Expériences de microfinance au Sénégal , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2012

EAN13

9782811107093

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

SOUS LA DIRECTION DE François Doligez, François Seck Fall et Mansa Oualy
Expériences de microfinance au Sénégal
CRES - KARTHALA
EXPÉRIENCES DE MICROFINANCE AU SÉNÉGAL
KARTHALAsur internet: http://www.karthala.com (paiement sécurisé)
Couverture : Photo d’un guiche REMEC-Niayes,©CTB.
© Éditions Karthala, 2012 ISBN : 978-2-8111-0709-3
SOUS LA DIRECTION DE François Doligez, François Seck Fall et Mansa Oualy
Expériences de microînance au Sénégal
CRES BP 7988 Dakar Médina
Éditions Karthala 22-24, bd Arago 75013 Paris
Cet ouvrage est publié avec le concours de la coopération belge
Ouvrae publiŝ avec le soutien du Projet d’Appui à la Microï-nance (PAMIF-1), ïnancŝ par la coopŝration bele, mis en œuvre conjointement entre la Direction de la Microïnance (DMF) du Ministère de l’Entreprenariat fŝminin et de la Microïnance et l’Agence Belge de Développement (CTB). Sa rŝalisation a bŝnŝïciŝ de l’appui ŝditorial de May Delbŝ et François Doliez de l’Institut de Recherches et d’Applications des Méthodes de Développement (www.iram-fr.org).
Coordonnées et contacts des partenaires
90Direction de la microïnance (DMF) : Sotrac Mermoz Lot n° Dakar, Site portail de la microïnance du Sŝnŝal : www.microïnance.sn Consortium pour la RechercheÉconomique et Sociale (CRES) : Rue 10 Prolonŝe, Citŝ Iba Ndiaye Djadji, lots n° 1 et 2, Sacrŝ-Cœur Pyrotech-nique, Dakar (Sénégal), BP : 7988 Dakar-Médina, Site internet : www. cres-sn.org : 121 Sotrac Mermoz RouteAence Bele de Dŝveloppement (CTB) de Ouakam, Dakar, Site internet : www.btcctb.org
Le contenu de cette publication n’engage que la responsabilité de ses auteurs.
La microïnance dans les lettres sénégalaises. Au Siné Saloum, Arame et Bougna, mères de deux jeunes migrants clandestins en Europe :
« L’oxygène, c’est parfois une parole qui tombe par hasard au creux de l’oreille. Rien n’est plus agréable qu’un soulagement inat-tendu. Un matin bleu de l’île, une rumeur annonça l’avènement du microcrédit. Quoiqu’elles n’eussent jamais eu de compte en banque, Bougna et Arame ne furent pas les dernièresàvenir s’informer. Leur raisonnement était d’une simplicité désarmante : il y avait de l’argentàprendre, elles en avaient besoin. Sans rien comprendre au jargon du préposéàla distribution, qui parlait de versement mensuel et d’intŝrêt à 2 %, elles acquiescèrent à tout, ïrent une croi au bas de la feuille qu’elles devaient signer et repartirent, chacune agrippée àsa liasse de billets. Elles l’ignoraient encore, mais elles venaient d’aggraver leur situation. Chacune régla d’abord ses problèmes immédiats et injecta le peu qui lui restait dans son modeste com-merce informel. [...] Malheureusement pour elles, elles n’avaient pas l’expérience du boutiquier, ni son sens des affaires. Elles vivaient au jour le jour, du peu qu’elles gagnaient, sans jamais songer aux versementsàeffec-tuer à date ïe.Àla ïn du mois, elles ŝcumaient les marchands du coin ou leur parentèle pour obtenir le montant du versement imposé. Après avoir difïcilement honorŝ leur enaement les premiers mois, les retards s’accumulèrent, les dettes aussi. Outre leur dette au Crédit Mutuel, elles avaient maintenant des kyrielles de petits prêts àrembourseràdes créanciers encore plus impatients que le banquier ofïciel. Dans l’esprit des dŝfenseurs du microcrŝdit, 2 % ce n’ŝtait rien, mais dans leur contexteàelles, c’était beaucoup. [...] Le capi-talisme humanitaire n’existe pas. Arame et Bougna n’étaient ni aidées, ni protégées ; les intérêts qu’on attendait d’elles étaient sim-plement calculés proportionnellementàleur condition. Le micro-crédit ne servait qu’àrajouter des complications dans leur vie oùles mathŝmatiques tournaient autour du pri du sac de riz ». Fatou Diome, 2010 :Celles qui attendent, Flammarion, Paris, p. 208-209.
INTRODUCTION
Un atelier d’écriture en microînance, pourquoi et comment ?
FrançoisDOLIGEZ François SeckFALL MansaOUALY
Malgré les expériences riches et variées qui ont marqué son histoire, les travau disponibles sur la microïnance dans de nombreu pays du Sud, et notamment au Sénégal, sont rares et souvent produits par des acteurs du Nord. Face à ce constat, la Direction de la Microïnance (DMF) et l’Agence Belge de Développement (CTB), au travers du Projet d’Appui à la microïnance, Volet 1 (PAMIF-1) ïnancŝ par la coopŝration bele, ont invitŝ les acteurs sŝnŝalais de la microïnance à capitaliser leurs epŝ-riences dans le domaine au Sénégal. Cela a donné lieuàun atelier d’écri-ture qui s’est tenu en octobre 2011, en partenariat avec le Consortium pour la RechercheÉconomique et Sociale (CRES) et avec l’appui de l’Institut de Recherches et d’Applications des Méthodes de Développement (IRAM). Au-delàd’un simple séminaire rassemblant dix experts et praticiens de la microïnance au Sŝnŝal, l’atelier est le produit d’un processus d’ac-compagnementàl’écriture. Son objectif était d’arriveràfaire partager des praticiens autour de leurs epŝriences de façon simple et rioureuse dans la perspective d’un regard croisé avec leurs pairs. La dynamique a été initiée début 2011 avec le lancement d’un appelàpropositions dans la presse et sur le portail sŝnŝalais de la microïnance. Le processus a compris trois phases : une première période d’échanges entre les auteurs et les animateurs pour retravailler la problématique et le plan, quatre jours d’atelier en continu et, enïn, un temps consacrŝ à la relecture et à la publi-cation des textes. L’ouvrage qui suit résulte de cette dynamique.
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ExPéRIENCES DE MICROFINANCE AU SéNégAL
Des regards croisés sur la microînance 1 au Sénégal, pourquoi ?
La microïnance sŝnŝalaise s’inscrit dans le mouvement lobal ayant 2 consacré en 2005-2006ce secteur ïnancier spŝciïque comme un instru-ment de lutte contre la pauvreté reconnu internationalement et soutenu par 3 de nombreux acteurs, en particulier l’Aide publique au développement . Nŝanmoins, la microïnance prŝsente au Sŝnŝal un ensemble de traits originaux liésàsa propre histoire ainsi qu’àson ancrage dans les struc-tures de la sociŝtŝ sŝnŝalaise. Alors que l’ŝmerence de la microïnance accompane les rŝformes de libŝration ïnancière et, en particulier, la 4 privatisation ou la liquidation des banques de développement , certaines institutions bancaires publiques comme la Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal (CNCAS) se sont maintenues avec des formes de gouvernance renouvelée au Sénégal. Cela n’a néanmoins pas empêché dans les années 1990-2000, et par comparaison avec d’autres pays de la zone UEMOA, l’ŝmerence d’un secteur particulièrement dynamique et foisonnant puisqu’il compte, pour un pays d’environ douze millions d’ha-5 bitants, près de 1,3 million de membres en 2010 . Dans son dŝveloppement, la microïnance afïrme, au Sŝnŝal comme 6 dans le reste de l’Afrique de l’Ouest, sa double ïnalitŝ ïnancière et sociale, y compris dans certaines analyses d’impact qui prŝïurent une comprŝhension plus ïne des interactions entre solidaritŝs ïnancières 7 locales et microïnance. Mais ce type d’analyse permet aussi d’appréhender l’ambivalence de la microïnance allant parfois, en raison du rationnement 8 ïnancier, jusqu’au reïnancement de certains prêteurs privŝs. L’ŝvolution du secteur de la microïnance peut ŝalement s’analyser en fonction d’un cycle de vie classique, en quatre phases : démarrageexpansionconsolidationintégration. Dans le cas du Sénégal, le secteur
1. Extraits de l’appelàproposition initial de l’Atelier d’écriture. 2. 2005 : Année internationale du microcrédit votéeàl’unanimité de l’assemblée géné-rale des Nations-Unies ; 2006 : Pri Nobel de la Pai pour M. Yunus et la grameen bank du Bangladesh. 3. Cf. Lettre de politique sectorielle de la microïnance et les diffŝrents prorammes qui l’appuient. 4. Quatre des sept banques de dŝveloppement aricole de la zone UMOA sont liqui-dŝes, deu sont recentrŝes sur les ïlières coton (Le Breton, 1989). 5. Direction de la Microïnance/CNC : Rapport sur la situation lobale du secteur au 30 juin 2010 6. Cf. Ouŝdraoo A. & gentil D. (coord.),:La microïnance en Afrique de l’Ouest histoires et innovations, CIF-Karthala, Paris, 2008, 307 p. 7. Voir Ndione E. S., 1992 :Le don et le recours, ressorts de l’économie urbaine, ENDA; Dakar, 208 p. Réédité par Karthala en 1994, sous le titreL’économie urbaine en Afrique. Le don et le recoursp., 216 8. Bombail S., 1994,Évaluation de l’impact économique du fonctionnement des caisses d’épargne-crédit de l’antenne de Kaolack (Crédit mutuel du Sénégal), multigraph., 26 p.
INTRODUCTION
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de la microïnance proresse de l’ŝtape de la consolidation vers une intŝ-ration croissante au sein d’un secteur ïnancier plus inclusif. La phase de consolidation est marquée par la recherche de viabilité des institutions. Cet objectif de pérennisation se traduit par la professionnalisation du secteur (manuels de procédures, système d’information et de gestion ou SIg, renforcement capacitŝs personnel et ŝlus, etc.) appuyŝe par l’état à travers la Lettre de Politique Sectorielle Microïnance. Au cours de cette phase, la prioritŝ est accordŝe au dŝveloppement d’une offre diversiïŝe pour rŝpondre au besoins des clients. Les institutions de microïnance, ou systèmes ïnanciers dŝcentralisŝs (SFD), sont poussŝes à innover pour élargir leur part de marché en proposant par exemple de nouveaux produits (micro et petites entreprises et même PME) ou des facilités technologi-ques (« mobile bankin »). Quant à l’ŝtape d’intŝration, les SFD leaders (détenant une large part de marché) s’inscrivent dans une logique de crois-sance et sont intŝrŝs au secteur ïnancier classique, souvent à une ŝchelle régionale. Cette intégration s’accompagne d’un phénomèdowns-ne de « calin » où le secteur bancaire traditionnel s’enae dans la microïnance, en crŝant des ïliales ou des dŝpartements pour fournir des produits à une catégorie de clients exclus de ses services bancaires classiques. Après une vingtaine d’années de recul depuis son émergence, la micro-ïnance au Sŝnŝal tend pourtant à se traduire par un nouveau dualisme marqué par des dynamiques de plus en plus polarisées. Trois grands réseaux consolidés et intégrés régionalement (Crédit mutuel du Sénégal, PAMECAS et ACEP) représentent près des deux-tiers de l’activité du secteur et constituent le fer de lance de nombreuses innovations destinées à ŝtendre l’inclusion ïnancière et à diversiïer services et produits aïn de couvrir la demande d’un public élargi : épargne de proximité et guichets mobiles, assurances et couverture sociale, ïnancement de l’ŝducation, de l’habitat et d’autres besoinsàmoyen et long terme, transferts de migrants, ŝquipements productifs, etc. Une dizaine de rŝseau ŝmerents se consti-tuent ŝalement avec plus ou moins de difïcultŝ suivant leur ancrae social, leur histoire et leur accompagnement. Certains réseaux émergent d’un long compagnonnage entre organisations populaires et institutions ïnancières et illustrent comment les partenariats ŝvoluent à partir de l’e-périence et des apprentissages, parfois douloureux, dans la gestion du 9 crédit. Enïn, de nombreu roupements et mutuelles d’ŝparne et de crédit demeurent isolés et risquent de se voir de plus en plus marginalisés dans les évolutions en cours au niveau de la nouvelle réglementation impulsée par la BCEAO depuis 2008. Cette dernière viseàfaciliter l’an-10 crae du secteur dans le système bancaire et ïnancier, mais aussià mieux protéger le public des risques croissants sur l’épargne qui restent associésàun développement non maîtrisé du secteur. De fait, au Sénégal
9. Cissokho M., 2009,Dieu n’est pas un paysanp., Présence Africaine, Paris, 295 10. Fall F. S., 2009, « Panorama de la relation Banques/institutions de microïnance à travers le monde »,Revue Tiers Monde, n° 199, juillet-septembre.
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