Médecin de passage - tome 2 , livre ebook

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« Le médecin est au centre de la vie des gens à certains moments très difficiles pour eux. Mais la médecine n'est pas le centre du monde. Elle avance pour aider les autres, en prenant appui sur la science et sur la société, et c'est là où se situe la recherche d'un équilibre. » Dans le deuxième volume de ses témoignages sur cinquante années de médecine, le Professeur Joël Ménard décrit des épisodes de son parcours de médecin, « du soin à la recherche ». Indissociables l'une de l'autre selon lui, ces deux pratiques de la médecine ont rythmé la vie de ce passionné des questions de santé. Tout en continuant à prendre soin de ses patients, il enseigne, suit les avancées de la science, développe des médicaments et publie de nombreux articles universitaires. Sa longue expérience de terrain lui permet de suggérer des solutions concrètes pour faire évoluer le système médical actuel. S'adressant autant aux jeunes praticiens qu'aux lecteurs profanes, cet ouvrage offre un aperçu à la fois critique et amoureux d'une profession en perpétuelle évolution. Une photographie du Golden Gate de San Francisco illustre ce deuxième livre, après que le pont de Porto ait illustré le premier, Du roman à la réalité. Le choix de la Californie et de ce célèbre pont veut illustrer les espoirs et les craintes que nourrit la société vis-à-vis de la science et de la médecine. Point extrême de la conquête de l'Ouest, la Californie invente une nouvelle société, plus libre et plus entreprenante pour valoriser les retombées de l'intelligence humaine. Elle conserve aussi de fortes inégalités sociales et porte les risques possibles des tremblements de terre, des incendies et du manque d'eau. La perspective offerte par le pont de la baie de San Francisco, comme le livre, nous encourage à avancer en connaissant mieux le passé et le présent de la médecine pour mieux imaginer et construire son avenir.

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Date de parution

31 mai 2019

Nombre de lectures

5

EAN13

9782342166552

Langue

Français

Médecin de passage - tome 2
Joël Ménard
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Médecin de passage - tome 2
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Remerciements
Madame Marie-Jo Baud, les docteurs Claire Dupagne et Marie-Blanche Ducrocq sont chaleureusement remerciées pour leurs corrections du manuscrit initial et leurs encouragements amicaux.

 
Tout peut arriver : c’est le défi lancé aux étudiants en médecine au cours des dix années de leur formation. Cette inconnue qui suit leur choix initial peut à la fois les stimuler et les rassurer : la vie en médecine n’est jamais un long fleuve tranquille. La médecine peut les conduire vers ce dont ils ont rêvé très tôt, être chirurgien, être urgentiste, être médecin du monde, médecin du sport, médecin de famille, travailler dans l’industrie, faire de la santé publique, être journaliste, être écrivain, de Céline à Ruffin, être même député car les assemblées législatives en ont toujours été bien pourvues. La recherche, de son côté, offre au médecin la possibilité de satisfaire sa curiosité et de soigner différemment. Le lien entre soins et recherche peut se tisser pour des raisons très variables : qualités particulières pour raisonner ou expérimenter sur lesquelles d’autres ont attiré votre attention, envie de contribuer à la résolution générale d’un problème de santé plutôt qu’additionner les petits et grands services individuels que l’on rend successivement aux personnes malades. On choisit soi-même, mais on choisit aussi sous influence. L’influence qui a été exercée sur moi m’a dit qu’un pays n’avait pas de bonne médecine sans recherche performante, et je voudrais avoir la même influence sur les générations qui viennent pour confirmer cette certitude en me servant de ce que j’ai appris. Il faut ajouter que la méthode scientifique améliore la pratique médicale, mais que la recherche est extrêmement diverse de la biologie moléculaire à la santé publique, et alimentée par de nombreuses autres disciplines scientifiques et, tout autant peut-être, artistiques.
Chapitre 1 Modèles et Mandarins
À l’intérieur du système hospitalo-universitaire créé en 1958 par la réforme de Robert Debré, après plus d’un demi-siècle de mise en œuvre, des points forts et des points faibles sont apparus, avec une grande lenteur d’adaptation au monde moderne. Des personnalités médicales ont émergé dans tous les domaines de la médecine, de la biologie, de la santé publique. Chaque domaine de la santé et de la science se reconnaît à travers quelques personnalités emblématiques, ayant porté à la fois des valeurs scientifiques et humaines. Les caricatures des « patrons » de médecine ont toujours existé. Leur apogée est la généralisation de l’utilisation abusive, méprisante, du terme « mandarins », synonyme d’esprit dominateur supérieur aux capacités réelles. Vivant sur les certitudes auto-entretenues, ils utilisaient leur forte personnalité et leur habileté pour imposer des attentes à la porte de leur bureau ou des humiliations publiques à des courtisans, médecins en attente de poste, chirurgiens en quête de patients à opérer. Ils étaient les premiers signataires des articles consignant le travail d’un groupe ou apportant une découverte, tant l’envie de donner son nom à une maladie ou à un signe était un exercice de pouvoir. La liste était connue, parfois même les frasques sexuelles de certains, mais il a fallu attendre 1968 pour que surviennent des révoltes d’esclaves et l’éclatement de quelques empires hospitalo-universitaires. Le corps professoral médical aimait ses secrets ou ne voyait pas ses défauts. Le terme de mandarin a fait sourire la génération suivante qui se croyait absoute par mai 68, mais son usage récurrent peinait tous ceux ou celles qui assuraient avec ténacité et modestie une continuité des progrès en médecine et en santé humaine. Ainsi Alexandre Minkowski, l’un des premiers néonatalogistes, se désignait-il par dérision « mandarin aux pieds nus ». Les femmes professeurs des universités étaient rares, et madame Bertrand-Fontaine fut une exception de « patronne » respectée. À l’opposé des « mandarins », existaient des « modèles » : originaux, bons communicants, bons organisateurs, chanceux dans la découverte, dévoués auprès des malades, ils étaient bien éloignés du « mandarin ». Ils avaient des ambitions à la fois pour eux-mêmes et pour les autres. Où se situe l’équilibre d’ailleurs ? Même si l’on se rappelle encore ce que doit la médecine moderne à Jean Bernard, Jean Hamburger et une dizaine d’autres, on ne peut décrire que les personnes que l’on a soi-même côtoyées.
Paul Milliez était un spécialiste de l’hypertension artérielle et Edward Housset un spécialiste des maladies des artères et des veines, tous deux à l’hôpital Broussais de Paris. De part et d’autre de l’allée centrale de cet hôpital pavillonnaire, deux approches médicales coexistaient. Côté Paul Milliez, dans la suite de la découverte d’Ambard et Beaujard sur la nocivité cardiovasculaire du sel, on faisait perdre du sel pour abaisser la pression artérielle par le régime sans sel et les diurétiques. Côté Housset, on pratiquait chez les personnes souffrant d’artérite des membres inférieurs des assauts liquidiens quotidiens, perfusions de quelques litres de solutés salés réputés pour développer les circulations collatérales. Ayant pratiqué des deux côtés de l’allée, j’ai pu apprendre tôt la diversité biologique des maladies et, en même temps, la diversité des pratiques, d’autant plus qu’il existe à la fois quelques maladies rénales avec une fuite de sel dans les urines, et beaucoup de maladies qui sont facilitées ou entretenues par les apports sodés moyens excessifs de l’alimentation actuelle. Alternant des rapprochements et des frictions selon les époques, les deux hommes coexistaient dans une petite faculté de médecine, Broussais-Hôtel-Dieu, créée en 1968 et fondue, quarante années plus tard, dans l’université Paris-Descartes. C’est au moment de l’éclatement de la faculté de médecine de Paris, pendant les mouvements étudiants de 1968, que Paul Milliez devint doyen de la faculté Broussais-Hôtel-Dieu. Edward Housset lui succéda.
Paul Milliez et Edward Housset étaient bien différents l’un de l’autre. Le premier était un homme de la lumière, prenant publiquement parti en médecine et dans les questions de société et faisant largement connaitre ses positions. Il était aussi de ceux qui apprennent aux plus jeunes comment écouter les personnes malades et adapter l’optimisme ou le pessimisme du langage de soignant aux positions exprimées ou sous-entendues par la personne en difficulté. Le second se voulait un homme de l’ombre et prenait un recul tel sur ses activités qu’il ne voyait pas la nécessité de les faire connaitre ou de les commenter publiquement. En accord avec son prénom, il se voulait très anglais dans la maitrise de ses comportements. Il m’a appris la pathologie vasculaire qui complémentait l’hypertension artérielle et transmis beaucoup de recettes d’administration et d’organisation. Il m’est arrivé souvent de penser à ces deux modèles quand j’ai hésité, soit pour tenter de les imiter, soit pour éviter de reproduire ce que j’avais moins aimé en eux. Les deux m’ont conduit à refuser certaines habitudes de l’hôpital, telles que diviser pour régner comme cela était l’habitude dans les services de leurs patrons respectifs. Je suis content d’avoir vécu la recherche médicale plus comme un sport d’équipe qu’un sport individuel et, dans l’hôpital, d’avoir été autant porté par les suggestions de ceux et celles qui m’entouraient. Par contre, ceux qui n’ont pas de double langage en réserve sont plus vulnérables que ceux qui n’ont qu’une idée à la fois. La gestion des ressources humaines par ces deux « grands patrons » selon la terminologie pré-mai 1968 était donc bien différente : la montée à l’assaut de la société pour le premier, la négociation professionnelle pour le second. À distance, je dirais que les deux méthodes sont nécessaires, mais que le plus important est le choix du moment où on les utilise, et les raisons morales et personnelles pour lesquelles on le fait.
Paul Milliez
Paul Milliez est certainement le plus connu des deux hommes. Dès 1948, il a introduit un raisonnement clinique et expérimental sur l’hypertension artérielle. Il a initié puis influencé les travaux de recherche des médecins qui l’ont côtoyé à partir de 1955 et l’ont aidé à construire en France les soins des hypertendus et la recherche sur l’hypertension artérielle. Il aimait dire, par boutade, qu’il avait choisi l’hypertension artérielle parce que c’était tout ce que lui avaient laissé ses ainés de l’école de Pasteur Vallery-Radot. Bernard Halpern s’était tourné vers l’immunologie. Gabriel Richet était allé vers la néphrologie. Jean Hamburger eut la vision et l’habileté de faire construire pour les maladies rénales un bâtiment entier de l’hôpital Necker. Là, fut créé un centre de néphrologie de rayonnement mondial, animé par les médecins néphrologues les plus illustres de leur époque et matérialisé par les rencontres annuelles des fameuses Actualités néphrologiques de Necker.
Derrière l’impulsion donnée à la médecine et la formation de successeurs, il faut bien sûr être objectif et se rappeler que les grands hommes ont aussi de grands défauts, comme le soulignait La Rochefo

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