De la Coopération française à la Banque mondiale Mémoires du développement , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2009

EAN13

9782811102265

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Claude Freud
De la Coopération française à la Banque mondiale
Mémoires du développement
KARTHALA
DE LA COOPÉRATION FRANÇAISE À LA BANQUE MONDIALE
KARTHALA sur internet : http://www.karthala.com paiement sécurisé
Couverture: Huile sur toile (détail) deMaurice Cocagnac, domnicain, peintre et voyageur, Karthala 2007.
© Éditions KARTHALA, 2009 ISBN : 978-2-8111-0226-5
Claude Freud
De la Coopération française à la Banque mondiale
Mémoires du développement
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 PARIS
« Il n’y a au monde que le patriotisme, ou la religion, qui puisse faire marcher pendant longtemps vers un même but l’universalité des citoyens. » Alexis de Tocqueville
REMERCIEMENTS
Josette Perse Armand et Elisabeth Marc ont relu attentivement le manuscrit et m’ont fait des suggestions pour rendre certaines démonstrations plus compréhensibles. Je voudrais les en remercier, tout comme Jean Copans pour les conseils qu’il m’a prodigués pour tirer le fil rouge de cet assemblage de textes, écrits à différentes périodes.
Introduction
L’appellationpays sous-développésa pris, dans le dernier e quart du XX siècle, une connotation humiliante. Aussi, dans le souci de paraître « politiquement correct » emploie-t-on des euphémismes commepays en voie de développement(PVD), pays en développement(PED),pays les moins avancés(PMA), pays à faible revenu,pays pauvres très endettés(PPTE),pays à revenu intermédiaire – tranche inférieure(PRITI),pays à revenu intermédiaire – tranche supérieure(PRITS), pays en transition ou pays émergentspour décrire la situation des pays qui n’ont pas la chance de faire partie despays à revenu élevé. Si l’on écarteles pays émergents et les pays en transition, qui relèvent vraiment de la catégorie despays en train de se développer, toutes les autres formulations sont analogues et sont des cache-misère du sous-développement. On voit, en fait, que la notion depays sous-développéest une définition en creux par rapport àpays développéet qu’il faudrait préalablement définir ce qu’est un pays développé. Mais, parce qu’en aucun pays l’évolution économique, sociale et culturelle ne peut être considérée comme achevée, il n’y a pas en soi de catégorie de pays développés. Tous les pays dits développés sont en cours de développement. Par contre, on peut dire qu’il y en a qui sont plus développés que d’autres. En partant de ce point de vue, il est alors possible de dresser une échelle, avec aux échelons les plus bas les pays les moins déve-loppés et en haut de l’échelle les pays les plus développés.
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DE LA COOPÉRATION À LA BANQUE MONDIALE
Les critères de développement seront de diverses natures : économiques (le PNB par habitant, le potentiel industriel, l’état des infrastructures, la productivité), socioculturels (la santé, la formation, l’état des libertés). On pourra constater qu’avec le temps certains États gravis-sent les échelons, tandis que d’autres restent au même échelon et même certains redescendent d’échelon. Ainsi, le Sénégal, qui détenait une forte croissance dans les années 1950, a connu une stagnation de l’économie ces dernières décennies. La production de riz (paddy) est, aujourd’hui, au même niveau qu’en1965 : 150 000 tonnes, alors que la population a plus que doublé. La production d’arachide est tombée en dessous de 600 000 tonnes contre 900 000 tonnes à cette époque; celle de coton, qui était, alors, de 30 000 tonnes fluctue entre 15 000 et 50 000 tonnes, selon les années. Seule, la pêche a progressé de 100 000 tonnes à 450 000 tonnes pendant cette période. On ne peut même pas dire que ce déclin a été compensé par le développement du secteur industriel, car dans le même temps on a pu constater la baisse des productions industrielles d’origine agroalimentaire et des industries mécaniques tandis que les industries de transformation chimiques, qui s’étaient dévelop-pées dans les années 1980, connaissent à l’heure actuelle des difficultés financières importantes. Seuls les BTP ont progressé, non pour des raisons de développement économique, mais suite à des opérations de recyclage de capitaux circulants, en prove-nance des pays du Golfe ou de l’aide extérieure. Compte tenu de la croissance de sa population, le PNB/tête du Sénégal a régressé et le Sénégal a été rétrogradé dans la caté-gorie des PMA. En effet, alors que dans les années 1980, le seuil pour être répertorié PMA était un PNB/tête de 500 $/an, le Sénégal avec un PNB/tête de 750 $/an échappait à cette classifi-cation ; ce n’est plus le cas aujourd’hui où le PNB/tête est tombé à 440 $/an, alors que dans le même temps le seuil pour ne plus être considéré comme PMA a été relevé à 900 $/an. On pourra dire que ceux qui gravissent les échelons sont des pays en développementtandis que ceux qui stagnent ou redes-cendent d’échelon sont despays sous- développés. Il n’y a pas matière à humiliation d’être considéré comme sous-développé ; il faut se rappeler ce qu’Alfred Sauvy écrivait
INTRODUCTION
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1 en 1961 : « Le vieux problème des relations entre pays de civi-lisations différentes a pris, depuis quelques années, un aspect nouveau. Loin d’être employée dans un sens péjoratif, l’expres-sionpays sous-développésvisait, dès l’origine, les conditions du développement de ces pays, en sous-entendant d’une manière ou d’une autre le devoir des pays parvenus à un stade plus satisfaisant de faire bénéficier les autres de leur avance, de leur tendre une main secourable, pour les aider à se hisser, à leur tour, à un niveau plus élevé ». En même temps, on a pu voir que le termeTiers-Monde n’avait plus la cote, car il rappelait trop la guerre froide, avec d’une part le monde occidental et de l’autre le monde sovié-tique, et entre eux le tiers-monde, objet de compétition entre les deux blocs. Cette image est simplette, car à l’origine ce terme a été forgé sur un rappel historique, celui deTiers-État,et n’avait donc pas de teinture idéologique. Mais peut-être avait-t-il une connotation révolutionnaire (la Tricontinentale) qui n’est plus au goût du jour ? Nous n’entrerons pas dans le débat théorique de savoir s’il vaut mieux choisir la voie capitaliste ou la voie socialiste pour sortir du sous-développement, car comme le disait Schumpeter « Nous pouvons, sans doute, préférer le monde du socialisme dictatorial moderne au monde d’Adam Smith ou vice-versa, mais toute préférence de ce genre entre dans la même catégorie d’évaluation subjective que, pour plagier Sombart, la préférence 2 d’un homme pour les blondes ou les brunettes » . Par contre, nous traiterons des instruments de politique économique, véhiculés par ces idéologies qui ont été mis en œuvre dans les pays africains. Dans un premier temps, à l’aube des Indépendances, se sont affrontés deux modèles de dévelop-pement, l’un dit socialiste sur le modèle de l’URSS, que l’on a pu voir à l’œuvre en Guinée, au Mali, au Ghana, en Tanzanie, et l’autre dit capitaliste sur le modèle de la France ou de la Grande Bretagne, que l’on a pu voir mis en œuvre au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Kenya et au Nigeria.
1. A. SauvyTiers Monde sous-développement et développement,Paris, INED-PUF, 1961. 2. Joseph A. SchumpeterHistoire de l’analyse économique,Paris, Gallimard, 1983.
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