Villes du delta du Nil Tantâ, Mahalla, Mansûra Cités de la densité , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2008

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845869875

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

5 Mo

Coll.Terres et gens d'islam
Delphine Pagès-El Karoui
Villes du delta du Nil Tantâ, Mahalla, Mansûra Cités de la densité
CEDEJ-IISMM- KARTHALA
VILLES DU DELTA DU NIL
KARTHALAsur internet: http://www.karthala.com (Paiment sécurisé)
Couverture : Vue du quartier de l’Université à Mansûra. Photo D. Pagès.
© Éditions Karthala, 2008 ISBN : 978-2-84586-987-5
Delphine Pagès-El Karoui
Villes du delta du Nil
Tantâ, Mahalla, Mansûra, Cités de la densité
CEDEJ BP 392 Muhammad Farid Le Caire
KARTHALA 22-24, bd Arago 75013 Paris
IISMM 96, bd Raspail 75006 Paris
IISMM
Créé en 1999 par le ministère de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la Recherche au sein de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, l’Institut d’études de l’Islam et des Sociétés du Monde Musulman a pour vocation d’ouvrir un espace de colla-boration et d’échanges entre les chercheurs spécialisés dans l’étude du monde musulman, en synergie avec les autres éléments du maillage scientifique national et international. Localisé à Paris, l’IISMM s’attache à coordonner ses actions pédagogiques et de recherche avec les autres pôles scientifiques en France et à l’étranger.
EHESS-IISMM 96, boulevard Raspail 75006 Paris tel. : 01 53 63 56 00 fax : 01 53 63 56 10
iismm@ehess.fr http://www.iismm.ehess.fr
Remerciements
La source de ce livre est ma thèse de géographie, un travail certes éminemment solitaire, mais qui doit beaucoup à la confluence d’aides diverses et variées. En amont, je remercie vivement mon directeur, André Bourgey, pour son soutien jamais démenti, ainsi que toute l’équipe du CEDEJ, en particulier Philippe Fargues et Ghislaine Alleaume, qui m’a accueillie si chaleureusement au Caire. Je souhaite aussi exprimer ma grati-tude à mes collègues géographes égyptiens pour leur grande et précieuse disponibilité : Muhammad al-Amrawî, Yahya Alî Farûk, Ibrahîm al-Sigaî, Samî Muhammad et le professeur Muhammad Zaki à Tantâ, l’équipe du Small Business Projectà Mansûra. Je pense aussi à mes amis du Delta et à leurs familles, Lamia Hassan, Amal Idris, Ibrahîm Farghalî et Samih al-Khûlî. Ma reconnaissance va à celles et ceux qui ont pris le temps d’accompa-gner le long fleuve tourmenté qu’est la rédaction d’une thèse, Raphaëlle Branche, Agnès Deboulet, Nathalie Héraud, Catherine Mayeur-Jaouen, Éric Denis, François Moriconi et Jean-Louis Tissier. En aval, ce travail a béné-ficié des biefs judicieusement ouverts par la lecture serrée et les remarques constructives de Jean Radvanyi, Pierre Signoles et Jean-François Troin. Enfin, à l’embouchure, mon dernier flot de remerciements s’épanchera vers Christophe Brun dont les cruelles rigueurs ont contribué à endiguer les derniers méandres de ma prose, Françoise Bahoken pour ses conseils carto-graphiques et Daniel Rivet, Hamit Bozarslan et Jean-Philippe Bras (IISMM) qui ont bien voulu accepter de confier ce manuscrit à la mer.
Introduction
« Elles ont beau ces villes provinciales se caractériser chacune par des mœurs, une allure et presque un goût, leur citadinité ne se détache que graduellement de l’énormité du monde rural alentour. En ce sens, elles n’obéissent pas au patron de la madîna musulmane classique, structuralement opposée aux bourgades et aux campagnes. Elles viennent de la base. C’est leur force, mais c’est aussi leur infé-riorité par rapport à la cité qui cumule ces concrètes appartenances avec le classicisme citadin. Le Caire ne les domine pas seulement par les prestiges du pouvoir, la masse des habitants, le rôle écono-mique, un centralisme impérieux mais par la prestance, voire par l’unicité du type. » J. BERQUE,L’Égypte.Impérialisme et Révolution, Gallimard, Paris, 1967, p. 79.
« D’où vient que cette ville qui n’est pas immense, constituée aux trois quarts d’immeubles de sous-préfecture, ingrate pour le regard, dénaturée dans son assise primitive sur la Loire par des comblements artificiels, « métropole régionale », restée sans mou-vance sûre, au débouché d’un fleuve qui s’obstrue, donne si forte-ment le sentiment d’une “grande ville”, alors que d’autres, aussi vastes, mieux percées, plus belles, nous font l’effet d’être peuplées de campagnards venus pour la journée faire leurs courses ? Peut-être de ce qu’elle est, plus impérieusement qu’une autre, centrée sur elle-même, moins dépendante de ses racines terriennes et fluviales – peut-être de l’impression qu’elle donne par là de nourrir une vie autonome, purement citadine, dont le pressentiment fait naître chez le visiteur l’envie, plutôt que de la visiter, de s’y immerger, de parti-ciper au secret insaisissable de sa singularité. » J. GRACQ,La forme d’une ville, Corti, Paris, 1985, p. 117.
La fascination pour l’Égypte semble inaltérable, pour ne pas dire éter-nelle. Des cohortes de touristes aux lecteurs insatiables des romans qu’ins-pire sa haute et monumentale antiquité, l’Égypte ne cesse de séduire. Mais que connaît-on de l’Égypte actuelle ? Les assauts répétés du terrorisme
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VILLES DU DELTA DU NIL
islamiste, la longévité de son président une nouvelle fois réélu, la déme-sure de sa capitale qui, avec ses densités record, l’enfer quotidien des embouteillages et le voile pesant de la pollution, rêve de plus en plus aux grands espaces désertiques pour y tracer ses nouveaux desseins et y étendre son emprise. Ce livre se voudrait une invitation au voyage, une incitation à découvrir une Égypte moins mystérieuse mais plus discrète, celle de l’intérieur, qui reste méconnue des touristes et des lecteurs occi-dentaux. Fleuron immémorial de la campagne égyptienne, le delta du Nil est à présent très urbanisé. Il offre le visage, sinon d’une Égypte authentique, du moins d’une Égypte ordinaire. Ses grandes villes de l’intérieur, Tantâ, Mahalla et Mansûra, loin d’arborer le panache des deux premières métro-poles égyptiennes, Le Caire et Alexandrie, sont importantes sans être admi-rables et le visiteur peut être rebuté par l’uniformité rugueuse qu’elles lais-sent voir dès l’abord ; nul vestige pharaonique pour attirer les foules, nul édifice grandiose vantant la gloire des conquérants arabes ou des souverains ottomans, partout le même empressement, le même encombrement et l’en-vahissante poussière qui ternit tout. Mais pour qui veut bien prendre le temps de s’y arrêter, de les observer, ces trois cités livrent maints enseigne-ments et affirment chacune une personnalité qui vient contredire l’image d’une province morne, insipide et immobile. Décrypter la vie qui façonne leurs paysages urbains, c’est comprendre beaucoup des bouleversements que connaissent le territoire et la société de l’Égypte. C’est aussi contribuer à mieux apprécier les nouveaux processus d’urbanisation qui remodèlent les pays dits du Sud et dont les descriptions commencent à s’accumuler sur les bureaux des géographes et des aménageurs.
Le delta du Nil, cœur d’une Égypte en crue transitionnelle
Depuis plus de cinq mille ans, le Nil et le désert identifient l’Égypte à une épure géographique : la silhouette d’un lotus à la tige allongée, que dessinent la vallée et le delta du fleuve, se trouve enserrée et protégée tout à la fois par un vaste et aride glacis. Ici plus qu’ailleurs, les liens que les hommes nouent avec le territoire ont l’évidence de leur simplicité : le peuplement égyptien reste calqué aujourd’hui encore sur l’espace nilotique cultivable et habitable. C’est pourquoi 98 % des Égyptiens sont concentrés sur l’ensemble formé par le delta et la vallée ; en y adjoignant même le mince chapelet des villes du canal de Suez, cela ne représente guère plus de 5 % du territoire (DENIS, MORICONI, 1998). Le Delta regroupe, à lui seul, 70 % de la population égyptienne sur moins de 3 % de la superficie totale 2 du pays : en 2001, 46 millions d’habitants se serrent sur 22 000 km . Le Caire, capitale nationale d’un État centralisé, constitue à la pointe méridio-nale du delta l’apex de la hiérarchie urbaine avec en 1996, lors du dernier
INTRODUCTION
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1 recensement , plus de 11 millions d’habitants. Les deux autres sommets du triangle sont Alexandrie, la deuxième métropole nationale forte de 3,5 mil-lions d’habitants, et Port-Saïd, première ville du canal de Suez avec ses 400 000 âmes ; établis sur la côte méditerranéenne aux extrémités du delta mais à l’écart du Nil, ces deux ports de mer ont longtemps fait figure d’en-claves occidentales greffées à la marge de l’État fluvial. Ces trois métro-poles exceptées, le Delta proprement dit compte donc encore environ 30 millions d’habitants, soit l’équivalent de la moitié de la population fran-çaise concentrée sur moins de quatre départements de taille moyenne. La principale caractéristique du delta tient donc à l’exiguïté de l’œkou-mène qui, conjuguée à une population en forte croissance, place celui-ci dans le groupe de tête des densités humaines. La densité moyenne du delta, Le 2 Caire et Alexandrie incluses, est en effet de 2 000 hab./km et ses seules densités rurales valent celle de l’ensemble des agglomérations françaises de plus de 100 000 habitants. Un tel niveau d’occupation du sol n’a d’équi-valent que dans les quelques régions du monde où, à l’instar du sous-conti-nent indien ou de la Chine orientale, ont également prospéré de vigoureuses « sociétés hydrauliques » établies sur de vastes plaines humides presque toujours irriguées par de puissants fleuves. Dans ces conditions, nombreuses ont été les tentatives de repousser les limites de l’Égypte utile le plus loin possible de l’étroite vallée du Nil. Au e XIXsiècle déjà, le khédive Muhammad ‘Alî avait contribué à l’extension des terres cultivées par celle, préalable, de l’irrigation pérenne. Dans les années 1960, la construction du haut barrage d’Assouan a permis d’aug-menter beaucoup plus considérablement la superficie cultivée en aval en rendant possible la bonification des terres périphériques de la vallée et du delta. C’est l’une des tentatives les plus magistrales qui aient été menées. L’actuelle politique d’aménagement suivie par le président Mubârak vise le même objectif de desserrement du territoire humanisé de l’Égypte. Elle ambitionne cette fois la création d’une « nouvelle vallée » grâce au détour-nement d’une partie des eaux du Nil retenues dans le lac Nasser vers la dépression des oasis du désert occidental.
L’Égypte en transition démographique, urbaine et économique
Jusqu’ici pourtant, le gain des terres bonifiées n’a pas suffi à faire face à la forte croissance de la population égyptienne : les 40 millions d’habi-tants de 1980 sont à présent près de 70 millions et, en raison d’une transi-tion démographique bien avancée, l’Égypte doit supporter chaque année en moyenne le poids supplémentaire d’un million de personnes : aussi la crue des hommes a-t-elle justifié la disparition volontaire de celle du Nil. Par
1. Un recensement a été effectué en novembre 2006. Mais, en janvier 2008, on ne dispo-sait toujours pas des résultats détaillés permettant la mise à jour des données présentées ici.
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