12
pages
Français
Ebooks
2013
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Publié par
Date de parution
15 décembre 2013
Nombre de lectures
9
EAN13
9791022101493
Langue
Français
Publié par
Date de parution
15 décembre 2013
EAN13
9791022101493
Langue
Français
D’après « L’invention du parachute » de Frédéric Oudrix.
(Deux silhouettes dans une toile. Une silhouette qui tombe du haut du ciel, et une autre tout en bas, posée sur la terre, une autre qui la regarde. Elles n’ont pas de sexe. Enfin en apparence. Devant la toile, une autre silhouette, celle d’une femme. Dos tourné à la scène, elle regarde la toile, puis se tourne vers les spectateurs…)
La regardeuse
On n’a pas le droit de s’enfermer dans ce qu’on connaît déjà, ce serait la barbe. La barbe ! On s’ennuierait, quoi ! Il suffit de se laisser aller ! Le syndrome de Stendhal, vous connaissez ? Vous ne vous laissez jamais aller ? ! Il ne suffit pas d’être un humain ! Pour vivre, un humain doit se surprendre ! Un humain qui ne se surprend pas est déjà mort… Si vous restiez de marbre, votre corps, lui, prendra le dessus… votre corps sait vous propulser dans une série d’interrogations qui ressemblent à s’y méprendre à des émotions ! La vie est faite de toutes petites joies ou de grandes incertitudes, les unes accoudées aux autres, de petites peurs, angoisses, frayeurs, énervements, titillements… La vie n’a rien de linéaire… Il faut juste accepter de tomber de haut… Et même si l’humain que vous êtes se met à crier :
« Je ne tombe pas, moi, Monsieur » !
Je suis sûre qu’un jour ou l’autre, il se cassera la gueule, cet humain-là et peut-être que ce pourrait bien être vous…
Comme une mèche que l’on essaie de redresser et qui revient dans le même axe à chaque coup de rafales, balaie dans un sens puis dans un autre, la vie à la façon de la mèche rebelle, c’est là que l’humain se met à regarder avec un autre point de vue… c’est là que les émotions le submergent…
L’humain tombe et pourtant semble s’envoler. Mais où s’envole-t-il cet humain qui tombe du haut du ciel ? Il voltige, happe, mord à pleines dents les nuages, se sent léger et n’y peut rien, abasourdi, engourdi, saoulé. Il se sent en extase, la tête, le corps de plume.
« Je ne tombe pas, dit encore une fois l’humain ! Je me lâche dans les airs et quoi qu’il arrive, je reste en vie. »
De l’extérieur, moi celle qui regarde, se dit d’emblée, il tombe, cet humain, bien sûr qu’il tombe, je le vois tomber, je m’approche, je m’éloigne, je suis formelle, je le regarde. Il tombe.
À quoi pense-t-on quand on est pris dans une chute ? Bien sûr qu’on la refuse, on ne veut pas y passer.
Il semblerait qu’il soit question de plaisir. Plaisir ! ? Il se casse la gueule du haut du ciel et vous, vous parlez de plaisir. Et après, lorsqu’il sera en bas, il aura eu plaisir à s’écrabouiller ? Et toute la pensée se décline dans ce petit, petit geste… Il suffit de regarder avec d’autres yeux, à travers une mèche rebelle.
(Elle s’éloigne)
(Dans le tableau, deux silhouettes à leur tour…)
L’homme qui tombe
Je ne tombe pas, je suis rattrapé… Regardez, voyez bien que je ne m’écrase pas.
L’homme qui le rattrape
Eh ho ! Là-haut, qui es-tu ?
L’homme qui tombe
Je suis celui qui ne tombe pas.
L’homme qui le rattrape
Je daigne ouvrir les bras, en bas, tout en bas. À y voir de plus près tu tombes, imbécile.
L’homme qui tombe
Je dis que je suis celui qui ne tombe pas !
L’homme qui le rattrape
Tu as bien l’air de tomber et moi de te rattraper !
L’homme qui tombe
Si tu me rattrapes, c’est bien que je ne suis pas tombé. L’imbécile, c’est toi !
L’homme qui le rattrape
Et pourquoi devrais-je te rattraper ?
L’homme qui tombe
Ça, faut le demander au peintre !
L’homme qui le rattrape
Es-tu sûr que le peintre savait au moment où il posait son pinceau que tu serais rattrapé puisque je n’en savais rien moi-même, comment aurait-il pu savoir lui-même ?
L’homme qui tombe
Ça en dit long sur ses intentions…
L’homme qui le rattrape
Je te rattrape et je m’écrase à cause d’un sale type qui veut se suicider…
L’homme qui tombe
Je ne me suicide pas !
L’homme qui le rattrape
Par maladresse ?
L’homme qui tombe
Grâce à toi je deviens l’homme oiseau et toi l’homme parachute qui rattrape !
L’homme qui le rattrape
Un parachute n’a jamais secouru un oiseau, tu es bien le sale type qui veut gâcher ma journée… Tu tombes et moi je suis obligé de te rattraper… mais tu rêves !
L’homme qui tombe
Pourquoi te plains-tu, il t’a fait fort par nature puisque tu es capable de me rattraper.
L’homme qui le rattrape
Il y a pensé le peintre à mon mal au dos ? Je n’ai pas envie de me péter le dos ou les gambettes pour un type de cent kilos !
L’homme qui tombe
Pourquoi cent kilos ?
L’homme qui le rattrape
Du haut de ton perchoir, tu as l’air fluet mais arrivé en bas, tu pèseras plus lourd qu’un âne ! Je pense à mon physique qui ne tiendra pas le coup.
L’homme qui tombe
Tu es censé me rattraper !
L’homme qui le rattrape
Moi je dois savoir si ça vaut le coup !