53
pages
Français
Ebooks
2020
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Publié par
Date de parution
19 mars 2020
Nombre de lectures
1
EAN13
9782381530079
Langue
Français
Mais où est donc maman ? Le téléphone ne cesse de sonner dans la chambre de la maison de repos où elle a été admise après une chimiothérapie. Enfin, nous découvrons qu’elle est à l’hôpital. Une erreur médicale a fait que son état s’est aggravé. Tout va basculer très vite. Notre famille va être dévastée devant tant d’impuissance face à la maladie. Maman va lutter, mais pour combien de temps et à quel prix !
Publié par
Date de parution
19 mars 2020
Nombre de lectures
1
EAN13
9782381530079
Langue
Français
Un Certain 23 Mai…
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu'ils produisent à la demande et pour le compte d'un auteur ou d'un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Jacqueline Forest
Un Certain 23 Mai…
Récit
Je souhaiterais que les professionnels de la santé, docteurs, professeurs, infirmiers, chirurgiens, aides-soignants, kinés, agents de service et tous les autres lisent cet ouvrage, peut-être qu’après, certains changeraient leurs pratiques.
Mesdames et messieurs, vous qui travaillez auprès de personnes en fin de vie ou de patients malades, sachez que les familles et les patients sont tremblants devant la maladie, ils ont peur, ils ont mal et quand vous effectuez un soin, joignez la parole à votre acte. C’est rassurant.
Prenez en considération le désir du malade même si celui-ci vous semble banal, sans importance vitale. Ce désir a de l’importance pour la personne qui souffre et cela peut lui rendre sa journée meilleure.
Pensez aux familles qui souffrent, qui sont épuisées lorsqu’elles accompagnent leur parent en fin de vie. Ces familles qui n’ont aucune expérience et qui sont tout simplement désemparées et parfois qui attendent un peu de réconfort et surtout qui attendent des réponses à leurs questions.
Pensez à nous qui arrivons pour voir notre maman et qui refermons la porte du box en pensant nous être trompés de chambre tellement notre maman est gonflée et qu’on ne la reconnaît pas. On aurait dû nous préparer, nous expliquer et nous accompagner. Car c’est un choc brutal qui amplifie notre douleur.
Pensez à ne pas employer de termes brutaux et indécents. Lorsqu’on est abattu par la douleur et qu’on est dans la morgue pour voir notre maman qui est morte et que la personne qui vous reçoit vous dit : « Vous ne pouvez pas la voir, car j’ai beaucoup de travail à faire dessus ». Vous imaginez-vous ce qu’on ressent ? Des tas de choses nous traversent l’esprit. On ne s’imagine que le pire et vous enfoncez encore plus fort et plus loin le couteau dans une plaie béante.
Pensez à ne pas rendre les affaires de cette personne décédée dans un vulgaire sac poubelle. Ayez de la considération, de l’empathie et du respect.
Pensez que chaque cas est un cas unique et adaptez les soins en fonction du patient et de la famille.
Tous ces faits, gestes et paroles maladroites ne font qu’alourdir notre peine et notre mal.
Rendez la maladie moins difficile en étant bienveillant. Un petit sourire, une parole font plaisir dans cette ambiance lourde. Rendez la fin de vie plus légère, plus humaine et plus respectueuse.
Ce récit, je l’ai écrit au moment où se déroulaient les faits avec toutes mes peines, mes émotions, ma révolte, ma sensibilité. J’ai peut-être été parfois un peu dure en écrivant certaines phrases. C’était mon ressenti au moment du récit. Ne m’en veuillez pas. Mais je ne veux rien changer, cela ne serait plus fidèle à mes émotions de ces moments-là.
Sachez, mes filles, mes frères, ma sœur, mon père, ma tante, ma cousine, mon mari que je vous aime très fort malgré parfois nos différences.
À ma maman et à ma tante Minouche, sa sœur qui nous a quittés le 25 février 2020.
Samedi, le 19 mai 2007 : Ce week-end s’annonce bien, aujourd’hui, il fait beau, un samedi comme un autre, le matin, je fais le ménage tranquillement, après le repas, j’irai me reposer, car il fait chaud et l’accumulation de la fatigue de la semaine se fait sentir, l’après-midi, nous irons faire les courses, comme tous les samedis.
Avant le repas du soir, j’appelle maman, elle est en maison de convalescence depuis sa dernière chimio qui l’a beaucoup fatiguée. Tous les ans depuis qu’elle est malade elle va passer trois semaines dans cette maison de repos qu’elle aime tant. Elle a ses habitudes, retrouve des connaissances. Elle aime partager ses repas avec les autres résidents, elle fait des promenades dans le jardin. Elle nous dit qu’elle se croit en vacances et cela nous rassure et nous fait plaisir. Ça la change de la solitude si pesante qu’elle côtoie journellement depuis sa maladie.
Je veux lui téléphoner, car lundi elle va deux jours à l’hôpital faire sa chimio. Elle se bat courageusement contre la maladie depuis onze ans. Notre conversation est comme d’habitude, maman parle beaucoup, parfois cela m’agace, et maintenant, j’aimerais qu’elle me parle encore et encore, mais elle n’est plus là depuis le 21 juin 2007. Elle me dit qu’elle a peur, qu’elle en a marre et je la comprends, j’essaie de la rassurer en lui disant que c’est pour son bien, que ce sont des mauvais moments à passer et qu’après elle sera en forme, qu’elle pourra venir à la maison en vacances, et qu’elle sera moins fatiguée. Après avoir parlé de sa maladie, je lui donne des nouvelles de mes filles et de ses arrière-petits-enfants Emma et Arthur. Puis on raccroche en se disant à mercredi. Elle doit rentrer de chimiothérapie mardi 22 mai dans la soirée et aller directement en maison de repos. Je lui téléphonerai mercredi, car mardi elle sera fatiguée. Ma soirée se passe bien, dimanche, nous mangeons de bonne heure, car nous allons voir Emma qui fait un spectacle de danse à Aiguilles, à côté d’Aix-en-Provence. Son premier Gala ! Elle a cinq ans et est très fière que sa mamie Jacqueline et son papy Marcel viennent voir son spectacle de danse. C’était un beau spectacle, évidemment Emma a très bien dansé, c’était la plus belle ! Nous nous sommes tous retrouvés chez Cathy et Karl à Aix pour un petit goûter bien sympathique. Cathy est ma fille aînée, elle habite Aix avec son mari Karl. J’ai une seconde fille, Juliette qui habite Toulouse avec Alexandre, son mari et Arthur leur fils qui a un an. Papy Marcel a beaucoup joué avec Emma en cette fin de dimanche après-midi. Moi, ce jour-là, je n’étais pas très en forme, un peu triste, réservée, Cathy me l’avait fait remarquer. Elle m’avait trouvée un peu distante ce dimanche. Peut-être inconsciemment, je sentais que quelque chose allait se produire ? Nous sommes rentrés sur Cheval Blanc, j’habite ce petit village du Vaucluse tout près du Lubéron, avec Marcel, mon mari. La soirée a été calme, petit repas léger, soirée télévision et au lit, car demain je me lève tôt, je travaille à Arles dans une maison de retraite où je suis gouvernante. J’ai une heure de route, ce n’est qu’à cinquante kilomètres, mais je prends la route de Saint-Rémy de Provence, et elle est dangereuse. Le lundi et mardi, j’ai beaucoup pensé à maman, elle est en chimiothérapie à l’hôpital dans le service du docteur Pellas qu’elle aime beaucoup. Elle a fait une nouvelle rechute, sa leucémie, cette leucémie qui la fatigue, qui lui rend la vie impossible, elle ne peut plus sortir seule depuis plusieurs années, elle est trop faible, elle est allergique à tout, elle a eu un petit cancer de la peau qui a été bien soigné, elle ne s’en ressent plus, mais tout commence à être atteint, elle a mal partout, elle a beaucoup grossie, maman qui était si belle ! Elle avait un corps magnifique, une taille de guêpe, de belles jambes ! Une belle frimousse, maman faisait partie de ces femmes sur lesquelles on se retourne. Mais la maladie a tout abîmé. Ses dents se sont fragilisées, son corps s’est déformé, car elle a une grosseur dans le ventre qu’on ne peut pas enlever, c’est trop risqué ! Quand j’écris tout cela, je réalise maintenant qu’elle n’est plus là et à quel point elle devait souffrir. Je regrette d’avoir pu penser qu’elle se plaignait trop, car en fait, elle ne se plaignait qu’auprès de ses enfants. Parfois c’était lourd, car pendant nos conversations il n’y avait que des plaintes de sa part elle parlait de sa maladie et moi j’avais envie aussi de lui parler de ce qu’on faisait, j’avais envie de lui parler de Emma, d’Arthur, de moi, de tout et de rien, du temps, peut-être pour lui faire oublier ce mal qui la torturait tant.
Si vous saviez comme j’ai mal de ne plus l’entendre, comme j’ai mal de ne plus la voir, comme j’ai mal de la savoir toute seule je ne sais où. La mort est tellement un mystère ! Est-elle au cimetière des Mesnuls ou là-haut au paradis, sereine, soulagée ? Maman ne voulait pas mourir, c’est pour cela qu’elle était forte, c’est pour cela qu’elle supportait sa chimio et qu’elle y allait, c’était pour vivre encore, car elle aimait vivre. Elle aimait tous les plaisirs de la vie. Comme elle était gourmande ! Elle aimait le champagne, elle aimait les pommes de terre au four, le chocolat noir, les framboises et les fraises, elle aimait le luxe et aussi les choses les plus simples, mais elle aimait par-dessus tout la musique.
Tu me manques maman et je pense sans cesse à toi, je ne pensais pas t’aimer si fort !
Mercredi 23 mai 2007 : En rentrant du travail, j’ai un appel de Flore, ma sœur, nous sommes quatre enfants, Flore qui est l’aînée, qui habite un joli village dans les Yvelines prés de Versailles, Paul qui est dans le Gard, Raoul qui est à Tours et moi Jacqueline, qui suis dans le Vaucluse. Flore est inquiète, elle a téléphoné à la maison de convalescence et maman n’y est pas. Paul aussi a appelé et j’appelle à mon tour, l’infirmier me dit qu’elle n’est pas là, je demande des explications, il m’envoie presque balader, me dit que mes frères et sœurs ont appelé que je n’ai qu’à me mettre en rapport avec eux. Flore est en vacances, son portable passe mal là où elle se trouve. Paul n’en sait pas plus. Je rappelle la maison de convalescence, je me fâche et j’arrive à savoir que maman est à l’hôpital de Chalon, je demande le service, l’infirmier me répond qu’il ne peut pas divulguer d’informations par téléphone. Je raccroche inquiète, j’ai peur et je ne comprend