Les petites histoires de Mathilde – Sur les sentiers de l’invisible , livre ebook

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Entrons dans l’univers étrange de Mathilde où l’incroyable s’insinue dans le quotidien. Depuis sa plus tendre enfance, Mathilde voit ce que personne d’autre ne voit. Mais que sont ces apparitions ? Des hallucinations, comme le laisse penser son suivi psychiatrique de longue date, ou un don extraordinaire dont elle ne sait que faire ? Dans le doute, elle se tait et subit l’inexplicable, plongée dans la terreur.
À l’approche de la quarantaine, Mathilde reste en quête de vérité sur ce qu’elle vit. En nous entraînant dans ses récits, elle nous invite à franchir les portes du réel. Mais, ce chemin mènera-t-il à une réponse salutaire ?



Curieuse de tout, Stéphanie Topoliantz compose avec les contraintes de la vie pour découvrir de nouveaux horizons, suivant ainsi un parcours hétéroclite.



Issue de formation scientifique, elle obtient son doctorat en écologie à la fin de sa thèse sur la forêt guyanaise. Elle se consacre ensuite à l’enseignement auprès d’adolescents en difficulté scolaire durant douze ans et se spécialise dans les troubles des apprentissages.



À présent, riche de rencontres et de voyages, elle explore l’écriture afin de partager son imaginaire et ses questionnements sur l’humain.

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Nombre de lectures

0

EAN13

9782379661327

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Cet ouvrage est une production des Éditions L’Alchimiste.
© Les Éditions L’Alchimiste - 2022
Toute reproduction, même partielle, est interdite
sans autorisation conjointe des Éditions L’Alchimiste et de l’auteur.
ISBN:  9782379661327
 / Dépôt légal à parution.
Photo de couverture: Adobe stock
Mise en page Les éditions L’Alchimiste / 06-22-01
Les Éditions L’Alchimiste,
9, La Lande - 37460 Genillé
www.editionslalchimiste.com 
 
 
 
À Myritis, source de mes plus belles joies et pour qui j’ai gravi tant de marches depuis la toute première fois que je l’ai tenue dans mes bras,
À Régis, à notre amour, à nos rêves partagés,
À mes parents, qui m’ont toujours permis d’explorer l’essentiel goût de la liberté,
À toutes les âmes amies qui ont jalonné mes sentiers de l’invisible avec leur cœur.
 
Mots de l’auteure
 
Mathilde est un personnage né de l’écho des voix de celles et ceux qui souffrent de leurs rencontres singulières, de leurs expériences étranges, du silence qui s’impose par peur du rejet de ce que l’on ne peut expliquer par la science. Le cheminement de Mathilde se veut telle une luciole au cœur des abîmes : joyeuse petite lumière apportant l’espoir et le sourire dans l’obscur inconnu.
Je souhaite à chaque lecteur et lectrice une belle escapade sur les sentiers de l’invisible !
 
Stéphanie Topoliantz, le 27 juillet 2021
 
 
 
 
Prologue 
Y a-t-il un sens à ma vie ?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours scruté les étoiles au cœur de la nuit jusqu’au plus profond de l’Univers dans l’espoir de percer ce mystère insondable. Mais l’énigme reste entière. Trouverai-je la réponse de mon vivant ? Rien n’est moins sûr. Peut-être après, je l’espère.
Se poser la question du sens de la vie semble normal, à en juger par l’abondance des magazines sur le sujet. En cela, je ne diffère donc pas des autres. Pour le reste, c’est moins évident.
Petite, toute ma famille se réjouissait des aventures peu ordinaires que je leur racontais. D’ailleurs, mon père se délectait d’annoncer, de façon très théâtrale, le moment de « mes petites histoires » – comme il aimait les appeler. Sa sœur, Tante Julie, m’avait spécialement cousu une robe magique pour affronter les rencontres étranges dont je faisais part. En coton rouge parsemé d’étoiles argentées, je l’enfilais à la manière d’une armure, prête à pourfendre tous les dangers qui se présenteraient. Mais c’est en la présence de Grand-Ma, ma grand-mère paternelle, que je me sentais le plus enveloppée d’une délicieuse insouciance. Elle me protégeait chaque soir de sa grande auréole lumineuse, éloignant ainsi les ombres nocturnes qui glissaient sur les murs de ma chambre.
Mais le ciel étoilé sous lequel j’avais grandi heureuse s’obscurcit de sombres événements. Tante Julie nous quitta sans prévenir, ma robe magique finit par être trop petite, mes parents se séparèrent, et Grand-Ma ne vint plus chasser les ombres nocturnes de ma chambre. Tout mon univers d’enfant candide s’écroula en quelques mois, amorçant les années les plus douloureuses de ma vie.
De façon très naturelle, je continuai de me confier sur les étranges rencontres que je faisais. Mais, les plus agressives d’entre elles se multipliant en l’absence de l’aura protectrice de mon aïeule, mes récits se teintèrent d’une atmosphère ténébreuse, telle une eau claire souillée par un nuage d’encre. Ceci ne tarda pas à provoquer un effet pour le moins inattendu sur ma mère. Un jour, elle s’emporta avec force sur la noirceur de mes histoires. Je me défendis avec véhémenc e, évoquant l’absence de Grand-Ma à mes côtés depuis notre déménagement. Je la revois se laisser tomber sur le canapé en réaction à mes mots, comme anéantie par un choc brutal, la tête entre les mains, marmonnant que ma grand-mère était décédée avant même que je sois née. Je ne compris jamais l’intérêt de me dire avec un tel accablement une évidence que je connaissais déjà.
C’est donc à l’aube de mon adolescence que, pour la première fois, je captai l’effroi dans le regard d’un proche en évoquant ma réceptivité au monde des disparus. L’ombre de la folie se mit alors à planer au-dessus de moi, aussi menaçante que celle du vautour au-dessus d’un mourant. À partir de là, deux nouveaux compagnons firent irruption dans ma vie pour m’aider à affronter mes visions cauchemardesques, et peut-être plus encore ma peur d’être folle : mon pilulier de benzodiazépine et mon porte-clés fétiche que je créai avec le tissu de ma robe rouge étoilée, seul vestige du temps de mon insouciance à jamais perdue.
Galilée. Voilà le surnom que m’avait donné l’une des patientes du service psychiatrique où je revenais régulièrement. Parce que j’avais rapidement compris que pour gagner en sérénité, il valait mieux nier l’existence de ce que je ne pouvais pas prouver aux personnes qui ne croyaient qu’aux dogmes de la Science, c’est-à-dire à peu près tout le monde. En effet, le cœur ne tergiverse pas et le mien m’a toujours confortée dans l’idée que ce que je vis est bien réel. Avec le temps, de la perspicacité et beaucoup d’entraînement, j’ai même fini par apprivoiser les apparitions cauchemardesques qui venaient me perturber.
  J’ai déployé des efforts surhumains pour tenter de comprendre les réticences des gens à croire mes histoires. J’ai fini par admettre que leur obstination à nier mes perceptions ne pouvait venir que de leur propre limitation sensorielle. Cette évidence s’imposa à moi le jour du mariage de mon frère alors que j’évoquais la brise légère provoquée par les battements d’ailes d’un papillon qui volait à peu près à dix kilomètres de là. Nombreux furent les sceptiques qui contredirent mon ressenti. Et pourtant… Rien ne prouvait qu’ils aient plus raison que moi, d’autant que l’effet papillon est un phénomène avéré depuis longtemps ! J’en conclus donc que si leurs sens étaient incapables de capter le vol d’un papillon, ils l’étaient d’autant plus pour saisir la présence subtile des êtres disparus.
Cela dit, j’ai beau être convaincue que ce que je vis est bien réel, l’incrédulité tenace des autres, et celle de mon psychiatre en particulier, a semé le doute dans mon esprit sur ma santé psychique. D’autant que les rares personnes qui me croient me paraissent souvent bien étranges. Mes pensées oscillent donc inlassablement entre deux incertitudes  : celle d’un dysfonctionnement cérébral qui berne mes sens et celle d’un don que personne ne veut me reconnaître faute d’en être pourvu. À l’affût d’une preuve qui clora ce débat dans lequel je me divise, je déambule telle une méduse errante dans un océan de possibles . En attendant, je tente de survivre en caméléon dans ce monde étrange que l’on nomme société, attentive à me dissimuler sous les normes d’autrui.
Parfois, dans mes bons jours, je considère que la vie m’a gâtée. Non seulement généreuse de m’avoir dotée de perceptions hors du commun, elle m’embarque dans ses aventures, certes tourneboulantes, mais où je ne m’ennuie jamais.
Je m’appelle Mathilde et j’ai décidé de confier de nouveau mes histoires à tous ceux qui sont prêts à y croire.
 
Chapitre 1 — L’homme à la fenêtre

— Monsieur ?… Monsieur ? Je sais que vous m’entendez. Je suis là pour vous aider. Je ne suis pas dans votre tête, rassurez-vous, je suis bien présente, même si vous ne me voyez pas. 
À l’autre bout de la pièce, l’homme que j’interpelle se tient debout face à la fenêtre. Les voilages blancs s’envolent avec légèreté par la semi-ouverture d’un des battants, d’où je peux entrevoir un ciel bleu immaculé. L’homme regarde dehors sans bouger. Il est mince, d’allure élégante, vêtu d’un pull gris à grosses mailles avec un col montant et d’un pantalon brun. Je ne vois que son dos et sa nuque bordée de cheveux blond-roux. Il me paraît jeune. Face à son silence, j’insiste :
— Monsieur, je sais que vous vous sentez seul, mais il ne faut pas rester là. Il existe un meilleur endroit pour vous. 
L’homme me répond enfin, d’une voix claire et posée, marquée d’une franche détermination, sans qu’aucune autre émotion se dégage.
  — Je dois rester là. Vous ne comprenez pas. Il le faut. 
J’ai peur de rompre la fragile communication qui vient de s’établir en étant maladroite avec lui. Je me hasarde en lui demandant doucement :
— Peut-être pouvez-vous m’expliquer pourquoi ?
— Je ne vous connais pas. Je ne dois pas faire confiance aux étrangers. Allez-vous-en maintenant, laissez-moi seul. 
Je demeure interloquée quelques secondes. Je ne sais pas quoi faire. Je ressens au fond de moi une grande tristesse en voyant cet homme ainsi, seul devant la fenêtre. Depuis combien de temps est-il là ? Lui-même ne serait pas en mesure de me le dire. Je continue un instant à contempler sa belle silhouette solide et élancée avant de me décider à le laisser tranquille. En sortant de la pièce, je me promets de revenir lui parler. C’est quand même la troisième fois que je viens le voir cette semaine et aujourd’hui il daigne me répondre. C’est un bel espoir pour approfondir la communication.
*
Une semaine se passe avant que je me décide à retourner le voir. Je réalise sur le chemin que je ne connais rien de cet homme à part son dos. Avant d’entrer dans la pièce, j’inspire profondément. Je ne sais pas ce qui m’attend. J’espère remporter plus de succès cette fois-ci. J’ouvre timidement la porte et avance sur la pointe des pieds pour ne pas rompre le silence qui règne entre ces quatre murs. Il est là, comme la dernière fois, comme toutes les fois précédentes d’ailleurs. Il n’a pas bougé d’un pouce. La fenêtre laisse échapper les voilages comme à l’accoutumée. Seuls les quelques nuages effilés qui habillent le ciel bleu m’indiquent que c’est bien un autre jour. Je lance timidement :
— Monsieur ? 
— Vous êtes revenue ? Je vous ai dit de me laisser seul la dernière fois. 
Quel soulagement d’entendre sa réponse ! Il m’a reconnue ! J’esquisse un sourire. Cela me donne du baume au cœur pour enchaîner la conversation. Je poursuis avec un

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