. En 1903, cette importante association regroupe 28 manufactures occupant près de 7 500 salariés. Son comité regroupe l’élite industrielle de l’horlogerie suisse, avec le Chaux-de-Fonnier Louis-Philippe Courvoisier à la présidence, ainsi que Jacques David (Longines), Constant Dinichert (fabrique de Montilier), Henri Sandoz (Tavannes Watch) et Théodore Schild (Schild & Co) 5 . Ce syndicat patronal connaît toutefois des difficultés en raison de la dissidence de plusieurs importantes manufactures, dont l’absence rend difficile l’adoption de principes communs. Parallèlement à cet important syndicat patronal, d’autres associations voient le jour.
Un autre comité d’initiative se forme en 1888 pour mettre sur pied un groupement patronal d’établisseurs mais il ne parvient à réunir que les fabricants des cantons de Berne et de Soleure au sein d’un Syndicat des fabricants d’horlogerie regroupant 68 établisseurs (1891). De leur côté, les fabricants du vallon de Saint-Imier, emmenés par Jacques David, directeur technique des Longines, et l’industriel Fritz Moeri, se réunissent au sein d’une société en 1887 6 . Les fabricants de Tavannes en font de même en 1890 7 . Quant aux fabricants d’horlogerie de Bienne, confrontés durant les années 1890 à l’affirmation d’un mouvement ouvrier particulièrement actif, ils se regroupent au sein d’une société locale (1898). D’autres groupements patronaux, réunissant des entrepreneurs selon le type de produit fabriqué, se forment après la crise de 1902-1903, comme le Syndicat des fabricants suisses de montres en or (1905) et le Syndicat des fabricants suisses de montres argent, métal et acier (1907). Ils jouent essentiellement un rôle dans la négociation de tarifs avec des fournisseurs particuliers, tels que les monteurs de boîtes.
En 1916, les tensions sociales existant dans les fabriques d’horlogerie révèlent aux fabricants biennois la principale faiblesse du Syndicat des fabriques de montres et des autres associations patronales : « Ils n’ont personne qui s’occupe constamment de la défense des intérêts patronaux alors que les ouvriers ont de nombreux secrétaires permanents. 8 » Les patrons biennois proposent ainsi à leurs collègues du canton de Berne de se retirer du Syndicat des fabriques de montres, qui est alors dissous, et de rejoindre un nouveau type de groupement patronal, mieux structuré et mieux organisé, l’Association cantonale bernoise des fabricants d’horlogerie (ACBFH). Cette opération permet alors aux dirigeants des fabriques de Longines et de Tavannes Watch de se rapprocher des leurs confrères biennois, en particulier des patrons de la fabrique Omega qui sont confrontés à des problèmes de même nature. Ces trois entreprises fédèrent derrière elles l’ensemble des fabricants du canton de Berne au sein d’une nouvelle association qu’elles dirigent jusqu’au milieu des années trente.
1 Cette mutation économique n’est pas propre à l’horlogerie. Elle touche l’ensemble de l’industrie suisse et occidentale. Pour le cas de la Suisse, voir H UMAIR Cédric, Développement économique et État central (1815-1914) : un siècle de politique douanière suisse au service des élites , Berne, Lang, 2004, pp. 313-734 et plus particulièrement pp. 351-354 sur l’horlogerie. Voir aussi G ERBER Jean-Frédéric, « Le syndicalisme ouvrier dans l’industrie suisse de la montre de 1880 à 1915 », in G RUNER Erich, Arbeiterschaft und Wirtschaft in der Schweiz, 1880-1914 , Zurich, Chronos, 1988, vol. 2, pp. 495-497.
2 H UMAIR Cédric, Développement économique et État central (1815-1914) : un siècle de politique douanière suisse au service des élites , Berne, Lang, 2004, p. 354.
3 Source : FOSC , diverses