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La Traversée mortelle
Du même auteur
eXXI siècle : la donne écologique,
(2008)
La crise et après ? Si on arrêtait les mensonges,
(2009)
Patrick Secouet
La Traversée mortelle
Publibook
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Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2010
C’est quoi finalement la vie ?
La vie a au moins deux versants : une histoire d’Amour
dans un périmètre plus ou moins large, qui nous relie aux
autres, à Dieu si nous sommes croyants, et une traversée
au cours de laquelle on apprend le monde et l’on cherche
un chemin pour s’accomplir et servir. C’est ce deuxième
versant que nous allons principalement aborder.
Tout seul, on ne s’en sort pas
Avec les autres, tout devient possible
Cet ouvrage va comprendre trois parties
Dans un premier temps le livre sera consacré à un récit
chronologique, de nature autobiographique, d’une vie
professionnelle mouvementée, risquée, avec du meilleur et du
pire, des périodes cauchemardesques et d’autres de rêve
qui aboutira inévitablement à la question : pourquoi tant
de difficultés à traverser ? Dans un métier (professorat)
pour lequel on est au départ certifié, qualifié, ne doit-on
pas attendre de la sécurité, de la stabilité, de plus en plus
de solidité ? C’est plutôt le contraire qui allait se produire
pour moi : alors pourquoi ?
Dans une deuxième partie, en élargissant ainsi le
problème, je me livrerai à une réflexion concernant tous les
métiers à évolution trop rapide, avec des objectifs de plus
en plus difficiles à atteindre, cet excès provenant de
décisions venues d’en haut, d’acteurs politiques entourés de
technocrates, de lobbies, et souvent trop coupés de la base,
de la réalité du terrain ; des évolutions imposées
brutalement, sans grand ordre de marche, sans ménagement ni
management adéquats, provoquant de la souffrance au
travail jusqu’à franchir la ligne rouge, celle au-delà de
laquelle la santé, la vie sont atteintes ou détruites.
D’un autre côté la vie peut être considérée comme une
traversée, où l’on est souvent le premier responsable, faite
d’obstacles à surmonter, d’échecs et de succès où l’on finit
par se construire, s’accomplir, devenir ce que l’on est. Ce
sera la dernière partie de l’ouvrage.
Première partie
Une dangereuse traversée
Trente-sept années, de 1968 à 2005, devaient se passer
avant que je n’arrive au terme d’un parcours mouvementé,
alternant le meilleur et le pire ; plus d’un tiers de siècle
s’écoula avant que je ne sois démobilisé et puisse vivre
libre, sans contraintes professionnelles, en m’adonnant, à
mon rythme, à mes activités préférées : mathématiques,
sport, lecture, et… écriture.
La vie fut pour moi une traversée : tel un fragment de
roche dévalant un torrent, entraîné par la force du courant
et dont les angles se réduisent peu à peu pour devenir un
caillou bien arrondi, une fois arrivé dans la plaine, je
rencontrais des obstacles, me heurtais aux autres, pour au
bout du trajet me retrouver policé, apaisé, comprenant les
difficultés, les dangers rencontrés, trouvant des
explications satisfaisantes et mieux encore un sens au parcours
rugueux, éprouvant, qui avait été le mien. Arrivé à
destination, en eau calme, si l’on ne se ment pas, si ce que l’on
exprime correspond à des expériences vécues, on acquiert
une cohésion, une unité, une sagesse qui donne une
nouvelle force et de nouvelles joies.
Impossible, certes, de revenir en arrière mais, arrivé au
port, à la retraite, on peut se remémorer le parcours, ses
difficultés, ses pièges et en tirer des enseignements.
Revenons donc à ces années, en distinguant différentes
périodes.
15
Chapitre 1
Les années début
Mon premier poste de professeur certifié se situa, selon
une loi assez générale à l’époque, au nord de la Loire ; je
me retrouvai, après une année de stagiaire à Bordeaux,
dans une sous-préfecture de la Sarthe du nom de Mamers.
Malgré les tout récents événements révolutionnaires de
« Mai 1968 », c’était encore le temps où l’on acceptait de
bonne grâce de quitter sa région, où l’on admettait
l’obligation du service militaire ; les devoirs envers l’Etat,
la patrie, restaient présents dans les esprits et dans les faits.
Mamers était une bourgade rurale du nord de la Sarthe,
pas très bien desservie (absence de gare de chemin de fer)
dans une région où dominait la culture de la betterave
sucrière ; des habitants peu exubérants, un ciel souvent
nuageux, des toits pointus donnaient une atmosphère un
peu nordique, d’apparence austère, propre au travail ou à
l’évasion. Des foires, de la bonne cuisine, de la neige
assez abondante en hiver et des forêts aux couleurs
flamboyantes en automne procuraient quand même du
charme à la région, pas trop loin par ailleurs de Paris et
des côtes bretonnes.
Le lycée classique de Mamers accueillait de nombreux
jeunes professeurs qui, venant combler un déficit de
recrutement local, y faisaient leurs premières armes en formant
une petite communauté, en se serrant les coudes ; des
repas pris en commun, des promenades dans les environs,
des moments de détente au café des sports, des
compétitions de volley-ball ou de ping-pong (sports très prisés de
la région car ils se pratiquaient en salle couverte…)
lais17 saient en fait peu de place à l’ennui où à la nostalgie,
d’autant que le travail personnel, chez soi, était
considérable, accaparant.
Porté par l’enthousiasme d’avoir des responsabilités,
par la passion du métier dont j’aimais le côté théâtral, je
logeais dans une modeste chambre avec lavabo et
chauffage collectif, située dans un petit immeuble loué par la
mairie spécialement aux professeurs célibataires venus de
l’extérieur.
Pour être d’entrée au niveau et faire face à mes
responsabilités je me mis à travailler d’arrache pied : avais-je le
choix ? J’arrivai à me ménager une demi-journée de
détente par semaine ; je tournai autour des cinquante heures.
Cela me permit d’être relativement à l’aise dans le
déroulement des cours et de mériter une classe de Terminale
scientifique faite d’élèves assez travailleurs.
Apprécié par le chef d’établissement, les parents
d’élèves et les élèves je devais rester deux ans à M