Pour l'honneur de Patte-de-Bouc , livre ebook

J ULIEN N OËL

P OUR L ’ HONNEUR DE P ATTE - DE -B OUC
Précédemment, dans la série Mauvais Sorts
1. Le Démon dans l’escalier
2. À la cour du roi des rats
3. La Hussarde verte
4. La Nuit du seum
J ULIEN N OËL
P OUR L ’ HONNEUR DE P ATTE - DE -B OUC
livre-jeu

A UX 3D N AMUR 20 21
Tous droits réservés pour tous pays
© Delestrait SPRL, 2021

Toute diffusion d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit est interdite sans autorisation écrite de l’éditeur. La copie est néanmoins autorisée dans un cadre privé.

En dépit du cadre réel de cette œuvre, les personnages et situations qu’elle présente sont purement fictifs ; toute ressemblance avec des personnes ou des évènements réels est purement coïncidentielle.

Illustration de couverture : Julien Noël

ISBN : 978-2-9602268-3-6
Sommaire
Résumé des épisodes précédents
Pour l’honneur de Patte-de-Bouc (extrait)
À propos de l’auteur
À propos de l’éditeur
Résumé des épisodes précédents
Ces aventures prennent place de nos jours, dans une ville de Wallonie réputée tranquille. Les sorciers y sont pourtant nombreux, dans l’ombre, et vaquent à leurs affaires sans trop se préoccuper des sans-magie qui les entourent. Vous incarnez un gaillard qui vivote dans ce milieu et acceptera même les missions les plus périlleuses, dans l’espoir de faire son trou.
Votre contact au sein de la pègre magicienne est un unijambiste appelé Patte-de-Bouc. Receleur réputé, il vous a engagé à plusieurs reprises par le passé. Quoiqu’il se garde bien de l’admettre, il vous a pris sous son aile et veille sur vous avec une attention qui dépasse l’intérêt professionnel.
Souvent fourré avec Patte-de-Bouc, il y a Gérard, dit « le Hagard » : jadis bon évocateur, un stress post-traumatique l’a poussé à la retraite. Tous les trois, vous fréquentez un troquet appelé Le Pauvre Job , où il est de bon ton d’aimer la bière fraiche et de détester la loge de sorciers bourgeois qui tient la cité sous sa coupe.
C’est là que vous étiez le 10 juillet 2018, quand la Belgique a perdu en demi-finale de la Coupe du monde de football, contre la France qui plus est. Patte-de-Bouc était fou de rage et a tenu à maléficier l’équipe des Bleus. S’en sont suivis une beuverie générale, votre intrusion au manoir de la Loge et le kidnapping d’un dignitaire fransquillon. C’est qu’il vous fallait ses cheveux pour le sortilège…
Vous n’avez pas reparlé de cette nuit tumultueuse. Un mois s’étant écoulé, la menace de sanction s’est aussi éloignée. Si bien qu’aujourd’hui, vous considérez cette aventure avec indulgence pour votre moi passé et n’en craignez plus trop les conséquences.
P OUR L ’ HONNEUR DE P ATTE - DE -B OUC ( EXTRAIT )
Introduction
Votre aventure débute par un texto de Patte-de-Bouc :
Sois au bar dans 20 minutes.
Il n’a pas eu besoin de préciser que c’est important ; il ne vous contacte jamais sans bonne raison et, si vous recherchez activement sa compagnie, lui se passe bien de la vôtre. Augurant qu’il a un travail à vous confier, vous vous empressez d’enfiler un pantalon et filez en direction du Pauvre Job , le bar d’initiés que vous fréquentez depuis presque un an, à présent.
Il a fait étouffant toute la journée, et la terrasse est pleine de consommateurs qui ont attendu le soir pour sortir. Pourtant, vous trouvez votre mentor debout à l’entrée de la salle. Il le nierait, mais ces signes ne trompent pas : il est préoccupé.
Ah, te voilà, bizut ! Accroche-toi, tu vas rire : tu te souviens, le mois dernier, quand on avait besoin de cheveux pour ce sortilège ? Eh bien, il s’avère que le morveux à qui on les a pris a un grand frère, et que grand frère n’est pas content : il a débarqué aujourd’hui pour réclamer ma tête au baron !
Il ponctue sa phrase d’un ricanement. Soit il trouve cela très drôle, soit il veut en donner l’air. Vous, ça ne vous fait vraiment pas rire.
Tu t’en doutes, la Loge n’allait pas se mouiller et risquer l’incident diplomatique ! Vanzolinius lui a donc dit d’aller la chercher lui-même et, pour faire court, on s’affronte ce soir en duel. Tu seras mon second témoin ; Gérard a déjà accepté d’être le premier.
Il balance la tête vers le comptoir, où vous reconnaissez le vieux sorcier à son veston en pied-de-poule beige. Difficile de présumer de son état tant qu’il vous tourne le dos, mais vous-même n’auriez pas confié cette responsabilité à un tel ivrogne. Du reste, il est un peu vexant que Patte-de-Bouc lui ait demandé son aval, tandis qu’il tient d’emblée le vôtre pour acquis…
Échauffe-toi, bizut, on va faire ça dans l’arrière-salle.
Sans un mot de plus, il vous plante là et clopine vers la porte de service.

> Vous lui emboitez le pas. Rendez-vous au 31 .
> Ayant besoin d’un verre pour vous clarifier les idées, vous prenez la direction du comptoir. Rendez-vous au 1 .
#1
Vous commandez une bière pression, mais vos lèvres n’ont pas touché la mousse que Gérard vous l’arrache de la main.
Pas de ça ! Faudra que t’aies la tête claire, tantôt.
Lui-même a plusieurs vidanges face à lui, mais vous ne pouvez escompter qu’on vous traite à la même enseigne. Soupirant, vous réclamez un verre d’eau et parcourez la salle du regard.
Seuls quelques clients ont choisi de consommer à l’intérieur, jugeant sans doute que la circulation sur le boulevard est trop bruyante. Dans une alcôve, deux gratte-papiers de votre âge devisent avec intensité et, assis seul à sa table, un sorcier pauvre savoure un café suspendu. C’est tout, quoiqu’il faille compter aussi ces deux élégantes qui s’en viennent refaire le plein de vin blanc au comptoir.

> Curieux, vous tendez l’oreille pour entendre la conversation des deux sorcières. Rendez-vous au 124 .
> D’humeur sociable, vous traversez la salle et abordez les deux robins. Rendez-vous au 153 .
> Vous vous approchez plutôt du sorcier pauvre. Rendez-vous au 7 .
> En proie à la panique, vous essayez de vous remémorer tout ce que vous savez sur les duels magiques. Rendez-vous au 37 .
#7
Alors que vous allez faire le premier pas, vous croisez le regard limpide de l’homme et êtes frappé par la réalisation qu’il doit avoir votre âge. Voilà un vagabond dont chaque choix de vie diffère des vôtres, mais vous prenez confusément conscience que, n’ayant rien en propre, lui peut user de tout. Vous, cependant, engoncé que vous êtes dans les cadres sociaux stricts de cet entremonde que vous fréquentez, soumis à ses codes et à votre ambition, vous avez souvent le sentiment de ne pouvoir jouir de rien. Ne seriez-vous alors pas plus à plaindre que lui, subissant une toute autre forme de privation, qu’on nomme misère et non point pauvreté ?
Savez-vous au fond ce que c’est, la valeur d’usage de quoi que ce soit, formaté que vous êtes à percevoir en toute chose sa valeur d’échange ? Y a-t-il eu une seule chose, ces derniers mois, dont vous avez su vraiment jouir, jouir sur le moment et non suivant ces faux modes de la possession que sont la nostalgie et l’anticipation ? Et dès lors, quel constat en tirer vis-à-vis de votre liberté, dont vous savez pourtant que c’est le principal combustible de la puissance magique ? Il n’aura fallu qu’un instant pour que ces réflexions jaillissent de votre esprit comme des phylactères de peinture gothique, mais elles vous plongent aussitôt dans un grand trouble.
Vous le voyez à son aura : celui-là qui boit son café, indifférent aux clients qui le frôlent, est un grand sorcier. La certitude vous en a gagné en une seconde : voilà, sur votre route, un adepte mieux équipé que vous ne le serez vraisemblablement jamais. Vous le détaillez un instant de plus, remarquez son foulard rouge et vous dites que ce doit être un Wandervogel perdu hors de son siècle, disciple peut-être de Maitre Eckhart, de Diogène ou de quelque ascète oriental. Alors, soudain pris de timidité, nous n’osez l’approcher.
La salle est restée indifférente à votre trouble : Gérard boit votre bière, les deux sorcières se sont éloignées sans que vous n’ayez rien entendu de leur dialogue et, dans l’alcôve où ils sont assis, les deux gratte-papiers débattent toujours en faisant de