Vic Vogel, histoires de jazz , livre ebook

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Hongrois d’origine, fils d’un violoniste éleveur de chevaux, Vic est l’enfant doué du jazz. Musicien, arrangeur, chef d’orchestre et compositeur, il a joué aux côtés de Miles Davis, d’Oscar Peterson, de Sammy Davis, de Michel Legrand. A accompagné Barbara, Eddie Constantine, Alys Robi, Véronique Sanson. La liste est longue. Figure célèbre du Festival de Jazz de Montréal, Vogel est une institution. Rebelle, rigoureux, flamboyant, il est le premier à avoir redonné un souffle aux créations du grand compositeur André Mathieu. Vic a été le « son » d’une kyrielle d’émissions à Radio-Canada, l’âme chérie de centaines de cabarets de Montréal, l’intouchable des nuits interlopes, séduisant par sa personnalité et son inimitable talent. Ce Lion, marginal et rompu aux principes d’une bonne éducation, a la classe des êtres uniques et incorruptibles.
Ce livre est un portrait hors du commun, dense, riche et rempli de curiosités – un regard unique sur une star sans prétention. Étayé de photographies, Vic Vogel Histoires de jazz survole toute la vie du musicien pour, parfois, s’attarder sur quelques épisodes marquants. Enfance, conquête du piano, découverte de la rue et du monde, coups de cœur et déceptions. Mais aussi les bars et les amitiés, la rencontre exaltante de Lennie Tristano, l’aventure des Jeux olympiques, la descente aux enfers – la famille – et la vision du jazz de Vogel.
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Publié par

Date de parution

16 octobre 2013

Nombre de lectures

10

EAN13

9782897210618

Langue

Français

M O N T R É A L


Vic Vogel
HISTOIRES DE JAZZ


DU MÊME AUTEUR
ROMANS
La voie de l’innocence Montréal, Humanitas
Marie Montréal, Humanitas
ROMANS BIOGRAPHIQUES
Jehane Benoit, le roman de la grande dame de la cuisine canadienne (avec Marguerite Paulin), Montréal, Les Éditeurs réunis
Sylvie Johnny love story Montréal, Transit éditeu r
ESSAIS BIOGRAPHIQUES
Nelly Arcan de l’autre côté du miroir (avec Marguerite Paulin), Montréal, Les Éditeurs réunis
Les Forget, luthiers depuis un siècle Montréal, Éditions au Carré
Les yeux de la comtesse (Sophie de Ségur, née Rostopchine) Montréal, Humanitas
ESSAIS
Chroniques hasardeuses Montréal-Paris, L’Étincelle éditeur
Biograffiti, Réflexions spontanées sur la biographie Montréal, L’Étincelle éditeur
ESSAIS EN COLLABORATION
L’œil de la poupée Irina Ionesco, Paris, Éditions des femmes
Geishas et prostituées Hidéko Fukumoto, Nantes, Éditions du Petit véhicule
Femmes à l’aube du Japon moderne Hidéko Fukumoto, Paris, Éditions des femmes
TRADUCTIONS
Moi, Charles Manson (Marlin Marynick), Montréal, Cogito Médias
Histoire, fables et théorie du tai chi chuan (Irving Leong), Montréal, Humanitas




Marie Desjardins
Vic Vogel
HISTOIRES DE JAZZ



Les Éditions du CRAM
1030, rue Cherrier, bureau 205
Montréal (Québec) Canada H2L 1H9
Téléphone : 514 598-8547
Télécopie : 514 598-8788
www.editionscram.com
Conception graphique
Alain Cournoyer
Photo de couverture et photo de l’auteur
© Michel Leuk
II est illégal de reproduire une partie quelconque de ce livre sans l’autorisation de la maison d’édition. La reproduction de cette publication, par quelque procédé que ce soit, sera considérée comme une violation du droit d’auteur.
Dépôt légal – 3 e trimestre 2013 Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque nationale du Canada
Copyright 2013 © Les Éditions du CRAM
Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Desjardins, Marie, 1961-
Vic Vogel : histoires de jazz
(Portrait)
Comprend des références bibliographiques.
ISBN Imprimé : 978-2-89721-059-5 PDF : 978-2-89721-060-1 EPUB : 978-2-89721-061-8
1. Vogel, Vic. 2. Pianistes - Québec (Province) - Biographies. 3. Musiciens de jazz - Québec (Province) - Biographies. I. Titre. II. Titre : Histoires de jazz.
ML417.V63D47 2013 786.2’165092 C2013-941438-X
Imprimé au Canada


À mes parents, qui ont connu cette époque heureuse


Préface : Le son, le génie, le destin
La musique, c’est du son. Du son produit avec une virtuosité variable, organisé avec ou sans génie – si c’est avec, l’expérience devient sublime. Mais ce qu’on entend, et qui enthousiasme, et qui émeut parfois au plus profond de son être, c’est d’abord le son produit par des instruments et, le cas échéant, par des voix.
Ça semble évident.
Pourtant, dans les savantes analyses qu’on fait des performances musicales, la musique est rarement considérée sous cet angle. On intellectualise trop la musique. On l’autopsie, la découpe, la trie, la compare à l’avant et à l’après, la nomme, l’étiquette puis la dépose sur la tablette idoine. On l’entend, mais on ne l’écoute pas suffisamment. Beaucoup de cerveau, peu de cœur.
Alors, voici une conclusion toute simple à laquelle j’en suis venu après avoir bourlingué pendant un certain nombre d’années autour des scènes de Montréal et d’ailleurs : qui n’a pas entendu le big band de Vic Vogel au Grand Café (à l’époque où, à cet endroit, on ne servait pas encore du tofu !) n’a pas une connaissance parfaite de ce qu’est la musique.
De ce qu’est le son. Peut-être même le génie.
En haut d’un court escalier, la salle était divisée en deux : une moitié pour le public, une moitié pour l’orchestre – j’exagère à peine : un big band, ça prend de la place. On y buvait sec, on y fumait beaucoup. Les musiciens entraient en désordre, mais respectueusement, avec leurs belles sculptures de cuivre à la main. À mon souvenir, Vogel était le dernier installé. Il était magnifique, magnétique, majestueux. Il toisait sa bande, remuait du papier, grognait un peu, allait dans un sens et dans l’autre, s’abreuvait, grognait encore, s’ébrouait. Enfin, faisant danser ses doigts, il donnait le signal. Ce qui se passait à ce moment-là échappe aux mots.
Le son !
Pendant plusieurs minutes, chacun demeurait pétrifié, assailli par une masse sonore d’une puissance et d’une magnificence dont on n’a pas idée si on ne l’a pas entendue.
Une fois remis, on se mettait à goûter le rythme, irrésistible, envoûtant. Puis le délice suprême : les arrangements de Vogel, uniques, tout de suite reconnaissables. Un complexe enchevêtrement des lignes mélodiques données par chaque instrument et participant à la construction d’un édifice sonore à l’architecture toujours logique, mais parfois déroutante ; dense comme la pierre, mais pleine de fines enluminures.
Au fil de ce que vous lirez plus loin, vous constaterez que, dans ce qui est souvent une sorte de dialogue émouvant entre Marie Desjardins et Vic Vogel, il est souvent question de Jean-Sébastien Bach. Ce n’est pas un hasard. Il y a en effet beaucoup de parallèles à établir. Bach aimait le son (c’était aussi un technicien des grandes orgues), aimait viscéralement la musique, la pensait moins qu’il la faisait vivre, élevait des monuments musicaux ciselés à partir d’une rigoureuse mathématique, mais desquels naissait, naît encore et naîtra toujours un sentiment d’élévation presque mystique.
L’élévation que procure le contact avec la beauté.

La musique de Vogel échappe aux mots, on l’a dit. Aussi Desjardins s’est-elle beaucoup et habilement attardée à l’homme. Ce n’est pas moins intéressant. Car on trouve deux hommes, pourrait-on dire, chez lui. L’homme modelé par une époque, un lieu, une histoire, une famille. Puis l’homme de Montréal – en fait, l’une des plus parfaites incarnations humaines de l’essence même de cette ville.

Chacun peut passer une vie à fouiller ses propres racines – c’était un thème cher au grand romancier du xx e siècle, Georges Simenon, qui y a consacré des pages profondes et éclairantes. Les racines de Vogel – de son père, Mathias Vogl – sont plantées dans le sol de l’Empire austro-hongrois, nourries du sang d’ancêtres tziganes, formées sous influence allemande, arrachées par une des multiples crises de folie autodestructrice qu’a vécues l’Europe.
Il est crucial de le savoir. Car il restera beaucoup de cela chez l’homme-orchestre destiné à être célèbre, né et élevé dans un petit lopin du vieux continent transplanté rue de Bullion. C’est-à-dire au cœur d’un quartier où on parle dix langues, où on trime dur, où la famille est une ancre, où les hommes « chantent, rient, jouent la musique des pays laissés derrière », écrit Desjardins.
C’est avec ce bagage que l’enfant, puis l’adolescent, puis l’homme Vogel suivra son destin. Qu’il s’imprégnera de l’Amérique, de son rythme, de sa musique.
Il changera, bien sûr, comme tout le monde change. Mais quiconque a la chance de le rencontrer voit tout de suite la part de lui-même venue d’un autre continent et d’un autre temps. Le regard et le port de tête. Une certaine conception de l’honneur. La foi en la noblesse de la belle ouvrage . La fusion réussie de l’idéalisme et du pragmatisme, de la souplesse et de l’obstination, comme on voit chez les gens qui ne tiennent rien pour acquis, savent que rien ne leur est dû, mais ont confiance en leur étoile. Les gens qui, toute leur vie, nourrissent un grand projet.
Or, ce projet, Vogel l’a entrepris et poursuivi ici.
A-t-on remarqué ? Dans beaucoup de biographies consacrées à des héros – heureux ou malheureux – campés dans le décor montréalais, c’est ce décor, c’est Montréal, qui vole la vedette pendant quelques pages. Telle est sans doute la puissance de la métropole. Je pense par exemple à Souvenirs de Monica , de Georges-Hébert Germain (1997) où on voyait vivre le Red Light de l’après-guerre. Il n’est pas impossible que, entre le Forum et la rue Panet, j’aie cédé aussi à la tentation dans Gerry Boulet / Avant de m’en aller (1991).
Alors, comment Marie Desjardins aurait-elle pu y échapper ?
Dans son Montréal à elle, qu’elle emprunte évidemment à Vic Vogel, on voit défiler les personnages, les événements et les lieux qui ont pendant trois quarts de siècle fait de la ville ce qu’elle a été et ce qu’elle est, dans sa petite comme dans sa grande histoire. André Mathieu, Vic Cotroni, Camillien Houde, Oliver Jones, Alys Robi. Expo 67, les Jeux olympiques de 1976, le Festival international de jazz. Schwartz’s, le Faisan Doré, les trottoirs de Saint-Denis et de Crescent, la Place des arts.
On peut imaginer Vogel tenant compagnie à n’importe lequel de ces personnages, prenant part à l’un ou l’autre de ces événements, fréquentant tous et chacun de ces lieux, on estimera toujours qu’il est à sa place, qu’il est à l’aise, que cela fait partie de sa vie.
Vic Vogel, c’est l’homme de Montréal, voilà.
Il aura bientôt quatre-vingts ans, est-ce possible ? Est-il content de lui et de son œuvre ? Est-il serein ?... Il dit à Marie Desjardins : « La musique a toujours été ma meilleure maîtresse. Tu sais toujours tout avec la musique, où tu te situes, il n’y a pas de trahison. La musique est très spéciale. Elle n’aime pas n’importe qui…. »
La musique a toujours aimé Viktor Istvan Vogel. Et lui l’aimera toujours en retour.
Mario Roy, journaliste et auteur




Avant-propos
On pourrait

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