Maudite , livre ebook

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La cité de Lyalès vit au rythme de la magie.
Elle alimente le quotidien de ses habitants pour les soins, la cuisine, les déplacements...


Nihile, Elisa est insensible à la magie.
Dans ce monde où ses perspectives d’avenir sont bien limitées, elle trouve le bonheur auprès de Nathanaël, un Maître décrypteur.



Cependant, la mort brutale de ce dernier plonge la jeune femme dans une profonde détresse car la voilà désormais réceptacle d’un démon millénaire qui rêve de détruire la ville et tous ses habitants.

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Date de parution

01 février 2022

Nombre de lectures

0

EAN13

9782381990439

Langue

Français

Maudite
ISBN : 978-2-38199-043-9
ISSN : 2430-4387
Maudite
Copyright © 2022 Éditions Plume Blanche
Copyright © Illustration Lionel Prats
Tous droits réservés

C. Sizel


Les Gardiens


(ROMAN)
Chapitre 1





U n crissement.
Comme deux pierres pressées l’une contre l’autre.
Le bruit vrillait le crâne de Nathanaël. La douleur provoquée le rendait si las… Le mouvement de balancier du rocking-chair ne l’apaisait plus, alors il l’immobilisa.
Il ouvrit un œil vitreux sur son salon plongé dans la pénombre. Dès qu’il avait perçu les prémices de la crise, il avait pris soin de tirer les rideaux pour assombrir la pièce. Malgré le feu généreux dans l’âtre, son appartement modeste ne se teintait que de gris. De temps à autre, des stries d’un orange rougeoyant parasitaient sa vue. Même en plissant les paupières, il ne distinguait ni la couleur écrue des murs ni le bleu de la nappe. Une sensation de brûlure subsistait dans sa poitrine.
Nathanaël n’avait que trente-quatre ans, pourtant il avait l’impression d’en avoir plus de quatre-vingts. L’heure fatidique approchait. Il était parvenu à gagner quelques années de vie supplémentaire, mais la culpabilité troublait ses derniers instants.
Jours, mois ? Il l’ignorait.
Quand il trouva enfin le courage de lever sa silhouette trop maigre, les flammes en déformèrent les contours pour la faire danser sur les murs. Le coin sombre de la cheminée l’appelait, mais il y résista. Personne n’avait pu toucher au coffre qui y était dissimulé. S’ils avaient réussi à contrecarrer le destin, Élisa n’en aurait pas besoin. Ils avaient œuvré pour qu’elle échappe à sa mort annoncée, mais cela suffirait-il ?
Agacé par son état larvaire, il se rinça le visage pour tenter de retrouver ses esprits et quelques couleurs. Il était temps qu’il aille à la boutique, mais sa mauvaise mine risquait d’inquiéter Élisa. Elle ne manquerait pas d’en informer son père, François.
Hors de question de l’avoir sur le dos !
Ressasser à propos de leur choix, de leurs doutes et du silence qu’ils s’étaient imposé l’ennuyait par avance.
Le pas lourd, Nathanaël descendit au rez-de-chaussée. Bien que le rideau soit ouvert, la pièce était tout aussi sombre que l’étage. L’unique fenêtre, de bonne taille, donnait sur le mur de la maison d’en face, très proche dans ce quartier de la bastide. Le feu flambait également dans la cheminée. Sa luminosité peinait à se frayer un chemin entre les caisses, parchemins et artefacts parfois volumineux qui encombraient les rayonnages en partie vermoulus. Son magasin s’apparentait à un capharnaüm et cela lui convenait ainsi. Le bazar organisé qui y régnait offrait une atmosphère bien différente du manoir trop froid dans lequel il avait grandi.
Nathanaël sourit lorsqu’il repéra Élisabeth, surnommée Élisa, en haut de l’escabeau. S’il y avait une chose dont il était heureux, c’était d’être parvenu à s’affranchir de son sentiment de répulsion la concernant. Elle ne méritait pas qu’il la voie uniquement comme l’incarnation de sa mort. Avec le temps, il avait même fini par la considérer comme sa petite sœur.
Le nez froncé, son employée inspectait un cristal grâce aux lunettes à focales multiples. L’outil, qui avait valu une petite fortune à Nathanaël, leur permettait d’analyser les courants d’énergie et les sorts des artefacts magiques. Les montures en cuivre réverbéraient les lueurs qui se glissaient jusqu’à elles. De chaque côté, des verres pivotaient autour d’un axe afin qu’Élisa puisse les combiner à sa convenance.
Toute dédiée à l’inventaire de la boutique, cette dernière ne remarqua pas sa présence. Comme lui, elle était nihile, réfractaire à la magie. Elle pouvait donc toucher les objets ensorcelés sans prendre le risque d’en déclencher les effets. Une maigre consolation, face aux difficultés que cette aberration engendrait au quotidien. Elle changea plusieurs fois les lentilles avant de griffonner ses observations sur un carnet.
La lumière vacillante de la chandelle creusait un peu plus ses pommettes hautes, ce qui lui conférait des allures de fantôme. Elle portait une de ses robes préférées, qu’elle avait protégée d’un tablier épais. Ses bottines se balançaient dans le vide au rythme de ses mouvements. D’un geste agacé, elle coinça une mèche dans le chignon grossier qui retenait ses cheveux crépus. Hormis la peau, qu’elle avait marron, mélange de celle très foncée de sa mère et blanche de son père, elle était le portrait de Béatrice. De François, elle ne possédait que les doigts, longs et délicats.
— Élisa ?
Elle sursauta si fort qu’elle manqua de perdre l’équilibre. Il la soutint par la taille. Le rouge aux joues, elle se rassit convenablement.
— Je ne vous ai pas entendu.
— Je vois ça !
Elle le dévisagea un moment avant de secouer la tête avec fatalisme.
— Vous êtes si pâle. Voulez-vous venir à la maison dimanche ? Maman et Papa vous dorloteront comme il se doit !
Nathanaël balaya la proposition d’un mouvement de la main.
— L’idée est tentante, mais non merci. Ne t’inquiète pas pour moi. Où en es-tu avec l’inventaire ? J’aimerais fermer la boutique.
Après un regard par la fenêtre, elle s’étonna :
— Il est si tard que ça ?
La ruelle, très étroite, et la hauteur de la maison en face ne permettaient pas à la lumière d’entrer. Ils étaient dans une pénombre permanente, quel que soit le nombre de bougies qu’ils allumaient ou l’intensité du feu. Le problème serait facilement contournable avec un peu de magie, mais comme ni l’un ni l’autre ne pouvait s’en servir, ils s’en accommodaient.
— Là n’est pas la question, s’impatienta Nathanaël, ton inventaire, jeune fille ?
— J’ai presque terminé ! Il ne reste que deux caisses à trier. Oh, je vous en supplie : ne me mettez pas à la porte maintenant ! Ça fait plus de dix jours que j’ai commencé et si je dois continuer la semaine prochaine, je vais craquer.
Apitoyé par sa moue, il capitula.
— Qu’y a-t-il dans ces caisses ?
— En majorité des bijoux-réservoirs, ainsi que quelques artefacts bénins. Rien d’inhabituel, je pense en avoir pour une ou deux heures. Pas plus !
— Alors, dépêche-toi qu’on…
Nathanaël fut interrompu par le carillon de la porte.
Une femme enveloppée dans une cape trop couvrante pour être innocente entra. Les habitants de Lyalès usaient de sorts afin de garder leur corps à une température constante, et ce, quelle que soit la météo. S’habiller ainsi pouvait indiquer un manque de puissance, mais la finesse du vêtement laissait supposer à Nathanaël qu’il s’agissait plutôt d’un choix guidé par un besoin d’anonymat. Son impression fut renforcée lorsqu’il avisa le jupon en soie irisée, décorée de multiples perles, qui dépassait dessous. Leur cliente et toute sa noblesse tranchaient avec les étagères vétustes de la boutique qui croulaient sous les objets sans grande valeur.
L’intruse jeta un regard peu amène au lieu ; elle prit pourtant la parole sur un ton mielleux :
— On loue dans tout Lyalès la qualité de vos décryptages, Maître Nathanaël.
Le parfum fleuri de la femme était pour le moins entêtant. D’humeur acerbe à cause de sa migraine, Nathanaël songea à la mettre à la porte. Cela n’aurait pas été une première. Malgré le piètre standing dont lui et sa boutique faisaient preuve, il savait qu’on ne lui en tiendrait pas rigueur. Les affaires qui amenaient ses clients frôlaient souvent les frontières de la légalité, si bien que nul n’avait eu l’idée de se plaindre de son comportement de mufle. Si ses invités l’avaient envisagé, devoir répondre aux questions embarrassantes pour justifier leur présence chez lui les en avait dissuadés.
C’était d’ailleurs par souci de discrétion qu’il avait choisi ce lieu. À deux pas d’une racine tertiaire animée, mais dans une rue peu fréquentée, il était facile pour les nobles de s’y rendre sans attirer l’attention.
Il finit par pointer du doigt un des fauteuils près de la cheminée.
— Je vous en prie : prenez place.
Interdite, la femme observa le siège ; il n’était pas assez large pour accueillir sa robe et les multiples arceaux qui la composaient.
— Je vais rester debout, je ne vous importunerai pas longtemps.
Les règles de bienséance prohibaient l’usage de ses pouvoirs sous le toit de quelqu’un tant que l’on n’avait pas été invité à s’y livrer. Nathanaël se débrouillait toujours pour mettre ses clients en difficulté. La réaction de son interlocuteur était alors très révélatrice. Il y avait les mages qui, comme elle, n’osaient pas évoquer le problème, les rares exceptions qui demandaient la permission avec déférence et ceux, trop nombreux, dédaigneux face à sa situation de nihile. Ça en disait beaucoup sur leur rang et leur pouvoir.
À son attitude, leur invitée, malgré sa toilette coûteuse, n’était pas de très bonne naissance. Fille d’un nouveau riche ou d’un nobliau en perte d’influence, elle ne devait guère avoir sa place à la cour de la duchesse de Lyalès, sans quoi elle ne se montrerait pas si hésitante.
— J’ai une lecture à vous soumettre. Mon énergie perturbe mon analyse des flux et c’est difficile de tout démêler. Je suppose que vous…
Nathanaël leva les yeux au ciel, ce qui la fit taire. Les simagrées n’étaient pas nécessaires. Ils savaient tous deux que la réelle crainte de sa cliente était de laisser son empreinte magique si elle étudiait de trop près la relique. Son adversaire posséderait alors une preuve à utiliser contre elle dans un tribunal.
— Je vous écoute.
— Pourriez-vous…
Elle ouvrit un minuscule sac qui contenait un cristal en forme de pyramide, une pierrine.
— … analyser ceci ?
Nathanaël hocha la tête et récupéra l’objet. Ni sa couleur pâle ni sa surface gravée d’un sort n’attiraient l’attention.
— Vous en êtes la propriétaire ?
C’était une phrase rituelle ; néanmoins, sans intérêt le concernant. En tant que nihile, il était incapable de lancer une incantat

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