Voilàune semaine que j’étais enfermée dans ma chambre d'étudiante, une pièce de quelques mètres carrés sise à l’université de Cocody. Voilà une semaine que, m'étant pourvue de provisions nécessaires à ma survie, je restais cloîtrée entre quatre murs, pensant par moments à mettre fin à ma vie, refusant de voir mon amoureux, Isaac, celui-là même que j’avais coudoyé en toutes circonstances. Oh ! voilà une semaine que les ténèbres de la dépression se promenaient dans mon esprit et dans mon corps. Je fermai les yeux et je me rappelai les causes de ma dépression. J'étudiaisau département des lettres modernes, où je m’étais vite liée d’amitié avec Emma, une jeune fille à l’élégance affétée, issue d’un milieu modeste, et qui avait le culte du luxe et de l’ostentation. Notre amitié était pourtant née à cause d’autres passions, celles que nous partagions : littérature, art et musique. Quoiqu’Emma vivait à Yopougon, à une dizaine de kilomètres de Cocody, nous nous voyions fréquemment, pendant les week-ends et les jours où nous n’avions pas cours. Un jour que nous étions en vacances, — nous avions réussi la deuxième année d’études et nous attendions le début des cours de la troisième année — Emma était venue me voir dans ma chambre d’étudiante. Pendant les vacances, je passais mes journées à déambuler dans la ville d’Abidjan, cherchant en vain un travail dans une entreprise de la place. C’est alors qu’Emma, remarquant mon oisiveté, me dit : — Je voyage bientôt.
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